Chroniqueur chez Gesca-Power, au Saguenay, voici un indépendantiste, ex-ministre, qui revire son capot de bord. « N’y a que les fous pour ne jamais changer d’idée », disait un dicton populaire. M. Brassard peint en couleurs ridicules un monde qu’il aimait il y a pas si longtemps.
Quoi ? On a vu dans notre histoire un abbé zélé, diplômé en théologie du Grand Séminaire si-ou-pla, un prêtre catholique bruyant, farouche et populaire prédicateur « anti-alcool » qui, un jour, vira de bord et se fit l’adversaire de SA vieille religion pour servir avec un zèle intempestif la vaste et facile « cause toute nord-américaine, le Protestantisme; mais ce dernier resta pourtant méfiant à son égard. Chiniquy, son nom.
Brassard, lui, reste dans le monde laïc ? Oui, mais sa véhémente sortie anti-Bloc, anti-Duceppe, montrait un aspect quasi religieux. Dans ces affaires politiques « nationalistes », hélas, le ton employé —pour ou contre— a tendance à verser dans l’absolutisme, dans le « crois ou meurs ». Je ne suis pas sans péché. On comprendra que mes amis —il m’en reste) « fédéralistes » furent ravis de ce mouvement
« girouettatoire ». Si le vire-capot a fait enrager ses anciens compagnons de lutte, il a fait la joie des nouveaux adeptes. Or, le Jacques Brassard en question n’a pas trop montré pour quel bord il allait combattre. Harper, Dion, Layton ? Il ne pipe pas mot, il a voulu avant tout fustiger, selon lui, une « vieille picouille » gauchiste, le Bloc de 2008. La campagne électorale montre déjà des cahots et on va en voir encore davantage. C’est bien parti. Déjà, ici et là, il y a grosses bourbes, des déclarations embarrassantes. Des religieux fondamentalistes cachés. Déterrage de vieille sottises que l’on croyait oubliées. Des regrets sincères ou pas s’expriment. Des excuses arrachées ou consenties se balbutient. Le Harper se voile la face : ce gros sale « caca » sur l’épaule du chef fédéraliste rouge : une vraie honte ! « Pardon camarade, excuse confrère, on le fera plus ». Ouin ! En réalité, tout pour, sans cesse, mettre des bâtons dans les roues du char de l’adversaire quoi. Car c’est une guerre, une course au pouvoir. On veut tuer et des mots, parfois, tuent. Les partis —riches ou s’endettant— dépensent des fortunes, en placards comme en messages de radio ou de télé. « On nous aime, on veut note bien, on nous adore ! » Voire… Félix chantait « Le lendemain des élections, il sait même plus ton nom ». Pas fous, les citoyens le savent. Il y a peu de vrais travailleurs d’élections, c’est une toute petite minorité, sachons-le bien. Une réalité trône : le marais, depuis toujours, un vaste domaine où vit le monde ordinaire. C’est eux que les rares militants —bénévoles ou stipendiés— cherchent à captiver. À séduire tellles des guidounes sur la Main Street.
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