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Archives 'cuisine'

Rue Morin, au carrefour du Dino’s, il y a un mini parc. Denise m’avait servi un plat « pita au poulet » avec la sauce généreuse, mes chères patates grecques. Je vide ma Corona mexicaine, je traverse la rue…je n’étais pas sûr de ma vue mais il me semble qu’il était là, assis sur un banc, jambes croisés, visage haut levé, souriant au vent et à moi m’approchant de lui. C’était lui, non ? M’installant à ses côtés, hésitant, j’ose : « Écoutez, c’est fou mais vous êtes le portrait vivant d’un prof de ski du Chantecler, mort aujourd’hui, Michel Normandin ! » Toujours souriant de ses belles dents blanches, il me dit : « Vous vous trompez pas. C’est moi. » D’instinct je regarde autour de moi. Personne au carrefour. « Oui, ajouta-il, je reviens par ici parfois. On me voit. Ou on me voit pas, ça je ne sais pas de quoi ça dépend. »

Il riait comme il riait avec éclat jadis. Normandin me fut un camarade épatant dans le triste hiver de 1951-52. Si joyeux, lui, si enthousiaste. Il incarnait à mes yeux une sorte de joie de vivre comme innée. D’un tel naturel. Il y a des gens, de cette façon, ils irradient le bonheur. Un don ? Fallait le regarder aller. Toujours disponible sur les pentes de ski, moniteur expert certes, toutes les techniques, ils les possédait, mais aussi très capable, avec ses si engageants sourires, d’initier au ski, des enfants ou des « vieux » voulant s’y mettre…et de bien jolies jeunes demoiselles. Oh que oui ! Je voyais bien les regards énamourés des belles et fidèles élèves.

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BOUDDHA DANS MA CAVE!

Rue Saint-Denis, un tiers de notre cave échappe à la gargote de mon père. On y trouve un mini-cagibi pour « les toilettes » des clients, le « carré à charbon », la grosse fournaise, des cordes à sécher le linge l’hiver, des tablettes pour les « conserves » de ma mère. Et papa y [...]

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Conte pour le FM 98,5 (avec Paul Arcand) lu par l’auteur vendredi matin, 22 décembre 2006

Je regardais par la fenêtre tomber tant de neige. Dans une heure ou deux, devoir me rendre dans la sacristie de Ste-Cécile et mettre ma petite soutane rouge d’enfant de chœur, m on beau surplis de fine dentelle et m’emparer d’un flambeau de velours avec, j’espère, un lampion bleu. J’ai hâte. J’aime la chorale du père de Tit-Claude Léveillée au jubé, la lumière partout, la crèche élaborée devant l’autel à St-Joseph, l’orgue puissant qui va fracasser la nef. Ma mère —l’argenterie frottée brillait— écoutait à la radio la belle voix de Duquesne parlant d’un caporal dangereux, Adolph Hitler. Maman achevait de dresser sa table pour le réveillon avec, au centre, une belle carafe en verre taillé avec du vin rouge « St-Georges », des chandeliers s’installaient. Et maintenant, à la radio, la Charlotte-putain de Richepin braillait : « Faites-moi trouver un portefeuille bien garni… À moi plutôt qu’aux balayeurs… Voyez mes mains gercées…O Sainte-Vierge, venez me chercher, j’en peux plus de grelotter…… » Ma mère encore émue puis elle a regardé l’horloge-à-pendule de la cuisine, dix heures sonne : « CLAUDE ! TON PÈRE N’EST PAS ENCORE REVENU DE CHEZ SES CHINOIS DU BAS DE LA VILLE. »

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CHINOISERIES

[CHINOISERIES | Roman-récit | Premier chapitre d'un roman de Claude Jasmin publié en mars 2007 chez VLB éditeur. ISBN-10 : 2-89005-974-X ISBN-13 : 978-2-89005-974-0 Communiqué de presse Jasmin présentant Chinoiserie à Tout le monde en parle. Jasmin en entrevue avec Raymond Cloutier à l'émission Tour de piste - 2007-04-01 [Audio clip: view full post to [...]

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Je veux paraphraser « le ministre de la police » en France, ce Sarco —maintenant candidat à la présidence contre Ségolène Royal. Ultimatum bien con à mon avis. On a le droit de détester son pays, d’adoption ou non. Au temps du dictateur soft Duplessis, nous étions nombreux —heureusement— à détester le pays québécois. Ce sont des esprits libres qui firent basculer ce régime d’un écœurant conservatisme. Le « qu’ils retournent donc dans leur pays » était la niaise scie des poltrons xénophobes. La liste serait longue de nos émigrants libéraux qui critiquaient volontiers nos arriérations des années ’40 et ’50. Ils furent d’utiles rouspéteurs, croyez-moi les jeunes.

Je lis du Richard Martineau inquiétant :« il y a l’aéroport Trudeau grand ouvert pour ces râleurs ». Une dérive rare chez un bonhomme le plus souvent lucide. Ainsi, face à certaines exigences de nos « nouveaux venus », on est tenté de crier : stop !, et je favorise certainement l’intégration des émigrants car il y a des cas d’exagération mais il n’en reste pas moins vrai que —« toute civilisation étant mortelle »— face à des installations nouvelles n’importe quel pays du monde y trouve de l’intérêt. Personne ne peut nier le plaisir de découvrir us et coutumes nouveaux, tout le monde va reconnaître qu’il y a un réel plaisir à nous frotter à la découverte « des autres ».

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L’EXILÉ (Ernesto)

Étrange réalité : quand j’ai offert toutes mes archives à la biblio nationale, on me dit : « avez-vous dans votre stock de paperasses, des romans avortés » ?, je dis : « oui, beaucoup », et eux : « ah, merveilleux, bravo, formidable! », ma surprise, il semblait que ces « ouvrages interrompus » [...]

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Le Testament

Projet de roman (stoppé) NOTES : (16 Mars) (partir de Gaston Bachelard sur les quatre éléments) 1-LA TERRE : l’halloween, la toussaint, la mort, la vieillesse, les cimetières, le monument à graver, la nuit, les anciens, l’automne, le feu, les masques de la vie… (tempérament mélancolik) 2-L’AIR : Le solstice d’hiver : Noël, les débuts [...]

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LA PETITE PATRIE EN IMAGES

Enfin, un de mes vieux rêves se réalise : illustrer moi-même mon livre. Si souvent j’avais souhaité voir de mes illustrations dans mes romans. « Ça ne se faisait pas », m’expliquaient mes éditeurs. Enfant, j’examinais tant les gravures des romans de Jules Verne… et autres romans anciens et classiques. Si longtemps j’explorais à fond les illustrations [...]

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Ce livre sur Outremont contient le texte suivant parmi des tas de photos magnifiques et de documents historiques divers, texte « impressionniste » sur le « ghetto » artistique et intellectuel qui peut être offert, ici. -CJ VIVRE À OUTREMONT AUJOURD’HUI 1-Je te prends dans mon regard Entendez-vous ces deux fillettes qui chantent, avenue Querbes? Écoutez-les: « Trois fois passera, [...]

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1950. 24 décembre. Venu du macadam de Villeray, me voici installé dans l’ex-écurie du « Chantecler Hotel », convertie en « Poterie d’art » avec si peu d’amateurs de céramique que, pour survivre, trois fois par jour, je lave la vaisselle salie du Chantecler. « Pas de sot métier, que de sottes gens ». C’est Noël demain, je demande un congé au chef de cuisine, monsieur Liorel : « Pas question, mon petit gars, trop de monde et gros réveilllon ce soir. » Bon. La beauté de voir tous les « bogheis» attelés sortant de l’église, rue Lesage, messe de minuit dite, et s’en venant pour réveillonner. Clientèle de richards. Je dispose vite les plats pour les « waiters » énervés. Et, tard, quand la fête se termine, plus envie, personne, d’aller nous coucher.

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