juil 252010
 

Je ne vais pas cesser de le décrire, « c’était un p’ tit bonheur que j’avais ramassé… », oui Félix et je l’ai amené chez moi. Il est présent quand on ne rêve pas à des bonheurs impossibles. Il a fallu descendre en ville, attablés à ma chère Moulerie, aux quatre brises dans un crépuscule tout rose, rue Bernard, le bonheur, je l’ai vu, aux yeux des enfants sortant du Bilboquet pas loin avec des glaces colorées aux dix doigts salis. Les rires. Les langues sorties. Le petit bonheur du soir qui monte. Il y a peu, même rue, passait souvent le cher vieux Guy Maufette, le regard en chansons à son cabaret du soir penché.

Le lendemain, retour ici, et nos oreilles qui rient ma foi, qui entendent, bonheur, ces volées de cloches dans le plein midi sous le toit de l’église de Saint Sauveur qui luit comme de l’argent vif;  trésor grimpé au dessus de toutes ces marquises magasinières. On y a bouffé une belle large pizza très tomatée en reluquant la joyeuse horde des visiteurs. Vivants trottoirs sans cesse animés du village. Saint Sauveur offre sa magie qui est faite…de quoi ? De magie.

At home… Raymonde frappe fort dans ses mains, Jambe-de-bois, mon acrobate à queue rouge, mon trapéziste inouï, est de retour. Et en forme. Son bonheur à lui : menacer nos mésanges mal cachées dans la pinière. « Scandale », crie ma douce, : « Le salaud, il bouffe les fruits du mahonia. » L’arbre à fortes corrugations et aux bleuets sauvages encore jaunes. Une réserve (à conserves) pour les pics et les autres. Notre acrobate fou grignote, vole,  recrache, gaspille. « Ouste et ouste ! », claque ma Raymonde effarée. L’espiègle la défie, se sauve, revient.

Sans cesse, un colibri, mini-paquet d’ailes toutes  « vibrationnelles », fait sa patiente tournée des corbeilles suspendues, animant les éblouissantes rougeurs végétales. Bonheur de juillet. «  Assis su’a gal’rie », comme nos anciens, c’est le spectacle —last show, last show !— d’un soleil qui va au lit très tard et s’est encore fabriqué sa gigantesque marmite au rivage pour des cuissons aveuglantes. Sous le saule qui résiste, le vaillant jumeau du « tombé », bord du lac métamorphosé en vastes gamelles c’est de la lave, une « fondue » palpitante, pulsative. Bonheur des yeux, nerveuses illuminations en guise d’adieu… jusqu’à demain. Si Miss Météo consent.

Comme souvent, bouée fixée à la cheville, un nageur émérite, casquée, lunetté (sic), traverse d’un rivage l’autre. Son crawl à la ponctuation bien rythmé fait songer à une mécanique et épate. De jeunes congressistes du Chantecler jouent au ballon volant sur la plage, cris victorieux mêlés à ceux d’indignation chez les perdants. La vie bat. Un jeune enfant éclate en sanglots, tombé d’un radeau. Un enfant éclate de rires, tombé d’un pédalo. Mon très vieux Jean-Paul, nu et recroquevillé sur son quai, dort comme un bébé, le bonheur. De nouveau la famille « palmipède », le groupe des huit avec la mater fermant le joli cortège. Pas loin, Nicole, la femme-du-docteur, remue vivement dans une saucisse de plastique-mousse jaune. La femme-de-l’ex-maire-Grignon, m’apprend que mon camarade, Pierre, s’assomme tout seul contre une poutre du grenier, ça aussi, le bonheur ?

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