avr 222011
 

Ça me fait bizarre d’entendre (radio, télé) et de voir (presse) tout ce boucan face à un auteur dramatique qui décide d’installer dans sa troupe un ami à lui qui, hélas,  a tué sa conjointe. Au fond des choses, derrière ces cris actuels : Qui s’intéresse vraiment au théâtre ? Qui va voir un spectacle au TNM régulièrement. Une infime minorité de Québécois, non ? Qui sait ce que rédige ce québécois d’origine libanaise, à part ce texte « Incendies » adapté au cinéma… Et encore! Qui court voir et entendre des tragédies grecques antiques ? Qui estime vraiment Sophocle ? Bref, voilà beaucoup, oh oui !, beaucoup  de bruit dans les médias face à une grave affaire morale qui concerne en réalité un tout petit public.

Le metteur en scène Mouawab se dit donc tout étonné et vraiment surpris par l’immense brouhaha. Il se dit bon copain d’un chanteur (meneur d’un groupe disparu « Noir désir ») Bertrand Cantat. Que je ne connais pas, ce monde (mode) musical pop n’est pas de mon âge. Ce chanteur s’est battu avec sa compagne un soir de …libations et, sous les coups, cette dernière tomba dans le coma, finit par mourir. Arrestation du cogneur. Procès. Sentence. Le chanteur condamné en Lituanie, le crime commis à Vilnius, ira payer sa dette en France. Sorti de prison, voilà ce meurtrier involontaire engagé par le directeur de troupe Mouawab. Pour une musique qui cogne « comme tonnerre », aussi pour jouer le chœur grec dans trois pièces du célèbre Grec.

Des féministes s’écrièrent aussitôt. Quel scandale d’oser afficher sur scène l’assassin d’une actrice connue, la fille de l’acteur Jean-Louis Trintignant ! Voilà que le grand public se trouve embarqué dans cette triste affaire de mœurs. Chicane en ondes. Sur un sujet qui laisse froid : Sophocle ! M. Mouawab finit par s’amener à la télé, avec faux-calme et sur un ton de confidence, il philosophe savamment entre moralisme et justice, entre pardon et réconciliation. « On ne doit pas condamner deux fois un être humain » Une partie du public refuse cette tentative de calmer le jeu et juge que le meurtrier involontaire ne montre guère sa part de regret.

Bref, je redis le paradoxe, à partir du vieux Sophocle (combien de « happy few » iront voir la trilogie ?), voilà la place publique envahie par des querelleurs de tous poils ! J’en reste baba. Ce rockeur pourrait se faire plus discret, se garder comme  on dit « une petite gène », mieux, faire part de ses remords. Voire ouvrir un camp où il pourrait exercer une certaine action en faveur des femmes battues, ou tuées.

Bon, malgré cette tempête médiatique, il reste des faits clairs : Sophocle ne sera pas mieux connu, restera peu apprécié par les grandes foules. La tragédie classique, antique et austère, grandiloquente souvent, bien loin de « Mort d’un commis-voyageur », des « Belles soeurs » ou du « Tramway nommé désir », restera affaire d’aficionados. Le bon « TNM », muni de subventions, dirigé par l’imprudente et audacieuse Lorraine Pintal, va continuer sa vaillante vocation pour servir des initiés culturels. Même chose au Festival d’Avignon. La culture classique, avec ou sans repris de justice notoire  —qu’il soit pardonné, oublié ou réconcilié— va rester une sorte de luxueux caprice pour gens cultivés.

M. Cantat ferait bien d’organiser un récital de ses « tounes » pour condamner la violence faite aux femmes, sobres ou ivres.

  6 Réponses to “TU NE TUERAS POINT”

  1. La qualité de vie des femmes Nord-Africaines et dans certaines autres régions du globe est inférieures et moins gratifiantes que la qualité de vie d’un chameau. Nul besoin d’ajouter. Une simple méditation sur la phrase précédente n’excuse pas mais explique.

    Dans notre propre culture, la femme n’avait pas d’âme, selon la religion catholique, il y a moins de 200 ans. Conséquemment, la valeur de la femme
    ou sa définition plutôt : une matrice à bébé. Toujours dans cette même religion, un animal n’a pas d’âme. Les animaux, on les tue….alors…..

    Je n’ai pas vu une seule fois quelqu’un pleurer en mangeant son steack!

    Alors, que ça ne dérange pas M. Wajdi Mouawad ne m’étonne pas!

  2. De plus, à tout le moins, ici au Québec, l’ivresse n’excuse pas qui que ce soit d’avoir conduit en état d’ivresse. Elle n’excuse pas le comportement au volant.

    Nous vivons dans un monde bizarre dont les valeurs sont tordues par le diable. Il suffit de se rappeler les hauts cris concernant une certaine chanteuse américaine qui a dévoilé « accidentellement » un sein sur scène.
    Pourtant, ces mêmes spectateurs font partie d’une nation qui ne s’objectent pas nécessairement aux tueries pratiquées dans le tiers monde sous le prétexte de démocraties manquantes ou atrophiées.

  3. Condamné à 8 ans de prison, Cantat en est sorti au bout de 4 ans.
    Les moeurs se relâchent et la justice aussi.
    Faut croire que la vie de cette femme ne valait que 4 ans.
    Tout ça, d’après Wikipedia, après qu’elle ait reçu une lettre affectueuse de son ex-mari.
    Il m’arrive, comme dans mon texte # 1, de volontairement laisser des sous-entendus…disons… suffisamment subtil…:)
    Je dois cependant clarifier le troisième paragraphe de mon texte # 2.

    Pourtant, ces mêmes spectateurs font partie d’une nation qui ne s’objectent pas nécessairement aux tueries pratiquées, par celle-ci, dans le tiers monde sous le prétexte de démocraties manquantes ou atrophiées.

  4. 2e envoi
    Condamné à 8 ans de prison, Cantat en est sorti au bout de 4 ans.
    Les moeurs se relâchent et la justice aussi.
    Faut croire que la vie de cette femme ne valait que 4 ans.
    Tout ça, d’après Wikipedia, après qu’elle ait reçu une lettre affectueuse de son ex-mari.
    Il m’arrive, comme dans mon texte # 1, de volontairement laisser des sous-entendus…disons… suffisamment subtil…:)
    Je dois cependant clarifier le troisième paragraphe de mon texte # 2.

    Pourtant, ces mêmes spectateurs font partie d’une nation qui ne s’objectent pas nécessairement aux tueries pratiquées, par celle-ci, dans le tiers monde sous le prétexte de démocraties manquantes ou atrophiées.

  5. Et pourquoi monsieur Cantat ne fermerait-il pas son clapet tout simplement ou mieux encore, pourquoi ne réorienterait-il pas sa carrière dans un autre champ artistique, comme interviewer, animateur, scénariste… ? Tout sauf brûler les planches.
    TNM ou autre théâtre, dans une pièce de théâtre portant sur les violences faites aux femmes, je me verrais très mal applaudir - ou ovationner dans le meilleur des cas- quelqu’un qui a tout de même, rapplelons-le, assasiné une femme.
    Il y a dans la chose une telle bêtise. Et pour y faire suite, il y aura quoi, un violeur ou un pédophile qui jouera son propre rôle dans une autre pièce de théâtre et qu’on applaudira pour la réalité de la scène ?
    Dans mon livre à moi, quand un voisin m’a un jour volé mon bien le plus précieux, et quand bien même madame la juge l’a pour celà condamné à 60 heures de travaux communautaires et à $1,000 d’amende, il restera toujours et à jamais quelqu’un qui un jour à escroqué et brisé quelque chose de l’ordre de la confiance et du tissu social.
    Qu’on ne se scandalise pas si certains se scandalisent, qu’on les applaudisse plutôt, car, à défaut du discours attendu dont vous faites votre titre ( Tu ne tueras point ) il nous faut des chiens de garde.

  6. @Pierre Simard
    ——-Et pourquoi monsieur Cantat ne fermerait-il pas son clapet tout simplement——-

    Excellent texte. Et à celui-ci j’ajoute : Bis et Amen

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