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Archives 'Raymonde'

Me voilà, fin d’un jour, soleil timide et bas, en chemin pour l’Excelsior de l’obligeant Jacques Allard, sa baignoire d’eau « au brome », chauffée… bon, rue Henri-Dunant puis rue Archambault, juste avant de descendre vers le magasin de fer Théoret du Boulevard, à ce carrefour, un chat ! Puis deux, puis trois ! Diable, c’est le spot aux félins ma foi. Je ralentis et cherche des yeux la mère-Michelle de la comptine ! Quoi cela ? Tant de minous en ce secteur ? L’Hallow’een d’avance ! Rue Beauchamp, revenant de ma chère « École-des-p’tits-chefs » je vois souvent le vrai chat. Le simple chat. Celui de nos manuels scolaires de première année à l’image « chat ». Le blanc. Le banal. Ses taches noires aux pattes, au cou, sur la tête. Classique, universel chaton banal comme anonyme. Je le regarde gambader dans les parterres, autour des maisons. Le mage de l’innocence, de l’insouciance aussi car je sais qu’un jour je le verrai écrasé mort en pleine rue.
Mon bain dehors. Je fais la planche et nage « mode renverse ». Dernières saucettes en plein air, je le crains car les haies de l’Excelsior s’assombrissent. Cèdres ou sapins. J’aime, sur le dos dans l’eau, regarder le ciel et que vois-je, très haut, un oiseau de proie ? Rapace laurentien, croix noire planante au firmament. Pygargue, urubu, crécerelle, effraie des clochers (mots appris à une expo récente là-haut). Non, illusion, je regarde mieux : serai-ce une simple libellule et bien plus proche de mon nez que je crois ? Non plus. Ah !, un vrombissement se fait entendre, c’était un petit avion venant du nord, de type cessna. Comme les aéroplanes de mon enfance, années 1930, traversant le ciel de Villeray. Gamin, rêver d’y monter un jour.

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Nous voici donc dans octobre…Mais pourquoi donc tant d’écureuils qui courent d’un trottoir l’autre ? Je les vois traverser sans cesse nos rues ? Si pressés, où vont-ils donc ? J’en vois tous les matins maintenant quand je descend la côte Morin pour acheter chez mon homonyme (Jasmin du IGA) mes gazettes du jour.

J’ai vu d’abord voisin-Jodoin, Jean-Paul, assis (un gamin de 80 berges), par terre, devant chez lui; la chaudière de peinture entre les pattes, brassant sa crème bien beige. Dernière couche sur le déclin de bois pour protéger ses murs des froids mordants qui vont nous siffler dessus ? Dans la rue du Parc-de—la- Famille, revoir cette vieille bellement ridée (c’est beau les rides des femmes !) marchant avec son chien fou, son sac d’épicerie plein. Aussi, qui grimpe la Morin, ce ventru dodu, longue queue de cheval sur le dos ! Le faux cow-boy, faux Clint Eastwood du Sergio Leone. Ne se presse point, regarde partout. Autre matineux re-croisé, Beaupré, descendant en ville, nerveux avec des mines de détective privé, il fume à grosse boucane.

Mes gens. Mon monde familier. Mon village aimé.

Ainsi, ces beaux écoliers, sacs aux dos, qui attendent leur bus jaune au bord du trottoir pas loin du bar La Cachette. La vie de chaque jour. Revoir le chat d’ardoise qui pisse sur un bouleau près du Café à mi-côte. Avec son chien barbet excité au fond des bras, revoir ce jovial nabot, petit colosse roux aux pas agiles. Un matin chasse l’autre et le temps passe.

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À trois rues, un long chat gris, inconnu de moi, court vite la queue en l’air. Moins loin, un autre félin coureur, noir et blanc. Idylle ? Il file chez la belle Lalancette du Parc Lafontaine, Pauline. Qui se remet de son voyage en « lambulance.» Et vive madame Jodoin ! Tantôt, mon Parizeau-musqué, sous mon quai, qui me lorgne du coin de l’œil, méfiant, on dirait. Notre rivage est un marécage : spouich, spouich…. j’y suis à l’aise ayant appris que les Jasmin étaient —avant « le » grand voyage— des Cahier. Ou des Caillés et s’exilaient des marécages (nord-ouest du Poitou). C’est le maudit message d’un amateur d’archives. Courriel décevant. Cela m’a rabattu le caquet généalogique !

Des colibris ne se découragent pas de « tant d’eaux » et butinent du suc à nos corbeilles dégoulinantes. Oh, sur la longue galerie d’en arrière, certaines mésanges à-tête-noire se cachent dans nos stores de bambou enroulés ! Nidifient-elles ? Pas la saison? Petits cacas blancs partout en tous cas. Ce juillet parti, on se sentait tous des Noés bibliques virtuels. Encore de ces incessantes pluies en août et on s’échoue sur un Mont Ararat laurentiden, non ? Au parterre plantation par le vieil homme —vite essoufflé— des « spirées » de chez Botanix. Le dos tourné, mon blondinet jambe-de-bois qui fourre ses pattes et son groin dans la terre fraîche ! L’ai fait fuir et lui ai crié: « Non, non, ouste, aucune pinotte de caché là ! »

Grand soleil soudain vendredi dernier et Daniel, mon désormais valdavidien de fils qui part canoter avec sa belle à l’est de Tremblant. Au retour, on amène le couple à la pizza-sur-four-de-bois de Grand’pa rue de L’Église. Yam ! Ce journal intime improvisé vous annonce que l’artiste du lieu, Guy Montpetit, voulant fixer un antenne sur le toit d’un voisin ami, a chuté. S’est cassé les osé Sortira de l’hôpital bientôt. Un jeune de 70 ans ! Un avertissement. Savoir dire « non » si ma Raymonde ose (est toujours après moi !) me commander un grimpage imprudent.

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Voilà mon cher beauf, devenu veuf, qui s’installe rue McMachin en ces tours à logements divers, le Manoir. Il me semble content. Il découvre, loin de son cher Saint-François Vincent de Salles, ce quartier que nous chérissons depuis 1986, Outremont-sur-arbres !

C’est par ses yeux neufs, son regard qui s’initie, ses mots qui nous résument ses impressions que Raymonde et moi, on re-découvre le coin. C’est classique. Tous, un jour, aux côtés d’un visiteur étranger, surpris, écoutant son discours, nous revoyons cela autour de nous avec des yeux neufs car : « la familiarité engendre du mépris ». Vieux proverbe pas nécessairement arable ! C’est si vrai.

Jacques donc, ce bon beauf, un prof au secondaire (à Terrebonne) de physique-chimie, retraité depuis peu et qui nous vante généreusement son nouveau gïte, Outremont : « C’est bien beau, très naturaliste, et si peu éloigné… de tout, du Plateau comme du Centre ville. » C’est vrai.

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Le vent avait détaché mon pédalo, il m’attendait sur la plage municipale, en m’y rendant avec la chaloupe de Jean-Paul Voisin, je vois quoi rivage des Cobetto ? Une lumineuse soucoupe nageuse ! La jolie ronde carpe grosse comme une soucoupe, à ailerons de feu, aux couleurs de l’Espagne, jaune et rouge, or et sang !

Ce dimanche, assis au fond de la chapelle de la rue du Chantecler, venu en curieux, examinant l’unique vitrail, je repensais à cette flamboyante soucoupe, à cette flamboyance.

Un « lévite » de cette Église unie commentait avec modestie un acte des apôtres. J’étais bien.

Être vraiment attentif c’est bien mieux voir ces six (6) beaux gros bouleaux blancs; portail chez Simony en face de chez nous. C’est sourire en revoyant le beau dessin d’un placard avec l’écriveur Grignon buissonner dans l’herbe adèlois. Je songeais à sa prudence de timoré quand il nia dans ses textes (radio et télé) le nationalisme ultra fervent de son « gros curé » Labelle ! Quel menteur dénoncé par l’historien chez « Le Bigot », ce même dimanche matin.

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À l’heure de la soupe, je sortais de la jolie vaste pataugeuse de l’Excelsior là où je vais barboter régulièrement pour ma bonne santé, admirant toujours un feuillu (palétuvier ?) étonnant dans cette serre à plantes vertes.

Je rentrais, je filais plein sud sur la 117. Routine. Qui je vois soudain à l’horizon, penché en deux presque au milieu de la route ? Un chevreuil ! Un beau Un gras. Il renifle un je-ne-sais-quoi et moi, je ralentis. Puis je stoppe. Petits coups de klaxon. La noble bête ne bronche pas. Je sors de l’auto, claquant fort ma portière pour l’intimider. Rien. Lentement, il a redressé le cou et la tête pour mieux m’examiner, me dévisager. Mais il ne bouge pas d’un poil-de-chevreuil. La 117 lui appartient ?

Il me défie ma foi du bon yeu ! Pas de voitures à cette heure ? Aucune. Je marche deux, trois pas dans sa direction. Il reste là, les deux pattes d’en avant toujours sur la chaussée, imperturbable, propriétaire du paysage, fier fieffé grand agneau sauvage, juché sur ses talons hauts. Je ne rêve pas. Je ne vis pas un conte de fée. Ses beaux yeux, sauce bambi-walt disney, m’interrogent, me semble-t-il. Impression furtive, bref sentiment -bien candide- que la bête veut causer. Ah les contes et le cinéma de nos enfances hein, restes, traces imperméables au fond de nos caboches de vieux ?

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NATIVITÉ

Il y avait presque vingt ans, quand, la dernière fois, j’ai pu entendre gazouiler… brailler des nouveaux-nés. Voici que l’année 2008 s’achevait avec un bien mignon poupon au fond de mes bras et, je réussissais à l’endormir malgré le bruitage fou de la fête. Oh le beau soir, m’sier Beckett ! La présence tout dernièrement de trois petits enfants me changeait, transformait la maison, amenait dans nos coeurs une joie solide. Une vie comme inédite, prolongation de la famiglia, du clan Jasmin-Boucher, petite tribu qui fait du « 13 à table »

Candeur, naïveté ?, On se dit ces bébés témoigneront. Inconsciente « poursuite » de l’agrandissement des branches de l’arbre. Assurance contre quoi, nos morts prévus ! Natalités : promesse de faire durer nos noms ! Bonne « visite » dans ma crèche noëllesque. J’ai rajeuni, juré,craché, et sans les trois rois mages, sans cette étoile « guidante », GPS biblique ! Deux petits garçons ( à Claude et à Pierre-Luc) qui ne parlent pas encore et une mignonne fillette. « Tu as quatre ans maintenant, Florence ? » Elle haussait la voix, scandalisée : « Non ! Non ! J’ai trois ans. Et demi ». Amusant ce besoin d’exactitude, de « précision précise » chez des gamines et gamins. Et je retrouvais la franchise des enfants; parfois à la frontière de l’effronterie! J’avais un peu oublié car il y a presque dix ans déjà que bibi-le-papi ne fait plus jouer des enfants comme je l’ai narré dans mon récit « Des branches de jasmin ». Ainsi quand Raymonde, ma belle amphytrionne, annonce : « À table ! Le souper est prêt », Florence Boucher, trois ans ET DEMI !, lance :

« Il était temps, je commençais à avoir faim ! » On a ri. À table, après la tourtière et la bûche suave de notre École Hotellière, pour l’intriguer, au moment où « tante Colette » offre de son fudge home made, je m’emparai du pot et courus le cacher dans le vaisselier en disant : « Ça, pour moi ! » Florence -trois ans ET DEMI- se hausse sur sa chaise comme coq attaqué, s’écrie, visage tourné vers ce vieillard égotiste : « Voyons! Partage ! Partage ! » On a ri encore.

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Il y a ce chalet au bord du petit lac Rond. Il y a vieillir. Devenu « très très » vieux, sans automobile, me déplaçant avec difficulté, où aimerais-je finir ma vie ? ». On y songe parfois ma tendre Raymonde et moi et le plus souvent la réponse est : « Rue Bernard, à Outremont. » En mai 1985 je zieutai ce logis outremontais, au 360 de la rue Querbes. Et nous quitterons ce mignon 551 rue Cherrier soulagés, il y avait plus moyen de stationner. Rue Querbes : « entrée de garage » (comme on dit) garantie. Jour et nuit !

Fin de ces années 1990, ça suffisait les entretiens variés, une seule grande maison, à Ste Ad, c’était bien assez. Mise en vente du 360 avec déménagement à ce « Phénix » -bloc d’appartements construit sur une usine de Kraft- du Chemin Bates. Phénix ou sans cesse renaître de ses cendres. Ce neuf condo c’était comme vivre à l’hôtel, avec conciergerie, plus de neige à pelleter, plus de gazon à tondre quoi, pas de « chassis-doubles » à changer, la bonne paix.

J’ai eu 78 ans, il y a pas longtemps, Bécaud chantait : « Et maintenant, que vais-je faire ? » J’aurai 80 piges bientôt, puis 85 berges en 2015 et la vue qui baissera davantage. Fin du permis de conduire peut-être ? Songer alors à une installation, -une station- dernière. Une voix gueulera : « Terminus ! Tout le monde débarque ! » Aïe ! Lecteur, tu seras vieux un jour, tu y penseras à « où planter sa dernière tente », ô voyageurs du temps présent. Là, rue Bernard, là où on va si souvent voir le monde bien vivant. En ville; pourquoi la ville ? La peur. Oui, sans doute. Grande ville où on trouve les grands hôpitaux avec les spécialistes en tous genres, mécaniciens en ces garages des derniers espoirs.

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Le vieil homme qui se dit encore vert, hum, moi, s’arrache de sa couchette à la neuvième heure tous les matins.

À moins de pressantes affaires -le dentiste par exemple.

Après ?, la toilette. Après? Vite aller se procurer les « mauvaises » nouvelles du jour. Payer pour cette dope ! Mais si on veut rester bien informé pas vrai ? Ensuite, revenu de ma tabagie, sortir les céréales et des fruits (un matin sur deux) ou bien mettre l’Œuf dans le poêlon. Avec confiture sucrée ! Enfin, s’installer pour en apprendre plus long que le téléjournal. Des matins comme ceux tout le monde. Pour rédiger ma chère chronique mes gazettes ne me servent guère. Vous l’aurez remarqué : j’ai décidé de bavarder sur la vie ordinaire, ne plus m’exciter en polémiques rageuses. Par la fenêtre cinq (oui, 5 ) cardinaux ! Si rouges ! On avait mis la mangeoire. Avant-hier, au rivage, Raymonde a pu compter 44 canards ! Partent plus pour le sud, eux ? Restez, restez !

Ce lundi de cette semaine, roulant aux gazettes, de grands lambeaux de brume à l’horizon au delà de la rue Morin. Que c’est beau dans le ciel vers Sainte Marguerite ! Paysages brouillés d’un romantisme tout nordique. Me suis souvenu de photos brumeuses montrant en des contrées lointaines. Scandinavie, Finlande ? Où donc, Islande ? Mes lambeaux, longues voiles toutes blanchies, disent : « Gens du nord, bientôt l’hiver. »

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Salut David,

Ici ton vieil homme qu’on dit « encore vert » ! Ma Raymonde a lu ton ÉLÉPHANT et, dimanche, ne saura trop quoi t’en dire. Tu dois la comprendre, autodidacte, jadis modeste secrétaire, elle a pu grimper jusqu’à « réalisateur de télé » à force du poignet…et de talent certes. Elle n’a pas eu donc comme toi, (comme moi) la chance d’être initiée aux textes modernes. N’a pas lu les Aragon, Char, Éluard (mon préféré) ou nos poètes modernes d’ici, les Giguère, Brault, Lapointe,etc.

Mais m’a dit être « impressionnée » du fait de cette publication chez L’HEXAGONE, la maison d’édition de tant de « grands » poètes d’ici. Quant à moi : j’ai (de nouveau, j’avais lu ton brouillon) apprécié. J’ai bien vu ton travail, la révision (correcteur chez VLM-Littérature ?) , ton peaufinage. J’ai senti un labeur solide avec cette finale version actuellement publiée.

EXEMPLES : Acte 1, : ton : « une grêle fumante mitraille les passants »… J’aime ça. C’est du fort !

Ou encore : « Je roule sur des rails aux étiquettes en mouvement ». J’aime beaucoup.

Ou : « …que l’aube aux pattes de canard me transforme en escargot », formidable imagerie !

J’ai estimé plein de passages de L’Éléphant

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