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Sujets 'Requiems, DEVOIR DE MÉMOIRE'

    Il n’avait pas vingt ans en 1963 ce jeune blond trouble-fête venu d’Ahuntsic qui jouait au pitre populaire dans la dernière rangée de l’amphithéâtre de l’Institut des Arts appliqués. Là où je tentais d’enseigner l’Histoire de l’art moderne. Partout on entourait ce brillant trublion, on l’admirait et je devrai reconnaître ses talents le [...]

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    Messier vient de mourir. Il a travaillé longtemps, comme fondateur organisateur pour  ce qui se nomma « la télé éducative ». Mais on doit se souvenir qu’il a cassé un temps chétif, quand —à part La Roulotte de Buissonneau— il n’y avait, pour la jeunesse, que des « séances de paroisse », un théâtre de pieux patronage [...]

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    Sale jour de Noël pour ceux qui l’aimaient. Meurt Guay le 25 décembre à Québec. Le landerneau québécois des lettres garde un souvenir embarrassant du récent disparu. Soudain, éclairs et tonnerres  dans le ciel littéraire, des années 1980. Une prose cruelle surgissait, méchante, indiscrète : celle du Jean-Pierre de Beauport. Éclatait un phénomène : des [...]

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Au domaine prestigieux du « Téléthéâtre », il n’y avait qu’un (grand) trio de réalisateurs: Carrier, Blouin et, lui qui vient de mourir, Fugère. De 1960 à 1980, ce brillant spectacle télévisé —des jeudis soirs— constitue la gloire passée du réseau public français, l’âme de l’ancien Radio-Canada. À son affiche renommée régnait donc Jean-Paul Fugère, jeune ex-aspirant comédien aux « Compagnons ».

Jean-Paul avait des airs de jeune jésuite fougueux, un visage grêlé, rempli de rides vivaces, il respirait l’énergie et l’entière dévotion aux grands classiques, aussi aux jeunes auteurs québécois. J’ai eu l’honneur d’être parmi ces débutants quand il réalisa mon « La mort dans l’âme » avec un hallucinant François Tassé, héros perdu par la drogue.

Fugère signa cent fois son nom à cette enseigne de haut calibre. Plus tard, le voilà romancier avec un quatuor d’ouvrages, sombres et stimulants récits. Histoires d’une modeste d’écriture, sans afféteries jamais. L’un de ses quatre bouquins racontait la folle quête d’un « habit de noces » chez un tailleur italien de la Plaza Saint-Hubert, quartier d’où il venait (paroisse Saint Ambroise).

C’est lui, le pourtant calme et pondéré Fugère qui sera un des chefs de la célèbre « grève des réalisateurs » en 1958-59. Lui mort, je le revois, au long des années 1960, vaillant bûcheur au grand studio 42, avec ses très précises indications pour les acteurs, les cameramen. Un fameux chef d’orchestre. Sous sa placidité apparente, on devinait une sorte d’urgence. Cela malgré sa voix d’un calme parfait, c’était « le pilote » d’un navire chargé de « capteurs » aux images, à l’occasion, éblouissantes. Fugère savait illustrer avec une clarté parfois troublante, les intrigues inventées, ses dramatiques n’étaient jamais ennuyeuses. Il n’y a plus de ces riches téléthéâtres, hélas, il n’y a plus de Jean-Paul Fugère. Que ce paradis promis l’accueille. Adieu camarade d’antan.

 

 

 

 

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Le brillant journaliste et romancier Gil Courtemanche est parti à jamais. Il était doué, savait nous résumer les actualités d’ici ou d’ailleurs. C’était aussi un homme sombre. Depuis son décès des mots difficiles pleuvent : arrogance, méfiance, froideur. Des termes durs pour le définir. Pourtant, un après-midi, en Abitibi (à La Sarre) lors d’un Salon du [...]

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« Quand il est mort le poète », chantait Bécaud mais Trenet lui affirmait que le poète, longtemps, longtemps après sa mort, court encore dans les rues. Lapointe vient de mourir. La dernière fois qu’on s’est rencontré c’était dans le allées fleuries d’un Botanix, à Lafontaine, avec, à ses côtés, la fidèle compagne, toujours illuminée par ses sourires affables. Il était gai, serein. En fort bonne santé. Lapointe est mort dans nos collines laurentidiennes. Qu’il avait adopté comme « petite patrie » lui aussi.

Il y a plus d’un demi-siècle Paul-Marie, sortant à peine de l’adolescence, entrait en métropole avec une poésie toute neuve. Éblouis, Perron-Gauvreau, éditeurs, publiaient ce texte d’un modernisme étonnant pour 1948 : « Le vierge incendié ». Incroyable, de Chicoutimi naissait un poète à l’art d’écrire surréel qui étonna. Journaliste pour le pain quotidien, Lapointe va publier d’autres recueils. À 81 ans, Paul-Marie, jeune homme venu du Saguenay, est mort.

Les Québécois, en grande majorité, ne le connaissent pas et donc ne l’ont jamais lu. Comment alors lui accorder des funérailles nationales ?, ce serait insolite, une bizarrerie ? En profiter pour dire l’importance de la poésie chez tous les créateurs (musique, peinture, etc.). Pas de tous les poètes, il y a tant de poèmes insignifiants d’un romantisme convenu et dépassé. En profiter pour affirmer que la poésie est un sang, celui de la pensée. Qu’elle est pour l’esprit humain une sorte d’essence, indispensable. Chaque fois que je prends le temps d’en lire, je me sens stimulé, excité, renouvelé. Disposé à inventer un nouveau roman ou récit.

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La radio. Jeudi matin. Mort de Claude Léveillée. Oh merde !

Mon petit camarade de la rue Drolet qui s’endort à jamais. Bon voyage cher Claude dans le royaume espéré, éthérisé, des esprits. Enfant, à l’école, Claude était si poli, si sage, si… sombre. Déjà ! Gamin, au Marché Jean-Talon, aux magasins de la rue St-Hubert, au kiosque à musique de fanfare du Parc Jarry, il montrait le petit bonhomme « qui se salit jamais », presque trop bien élevé qui passait devant chez moi, le dimanche après-midi pour les films du Château ou du Rivoli. Imprévisible ce trépidant compositeur qui va éclater souvent avec fureur, avec des musiques impétueuses, oh oui !

Deuil donc dans « notre » petite patrie. Triste, je fais jouer « Mon rideau rouge…la vie, la mort, l’amour… », sa plus belle chanson, à mon avis. Claude souriait rarement, je ne le voyais jamais rire. Je lui en fis la remarque un jour dans les coulisses de Gratien Gélinas, répétant un Achard monté par le fougueux Buissonneau, « Les oiseaux de lune » (Claude était un fort bon comédien aussi), il me dit : « Je ris par en dedans ». C’était un créateur grave, sérieux, un Guy Latraverse le dit. Claude portait un masque comme de tragédien. Un mystère.

Un bel été, circa 1985, répétant son rôle dans « Les noces de juin » à la Maison Trestler de Dorion, il me suggérait de rédiger un pageant populaire à l’ancienne, « Claude, un grand chiard populaire sur le parvis de notre église Sainte Cécile, une sorte de sons et lumières bien nostalgique »… où il inventerait des musiques inédites sur un tas de tableaux racontant « la vie » dans les années 1930 et 1940. J’avais dit oui. Le temps passe. On vaque à ceci et à cela.

Ö Claude, toi mort, toi, bel arlequin sur ton cheval blanc, cher endormi, un autre rendez-vous qu’on a pas pris le temps d’attendre…

Claude Jasmin,

écrivain, Ste Adèle.

aussi: ZOOM-in SUR CLAUDE LÉVEILLÉE! (29 avril 2004)

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Il vient de passer l’arme…à droite. Il était, oui, de droite. Pas extrémiste, juste conservateur, résistant à certains progrès et se méfiant de tant de modes olé olé. Pauvre Roger Drolet. Paix à ses cendres. Je l’aimais bien. C’est des camarades de CJMS (j’y microphonais un temps 1990-1995) qui me firent connaître. C’était un bizarre. [...]

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Je le cherchais des yeux souvent dans les rues avoisinantes depuis qu’il me semblait… parti, j’éprouvais un certain malaise. Je l’aimais bien. Était-il déménagé du village. Où était-il rendu ? Je ne savais pas ce qui lui était arrivé. Je m’y étais attaché à Jean Mackay. C’était un beau grand géant. Cheveux frisés. Toujours bien droit malgré un canne à son flanc. Mon aîné de presque un douzaine d’années.

La première rencontre, il y a plusieurs années, fut si légère, ironique et cordial car il aimait rire, mon Jean. Il m’attaquait à chaque fortuite rencontre en rigolant : « Comment ça va m’sieur l’écrevisse ? » Son rire bien franc. C’était un gaillard qui me semblait en si bonne santé. Il allait mourir à 110 ans, que je me disais, et encore ! Le croisant à tel ou tel coin de rues, je lui criais très fort : « Salut mackaile, p’tit kapaille-black-eye ! », il sursautait chaque fois et puis riait. Me montrait sa canne brandi.

Rue Grignon, rue Grondin, rue Lesage ou dans la rue qui mène à l’église, nous aimions deviser sur tout et rien. Nos jacasseries étaient comme un prétexte, celui de palabrer sur les actualités chaudes, à l’ombre ou au soleil, été comme hiver. J’aimais ce Jean Mackay au tempérament optimiste, aux propos sages, amateur de gros bon sens. Au fond, nous ne savions rien de l’un et de l’autre, nous n’étions que deux silhouettes quasi anonymes et pourtant affectueuses. Sans raison claire, sans but précis. Une sorte d’amitié lâche, une entente qui ne servait à rien, la gratuité totale. Jean m’était devenu un instrument vivant, humain du mobilier de nos rues de Sainte-Adèle. Fou hein ? Il ne me qestionnait pas. Sur rien. Et moi de même. Deux adèlois libres.

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On le voyait à la télé, la dernière fois, Bruno Roy avait pas l’air de bonne humeur, son ami Gilles Carle venait de trépasser. Je souligne cela car, à chaque rencontre, mon Bruno montrait un heureux visage de bon vivant et, sans cesse, cette sorte d’optimisme que l’on voit bien accroché à ceux qui font, [...]

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