Ce fut une canicule et il y en aura encore. La chaleur n’empêche pas la promenade, à la queue leu leu, de sept tout petits canards, accompagnés, chaque jour. Ils vont toujours de l’ouest, du marais deltaïque, vers l’est et la plage publique. Ô quelle joliesse, on dirait des jouets. Cette fière parade quotidienne (un rituel) fait chaud… aux yeux et au coeur.
Le notaire Amédée Jasmin, le papa de ma célèbre cousine Judith, fou de généalogie, affirmait que les Jasmin venus du Poitou venaient d’abord d’Espagne et, avant, d’Afrique du nord. Du peuple Berbère aux cavaliers fameux pour collaborer à la vaste conquête islamique. Voilà donc, ces temps-ci, mes très anciens ancêtres en manchettes. Ils se nomment entre eux des « Amazighs » et débarrassés maintenant du mépris des tyrans à la Kadhafi, ils font revivre leurs culture. La langue « amazigue » —interdite, sinon la prison— est enseignée de nouveau. On tient des expos et des musées regroupent les artefacs culturels. Radio, télé et journaux coopèrent à cette résurrection car « Le réveil arabe » actuel compte aussi sur les Berbères. Non, je ne parle pas encore la langue…
Le bonhomme Foglia, un de plus, crache volontiers sur Saint Sauveur. Le 16 juillet, pédalant en France, dans le Cantal, son venin anti-sauveurien a giclé dans La Presse. Le brillant billettiste tient pour barème d’horreurs touristiques ce gros village voisin si prospère. Misanthrope comme il est, on peut comprendre le réfugié de Saint Armand…allons, le lieu a ses mérites, ses beautés s’il contient aussi quelques excès en cette matière. Quel endroit est sans défaut ? Très grégaire et aimant le monde, moi, j’en aime sa vitalité. Pas seulement sa diversité en excellents restos et terrasses, aussi son choix de commerces en tous genres, sa vivante « place de l’église », ses fêtes, son festival de danse moderne, et, oui, certains de ses alentours sont charmants.
Le Fougflia (sic), snob à sa façon, s’évade sans cesse sur son chic vélo au Vermont bucolique voisin. Il est de ceux qui chiaient volontiers sur… disons, le Parc Belmont, Pointe Calumet, la Plage Idéale, la Ronde, partout où tout un monde modeste trouvait en certains sites populaires loisirs, divertissements et cent petits bonheurs. Plaisirs communs aux gens du populo. Cet ex-fils de « femme de ménage italienne ,» expatrié volontaire de France —à la plume cocasse et souvent fascinante— s’affiche en libertaire, simili anarchiste, aussi en sauvage qui fuit comme peste. Il ira mourir dans un cloître ?
Coq à l’âne ? Un blondinet fou d’Oslo, détraqué, névrosé face aux émigrants en Norvège (!), mitraille sans vergogne une « Jeunesse d’un parti travailliste » rassemblée dans une île. Un carnage ! Un Pierre Curzi, inquiet aussi de notre assimilation souvent annoncée, ne prendra jamais les armes, pas lui le démocrate. Un discours circule —en Europe comme ici— qui veut répandre la terreur de « disparaître ». D’être submergé par les nouveaux venus —ces « sales émigrants »— dans telle ou telle contrée. Le fragile, l’inquiet pathologique, peut se changer en monstre, mitrailler et tuer. Autour de moi, j’entends des récriminations angoissées : « Y a trop d’Arabes à Ville Saint Laurent » ou « trop de Noirs à Côte de Neiges ». Etc. Ces camarades, chaque fois, me croient de leur bord car j’ai blâmé publiquement (en1988) et très sévèrement les juifs Hassidim d’Outremont (et de Boisbriand) pour leur total refus de s’intégrer le moindrement à nous, la majorité. Cela ne fait de moi un violent anti-émigration. Ma protestation est valable.
Mais cette horreur à Oslo ! Ce jeune désaxé répandant le sang d’une centaine d’ innocents… vomir ou aller revoir mes canards à la queue leu leu, tiens.