jan 072012
 

Du haut d’une colline, par temps clair, un bel après-midi récent, je voyais au loin de minces  silhouettes mobiles qui sillonnaient le paysage saintsauverien, dévalant des côtes toutes blanches et j’ai pensé….
Adolescent, citadin de Villeray, nous allions skier aux Hirondelles, bien modeste site à colline du nord de Montréal, à quinze minutes de chez moi en tramway. Que d’efforts épuisants là où il n’y avait nul remonte-pente. Plein-air souhaité par tant de jeunes collégiens désargentés, épuisés de latin et de grec ancien à maîtriser.
Notre autre grand pôle d’attraction ? Évidemment, le mont Royal. On s’y rendait sans cesse l’hiver, les mardis et jeudis après-midi de congé (Collège Grasset oblige). Prendre le tram St Denis, au coin de la rue Bélanger, heureux, munis de nos lourds longs skis de bois —avec stell edges— les attaches à lourds fermoirs à spring, nos pauvres bottines usagées, nos lunettes googles plastifiées, la tuque de laine tricotée par nos mères. Point de ces casques sophistiqués modernes des enfants d’aujourd’hui. Au sommet, proche du grand chalet —dix sous le chocolat chaud— au dessus du Montréal de bas de la ville, nous nous jetions dans la cuvette. On nous disait « vestige d’un ancien volcan » ! Nous risquions —l’audace des jeunes— de nous rompre les os dans les golleys (le petit et le grand). Active recherche de pentes plus raides encore, ô les casse-cous intrépides à quinze ans !
Des enfants choyés, dont les pères possédaient des autos,  nous parlaient de vraies splendides excursions en ski…dans les Laurentides. Lointaines en ce temps-là. J’écoutais ces chanceux autour du petit Lac des Castors, là où il y avait un rude câble en guise de remonte-pente. Au chalet de ce bassin artificiel il y avait aussi du chocolat à dix cennes le grand gobelet.
Longtemps, par la fenêtre de mon bureau, j’ai admiré les mouvantes silhouettes de jeunes aux joyeux habits de ski d’un multicolore ardent. Un jour le Chantecler fermait hélas à jamais cette partie skiable aux pentes douces— d’en face de chez moi.
À quinze ans, les filles commencent à nous envoûter. Ayant su qu’il s’en trouvait de bien jolies sur les pentes douces du « pied du mont Royal », de la rue mont Royal à l’Avenue des Pins, je décidai d’y aller fleureter. Un beau soir sous la magie des lampadaires : la féerie des jeunes demoizelles glissantes dans la nuit douce de fin février. Je ne serai pas déçu. Ayant élu une ravissante skieuse dans sa combinaison moulantes aux tons de roses, je m’y attachai. Bout de conversation innocente  —« il fait doux hein ? C’est beau la nuit hein ? J’aime les couleurs des pompons de ta tuque ! Quel est ton nom ? Tu étudies où ? — et je la suis partout. Voici qu’une lente neige à flocons immaculés se met à tomber, nous admirons les rideaux d’une voilure romantique dans les lueurs des réverbères. Nos coeurs en émoi s’agitent. Elle a enlevé ses mitaines et va s’asseoir sur un rocher, je veux toucher ses doigts, elle consent et nos visages se rapprochent. Premiers baisers, c’est si bon, je vois la beauté d’un ange. Tellement plus vivant que l’ange de bronze du monument voisin. Une quasi voisine car elle habite rue Saint Valier, 6970, chanterait Beau Dommage. Deux cœurs en fête iront prendre le même tramway.

jan 012012
 

« Longtemps je me sis levé de bonne heure…» en hiver pour le détester. J’ai changé. Suis devenu un amateur de nos blancheurs saisonnières, sa lumière solaire si stimulante. Saison bénie de la jeunesse, des sportifs. À mon grand âge, j’ai la marche. Aussi mon refuge à L’Excelsior, là où on peut admirer le plus beau sapin décoré, me voyez-vous sous une mini-cataracte d’eau vive, pateaugant sous ce petit palutivier de la piscine-serre, aux racines sorties ? Le bonheur !
Lire, entre mes baigneries : que le ministre fédéral Moore va répétant que « Radio-Canada-CBC est avant tout un instrument d’unité nationale ». Menteur ? La CBC est une faillite, gaspillage de 666 millions de $ . Les Canadians n’ont d’yeux que pour la télé des USA. Seul le réseau français fonctionne (333 millions de $). Pas autant que TVA mais…. Nous sommes une nation (Harper dixit), un pays « français », pas mal protègée de cette hégémonie culturelle populaire de notre sud. Sauf chez nos demi-assmilés. Bon, aller à ma piscine.
Lire Hugo Chavez, ex-cancéreux, Président du Vénézuela, parano fou ?, il déclare à la sauce-complot : « Étrange, ce fait : tous nos présidents et nos ex-présidents en Amérique du Sud frappés par le cancer ! » La CIA? Voir ahuris les Koréens du Nord en hystériques sanglots, à la mort du dictateur ! Effet de propagande ! Pas moins cul-cul la praline le magazine Maclean’s nommant un prince et une princesse, (parasites) de Londres « Personnalités de l’an 2011 » Et quoi don ? Notre compatriote doué, Laferrière invite à la télé tous nos écrivains « à sortir du Québec ». D’autres créateurs doivent donc sortir de l’Italie?, de l’Allemagne ?, de l’Espagne ? Quelle connerie! Aussi tordues que nos « nouvelles » citoyennes jurant à Ottawa vêtues de leurs voiles islamiques. Voyez-vous, à Téhéram  de nos demanderesses vêtues de mini-jupes ? Ottawa-connasse ! Aller à mon palétuvier ?
Bravo à Foglia qui cite quelques sales « morviats » anti-québécois signés Mordecaï Richler. Un franco-phobe à qui de nos  caves veulent donner le nom d’une rue. Masochisme stupide ! Et puis, vite, appuyons Marsolais qui voudrait interdire la boxe, un sport —s’assommer jusqu’au coma, exhibition d’arriérés mentaux, la boxe. Ailleurs ? La Presse du 28 décembre : « près de 100,000 tués au nord du Mexique » que dénonce un repenti des trafics, réfugié aux USA. Le Président Calderon serait entouré de corruptions. Va-t-il pogner un cancer, M. Chavez ? Oui, aller nager. Tiens, ce prêtre de Joliette, Raymond Gravel, jeune ex-homosexuel prostitué, qui accuse les ex-abusés sexuels par « en soutanes ». Des avides, acoquinés avec des avocats cupides, dit Gravel et pouvant ruiner les communautés ? En effet ces « hiérarchiques » muets jadis  peuvent ruiner des innocents ! Dura lex sed lex ! Ô vite, ma piscine. Encore ? À l’ouest de Jérusalem, des fanas religieux (Hassidims ?) tourmentent cruellement des écoliers non-orthodoxes ! En finir ? Lafrance, ex-boss à la SRC,  ayant crié « voyou » pour fustiger M. P.-K. Péladeau, nous avons craché 400, 927 de $ de nos économies publiques, en réparation. Pas moins de 5 millions en « fêtes », un demi-million en « conférences » et un autre demi-million en publicité; un tourbillon ! Ah, aller marcher dans la blancheur hivernale.

déc 282011
 

Veille de Noël et, si tard, plus un seul sapin à vendre. Nulle part. Dépit. Aller m’en scier un petit en terre-de-la-couronne. Couronne chérie du militariste-royaliste ce con de Harper. Moi en hors-la-loi avec ma sciotte ! Au journal du surlendemain de Noël, journaux, les bilans fastidieux. Les gros événements, en un ordre capricieux. Pour certains, le numéro « un » c’est le  chirurgien fou de jalousie, vaniteux déboussolé de St Jérôme, sa sauvage tuerie d’imbécile d’orgueilleux démentiel. Un  docteur en médecine qui assassine,  sauvage, un papa dénaturé, un boucher (ô chirurgie !) poignardant ses petits enfants (qu’il gardait) ! Dans un certain ordre s’alignent : deux, des Hells, bandits libérés pour cause de trop longue attente de procès, trois, le Rapport-Duchesneau, quatre, le sexooliste parisien Strauss-Khan et sa Noire qu’il assaille dans un Sofitel de Manhattan.
Silence mondial sur ma coupe illégale d’un petit sapin en forêt ! Ouf ! Attendons ce « Bye-Bye 2011», revue annuelle à la télé publique. Autre bilan. Très québécois ? Prévoir qu’il n’y aura rien sur ces étonnantes, surprenantes, révoltes en Afrique du nord. Rien sur les la mort de mon ami mort Gaston L’Heureux ou sur notre brillant cinéaste Villeneuve au bord de gager un Oscar à Hollywood bientôt. Rien sur le tueur fou de Tucson en Arizona ? Rien sur « le skieur Guay » un québécois champion du monde en ski en Allemagne. Et rien sur ce bourgeois millionnaire, François  Legault, son parti politique incolore, prudent ? Rien sur les premiers coups de « Marteau » avec l’arrestation de six fraudeurs dont cette mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean ? Il faut faire rire d’abord et avant tout. Le Bye-bye une fois de plus ne sera pas une vraie « revue » de l’année 2011 ». Et pas un mot sur ce grand-père « pompette » qui renverse un vaisselier à Duvernay ? Moi. Ma honte. Je ne touchais plus au divin pastis, ma chère liqueur du temps jadis. Chez Pierre Boucher (ex-directeur du Cégep St-Laurent) mon beauf’ qui débouche une neuve fiole de son pastis. Abus. Deux grands verres ! Mon dérapage éthylique au moment de savourer la jolie bûche venue de l’École hôtelière de Ste Adèle, toute inquiète, ma tendre Raymonde qui me jettera sur les épaules « le manteau de Noé ». Devoir quitter Laval (« belle nuit,  sainte nuit…) et abandonner, hélas, les joyeuses  frimousses de quatre petits enfants gigotant au salon, à quatre pattes dans une mer de cadeaux. Le plus beau jouet-cadeau ? Tout simple : des lampes de mineurs fixés au front achetées pas cher à La Cordée. Les voilà, fous comme des balais sillonnant en riant la caverne des noirceurs, c’est à dire tout le logis dans la noirceur vaincue. Ils sont des découvreurs guidés par leurs lueurs miraculeuses. Les rires fusent.
Il est midi, lundi, au café du matin (on se leva tard), notre joie d’apercevoir par les portes-patio les premiers promeneurs de l’hiver. Ils font le tour du lac au soleil luisant ! C’est parti le vrai hiver ! Le voisin Ouellet a fait une mini-patinoire sur son rivage et un mini-feu d’artifices ce soir-là. Il y a l’anniversaire de naissance du premier et plus grand « prophète de l’amour », ce Jésus de Nazareth que les querelleurs de ce temps barbare vont crucifier à mort. Il y a aussi qu’on doit fêter le nouveau solstice, le début des jours qui vont s’allonger. Bonne nouvelle année à mes fidèles lecteurs. Que 2012 soit de paix partout. En Israël comme en Palestine, nouveau pays. Comme partout où l’on fusille dans les rues ces citoyens musulmans, nos frères humains. Qui aspirent à la démocratie.

BONNE ANNÉE GRAND NEZ !

Veille de Noël et, si tard, plus un seul sapin à vendre. Nulle part. Dépit. Aller m’en scier un petit en terre-de-la-couronne. Couronne chérie du militariste-royaliste ce con de Harper. Moi en hors-la-loi avec ma sciotte ! Au journal du surlendemain de Noël, journaux, les bilans fastidieux. Les gros événements, en un ordre capricieux. Pour certains, le numéro « un » c’est le  chirurgien fou de jalousie, vaniteux déboussolé de St Jérôme, sa sauvage tuerie d’imbécile d’orgueilleux démentiel. Un  docteur en médecine qui assassine,  sauvage, un papa dénaturé, un boucher (ô chirurgie !) poignardant ses petits enfants (qu’il gardait) ! Dans un certain ordre s’alignent : deux, des Hells, bandits libérés pour cause de trop longue attente de procès, trois, le Rapport-Duchesneau, quatre, le sexooliste parisien Strauss-Khan et sa Noire qu’il assaille dans un Sofitel de Manhattan.
Silence mondial sur ma coupe illégale d’un petit sapin en forêt ! Ouf ! Attendons ce « Bye-Bye 2011», revue annuelle à la télé publique. Autre bilan. Très québécois ? Prévoir qu’il n’y aura rien sur ces étonnantes, surprenantes, révoltes en Afrique du nord. Rien sur les la mort de mon ami mort Gaston L’Heureux ou sur notre brillant cinéaste Villeneuve au bord de gager un Oscar à Hollywood bientôt. Rien sur le tueur fou de Tucson en Arizona ? Rien sur « le skieur Guay » un québécois champion du monde en ski en Allemagne. Et rien sur ce bourgeois millionnaire, François  Legault, son parti politique incolore, prudent ? Rien sur les premiers coups de « Marteau » avec l’arrestation de six fraudeurs dont cette mairesse de Boisbriand, Sylvie St-Jean ? Il faut faire rire d’abord et avant tout. Le Bye-bye une fois de plus ne sera pas une vraie « revue » de l’année 2011 ». Et pas un mot sur ce grand-père « pompette » qui renverse un vaisselier à Duvernay ? Moi. Ma honte. Je ne touchais plus au divin pastis, ma chère liqueur du temps jadis. Chez Pierre Boucher (ex-directeur du Cégep St-Laurent) mon beauf’ qui débouche une neuve fiole de son pastis. Abus. Deux grands verres ! Mon dérapage éthylique au moment de savourer la jolie bûche venue de l’École hôtelière de Ste Adèle, toute inquiète, ma tendre Raymonde qui me jettera sur les épaules « le manteau de Noé ». Devoir quitter Laval (« belle nuit,  sainte nuit…) et abandonner, hélas, les joyeuses  frimousses de quatre petits enfants gigotant au salon, à quatre pattes dans une mer de cadeaux. Le plus beau jouet-cadeau ? Tout simple : des lampes de mineurs fixés au front achetées pas cher à La Cordée. Les voilà, fous comme des balais sillonnant en riant la caverne des noirceurs, c’est à dire tout le logis dans la noirceur vaincue. Ils sont des découvreurs guidés par leurs lueurs miraculeuses. Les rires fusent.
Il est midi, lundi, au café du matin (on se leva tard), notre joie d’apercevoir par les portes-patio les premiers promeneurs de l’hiver. Ils font le tour du lac au soleil luisant ! C’est parti le vrai hiver ! Le voisin Ouellet a fait une mini-patinoire sur son rivage et un mini-feu d’artifices ce soir-là. Il y a l’anniversaire de naissance du premier et plus grand « prophète de l’amour », ce Jésus de Nazareth que les querelleurs de ce temps barbare vont crucifier à mort. Il y a aussi qu’on doit fêter le nouveau solstice, le début des jours qui vont s’allonger. Bonne nouvelle année à mes fidèles lecteurs. Que 2012 soit de paix partout. En Israël comme en Palestine, nouveau pays. Comme partout où l’on fusille dans les rues ces citoyens musulmans, nos frères humains. Qui aspirent à la démocratie.

 

Errata: c’est pas Villeneuve (« Incendies »)  mais Falardeau (« M.Lazhar ») qui ira aux Oscars.

nov 222011
 

Mon cher Jacques Brel chante que… le ciel y est si bas qu’un canard s’est pendu… » Je revois mon canard solitaire, comme perdu, égaré, il rôde, plonge et replonge, disparaît parfois si longtemps sous l’onde… suicidaire ? La Florida —où ma fille Éliane s’en va hiverner—  ne l’attire donc pas ?

À un de nos feux de feuilles mortes, visite du Souverain pontife chat (de ma voisine). La lourde bête me frôle : pas un seul regard, je l’appelle, ne se retournera pas d’une oreille ni d’une moustache; l’indifférence absolue. Cheminant lentement vers le vieux saule : noblesse ! Pas un chien au monde resterait aussi superbe, les chats sont des princes.

De sa petite rue St-Michel à Val David, mon fils Daniel n’est pas un indifférent et veille sur son géniteur. Le 10 novembre, cadeau d’anniversaire : bouquin du docteur Benetos, gériatre connu, 280 pages pour un « L’ABC DU CENTENAIRE », Laffont éditeur. J’y retrouve le menu connu : pas de tabac, pas d’alcool, faites de l’exercice et méfiez-vous des « recettes-miracles », aussi des gourous et autres gamiques en psycho-pop, enfin des substances « à la mode », chinoises, etc.

L’hérédité ? Lâchez tranquille « popa et moman » : que 20% en garanties et si tu fumes sans bouger, rivé aux écrans, oublie tes parents en grande santé ! La vitamine « D », oui, oui, mais le yaourt, surévalué dit Benetos. Le vin rouge?,  oui. Le blanc, non ! Ni bières, ni alcools, du caca ! Du botox pour madame ? Pourquoi pas ? Du Viagra pour monsieur ? Oui si on a le coeur en forme ! Mais, avant tout : marcher, skier « à fond » et en collines, vélocipédaler aussi, et « crawler ». Nager quoi ! Le gériatre de Nancy insiste : « Faites rire et riez. Le plus souvent possible. Fameux médicament, dit-il, et  gratuit.

Oh : le bref récit de mon camarade Gilles Archambault, lu avant-hier, m’a fait éclater en sanglot dès la page 35. Des deux d’un vieux couple uni, « celui qui reste…vit en enfer », chantait Brel, encore lui, l’immortel. Déception : je reste de glace en lisant ( Prix Renaudot!) la vie de Édouard… « Limonov », signé Carrère. Assommant. D’un ennui grave, Carrère, « fils de famille parisien », s’entiche d’un déboussolé né en Ukraine, filant à Moscou. Une gouape. Ganache à grands coups de gueule d’anarcho-fasciste. Bien long récit (Moscou, New York, Paris) avec du« name droping » éhonté. Potinage mondain. La critique (ici et ailleurs) ? Bien complaisance.

Je rentre maintenant —800 pages— dans une autre vie racontée. Celle de Gaston Miron, animateur —poète parfois—et infatigable prédicateur de notre liberté. Ça débute en Laurentides au temps de la Grande Crise mondiale ! Sainte Agathe commerce. Pierre Nepveu, le raconteur, se montre méticuleux, un travail d’obstiné, soucieux d’exactitude. Son vrai nom « Edgar Migneron » ! Eh oui !, des curés durs de la feuille allant vite en besogne. Sur sa stèle, vous verrez les noms de ses ancêtre tous analphabètes. Miron, laid, généreux, prophète,  ex-religieux enseignant, nous parle encore : « il fait un temps de cheval gris qu’on ne vit plus/ il fait un temps de château très tard dans les braises/ il fait un temps de lune dans les sommeils lointains ». Je suis à la page 40, j’ai le temps.

 

 

* (Gilles Archambault: « Qui de nous deux », récit, 120 pages, Boréal)

août 092011
 

Un aimable loustic : « Des romans, j’en lis rarement mais vos brefs romans dans mon hebdo favori, oui,  toujours. Pourriez-vous me recommander un ou deux de vos meilleurs romans ? » Lui dire : « Mes préférés ? « La sablière, Mario », où je raconte la triste vie d’un frère handicapé. Qui était ma sœur dans la vraie vie. Aussi, « La vie suspendue », où je raconte ma vie avant, pendant et après un suicide que j’ai vu de près en février 1983, hélas, vécu. » Jadis, j’allais demander aux librairies un roman de Gabrielle Roy, ou d’Yves Thériault, ils les avaient tous en stock. Maintenant ne cherchez plus un livre qui date d’un an chez Archambault ou Renaud-Bray, tout est renvoyé après six mois à l’éditeur. Eh ! Allez donc  à votre biblio publique.

Cou’ don !, a-t-on tué mes petit canards ? On les voit plus défiler. La mère est seule. Parfois accompagnée d’un ou deux bons amis ! Une Médée, un docteur Turcotte ? Je m’inquiète. Ou déportés dans un camp de concentration, au grand nord?

Photo dans Le Devoir : de la renouée japonaise et mon souvenir que c’était la plante chérie de papa mort. Il en planta deux tiges un été. L’été suivant, le parterre d’en avant en fut couvert entièrement. Ça renoue cette renouée !

Août entamé et notre beau sorbier va montrer ses fruits orangés. Réserve d’automne et d’hiver pour la gent ailée. Notre grand mahonia va faire bleuir ses fruits et, en 15 jours, tout sera mangé ! C’est beau la neige quand même, non ? Avez-vous hâte ?

Mangez dehors, l’été, quel bonheur ! Chez Juliano, juché sur une collinette de la sortie nord de Sainte Adèle en face du sombre Château Sainte Adèle, y vivre un jeudi soir parfait. Avec ma chère bavette, parfaite. Le spaghetti aussi. Les pennine de ma blonde, parfaits itou !Tout autour de la terrasse le beau boisé ! Des chaises pour l’apéro. On se croirait chez Derouin, à Val David, pas loin de son expo de bricoleurs naturalistes intitulée  « Leg ». Faut que j’aille visiter ça.

Certains matins, m’imaginez-vous en voleur ? De fleurs, —hydrangés blancs énormes— dans une haie de ma  tabagie Le Calumet. Proprio Taillon rigole : «  Servez-vous, allez-y, ce sont les fleurs du notaire Jean. » De gros bouquets et Séraphin-Jasmin est b’in content, viande à chien. De plus c’est « mon » notaire car, accoté-pas marié pantoute, il m’a fallu rencontrer Me Jean pour testamenter.

J’y repensais, cette belle vieille maison de pierres, Chez Juliano, il me semble que c’est l’ancienne demeure de Jean-Charles Harvey, pas très sûr, maison de l’auteur conspué —sous Duplessis— du livre scandaleux : « Les demi civilisés ». Nous tous en 1944 ! Un livre introuvable en librairie ! Ce pamphlet lui fit perdre illico son job au gouvernement. Ce Harvey courageux dirigea longtemps, réfugié à Montréal, l’ultra populaire hebdo Le petit Journal. Là où, à vingt ans, on m’acheta ma toute première nouvelle. Cinq pages. 20 piastres !

Qui écrira maintenant Les demi colonisés ? Du genre à se voter « non » deux fois ! 1980 et 1995. Allons, jeunes auteurs,  courage et perdez votre job !    

avr 152011
 

Il a neigé à Port au Prince ? Oui ? Non ? Ici, il a neigé en plein mois d’avril l’autre matin ! Merde, on veut pas voir ça personne. Que le printemps s’installe plus franchement. Suffit l’hiver ! Il y a pas longtemps, mon Le gros chat madré est venu faire son tour. Pas vu de l’hiver mon mon monarque pourpre, Raminagrobis. Toujours il traîne sa lourde pelisse, toujours il se donne des allures de vieux roi tout puissant. À la blanche balustrade au bout de ma galerie, il s’est avancé le museau et a mis son nez en proue face au vent de l’ouest, il ventait fort sur le lac Rond et j’ai cru l’entendre miauler : «  I am the king of the world »

Un fou ! Un dominateur  la Gbabo en Cöte ivoirienne. Envie de sortir et de lui mettre mon pied au derrière. Pour lui apprendre les bonnes manières… Il me jette soudain un regard, à moi, l’humain en rober de chambre et bien planqué derrière les portes-patio. Il me nargue ? Non mais… Il roule des épaules,  on dirait un de ces videurs, rue Saint-Laurent en 1950, quand je calais, jusqu’à très tard, à dix-neuf ans,  de la Black Horse au Faisan Doré et que Normand chantait : «  j’aime les nuits de Montréal, ça vaut bien la Place Pigalle… » Paroles et musiquette de feue Jean Rafa.

Mon Louis XIV s’est grimpé dans un transat ouvert, s’y recroqueville, une sombre grosse boule fourrée. Cette mauvaise humeur, je le sens ? Il a bien vu ce reste de neige ! En avril ! Son air de dégoût, il ferme les yeux et puis se redresse, d’étire, se secoue le violet pelage, puis s’éjecte hors de ce trône improvisé. Il redescend vers, je le suppose,  sa tanière… qui est, je le gagerais, chez ma voisine Blondinette à la santé de fer et qui est une voisine quasi invisible car elle tient un boulot de nuit.

Mon tour. J’ai avalé mes céréales et café à la main, je sors. Humer avril ?  Toute la fin de mars, tout le « tout début » d’avril le fond de l’air fut frais, très frais même certains jours. Enfin ce jour-là une certaine douceur dans l’atmosphère. Ça fait du bien. Bruit de planches remuées sous l,Escalier ! Je me penche, je finis par apercevoir le fessier de Donalda, ma chère marmotte. Ah, ah, aménagement, rénovation, déplacement saisonnier…quoi, ce bruit ? Elle disparaît. Bon. Elle est toujours vivante. Vit-elle toujours seule ? Y a-t-il un coloc ? Un Alexis ? Ou un méchant Séraphin ? A-t-elle eu un ou deux rejetons. Me voilà de bonne humeur, je verrai sans doute mes rats musqués quand le lac va caller, très bientôt, et qui encore ? La famille-canard ? Des mouettes vont tacheter le ciel de lignages blancs,

Un bébé castor égaré va passer en nageant férocement, peureux ? Des poissons rouges réapparaître comme l’an dernier, reverrais-je bientôt mes deux tourterelles de chamois au chant si triste ? Vies-t-en donc au plus vite  printemps, viens mieux. Gonflez-vous bourgeons des lilas, poussez petites fleurs sauvages précoces audacieuses.

On ne me trouve pas de place à Saint-Jérôme encore pour me remplacer la hanche, tous ces mois à attendre et cette douleur sans cesse …bof, j’attendrai bien plus patiemment si la nature se déploie, je geindrai bien moins, mon amour !

 

 

 

jan 282011
 

Je regarde par ma fenêtre de bureau tous ces promeneurs autour du lac. Les chanceux. Je n’ose plus. Trop froid et mes pauvres os. Comment affronter un climat pareil. Nos murs craquent —bien vielle maison, cent ans a moins—  « clous pétants », dit monsieur Taillon, mon poucheur en journaux.

Aujourd’hui, c’est donc « non, pas de sortie ». Ce ciel si bleu clair, ce lumineux dimanche, tant de lumière sur mon lac tout blanc. Avec ce « 30 sous le zéro », décider de rester enfermé, bien au chaud, cette antique peur de geler tout rond.

Voir ensuite, aux actualités télévisées, plein de monde qui s’amusent dans le grand parc de l’île Sainte Hélène et encore  plein de joyeux fêtards qui patinent aux « ronds » du Vieux Port ! Puis, mon quinquagénaire de  fils, à Val David, qui rentre de ski : « Formidable p’pa, pas loin, on a un site vraiment pas cher, une patente familiale sans doute, c’était parfait ! »

Tudieu, c’est ça vieillir ? Appréhender un genre de froid qui s’insinuerait à travers du linge pourtant adéquat. C’est exactement ça :oui, la peur ! Soudain, zest de courge, envie  de prendre mon courage à deux mains, comme dit la cocasse expression, de me jeter dehors, aller marcher sur le grand anneau —bien tapé— déambuler librement sous ce soleil fumigène qui semble de minces vapeurs de froidure, horizon comme filandreux.J’y vais ? J’hésite et un appel soudain au salon : « Vite, viens vite voir ça, les critiques qui se critiquent, c’est excitant, c’est « Six dans la cité » de  Perrin la séductrice » .

J’y descends. Le chaud salon. Et puis le lac s’est éteint faute de Galarneau. Le soir…tombe ou se lève ? ou bien se répand ? quel mot monsieur l’amateur de mots, « s’étale », plutôt, … de tout son long. Zut ! Soyons simple : C’est le soir. Bien. Les luminaires de la rue Morin se sont allumés. Suis certain qu’il n’y a plus un chat sur le lac. Quoique. Puis le souper. (En France, ils dînent!) on a bien mangé, on a bu du bon vin du Maroc. On consulte l’horaire de la télé, comme tout le monde, avec petits gâteaux aux doigts. Le Serge, de l’École Hôtelière m’avait vendu de l’agneau bien saignant, merci Serge de Saint Donat. Rien de bon à la télé… alors finir un bouquin sur…la mort ! Cadeau du fils amateur de philo. Oh!, faut envisager sa fin et la mort ne me fait pas peur, j’ai eu une bonne vie. Tenir encore un journal intime, je l’ai fait et tous ces tomes —de privautés dévoilées— se trouvent à la biblio Claude-Henri Grignon. Là, où on trouve les anciens numéros du Journal des Pays d’en Haut. Allez-y fureter, des surprises s’y cachent Ici, un besoin de vous dire que la vie quotidienne, en fin de compte, est la même pour tous. Sortir donc ? La compagne :  « Ah non, j’ai plus de souffle et j’ai mal partout ! » Mensonge ? Des excuses ?  ET moi : « Ah non, il y a ma jambe droite  à coxarthrose. » Va-t-en donc dimanche arctique !

Lundi matin. Persiennes ouvertes, je vois sur le lac un skieur de fond  qui y va aux toasts ! Fini le gel dominical, un lundi doux avec neige qui tombe si lentement. Ce matin, j’ai pu ouvrir la fenêtre de la chambre. J’irai au Calumet en vitesse. Je lirai vite les manchettes, je viderai la cafetière puis, dehors, deux galeries à vider de cette neige. Et la santé à conserver.

jan 122011
 

Mon titre est aussi celui d’un film que je n’oublierai jamais tant il m’avait ému. Il raconte l’existence précaire d’un pauvre  regrattier —guenillou— vue par son petit-fils, rue Saint Urbain à Montréal. Ce « Lies my father told me », louez-le, voyez-le sur le web, est signé, Ted Allen. Comme à chaque fin d’hiver j’ai terminé —un rituel— mon roman annuel.  Je m’étais plongé en enfer, chez Belzébuth, Lucifer et Satan. En fin d’été paraîtra donc « Papamadi », mon titre de travail où je raconte les frayeurs enfantines causées par les récits de mon papa. Père très pieux et prenant plaisir à me raconter le mode des voyantes, des stigmatisées et autres mystiques ! Frissons !

De nos jours, les jeunes aiment toujours avoir peur. Dans mon temps aussi. Mais pas trop ! J’aimais ses récits de démonologie candide, ce monde tourmenté, pas loin de Sainte Adèle, à Chertsey. Ou à Pointe Claire quand un grand chien noir attaquait à la porte de l’église ! J’en dormais mal souvent… mon Dieu, un ami dit : «  C’est à lui, drôle de père, que tu dois cette vocation d’écrivain ? » Ah bon !

Rédigeant cette ténébreuse part de mes souvenirs, j’ai pris un plaisir fou. Faire revivre par exemple Melle Curotte, ici, dans le nord ou cette madame Brault aux rives du Lac Saint-Louis. Que de pieuses âmes violemment possédées du démon ! Ni ce  saint « Frère André » —sa chapelle hantée par Lucifer,— ni Thérèse Neumann —saignante à flots les vendredis—, ni Catherine Emmerich —décrivant la Passion en langue  Araméenne— n’avait de secrets pour le gamin que j’étais.

C’est en faisant revivre ce drôle de père que je me suis souvenu de sa « haine » des Laurentides. Eh oui ! Vers 1940,1945, la bonne réputation « du Nord » grandissait. Tant que l’on se mit à réclamer qu’il vende son petit domaine —50 pieds par 300 pieds— pour aller « passer nos étés dans le réputé nord ! »  « Moins « commun », disait ma Germaine de mère snob. On fit des pressions. Mon père s’en enrageait. Il

appréciait son cher Pointe-Calumet, étant sans auto, il pouvait s’y amener par train ou par bus.

À chaque fois qu’on l’en implorait avec nos « Achète donc un chalet dans l’nord ! », c’était une occasion pour lui de peindre en noir les Laurentides : « Le Nord ?, non mais, vous savez pas ça : ici, à la Pointe vous êtes toujours en maillot de bain même le soir grâce à la chaleur accumulée par le sable partout. Mais dans les Laurentides, c’est le froid et tôt, il est pas quatre heures de l’après-midi qu’il faut mettre un gros chandail de laine. On gèle ! Vous regretteriez vos baignades à la noirceur souvent. » On se taisait, on se refroidissait.

La notoriété « laurentienne » ne cessait pas, aussi on y revenait et ce sera : « Les Laurentides, pauvres enfants innocents ! Danger de vous assommer sans cesse. Ici, dans le notre beau grand lac des Deux Montagnes,  vous pouvez aller nager loin. Et n’importe où, c’est jamais creux. Dans l’nord, approchez-vous de n’importe quel lac et plongez. Bang, c’est  une fracture du crâne ! Tous ces rochers invisibles dangereux, le front qui pisse le sang, parfois la mort ! » Impressionnés, on se taisait. Était-ce exagéré ? Nous ne savions rien des lacs du Nord. Une fois, revenants encore à la charge, papa déclare :

« Écoutez-moi bien, je vous entend vous plaindre de nos p’tits maringouins de la Pointe mais dans vos Laurentides de rêve, c’est un fléau avec des « mouches noires », qui vous arrachent des morceaux de peau grands comme des vingt-cinq cennes! » On ouvrait la bouche ! « Oui, les vacanciers d’en haut se promène avec des pansements rougis partout sur le corps ! »

On ne reparla plus du nord en ces années 1940.

J’y vis depuis plus de 30 ans et je ne me suis pas encore fracturé le crâne, il peut faire très chaud certains soirs d’été et je n’exhibe aucune plaie purulente causée par une vilaine  mouche noire !

Mon père était un curieux personnage, vous n’aurez qu’à lire mon « Papamadi ».

déc 102010
 

Je le cherchais des yeux souvent dans les rues avoisinantes depuis qu’il me semblait… parti, j’éprouvais un certain malaise. Je l’aimais bien. Était-il déménagé du village. Où était-il rendu ? Je ne savais pas ce qui lui était arrivé. Je m’y étais attaché à Jean Mackay. C’était un beau grand géant. Cheveux frisés. Toujours bien droit malgré un canne à son flanc. Mon aîné de presque un douzaine d’années.

La première rencontre, il y a plusieurs années, fut si légère, ironique et cordial car il aimait rire, mon Jean. Il m’attaquait à chaque fortuite rencontre en rigolant : « Comment ça va m’sieur l’écrevisse ? » Son rire bien franc. C’était un gaillard qui me semblait en si bonne santé. Il allait mourir à 110 ans, que je me disais, et encore ! Le croisant à tel ou tel coin de rues, je lui criais très fort : « Salut mackaile, p’tit kapaille-black-eye ! », il sursautait chaque fois et puis riait. Me montrait sa canne brandi.

Rue Grignon, rue Grondin, rue Lesage ou dans la rue qui mène à l’église, nous aimions deviser sur tout et rien. Nos jacasseries étaient comme un prétexte, celui de palabrer sur les actualités chaudes, à l’ombre ou au soleil, été comme hiver. J’aimais ce Jean Mackay au tempérament optimiste, aux propos sages, amateur de gros bon sens. Au fond, nous ne savions rien de l’un et de l’autre, nous n’étions que deux silhouettes quasi anonymes et pourtant affectueuses. Sans raison claire, sans but précis. Une sorte d’amitié lâche, une entente qui ne servait à rien, la gratuité totale. Jean m’était devenu un instrument vivant, humain du mobilier de nos rues de Sainte-Adèle. Fou hein ? Il ne me questionnait pas. Sur rien. Et moi de même. Deux adèlois libres.

Pourtant, un jour, je ne sais plus pourquoi, je vis son regard soudain s’assombrir. Il me racontait le fils d’une très belle jeune chanteuse (qui écrira des romans), aux amours tournées courtes, qui, prise de carrière débutante, lui confia son jeune garçon. « Mais, un mauvais jour, mon jeune adopté s’est enlevé la vie ! » Il détourna le regard. Une première. Je lui avais serré l’avant-bras. Il se secoua : «  Ouais, on fait mieux de rentrer m’sieur l’écrevisse, regardez le ciel au dessus du lac, ça va tomber raide et fort ! »

Je l’avais regardé s’en aller, une marche de jeune homme, un pas si ferme et si solide. Non, il n’allait pas mourir de sitôt.

Oui, depuis longtemps, trop longtemps, je ne voyais plus Jean Mackay à ses capricieuses promenades dans le village; un jour, en bas, rue Valiquette, un jour, en haut, dans le parc de l’ex-hôtel Montclair, devenu amphithéâtre naturel. Je m’ennuyais de lui. Vraiment. Je me disais qu’il était sans doute aller vivre en ville dans une de ces résidences pour grands aînées, ou bien, chez un de ses enfants, loin, ailleurs. Eh bien non, je lis soudain dans le journal : « Les funérailles auront lieu le samedi 11 décembre à 14 h à l’église de Val David. »

Il y a des années, un soir, dans un resto de la rue du Chantecler, veillée sublime pour les amateurs de petite histoire comme moi, un très vieux vieillard, à la mémoire inouïe,  M. Lupien, me raconta avec verve et une mémoire intacte le Sainte-Adèle du temps du gros docteur et agent des terres Grignon, père du célèbre feuilletoniste. Ma joie alors ! Il y avait eu aussi mes rencontres inopinées avec le père-fondateur de te quincaillerie, le très vieux monsieur Théoret, avec canne lui aussi. Une autre si  précieuse armoire-aux-archives gardées impeccablement. Ce causeur émérite est mort et même son fils, repreneur du commerce, lui aussi ! Bien avant le temps de Jésus, c’était écrit, n’est-ce pas ? Tempus fugit ! Et comment. Que Jean Mackay repose en paix, qu’il marche tête haute, et sans sa canne, dans les sentiers de ce paradis promis.

oct 112010
 

Novembre s’en vient. C’est le mois le plus laid (avec mars ?). C’est le mois entre l’automne et l’hiver. J’aime l’hiver. J’aime sa lumière unique. Le répéter : avec la neige le soleil par ici est bien plus beau, bien plus lumineux que celui de tropiques. Apprécions cela. Mars, comme novembre, est lui aussi entre deux saisons, entre l’hiver et le printemps. Cela fait que novembre donc est un mois plate, mou, flou, indécis, « branleux », inconsistant, boueux, sale. Il s’en vient.

En attendant, aller marcher dans la lumière, aller musarder dans les coloris flamboyants, dans ces gigantesques pots de fleurs que sont les arbres d’octobre. Cela va s’achever. Il n’y aura plus que troncs et branches, tableaux de  Dubuffet, plus que traits bien raides, gifles au ciel, des ossatures à l’air, armature froide et sèche, agressives structures muettes et bêtes, tous nos arbres sans les feuillages. Des os sans la peau, des crânes sans chevelures.

Soudain, cette semaine, après tant de jours gris et palots, du soleil ! Et pouvoir nager dans le grand bain aux eaux chauffées de mon auberge « Excelsior ». Comme un coup d’été en octobre. Bon pour ma jambe droite, ma  « patte folle », hydrothérapie à l’eau bénite, ma foi du bon yeu ! La joie, sur les balcons du « Excelsior », des visiteurs bavardent joyeusement, dégustent des apéros, jouent aux cartes, les corps baignés par l’astre solaire, c’est octobre mimant, jouant juillet ! Merci le ciel ! Je me sauce donc chaque après-midi avec plaisir, gigotant en attendant (d’un jour à l’autre) cette « infiltration » promise par mon ortho, le Dr Makinen, de l’hôpital Notre-Dame de Saint Jérôme. Oui, oui, un jus « miraculeux »  selon mon toubib Saint-Pierre (c’est son vrai nom ). Bientôt, je quitterai donc enfin ma canne, jolie pièce de bois vernis qui me venait de mon père mort et qui lui venait de son grand frère le missionnaire; ma canne a donc frappé les sols en Mandchourie, côté mongolien. En Chine du nord, chère à madame Marguerite Duras. Une pièce de musée ?

Je ne vois plus nos canards, ni nos rats musqués, la grasse marmotte, ma Donalda sous l’escalier, reste tout aussi invisible. Hibernation de tous ? Nous les humains, pas d’endormitoire, devoir affronter bravement les froids qui viendront. On est « équipé pour », vous me direz. Vrai. Prendre rendez-vous bientôt pour les pneus d’hiver, le signal fatal cela… Oui, la routine des saisons par ici et je suis content d’en voir défiler quatre (4 !) chaque année. Cela doit être « ennuyant » de vivre douze mois sur douze sous la même saison, non ? Ici, c’est une sorte de divertissement aux quatre mois. Une chance, je crois, mais oui un bonheur, la diversité.

Octobre donc : là-dessus, partout anniversaire, lugubre pour la famille Laporte, de cette « crise » en 1970. Terrible agacement d’avoir terminé ce roman de Louis Hamelin ( « La conspiration du lynx »), si bien écrit mais si envasé dans une demi-fiction. Récit vivant mais aux flous à la sauce « sordide complot » ( comme chez Pierre Vallière et Jacques Ferron). Un conte noir en mode « conspiration diabolique ». Octobre donc, désormais à vivre ici, maintenant, « aujourd’hui même », avec, plein ma fenêtre, devant ma vieille table poquée, trois longs érables aux mille orangés, si beaux mais qui brunissent vite en oranges brûlées et qui vont tomber à terre demain…    

Sharing Buttons by Linksku