Grande envie là-bas d’oublier une accablante réalité :la majorité des Français fut fort accueillante à l’ « Ordre brun ». Effaçage qui dure aujourd’hui encore sur ce passé qu’on n’ose affronter : 1940-1944. Même envie de gommer en Allemagne, ce pays à « la racine » infernale du mal hitlérien ? Et comment ! Honte qui accable les enfants allemands nés après Hitler. Je n’ai pas vu encore « The statement », le film de Norman Jewison. Comme disait le loustic : « Pas vu ? Alors, discutons-en » ! Le film raconterait un salaud nazifié, un certain Brossard ( Papon ?), bien joué, paraît-il, par Michael Caine. Un fuyard, à la fin du conflit, protégé par un Établissement français de droite et par des prêtres catholiques dans des monastères ! La critique Tremblay (du Devoir) a jugé ce thriller : « Francophobie ».Veut-elle ignorer ce gommage qui perdure ?
À l’heure de la libération, soudainement, plein de « Résistants-de-la-dernière-heure » surgissaient dans L’Hexagone. Ils volaient « au secours de la victoire » ! En vérité une France honteuse a encore besoin de renier son passé, celui de la collaboration (ou active ou tacite) fort efficace aux occupants nazis. En 1941, un jeune prof de philo, romancier à succès, cherchait à enrôler dans un réseau de résistance l’immense André Gide et l’écrivain glorifié André Malraux. Ils lui fermèrent la porte au nez ! Son nom ? Jean-Paul Sartre. Décu par ses héros muets, il retournera à Paris, y fera jouer ses pièces, aussi en paix que les Sacha Guitry, Jean Cocteau et Cie. (Voir la biographie de J.-P. S. par Solal.) J’irai voir « The statement ».
Il faut lire deux romans québécois récents sur « le » sujet : Yves Gosselin imagine le très fameux Céline, romancier surdoué hélas devenu nazi, reçu à L’Académie française alors que les boches régneraient encore à Paris en 1953 ! « Discours de réception » donne froid dans le dos. Gosselin publie maintenant (toujours chez Lanctôt) « Le jardin du commandant » qui est un officier nazi installé confortablement au funeste camp à crématoires, Auschwitz. Terrifiant conte sur les lâchetés des militaires gradés. L’envers pourrait-on dire du « J’ai serré la main du diable » de notre malheureux esseulé lors du génocide au Rwanda.
Merde !, quand donc des Français lucides vont-ils examiner la vérité en pleine face ? Les —très vieux maintenant— témoins de la « Collaboration acceptée » se taisent toujours; sans doute que la France-des-notables souhaite la disparition des ces culpabilisés muets aux remords insupportables. Lisons : « un peuple ne peut renaître si la vérité lui est une épreuve aussi cruelle que le mensonge ». J’irai voir « The statement »; lisez « Le jardin… » de Gossselin. On a vu le « Amen » du cinéaste grec Costa Gravas. Hélas, certaines archives du Vatican restant « interdites », on n’a pu tout révéler sur l’ignoble « collaboration » de la haute hiérarchie papale. À propos, en reprise au canal Historia, j’écoutais hier deux historiens : « Londres et Paris ménageant Hitler, pactisant, tolérant, souhaitant voir le dictateur antisémite foncer vers Moscou-la-communiste ! Quelle honte que l’Histoire en Occident !
Et ici ? Trop tard maintenant (?) pour révéler clairement les odieuses connivences de notre haut-clergé avec des bourgeois collaborationnistes, délateurs intéressés des nos « résistants », les combattants de notre liberté, nos Patriotes anti-monarchie, nécessaires demandeurs de démocratie. Rien à voir avec le projet démoniaque des nazis ? Vrai. Même affreuse « collaboration » dans la vallée du Richelieu comme dans Deux-Montagnes.
Je me souviens ?