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Sujets 'Portraits'

Il vient de passer l’arme…à droite. Il était, oui, de droite. Pas extrémiste, juste conservateur, résistant à certains progrès et se méfiant de tant de modes olé olé. Pauvre Roger Drolet. Paix à ses cendres. Je l’aimais bien. C’est des camarades de CJMS (j’y microphonais un temps 1990-1995) qui me firent connaître. C’était un bizarre. [...]

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On a dit : « Trop grave, la guerre, pour la laisser aux mains des militaires de carrière. »Alors ? « Trop grave, la sagesse, pour la laisser aux mains des philosophes diplômés ? » Oui. Iconoclaste venu de Saint-Henri, un Deschamps fut un fameux prof de philosophie. Ce bonheur que nous cherchons tous (depuis même avant Platon), ces temps-ci, il est dans toutes nos collines aux arbres bourgeonnant en millions de boutons verts. J’ai un fils ( pas du tout en colère, cher Félix Leclerc) en paix, qui se nomme Daniel et, ses deux gars partis du foyer familial, il rassemble ses notes en vue d’un bouquin populaire. Sur quoi ? Le bonheur. J’y crois —et pour paraphraser le psy Guy Corneau, je pourrais dire : « Père anxieux, fils calmant ».

Daniel a souvent rasséréné « son vieux papa » qui, on le sait, est d’un tempérament pressé, stressé. Le fils du père peut se faire père, le saviez-vous ça ? Me répétant que :« plus que force ou rage…(Lafontaine) calme et patience viennent à bout de tout », il disait vrai. Daniel n’était qu’un adolescent quand il inventa une douzaine de récits de science-fiction ! Sorti de l’Université de Montréal, Daniel signait deux courts métrages qui furent diffusés à Télé Québec et à la SRC. Puis il fit du journalisme, à Quebecor et puis « de compagnie », à Bell. Rentrant de New York, il ouvrit un jour une « Galerie du Néon », dans le Mile-End. S’ajoutant un diplôme de l’Uqam, il se fit « maître d’école ». Enfin, être ludique, il y a presque deux décennies, Daniel trouve sa vocation : concepteur-producteur de jeux-de-société. Je pense qu’il en est à son septième, qui sera publié en fin d’été. « Bagou », qui s’amusait du vocabulaire, sa première invention est encore actif.

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Ceux qui ont lu -ou qui liront- mon dernier bouquin de récits « Des branches de jasmin » seront-ils si surpris du fait ? L’aîné de mes cinq jeunes « mousquetaires », David, assiste à l’arrivée dans toutes nos librairies de son premier recueil de « mots ». Sa plaquette d’une écriture surréaliste se titre d’un seul mot, « L’éléphant », éditée chez L’Hexagone.

De mon gang d’ex-gamins, David est le seul « homme de lettres », il est fou des mots, ce qui me réjouit évidemment.

Cet enfant que je bourrais de contes et légendes, d’inventions loufoques, dont je garnissais la fantasmagorie de loups, d’hyènes, de mandragores et autres plantes reptiliennes… eh bien, voilà qu’il me sort un éléphant ! À son tour il invente. Librement. Devenu jeune adulte, quoi, le voilà donc, mon David, sur le dos de « sa » bête ? Un éléphant ! En hardi cornac ? Cela, dans des indes imaginaires, voyez une écriture libre, très libre. Rien à voir -vous verrez bien- avec la prose « petite semaine », celle d’un ex-pute, d’une ex-escorte à ministre, et tout le reste.


Lisez-moi ça ! Cela vous fera une récréation. Poétique. Si bienvenue quand les manchettes à faits divers de « page trois », ou aux rougeurs irakiennes, ou à économies-en-vrilles énervent. Un éléphant hors des actualités plates, ça fait du bien, c’est un peu d’ivoire aux dents pour nous défendre; chantez chorales « qu’un éléphant, ça trompe, ça trompe énormément ! »

David Jasmin-Barrière offre donc un « tout premier » (traducteur de métier, il travaille à son premier roman) bel et bref album d’images. Mon David en jeune équarisseur de verbes, en iconographe émerveillé qui veut émerveiller. Images sans crayons ni pinceaux. Juste ses mot pissés, sortis, crachés, éjectés de son carquois, mots légers ou lourds, c’est David en chasseur enfantin d’étranges métaphores, David en jeune polisseur de simples galets trouvés. Qu’il métamorphose en diamants pour rire sur la piste du cirque de vivre.

Bienvenue et mes saluts au nouveau venu dans l’heureuse galère des écritures libres.

Ton grand-père, Claude

[lien vers le communiqué de presse de l'Hexagone]

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Je vois son nom désormais, il a un chemin à son nom. Parler souvent de quelqu’un qui est mort c’est le faire revivre sans cesse. Roulant sur la 117 vers Saint-Jérôme, notre capitale (régionale), je vois des tentes, des ballons. Je songe aussitôt au gros party annuel de l’adélois Pierre Péladeau. Fête géante en été, qu’il aimait organiser pour « son monde ». Que de belles et bonnes heures passées là, au bord de la rivière, invité car « ancien » rédacteur. Comme René Lévesque, Marcel Dubé ou Bourgault etc.

Quand je lui dis à un de ces fameux pow-wows : « Pierre, vous ne craignez pas la construction de blocs de condos sur votre rivage d’en face ? Il rigole : « Non, aucun danger, j’ai pris des options sur tous les terrains de cette rive ! » J’entends encore l’éclat de ses rires, sorte de gloussements à l’étouffé, le rire des timides ?, en tous cas gargantuesques ! Je m’ennuie du bonhomme. Un sacré bonhomme.

J’ai connu ce diable d’homme, culotté courageux, affairiste audacieux, et malin. Rare chez les nôtres, un entreprenant sans vergogne, c’était au temps fou de la Crise d’octobre en 1970. Je me cherchais de l’espace pour chroniquer. Ayant quitté La Presse (1967), ensuite voyant agoniser Québec-Presse (1969) (les syndicats n’y croyaient, diminuaient le financement) et puis le Sept-Jours (1970),celui de Bernard Turcot, au bord de la faillite aussi, je souhaitais « le grand public ». Donc je visais le jeune quotidien de Pierre Péladeau.

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Qu’il est beau l’auguste oiseau sur ma galerie ! Rien à voir avec « l’auguste », clown connu du cirque. J’admire un cardinal perché, qui croque de nos graines, bestiole ailée qui a tout d’une altesse royale. Qui nous est devenu un visiteur très assidu du mois de mars. Non mais quelle hypnotique vision lumineuse ! quel rouge intensif ! Au sol, sa femelle, moins éblouissante, l’attend. Quelle beauté stimulante que cette palpitante et vivante boule toute écarlate, à part sa courte bavette noire et son dossard plumé roux. Feu sur la neige des alentours.

Envie d’écrire un roman rubescent : « Le rouge et le blanc ». Captivant contraste en cet hiver à n’en plus finir. Le cardinal s’installe avec cérémonie, longtemps à chaque visite, à une paroi de notre mangeoire. Fière allure. « MONSEIGNEUR »ne prête aucune attention à ces petits abbés du bas clergé voletant autour, des juncos ardoisés. Des compagnons non désirés. Des importuns, des voisins tolérés, tous, des roturiers de basse extraction. Négligeable engeance, n’est-ce pas Éminence ? Notre flambante Altesse grignote avec superbe, jette un œil de dédain : « D’où sortent ces manants, placides sitelles, nerveuses mésanges à tête noire ? Mon éblouissant volatile fait mine de ne pas les voir; « La classe », c’est lui. Qu’est-ce donc qui fait que l’on reste, Raymonde et moi, comme figés à chacune de ses visites ? Quoi au juste ? Resté debout pour lui, je m’approche de la porte patio, me colle le front à la vitre, ne me lasse pas de l’observer ? C’est sa couleur ? Oui, ce rouge intense, son degré de rouge, si vif, tant saturé.

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« Moi on ne m’aime pas, madame, on m’idolâtre ou on me hait », voilà ce que disait Bourgault à l’auteure Francine Allard. À la suite de son dévastateur rejet par les chefs péquistes de René Lévesque, j’avais revu Pierre une fois. C’était rue Saint-Denis par un soir d’hiver, le croisant, il ne me voyait pas, visiblement, il ne voyait personne à cette triste époque.

Je découvrais sur ce trottoir, non plus le prodigieux orateur avec qui j’avais grimpé sur des hustings mais une sorte de vagabond. Démarche trouble, yeux rougis, regard absent, il fonçait droit devant lui dans un vent glacial, dans une neige tombant maigrement, un « soir d’hiver » nelliganien. Cette vision me rendit très triste; on disait que l’ex-chef du RIN, solitaire et dédaigné, dérapait en paradis artificiel. Rumeur ?

Un peu plus tard, il obtenait enfin un poste payé « à jetons de présence » pour le prestigieux Musée des Beaux-Arts et on colportait qu’il fut « recommandé » par nul autre que Robert Bourassa, un adversaire.

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voisine, Janine (Huard), est pas fine aux yeux des ses odieux tortureurs : elle ose encore se révolter contre l’horreur venue d’Ottawa et de Washington, via la CIA. Avec l’acoquinement funeste de Mc-Gill-University, son chic hôpital « Royal Vic’s » et sa réputée succursale, le Allen Memorial.

Imaginez maintenant un peu le topo : un coquet lotissement à deux coins de rue de la prison de Bordeaux avec des arbres et des fleurs, des pelouses proprettes. Derrières les cottages et les bungalows, ce vaste champ vacant de l’Hydro-Québec en un immense sauvage terrain de jeux…Des familles tranquilles, des enfants qui jouent dans la rue puisqu’elle est une impasse. Zotique-Racicot, tragique « impasse » en effet pour Janine !

À trois maisons de la mienne, une jolie jeune maman blonde qui part souvent pour des séjours en clinique. Légère dépression, Lafontaine : « ce mal qui… Ils n’en mouraient pas tous … ». La confiance règne n’est-ce pas ? Les bons docteurs, les gentils, les savants médecins veillent sur notre santé, n’est-ce pas ? Or, il y a aussi des docteurs cinglés, des fous raides !Il y avait là, pour ma voisine, ce salaud de docteur Cameron, hélas ! Subventionné par Ottawa et Washington-CIA, le bon docteur Ewen Cameron, Écossais immigré, se livrait sur ses malades à des expériences extrêmement dangereuses. Voilà notre Janine, et tant d’autres, devenus sans qu’ils le sachent, de simples « chairs à expérimentations ».

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Cet ange biblique, mon cher Gabriel, apprécié par tous les monothéistes de cette terre, —Hébreux, Mahométans et Chrétiens— semble un fameux messager. Je te vois aussi comme un messager…en musique. Je t’ai donc revu ce mardi soir, cor cuivré en bouche sur la scène de la Salle Pierre-Mercure avec une grande joie. Tout autour, tes jeunes camarades, filles et garçons, la belle jeunesse !, nous envoyait de fameuses bourrées, une musique de souffles réunis. Que des vents ! Et quels bons vents, quels jolis vents, la chanson.

Et il « ventait » joliment devant nos portes (d’eustache), dirait Villon. À la fin du concert, encore mon vif regret d’être si peu initié, si peu instruit en musique. Mon époque chétive se privait en arts. J’étais absolument fasciné par toutes ces bouches bien ajustés capables de former ce bruitage divin. Que de pipeau, hautbois, flûte, clarinette, tuba et quelques coups de tambours et cymbales, un peu de piano au fond, merveilles ! Tous ces pavillons levés d’argent ou dorés, je rêvais au ciel, à un joli paradis de livres de prières, mon cher jeune archange.

La musique ! Ah, la musique ! Tu as choisi d’étudier cet art d’enchantement à l’Uqam, c’est une voie royale qui exige aussi, je t’observais agrippé à ton cor brillant, une sacrée discipline. Je n’y arriverais pas moi, vieil homme libertaire. Quel miracle étonnant que cette harmonie, ce symphonique bruitage, tous ces efforts pour nous faire entendre ces extraits des grands créateurs de jadis.

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Sidérés nous étions, entendant Blanchard, enfant pauvre, livreur à vélo, raconter au Canal D, qu’il « démanchait » souvent ses « commandes » pour garder à sa mère, veuve pauvre, une côtelette de porc, quelques saucisses, ensuite il refaisait en vitesse le paquet à livrer. Ô rue Ontario en 1940 ! Où, un peu plus tard, rue Amherst pas loin, un autre garçon se prépare à quitter son atelier pauvre pour obtenir, à Paris, une si fameuse renommée qu’il collectionnera des voitures de luxe, aura un voilier de luxe au large de Nice, Jean-Paul Riopelle. Quand, à 14 ans, Claude Blanchard perdra son pucelage avec des « vieilles » danseuses de vingt ans (!), qu’il s’égosillera dans des boites de nuit mal famées, qu’il sera initiée au « tap danse », moi, en uniforme gris et bleu, j’étudiais le latin et le grec ancien. À bon marché puisque je mentais : « Je ferai un prêtre plus tard ».
Ô rue Ontario ! Un snobisme chasse l’autre ? Un temps, nos élites de l’Union des artistes méprisaient ces « venus du burlesque ». Un snobisme inverti maintenant car une certaine élite proclame que ces anciens d’un vaudeville pitoyable furent de grands créateurs. Pas moins ridicule. Ces spectacles grimaldiens contenaient surtout des sketches d’un humour très bas exploitant les fantasmes les plus grossiers, improvisations bâclés pour faire rire un public d’aliénés. Un opium. Ce théâtre de ruelle ne faisait rien pour stopper l’exploitation des ignorants, au contraire. Mais dans ce lot de cabots cochons sortaient de vrais talents, des exceptions, et il y eut Claude Blanchard.

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À la télé, ça jasait d’un projet de film sur un bandit québécois notoire, un homme recherché dans toutes les Amériques, l’ennemi numéro un. C’était avant le fameux Lucien Rivard, qui fut un très actif agent politique des Libéraux des années 1960. Sur Rivard, un film se prépare aussi (M. Binamé). Pour ce Lemay, l’écran de ma mémoire s’est allumé : c’était le début d’un bel été, j’avais 20 ans, on m’avait embauché pour décorer un « Salon du livre » estival dans le curling d’un hôtel laurentien. Une fin d’après-midi, pause et une chic « dame patronnesse » m’invitait, avec d’autres bénévoles : « Allons faire une visite chez un de nos généreux donateurs qui est mon ami ». Ma coccinelle dans ce petit cortège, et, arrivant à un ponton, arrêt à un carrefour modeste pour une obole à jeter dans un « tronc » fixé à un Sacré-Cœur de béton, géant ! Ma chic dame aux cheveux bleus riait : « C’est un rituel pour entrer dans cet Îlot de Mont-Rolland ».

Nous parvenons ensuite à un chalet à la rusticité très confortable, cheminée énorme, grand salon. Grogs alcoolisés, canapés goûteux, sofas accueillants. Soudain, séance de cinéma porno et je déguerpis, allergique au stupide onanisme du voyeurisme. Dame Fausse-Blondeur m’avait présenté au Sieur-en-L’Île : « Voici notre artiste-décorateur pour le Salon ». L’hôte ? Un certain Businessman. Comment savoir que cet aimable « souteneur culturel » allait monter bientôt l’arnaques des arnaques. Où ça ? Dans le Vieux-Montréal, la stupéfaction, la voûte d’une importante banque totalement vidée. Ce mossieu se signala comme le cerveau du « grand hold-up désarmé » de cette époque. Valeur ? Environ sept millions… difficile à évaluer car les coffres secrets furent aussi mis à sac.

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