Daniel, mon fils le valdavidien, à qui je dis : « Pas jaloux de ta sœur, partie six mois à Palm Beach ? », me dit : « J’aime bien l’hiver, moi, pour la beauté des paysages, pour le ski dans nos collines, pour ses airs de fêtes, pour cette variété saisonnière illuminante. »
Je lui sonne raison. Daniel est en meilleure santé que ma fille un peu fragile, Éliane. Que dorlote son Marco qui est mon webmestre.
Moi ? Je balance Tenté de m’exiler car il y a mon grand âge. Suis pas trop friand froidures. M’envoler alors avec nos oiseaux, hum, ma Raymonde ? Une totale aversion de l’avion. Mon gendre nous parle de « mettre l’auto sur un train », ce qu’il fait, lui. Il y a aussi la crainte de certaines privations, us et coutumes d’ici, s’en passer six mois ? De 1978 à 1988, nous allions en Floride, le temps des Fêtes. Vite, on s’ennuyait, nous étions contents de « remonter ». Pourquoi ? Ma radio, ma télé, mes chers journaux et magazines —d’ici et de France. Avec raison, Marco rétorque : « Désormais il y a l’ordinateur qui apporte tout ça et en quelques clics ». Mais chez nous, l’ordinateur… pas top ! Francophiles ardents nous avions songé à « l’hiver en France-du sud ». Mais des connaisseurs du « midi » disaient : « Où ça ? À Menton, proche de Nice ? Pas bien chaud », là où des adèlois de nos connaissances hivernent. Nous songions au sud-ouest, Cacassonne, Perpignan ? Ces connaisseurs : « Ne rêvez pas. Il faut se couvrir d’une bonne grosse « laine » dès la mi-après-midi. Il y a aussi ce terrible « mistral. Frais et assourdissant ! » Il y avait aussi cette peur atroce de l’avion chez ma dulcinée. Bon, faire aveu :depuis une décennie, nous ne craignons plus l’hiver.
« Avec le temps », cher Léo Ferré, l’hiver ne nous semble plus si long, est « endurable ». Il doit y avoir pas mal de monde qui ne déteste pas l’hiver québécois, non ?
« Hier encore… »…cher Aznavour, j’admirais ce luisant soleil faisant reluire, étincelantes, nos région laurentidiennes. Et on sait bien désormais se vêtir chaudement. Ce matin, j’écoute, stimulé, ravi, sonner de ces « Jingle bell » et tant de bien jolies chorales nous égaient. Entendant au 98, 5, —salut à toi, l’ ex-camarade Paul Arcand !— l’inévitable « a-des-té-fi-dé-les », j’ai chanté avec ma radio et me suis souvenu de ma mère qui, au logis de ma rue St Denis, suspendant haut son fer-à-repasser, écoute les yeux mouillés « La Charlotte prie Notre-Dame », incroyable mélo larmoyant de Marie Dubas (écoutez ça à google).
« Ma bonne mère », cher Pagnol, malgré sa trâlée d’enfants, chantait toujours, oui, Fabien Thibault ! Ma Germaine n’avait pas le droit de songer à la chaude Florida, vissée qu’elle était à son modeste logis.
En passant, suis ébahi (un enfant ?) de tant de lumières multicolores dans nos arbres —merci m’sieur l’maire !— aux façades des commerces, de nos demeures. En 1940, rue St Denis, m’sieur le riche notaire Décarie avait, lui seul, dans son parterre un bel arbre de lumières ! Je me suis rappelé aussi, à Miami, à Fort Lauderdale, de ces fausses neiges de plastique aux fenêtres avec leurs « joyeux Noël », en français. Ô nostalgie cocasse de nos exilés!
En profiter chers lectorat pour vous souhaiter un très beau jour de Noël !