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Sujets 'Portraits'

Elle était l’aînée et sera sacrifiée au destin du temps jadis. Mes parents l’ont vite sortie de l’école « la plus vieille ». Qui n’avait que 15 ans !
Maman attendant son sixième enfant, il lui fallait de l’aide. La « servante », adolescente Gaspésienne logée, blanchie, nourrie, fini, terminé, trop cher pour le modeste budget familial. Lucille sembla heureuse et deviendra volontiers cette « deuxième mère ». Détestée parfois : « Quoi, tu nous donnes des ordres, pour qui te prends-tu ? », on rechignait. Mais, souvent, nous étions si contents qu’elle soit là, maman partie pour ses courses quotidiennes, quand on rentrait de la ruelle pour faire soigner écorchures, éraflures, ces genoux sanglants !
Lucille nous aimait, comme « une mère », comme si nous étions ses petits enfants. Elle avait du temps, moins débordée que la vraie mère. Gratuite « jardinière » autodidacte pour les jours de congés, les dimanches pluvieux ! Jouant avec nous au parchesi, bingo, jeux de cartes enfantins, serpents et échelles, etc. Sa patience, meilleure que celle de notre mère.

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Vive la Toile ! Un correspondant vent de m’annoncer qu’il prépare un texte sur « Le Parc Belmont. » Ma joie ! Il me demande un bref texte. Le livre, bien fait, est maintenant en librairie, plein de photos jaunies. Un autre correspondant me fait part qu’il songe à publier sur l’étonnant comédien qui, hélas, s’enleva la vie à l’Hôtel « Nymark » de Saint-Sauveur. Me demande ce que je sais de cet acteur surdoué. Plaisir encore de lui fournir des informations. Le beau Paul, il était d’une fracassante beauté, vivait, jeune, en face de chez moi, rue Saint-Denis. Mes sœurs, comme toutes les filles du quartier, en étaient amoureuses. « Le beau blond » de l’autre côté de la rue, hélas pour ces soupirantes énamourées, disparut soudainement, s’engageant dans la marine marchande.

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Qui ça Gustave ? Pas grand monde le connaît ? Vrai. Or juste de l’autre côté du Pont Viau, il y a —tourner à droite— une jolie presqu’île, et il y a un vieux séminaire de pierres grises, celui des Missions étrangères. Vient d’y mourir un québécois, le très vieux Gustave, un des québécois s’exilant jadis au nom du Christ. Ce petit pays, Québec, le sait-on assez ?, fut une étonnante pépinière de grandes intelligences, des gars super instruits qui nous tournèrent le dos, s’en allant, robe blanches, robes noires, sur tous les continents pauvres, Amérique du Sud, Afrique, Asie. J’ai déjà dit que ce fut une saignée, une lourde perte pour notre modeste collectivité aliénée, bafouée, dominée. Ces jeunes cerveaux —ultra brillants— allaient se consacrer à la diffusion du christianisme dans le monde quand, ici, nous manquions tant de cette matière grise essentielle. Ils étaient, la plupart, des garçons pauvres, venus souvent de notre paysannerie et qui, ainsi, trouvaient à s’instruire à bon marché dans ces austères « manufactures de prêtres ». Ai-je été trop cruel ?

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Comme tant d’autres, j’aime les biographies. Ou ce qui se nomme des entretiens. J’en lis sans cesse. Mon ami Jean Faucher
offre (chez Québec-Amérique éditeur) le récit captivant d’une quinzaine de rencontres avec ce mécréant papa-Bougon, aussi avec « le » personnage filmique de Denis Arcand, l’intello jouisseur du « Déclin… » ainsi que l’agonisant des « Invasions… » collaborant volontiers à son… euthanasie ! Faucher qui a signé aussi « Gérard Poirier », « Albert Millaire » et « sa » chère Françoise, l’actrice emeritus connue, est un modeste. Avec lui, c’est le jeu académique mais si efficace des questions en rafales. Généreuses. Il est l’artisan de portraits minutieux. Faucher refuse, comme font tant d’auteurs ici, en France, aux USA, de composer une sorte de roman avec ses « proies ». Non, il écoute. Et il écoute bien. Toute oreille (avec son micro) à qui accepte de se livrer ainsi en toute confiance. Manière d’éditer sans risque, éprouvée, classique ? Oui mais l’humour si particulier chez Faucher, si vif, aiguisé, taquin mais jamais méchant, est d’une épicerie bienvenue. Ce « sel et poivre —huile et vinaigre— donne à ses bouquins une vivacité qui empêche le jeu des questions-réponses de sombrer dans l’interview banale. Ce n’est pas rien.
Son « Rémy Girard », titre du volume, m’a permis de connaître mieux cet acteur omniprésent. Intimement même. Cet acteur venu du Saguenay, débutant à Québec, s’imposant rapidement à Montréal, l’an dernier, fut salué par le « Time » de New York, comme un des 20 acteurs parmi les plus prodigieux.

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Retenez bien ce nom : Danielle Lagacé. Une folle inouïe. Une merveilleuse bricoleuse qui vit à Sainte-Agathe des Monts, le pays natal du poète-patriote Gaston Miron. J’en ai vu des expos durant ma vie qui s’en va. J’en ai signé des recensions. Je suis d’un temps (les années 1960 à La Presse) où pas moins d’une dizaine d’exposants défilaient dans galeries et musée en une seule semaine. Eh bien, en découvrant cette magnifique folle à Val David, j’en suis resté baba; « deux ronds de flanc » dit Paris. C’est une série d’une vingtaine d’ouvrages extrêmement, mais extrêmement, singuliers. Il s’agit de…de quoi ? de mobiles, de stabiles ? Fortes pièces suspendues aux plafonds , du papier-maché vernis, plâtré c’est selon. Qu’est-ce c’est ?, je sais pas trop, des berceaux tranchés, des canots coupés, des tombeaux ouverts, des fruits creux… des belles « bébelles », des « patentes » captivantes.
Danielle Lagacé, avec une patience folle, une minutie folle, y greffe des couleurs certes, des dessins, mais aussi des signaux comme totémiques, des mots gravés répétés, des slogans inconnus, des avertissements d’une piété tout laïque. C’est elle qui fournissait cette fascinante « chambre » de branches nouées chez Derouin cet été.

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Jeunes gens soyez prévenus, ça donne un coup. Tu arrives à un certain âge et tu reçois une sorte de sommation de l’État :
« Bravo !, mais votre santé ? Doit-on vous retirer le permis de conduire ? Vite chez le médecin, on veut un rapport. » Ça donne un coup. Une clinique. Saint-Sauveur. Examen par mon « bon » docteur Singer —oui « bon » car il se méfie de la médecine (!), des vaines pilules, de la chimie, etc. Ce qui me plait bien. Ce matin-là, y sont aussi les sœurs Mc Garrigle (orthographe pas sûre), qui chantent si bien « Entre la jeunesse et la vieillesse… » et, justement, l’actualité affiche deux cas : l’un meurt, mon cher Guy Maufette et un autre, jeune encore, triomphe en France, le cher Yves Jacques.

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Un dimanche récent, trois pères fêtés : moi, le vieux papa, mon fils, Daniel et mon gendre, Marc. Tours de mini-moto, petits cadeaux, vin rouge sous les épiceas à Val David. Feu sur l’herbe, juteux poulets rôtis et, à la fin, baignade dans le petit lac [...]

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Un samedi matin, tu ouvres ton journal : « Mort de Gabriel Filion ». Tu te dis : « Ah, il vivait encore ? » Soudain c’est l’avalanche. Souvenirs bohémiens. 1950. J’aimais cet aîné, peinturlureur qui tenait « boutique-galerie» dans une forge abandonnée (disait-il), coin Côtes [...]

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J’en étais rendu que je l’aimais… comme si… J’avais pour elle une grande affection…comme si… Bon, oui, elle était comme « ma » mère. Une « fausse » vraie maman. Elle est morte dimanche matin. 83 ans. D’abord dire que je voyais plutôt une Juliette Huot pour personnifier ma mère à la télé, dans cette autobiographie (l’adolescence) télévisée titrée « La petite patrie ». Un feuilleton non-conventionnel à sketches, à esquisses, à portraits variés —du quartier Villeray des année 1940. Il obtiendra un succès populaire immense. Que personne dans l’équipe n’avait pu prévoir. La « mamma » de cette série de 80 épisodes vient de nous quitter. À jamais ! Et j’en ai mal.

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Je lirai son autobiographie. Vrai qu’il y a eu du mépris face à cette « bonne femme » se répandant partout (journal, radio, télé), prédicatrice laïque. Mon « milieu » n’estime pas beaucoup les vulgarisateurs; la popularité excite des jalousies. J’ai admiré très souvent cette fille d’un modeste [...]

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