Il y a ce chalet au bord du petit lac Rond. Il y a vieillir. Devenu « très très » vieux, sans automobile, me déplaçant avec difficulté, où aimerais-je finir ma vie ? ». On y songe parfois ma tendre Raymonde et moi et le plus souvent la réponse est : « Rue Bernard, à Outremont. » En mai 1985 je zieutai ce logis outremontais, au 360 de la rue Querbes. Et nous quitterons ce mignon 551 rue Cherrier soulagés, il y avait plus moyen de stationner. Rue Querbes : « entrée de garage » (comme on dit) garantie. Jour et nuit !
Fin de ces années 1990, ça suffisait les entretiens variés, une seule grande maison, à Ste Ad, c’était bien assez. Mise en vente du 360 avec déménagement à ce « Phénix » -bloc d’appartements construit sur une usine de Kraft- du Chemin Bates. Phénix ou sans cesse renaître de ses cendres. Ce neuf condo c’était comme vivre à l’hôtel, avec conciergerie, plus de neige à pelleter, plus de gazon à tondre quoi, pas de « chassis-doubles » à changer, la bonne paix.
J’ai eu 78 ans, il y a pas longtemps, Bécaud chantait : « Et maintenant, que vais-je faire ? » J’aurai 80 piges bientôt, puis 85 berges en 2015 et la vue qui baissera davantage. Fin du permis de conduire peut-être ? Songer alors à une installation, -une station- dernière. Une voix gueulera : « Terminus ! Tout le monde débarque ! » Aïe ! Lecteur, tu seras vieux un jour, tu y penseras à « où planter sa dernière tente », ô voyageurs du temps présent. Là, rue Bernard, là où on va si souvent voir le monde bien vivant. En ville; pourquoi la ville ? La peur. Oui, sans doute. Grande ville où on trouve les grands hôpitaux avec les spécialistes en tous genres, mécaniciens en ces garages des derniers espoirs.