LA GLACE ET LA LUMIÈRE
19 décembre 2009 | 1-Tout, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES
J’en ai parlé déjà : c’est nous (gens du nord) qui avons la plus belle —les jours ensoleillés bien entendu— la plus riche lumière. De toute la planète. À cause de la réflexion des neiges. Les auteurs de cette recherche en luminosité l’affirmaient, disant que la lumière n’était pas aussi belle, ni aussi pure, ni aussi éclatante dans les suds. Même en zones tropicales. Quelle chance nous avons, non ? Que ceux, nantis, qui s’exilent à Cuba ou ailleurs cessent de dire « je pars pour le soleil », non, ils partent « pour la chaleur ». Là-dessus, certes c’est indéniable. Mais « la lumière des lumières », c’est NOUS QUI L’AVONS, je regrette « Danièle Air-Canada », mon amie partie au Mexique pour l’hiver.
On a pu apprécier cette luminosité unique ces derniers jours et j’ai vu patiner un jeune couple. De loin. Deux silhouettes agiles, tenues ensemble, bras à la taille, deux mains nouées, ils faisaient de gracieuses arabesques sur une glace toute neuve. Aussitôt, j’ai revu le « rond à patiner » du Shamrock, collé au Marché Jean-Talon. Lieu béni, espace vénéré, endroit mieux qu’apprécié malgré des bosses et des craques, malgré ce gras gardien bougonnant, morveux bossu au nez pourpre dans son cabanon où l’on pouvait nous réchauffer les soirs au climat sub-arctique. Il y avait qui nous épatait une musiquette pourtant grinchante dans un mauvais haut-parleur. Ersatz pauvres des valses de Strauss.
Il y avait au dessus du « rond à patiner », dans la nuit de ces soirs d’hiver, ces ampoules à abat-jour de tôle verte, pauvre lumière faiblarde capable tout de même de transformer en beautés exotiques les adolescentes, belles inconnues. Oui, oh oui, surtout, il y avait tant de jolies patineuses, les unes accortes, acceptant rapidement nos offres de « galants sur lames » et d’autres réticentes, nous jaugeant trop longuement, méfiantes. Il y avait tant de ces « wolfs ».