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J’écris ceci et…par ma fenêtre, soudain, le rouge vole ! Le joli couple de cardinaux venu manger du « soleil-tourmant » (tournesol) sur notre galerie. Hier, mordoré, le Chat-Royal, m’observait sous la frondaison sapinière. Je ramassais les bois morts des chèvrefeuilles récemment sciés. Je veux aller lui confier un secret  —« qu’il va neiger »— frout!, fuite aussitôt chez [...]

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Rue Morin, au carrefour du Dino’s, il y a un mini parc. Denise m’avait servi un plat « pita au poulet » avec la sauce généreuse, mes chères patates grecques. Je vide ma Corona mexicaine, je traverse la rue…je n’étais pas sûr de ma vue mais il me semble qu’il était là, assis sur un banc, jambes croisés, visage haut levé, souriant au vent et à moi m’approchant de lui. C’était lui, non ? M’installant à ses côtés, hésitant, j’ose : « Écoutez, c’est fou mais vous êtes le portrait vivant d’un prof de ski du Chantecler, mort aujourd’hui, Michel Normandin ! » Toujours souriant de ses belles dents blanches, il me dit : « Vous vous trompez pas. C’est moi. » D’instinct je regarde autour de moi. Personne au carrefour. « Oui, ajouta-il, je reviens par ici parfois. On me voit. Ou on me voit pas, ça je ne sais pas de quoi ça dépend. »

Il riait comme il riait avec éclat jadis. Normandin me fut un camarade épatant dans le triste hiver de 1951-52. Si joyeux, lui, si enthousiaste. Il incarnait à mes yeux une sorte de joie de vivre comme innée. D’un tel naturel. Il y a des gens, de cette façon, ils irradient le bonheur. Un don ? Fallait le regarder aller. Toujours disponible sur les pentes de ski, moniteur expert certes, toutes les techniques, ils les possédait, mais aussi très capable, avec ses si engageants sourires, d’initier au ski, des enfants ou des « vieux » voulant s’y mettre…et de bien jolies jeunes demoiselles. Oh que oui ! Je voyais bien les regards énamourés des belles et fidèles élèves.

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Jeune, je rigolais de voir ces « vieux » qui traînaient des photos de leurs petits enfants. Leurs « chéris-chéris » enveloppés dans le plastique de leur portefeuille. Je regardais rapidement les binettes et complimentaient par politesse. Par devers moi : « Non mais quels sentimentaux, mes « vieux » camarades radiocanadiens! » Eh oui, plus tard, ce sera mon tour. Je me surprenais, à 60 ans, de montrer à tous les binettes de mes cinq petits trésors chéris ! Leçon de vie.

Autre leçon me revenant en boomerang ? Ces « vieux » encore et leurs descriptions de maladies, leurs précieux remèdes, ces petits bocaux remplis de pilules ! Quels emmerdements ces bavardages descriptifs des malaises divers. Quelle complaisance envers les pharmacies, leurs havres de bonheur… à les entendre glousser de bien-être à ces comptoirs bénis ! Je ricanais. Un jour, encore mon tour : mes « blanches », Lipitor, pour le méchant cholestérol, et mes petites « jaunes », Pantoloc, pour les reflux gastriques. Bien puni, m’sieur le ricaneur d’antan. Sans parler de ces gouttes pour contrer la menace de glaucome en des yeux qui faiblissent.

Dans les familles pauvres comme la mienne l’était, le pharmacien était « le docteur ». Ma mère courait des diagnostics rapides. Et bien fréquents ! Onguents, huiles, sirop, et autres « élixirs ». Dans la file de notre École Hôtelière, on s’amusait à nommer les vieux remèdes de jadis. On a ri. Du liniment Ménard au Sirop Lambert, du Castoria à l’huile de ricin maudite ! C’était moins cher que la visite au médecin. On trouvait un apothicaire (pas de femmes en ce temps-là) à chaque coin de rue dans Montréal. Et Charles Trenet n’en revint pas d’y trouver…de tout.

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Dimanche dans deux jours et c’était dimanche, il y a cinq jours.

Nous nous sommes joins aux joyeux marcheurs sur le lac. Hen, quoi, un miracle, tous des Jésus ? Pas vraiment, car l’eau s’est durci, c’est de la glace. Bel après-midi donc de lumière. La beauté éblouissante ! Les experts le redisent : « la plus elle luminosité, elle est ici, parmi nous. » Pauvre camarade Michel Tremblay à Key West pris avec sa piètre lumière !

Éliane ma fille unique qui me dit : « Marcher sur les eaux du lac hen ? Nous aussi, on a marché sur la Mille Îles à Terrebonne et, oui papa, quelle beauté malgré le froid tous ces costumes aux couleurs bigarrées partout. »

Et les chiens du Lac Rond ? Diable, c’est une véritable exposition canine sur l’eau dure de ce grand anneau. Les pèlerins-en-rond font voir une variété qui m’étonne. Il y a des beautés à quatre pattes époustouflantes, du fier Caniche royal au frou-frou Sheep Dog. Des rasés de près, des « de cuir », des tout poilus, yeux compris, des hauts sur pieds, des bas sur pattes, oui, une diversité qui m’a surpris encore une fois.

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NATIVITÉ

Il y avait presque vingt ans, quand, la dernière fois, j’ai pu entendre gazouiler… brailler des nouveaux-nés. Voici que l’année 2008 s’achevait avec un bien mignon poupon au fond de mes bras et, je réussissais à l’endormir malgré le bruitage fou de la fête. Oh le beau soir, m’sier Beckett ! La présence tout dernièrement de trois petits enfants me changeait, transformait la maison, amenait dans nos coeurs une joie solide. Une vie comme inédite, prolongation de la famiglia, du clan Jasmin-Boucher, petite tribu qui fait du « 13 à table »

Candeur, naïveté ?, On se dit ces bébés témoigneront. Inconsciente « poursuite » de l’agrandissement des branches de l’arbre. Assurance contre quoi, nos morts prévus ! Natalités : promesse de faire durer nos noms ! Bonne « visite » dans ma crèche noëllesque. J’ai rajeuni, juré,craché, et sans les trois rois mages, sans cette étoile « guidante », GPS biblique ! Deux petits garçons ( à Claude et à Pierre-Luc) qui ne parlent pas encore et une mignonne fillette. « Tu as quatre ans maintenant, Florence ? » Elle haussait la voix, scandalisée : « Non ! Non ! J’ai trois ans. Et demi ». Amusant ce besoin d’exactitude, de « précision précise » chez des gamines et gamins. Et je retrouvais la franchise des enfants; parfois à la frontière de l’effronterie! J’avais un peu oublié car il y a presque dix ans déjà que bibi-le-papi ne fait plus jouer des enfants comme je l’ai narré dans mon récit « Des branches de jasmin ». Ainsi quand Raymonde, ma belle amphytrionne, annonce : « À table ! Le souper est prêt », Florence Boucher, trois ans ET DEMI !, lance :

« Il était temps, je commençais à avoir faim ! » On a ri. À table, après la tourtière et la bûche suave de notre École Hotellière, pour l’intriguer, au moment où « tante Colette » offre de son fudge home made, je m’emparai du pot et courus le cacher dans le vaisselier en disant : « Ça, pour moi ! » Florence -trois ans ET DEMI- se hausse sur sa chaise comme coq attaqué, s’écrie, visage tourné vers ce vieillard égotiste : « Voyons! Partage ! Partage ! » On a ri encore.

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Chaque fois que nous parlons d’un disparu, il revit. Je parle souvent de mon père. Et de ma mère. Je veux vous parler de Françoise. De Françoise S., la « vieille fille » héritière d’un important bijoutier du Plateau. Elle était notre voisine immédiate. Dès notre installation en 1973, ce sera la découverte d’une voisine rêche, raide pimbêche sans aucune bonne façon. On prenait conscience Raymonde et moi, d’une voisine peu sociable qui ne sortait que…sur sa longue galerie d’en arrière.

Petit coup de tête à la nuque raidie, si je la saluais, moi, l’écrivain-commère. Méfiance ? Premier contact quand Raymonde osa déposer des quenouilles (arrachées d’un mini-marais qu’on a comblé depuis) sur le rebord de « son » muret : « Laissez pas ça là ! Ça pourrit ça et ça pue ! Ramassez ça et à la poubelle au plus sacrant ». Premières paroles de bienvenue quoi ! Sidérés nous étions. Plus tard, toujours de sa galerie, sa parole grièche, son ton surélevé :

« Y a votre chaloupe, là, vous l’attachez mal, elle traîne encore à mon rivage, alors, si-ou-pla hein ! »

C’est fou mais face à de telles gens, j’ai toujours comme le goût, le besoin instinctif de… conquérir. Je cherchais à « comment charmer cette sauvage Françoise un brin », comment l’amener à des rapports un peu plus aimables, entre voisins, c’est nécessaire, non ? Si je lui causais météo, juste pour parler, j’obtenais de sourds grognements, si je lui causas coût de la vie au village, des marmottages. Non, pas du tout envie chez ma voisine de tisser des liens.

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1951, j’ai vingt ans. Ici, une adèloise inouïe, fille cultivée d’un vieux médecin de la place, la célibataire Pauline Rochon anime le village. Peut-on imaginer un petit bourg du nord où il y a des concerts, un modeste salon du livre dans l’ex-boulingrin du Chantecler, des expos, des cours de peinture par Agnès Lefort, prestigieuse galeriste de la rue Sherbrooke, du théâtre par Fernand Doré et sa compagne, Charlotte Boisjoli, des conférences culturelles diverses ? Et… un atelier de céramique. Ma branche.

En ces années-là, tout en bas de la côte-Morin, dans une vieille maison à pignons (qui sera longtemps une crêperie bretonne), la « sur active » Pauline Rochon organise toute seule toutes ces activités. En est l’âme. Au printemps de 1951, j’ai un diplôme de céramiste tout neuf, un été de chômage et puis voilà qu’un poste de « prof de céramique » s’ouvre à ce prestigieux « Centre d’art » laurentien. J’accepte de m’exiler, heureux comme un roi.

VIVRE DANS UN ÉCURIE !

J’ai raconté l’échec dans mon bouquin, « Sainte-Adèle-la-vaisselle », ce drôle de séjour précaire, l’éloignement « premier » de ma petite patrie, l’absence de reconnaissance, le manque d’élèves, de matériel aussi, aussi, le métier de laveur de vaisselle à l’hôtel. Pour ne pas crever de faim. Je connaissais les Laurentides que par des excursions, le ski des collégiens du Grasset. À l’automne de 1951, c’était une vraie installation. Le proprio de l’hôtel, M. Thompson, offrait au Centre d’art de Pauline son écurie (devenue un entrepôt de chaises de soleil). C’est là que je m’installe donc -une première- loin du béton, du goudron, du ciment, de l’asphalte, des promiscuités des ruelles, des rues aux logements empilés les uns sur les autres. Adieu Villeray et ses escaliers en colimaçon !

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Vous avez vu au petit écran ces drôles de cigales rongeuses d’hêtres. Ouash ! Et, toujours à la télé, ces larves verdâtres écoeurantes dévoreuses de récoltes ? Re-ouash ! Ma Raymonde : « Tu vois ça ? Cesse un peu de louanger le monde des bibites, il y en a d’indignes. » Quoi, me rabattre sur le règne minéral ? Je collectionne de jolis galets, « mes chères pierres chanceuses », mais de là à en faire de grands éloges, cela qui ne remue jamais. Elles, les bipites bougent.

Matin de brume, ce jeudi au ciel mat et nos collines laurentiennes sont toutes enveloppées d’une très pâle ouate. Rideaux diaphanes, sorte d’entoilage, l’ouvrage d’un Christo. Midi s’amène et le paysage est vite dégagé de ses tentures romantiques. À l’eau canard ? Oui. De mon rivage, je tend l’oreille : Marc Labrèche ? Où se cache-t-il ? Je parle de son laideron favori, la célèbre grimaçante grenouille, Yolande.

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Maria, Suzanne, Mado, Hélène… ou Pierre, Jean, Jacques, ça sonne comme une chanson de Guétary ! Chaque femme a son petit chapelet de prénoms secret comme chaque homme a le sien. La mémoire conserve des images d’amour jeunes, enfuies. Parfois douloureuses tant cela fait mal. Ou merveilleuses tant s’y mêlaient une naïve confiance, une espérance folle.

La femme exilée qui me lit sait de quoi je parle. Elle rêve à des noms de sa patrie perdue, avant d’émigrer ici. Un réfugié d’ici aussi. Qu’il nous soit venu d’Algérie ou du Liban, du Brésil ou de Saigon. Il songe lui aussi à ces prénoms de filles aimées. Dont les traits s’effacent mal. Cicatrices mal refermées. Plaies vives ou à jamais oubliées. Tout être humain traîne sa vie entière -vous verrez jeunes gens- des traces de ces amours impossibles ou interrompues. Cassures ? On ne sait même plus pourquoi. Il était trop pauvre? Elle était trop riche ? Il était marié. On en a connu des êtres fiers qui se consolaient hypocritement : « Bof, c’était un voyou ! » Ou : « C’était une guidoune ! » Au fond de sa mémoire que de regrets inavouables…ça saigne encore. Un peu.

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Une mode, la diatribe ? Pour une sorte de journaliste, c’est comme une marque déposée, l’emblématique modus vivendi. Démolir sans faillir. Un exemple vivant, Claude Gingras au domaine de la musique. Il utilise volontiers la diatribe. Est-ce un sadisme accepté et qui fait souvent jouir, une sorte d’onanisme, celui de la cruauté totale, sorte de masturbation de l’intelligence. Car en cette matière c’est le cerveau seul qui jubile, l’instrument indispensable du « sans cœur ».

À la suite d’on ne sait trop quel accident d’existence, un cruel critique a été comme excisé de ses sentiments. Il est l’ouvrier démolisseur qui traque, écoeuré par l’amateurisme. Amator, amor ! Monde détestable que celui des sentiments ? L’enragé en diatribes y voit-il une tare, un péché, ce maoïste cérébral voit les sentiments comme l’habit du faible, l’inutile vêtement de l’Homme mou, nous tous, les humains ordinaires.

Lui, il est fier de son inhumanité, il vaque à ses noires écritures avec. Le bonheur est jugé malsain. Cette sévérité extrême : maniaquerie ou monomanie morbide ?

De tels critiques -aux rapports extra- minutieux, scripteurs d’un pointillisme ardent- sont-ils des cas qui appartiennent à une pathologie ? Certains sadiques y trouvent bon compte, petit auditoire siamois, frères en cruauté, ils forment une minorité qui contient des zélateurs. De telle abonnés aux critiques-à-diatribes les vengent-ils d’un vide. D’un manque. D’un échec refoulé. D’une déception grave. De graves chagrins confus. Ce critique rageur défoule face à une routine de vie qui les étouffe ? De tels cogneurs à l’esprit frappeur, les soulagent d’un ratage mal vécu, permanent. Ils sont la cohorte d’aficionados, d’un Gingras (Claude) ou d’un Lévesque (Robert) aux comptes-rendus féroces à la prose inflammatoire, parfois diffamatoire !

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