jan 032010
 

Comme toujours au temps des fêtes,  j’ai débuté, un rituel, mon roman annuel.  Après mon « Rire de Jésus », cette fois je suis plongé avec… Belzébuth, Lucifer et Satan ! Au début de l’été sortira donc en librairies « PAPA M’A DIT… « , titre de travail. Je raconterai mes frayeurs provoquées par les récits de papa ( un bonhomme bizarre) qui prenait plaisir à raconter ses « diableries ». Comme aujourd’hui avec certains films, les jeunes aiment avoir peur, j’aimais avoir peur, petit garçon. Est-ce que je lui dois ma vocation d’écrivain ? Sans doute.

Nageant dans mes souvenirs, j’ai un plaisir fou en faisant revivre ses chers voyantes tourmentées par le démon, ses mystiques stigmatisées, ses thaumaturges, du Frère André à Thérèse Neumann « qui saignait de partout tous les vendredis », me disait mon pieux papa. De Catherine Emmerich à cette « Madame Brault » de Pointe-Claire, dame dévote  que le diable (« un affreux chien noir géant  », disait papa  !) jetait dans le fossé quand elle se rendait à son église !

Faisant revivre ce drôle de père, je me suis souvenu de sa « haine » des Laurentides, où il n’est jamais venu. Je ne sais trop pourquoi, vers 1940, 1945, la réputation « du Nord » grandissait. Tant que l’on se mit à réclamer que papa vendre son petit domaine (50 pieds par 300 pieds) pour « passer nos étés dans le Nord papa ! » Un lieu moins « commun », suggérait Germaine, un peu snob. Cela enrageait mon père qui appréciait tant son cher Pointe-Calumet où étant sans auto, il pouvait venir par train ou par bus. À chaque fois qu’on l’en implorait avec des « Achète donc un chalet dans l’nord, si-ou-pla, p »pa ! », c’était une occasion pour papa de peindre en noir les Laurentides.

« Le Nord !,  vous savez pas ça, mais ici à Pointe vous êtes souvent en maillot de bain le soir. Tard souvent, c’est la chaleur du sable partout qui permet ça. Là-bas dans vos Laurentides rêvés, c’est frette en titi et vite, il est pas quatre heures de l’après-midi que le monde des Laurentides doit mettre un chandail de laine, une veste. On gèle, c’est ça le nord. Vous regretteriez vos baignades ici, tard, à noirceur souvent. » On se taisait, un peu embarrassés.

Mais on y reviendra et ce sera : « Quoi le Nord ? Pauvres enfants ignorants, ce que vous savez pas, c’est le danger de s’assommer. Ici, dans le grand lac des Deux Montagnes, une vraie mer, vous pouvez aller  nager partout, c’est jamais creux. Mais dans l’Nord, oh la la, vous vous approchez de n’importe quel rivage, n’importe quel lac et vous plongez, b’en badang ! Il y a partout des rochers invisibles. Danger de noyade avec le front pissant le sang, la mort souvent, tombé sans connaissance par une roche caché dans ces petits maudits lacs. » Impressionnés, on se taisait. Était-ce exagéré ? On savait rien des lacs du Nord.

Une fois revenus encore à la charge, papa déclara :

« Écoutez-moi bien, je vois entend vous plaindre de nos p’tits maringouins de la Pointe, dans vos Laurentides de rêve, c’est le fléau des mouches noires, ça mes enfants, c’est effrayant, quand ça vous pique, ça emporte des morceaux de peau, c’est grand comme des vingt-cinq cennes ! Voyez-vous ça ? Le monde se promène avec des pansements plein les bras et les jambes. »  On ne reparla plus du nord. J’y suis, en permanence depuis plus de 30 ans, je ne me sus pas noyé encore et n’exhibe nul pansement ! Un curieux personnage, vous verrez ça cet été dans « Papa m’a dit ».

  4 Réponses to “MENSONGES QUE MON PÈRE CONTAIT !”

  1. Un nouveau Jasmin cet été ! Bravo ! Bien hâte de lire les histoires de ce papa « conteur de diableries » !

  2. Pour ce qui est des Laurentides Papa Jasmin n’a pas tort: les moustiques sont féroces, le froid vient tôt le soir, certains lacs sont traitres, mais de comparer les Laurentides à Pointe-Calumet…..Ça prend du culot !

  3. Ce ne sont pas les moustiques du Nord qui piquent ma curiosité mais ce nouveau livre sûrement piquant lui aussi et tout ça pour l’été qui vient!

  4. Monsieur Jasmin,

    Je suis plongé avec délices dans votre  »Enfant de Villeray » ou je retrouve toute la tendresse de la Petite patrie, que j’ai bien aimée à l’époque et je suis ravi que vous soyez si prolifique…j’ai bien hâte moi aussi de lire ce prochain roman ou vous parlerez de votre père,

    Maxime Arnoldi,

    Montréal

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