PLEURE PAS GERMAINE- dossier sur le film
9 mai 2005 |
Pleure pas Germaine - dossier sur le film
«Si on veut voir du vrai monde, on peut louer —vidéocassettes arrivées— maintenant l’étonnante adaptation par Alain de Halleux ( de Bruxelles) de mon roman « Pleure pas Germaine » (un classique québécois a décrété Réginald Martel ). Un correspondant « net » a cru à un piratage (!) en lisant les annonces dudit film ! « La presse », avant-hier, lui a mis 3 belles étoiles ! C’est un film qui m’a fait grand plaisir, très respectueux de mon intrigue et de mes personnages, ce qui est rare. Un film modeste, quelques séqueces émovates. L’histoire d’un ouvrier en chômage, bon buveur, en vacances-fuite, et qui découvre enfin les siens. Un voyage de pauvres —non plus vers la Gaspésie, mais vers les Pyrénées. SoniaSarfatio écrit : « De Halleux rappelle le cinéma de Robert Guédiguan ». Très vrai.» — Jasmin sur Journées-nettes 23 mai 2002
Un réalisateur belge (Alain de Halleux), le livre à succès d’un auteur québécois (Claude Jasmin)…
Première sortie: Festival du Film de Montréal, à l’horaire le 31 août, 1er et 2 septembre 2000. Sur les écrans au Québec : 12 janvier 2001. Sortie en cassette vidéo: 22 mai 2002.
Le film a remporté le Prix des critiques au festival du film de GAND (Belgique) et le Prix du public au festival de Mannheim-Heidelberg (Allemagne), en fin d’année 2000.
Liens sur le film
- Communiqué
de lancement du film au Québec (2 janvier 2001) - Ce qu’en a dit Radio-Canada le 8 janvier 2001 (Clip Audio)
-
Entendu à l’émission C’est bien meilleur le matin- entrevue de Jasmin par René-Homier Roy
Real-Audio - Critique
de Marc-André Lussier dans la Presse: "Les images sont très soignées (le directeur photo Philippe
Guilbert compose parfois des plans très léchés), mais surtout, De Halleux parvient, sans ne jamais forcer la note, à
trouver un bel équilibre entre les éléments dramatiques et les situations plus truculentes. Surtout, il aura su faire écho
à la profonde humanité qui traverse ce récit de part en part.
Là réside l’essentiel." - Critique
de Juliette Ruer de Voir
:"Se perdre en route" - Critique de Robin Gatto de
Film Festivals.com:
"Alain de Halleux filmé avec pudeur des personnages criants de vérité, une famille un peu cassée, un peu perdue, mais jamais désunie, une famille qui pourrait être la notre et qui est déjà celle des spectateurs des festivals du monde entier." - BANDE-ANNONCE
de Pleure pas Germaine - Fiche
du Festival des films du monde de Montréal - Fiche d’Eurimages
- Fiche sur le tournage du film
- Fiche du New York Times
- Dans Rambles (mars 2005)
Une aventure rare!
Permettez à un romancier québécois de raconter à vos lecteurs une aventure excitante. Un producteur de cinéma belge, Éric Van Beuren (Alligator Film), revenant d’une excursion dans nos territoires dont la Gaspésie, veut lire, dans l’avion du retour en Belgique, un roman d’ici. À Mirabel, une libraire de l’aéroport lui conseille de lire Pleure pas Germaine puisque ce producteur-voyageur lui révèle son enthousiasme pour la Gaspésie. C’est un coup de foudre, m’expliquera-t-il dans une première lettre. Mon récit le fascine tant qu’il s’en fait aussitôt un projet de cinéma. Oui, Van Beuren veut absolument en faire un film.
Et il va le faire et il l’a fait! Car voilà que sa version filmique de Pleure pas Germaine (il a gardé mon titre) sera montrée au dernier Festival du film de Montréal. C’est le premier film de fiction du réalisateur Alain de Halleux, qui a rédigé (avec l’aide de son producteur, Éric) le scénario. Je l’ai vu récemment sur une cassette vidéo et j’ai applaudi volontiers à l’adaptation visuelle du livre. De Halleux a trouvé des équivalents géographiques pour ce périple tumultueux, qui est aussi une quête de vengeance, l’aînée des enfants, Rolande, passant pour une victime assassinée bassement. Tout y est, avec une fidélité totale aux séquences de mon récit, transposé en Europe, Belgique, France et la frontière espagnole.
Liste noire au ministère à Québec!
Or, il y a une « petite histoire » à narrer à propos de ce roman, Pleure pas Germaine. La fameuse querelle du « joual » éclatait durant l’été de 1966. Adversaires et partisans du néoréalisme de cette époque se colletaient sur la place publique. Nous étions quelques-uns à vouloir renouer avec le monde d’Au pied de la pente douce, le monde de Bonheur d’occasion, mais avec des armes nouvelles, un certain réalisme, plus direct. Aux « Affaires culturelles » à Québec, on allait même dresser une « liste noire » des « joualisants ». Et malheur aux professeurs de littérature québécoise qui osaient mettre au programme Le Cassé de Renaud ou Les Cantouques de Godin! Le sous-ministre Guy Frégault, scandalisé par l’intrusion du populisme dans nos belles lettres, y voyait studieusement. Cette censure d’État fit tout un chahut à l’époque. Hélas pour les frileux du « bon perler » et du « bien écrire », Pleure pas Germaine obtenait dès sa parution (encore très actif en « poche » chez Typo) un énorme succès populaire. Édité à l’automne de 1965 par Gérald Godin (chez Parti pris), le roman fut réimprimé sans cesse et encore aujourd’hui. Réginald Martel en a parlé comme d’un « classique québécois ».
On verra que le film belge a transformé ma belle grasse Germaine rousse, émigrante de la Gaspésie dans la métropole, jouée par l’actrice Rosa Renom, en une svelte et dynamique émigrante espagnole de Bruxelles, toujours amoureuse et confiante en son « homme », Gilles. Ce Gilles Bédard, joué par l’acteur belge Dirk Roofthooft, misérable héros, pauvre hère ballotté - d’Alain de Halleux n’est plus cet osseux et ténébreux ouvrier en chômage du nord de Montréal mais un solide gaillard chauve, impétueux chômeur dans le pays de Brel, et paternel… à sa drôle de manière. Tout à fait comme dans mon roman. Mes enfants du roman, joués par Serge Larivière, Cathy Grosjean, Benoît Skalka, y sont formidablement bien campés, pauvres petits suiveurs obligés de ce jeune couple en fuite. C’est un road-story. C’est un film modeste, plein d’allant, de vivacité, évoquant la misère de la banlieue industrielle actuelle. Rien à voir avec les machines technologiques hollywoodiennes!
Illustrer les démunis, les exploités: un scandale!
Comme Renaud ou Godin, en 1965, je voulais non pas valoriser le joual, comme des conservateurs excités le crurent, mais illustrer ceux qui parlaient le joual, les laissés-pour-compte de notre société. En 1965, lors de la parution, le refus - et le mépris aussi - des Jacques de Roussan (il publiait: « traduit en bon français ce roman obtiendrait le Goncourt »), Gilles Marcotte (qui ironisa le propos par une illisible critique « jouale » écrite au son), Jean Éthier-Blais (« Nous ne commentons point cette sorte de littérature »), André Major (« Tu pourras toujours pleurer Germaine, tes enfants ne te comprendront même plus! ») faisait de Pleure pas Germaine un livre régionaliste, de portée locale. Mais voilà qu’un producteur européen y voyait, lui, un thème de portée universelle. Et il décidait de le prouver. Plus de trente ans plus tard, les nombreux lecteurs de mon roman comprendront ma fierté et mon plaisir. Quelle vengeance! J’espère qu’ils apprécieront le film malgré le « dépaysement » autant que je l’apprécie.
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Claude Jasmin
publication de cette lettre ouverte : La Presse et le Devoir, le 9 août 2000
Tags:acteur, amour, été, Canada, Cinéma, culture, film, français, livre, Montréal, québécois, Québec, radio, Radio-Canada, voyage
Bonjour M.Jasmin!
Une question : Michel Garant est-il inspiré de Paul Rose?
Si vous avez le temps de répondre, vous ferez un Gaspésien heureux!
Merci!
bonjour, jaimerais savoir si votre livre est vraiment un vrai voyage pour gilles ou s’il reste a montréal tout ce temps.. car à la fin du livre il dit montréal 1965…
merci beaucoup