juil 302012
 

Chaque village a sa marque. Sa note, son ambiance. Il y a un monde entre Saint Sauveur avec sa vraie « rue St-Denis », grouillante de restos, sa rue De la gare et ses boutiques, sa belle église de pierres, son actif centre commercial et, disons, Sainte-Marguerite. Ou Val Morin, Saint Adolphe.

Il y a donc Val David. Ce village où, m’assure-t-on, il y a des tas de créateurs. Modestes artisans ou artistes de divers ordres. Où il y aurait même un ashram hindouiste pour méditer ou jeûner, oui, Val David ne ressemble à aucun autre. Ce fut cette ultra populaire boite à chansons longtemps, feu Le Patriote.

Pas loin de l’église (banale hélas), on y verra un vieux logement tout retapé où l’on présente des expos. Ces temps-ci, deux lots : dans l’entrée, Bernard Chaudron. À ses fours, Chaudron ferraille depuis un demi-siècle en son atelier de Val David. Il a pondu des trésors d’une joaillerie solide, ferme, sans affèteries niaises, jamais.

Dans d’autres salles, surprenantes bêtes géantes ! C’est signé Beaudry et Isabelle. Le mot sculpteur ne convient guère pour ces deux bricoleurs étonnants, le mot modeleur pas davantage. Allez vite voir ce grand rapace aux ailes grandes ouvertes. Ou ce taureau, cornes basses, chargé de chaînettes d’acier, manteau armé, couverture métallique étonnante. À l’étage, voyez ces poissons géants, corps insérés de lucioles aux luminosités troublantes. Ces amusants exhibits ferrugineux relèvent du monde du design et même de la décoration. Ils plaisent, n’ont rien des bidules surréalistes des créateurs « géants » à Venise ou à Frankfurt.

Ces jolies bestioles feraient bel effet en des édifices (ou places) publics. Bien mieux que cette kioute « guidoune » dorée d’un art conventionnel que des malins (aux USA) veulent offrir « gratis » aux candides dirigeants du Parc Olympique. Manœuvre ou astuce commerciale bien louche à 50,000 $ l’installation ! Une pétition circule s’y opposant et je signe volontiers. La Ministre Christine St-Pierre se réveillera-t-elle ?

Aussi, à Val David deux sites rituels : un, la vaste expo de mille et une céramiques, dehors, chaque été et, deux, le site naturaliste en plein boisé du graphiste René Derouin. Voyez ses panneaux peints (naturalistes encore) tout autour des murs du supermarché du lieu. On y voit oiseaux, poissons, bosquets contre des ciels nuageux. Ouvrage rare n’importe où dans le vaste monde. Chapeau ! Oui, Val David ne ressemble ni à Ste-Adèle ni à Ste-Marguerite, patelin « à part » qui a de bonnes raisons d’être fier.

Le divin croque-monsieur, coin Valiquette et Morin, au neuf resto-bar, « Garçons », ce midi-là. Puis, au soleil —non mais quel bel été !— J’entends « pratiquer » des tounes de rock au parc voisin car c’est samedi. Au lac, dix canards —foin de mon hibou-Rona et de la tourniquette dollarama— chient à cul que veux-tu, hélas. Pataugeant, je regarde filer —parfois j’en sursaute— des têtes émergente, des bras comme métronomes, de ces noirs nageurs à souffle inépuisable. Des figures olympiques, c’est « Londres-2012 » au lac Rond. Moi avec ma saucisse de plastique jaune, je croule de honte face à ces athlètes vigoureux. Oh, le poids des ans !

 

août 092011
 

Un aimable loustic : « Des romans, j’en lis rarement mais vos brefs romans dans mon hebdo favori, oui,  toujours. Pourriez-vous me recommander un ou deux de vos meilleurs romans ? » Lui dire : « Mes préférés ? « La sablière, Mario », où je raconte la triste vie d’un frère handicapé. Qui était ma sœur dans la vraie vie. Aussi, « La vie suspendue », où je raconte ma vie avant, pendant et après un suicide que j’ai vu de près en février 1983, hélas, vécu. » Jadis, j’allais demander aux librairies un roman de Gabrielle Roy, ou d’Yves Thériault, ils les avaient tous en stock. Maintenant ne cherchez plus un livre qui date d’un an chez Archambault ou Renaud-Bray, tout est renvoyé après six mois à l’éditeur. Eh ! Allez donc  à votre biblio publique.

Cou’ don !, a-t-on tué mes petit canards ? On les voit plus défiler. La mère est seule. Parfois accompagnée d’un ou deux bons amis ! Une Médée, un docteur Turcotte ? Je m’inquiète. Ou déportés dans un camp de concentration, au grand nord?

Photo dans Le Devoir : de la renouée japonaise et mon souvenir que c’était la plante chérie de papa mort. Il en planta deux tiges un été. L’été suivant, le parterre d’en avant en fut couvert entièrement. Ça renoue cette renouée !

Août entamé et notre beau sorbier va montrer ses fruits orangés. Réserve d’automne et d’hiver pour la gent ailée. Notre grand mahonia va faire bleuir ses fruits et, en 15 jours, tout sera mangé ! C’est beau la neige quand même, non ? Avez-vous hâte ?

Mangez dehors, l’été, quel bonheur ! Chez Juliano, juché sur une collinette de la sortie nord de Sainte Adèle en face du sombre Château Sainte Adèle, y vivre un jeudi soir parfait. Avec ma chère bavette, parfaite. Le spaghetti aussi. Les pennine de ma blonde, parfaits itou !Tout autour de la terrasse le beau boisé ! Des chaises pour l’apéro. On se croirait chez Derouin, à Val David, pas loin de son expo de bricoleurs naturalistes intitulée  « Leg ». Faut que j’aille visiter ça.

Certains matins, m’imaginez-vous en voleur ? De fleurs, —hydrangés blancs énormes— dans une haie de ma  tabagie Le Calumet. Proprio Taillon rigole : «  Servez-vous, allez-y, ce sont les fleurs du notaire Jean. » De gros bouquets et Séraphin-Jasmin est b’in content, viande à chien. De plus c’est « mon » notaire car, accoté-pas marié pantoute, il m’a fallu rencontrer Me Jean pour testamenter.

J’y repensais, cette belle vieille maison de pierres, Chez Juliano, il me semble que c’est l’ancienne demeure de Jean-Charles Harvey, pas très sûr, maison de l’auteur conspué —sous Duplessis— du livre scandaleux : « Les demi civilisés ». Nous tous en 1944 ! Un livre introuvable en librairie ! Ce pamphlet lui fit perdre illico son job au gouvernement. Ce Harvey courageux dirigea longtemps, réfugié à Montréal, l’ultra populaire hebdo Le petit Journal. Là où, à vingt ans, on m’acheta ma toute première nouvelle. Cinq pages. 20 piastres !

Qui écrira maintenant Les demi colonisés ? Du genre à se voter « non » deux fois ! 1980 et 1995. Allons, jeunes auteurs,  courage et perdez votre job !    

août 072009
 

        Un temps (circa 1995) je partais parfois chasser la grenouille avec mes héritiers ! Il y en avait pas mal dans le marais deltaïque du Chantecler. Aussi chez Vermette-les-absents jusqu’au Domaine des condos Major. Leur grand bonheur : filets à la min, l’Œil vif, le bec crochu de tension, ils guettaient la bestiole aux cuisses ragoûtantes (only for the « goddam frenchmen »). La chaudière remplie de ces batraciens à larges gueules, nous revenions vider le tout à notre rivage. Ma Raymonde grimaçait. Mes gamins fièrement : « Quoi ? Ça mange des millions de moustiques, hein papi ? » La jolie belle-mère souriait.  Poliment ?

       Ces nuits-là, le chant lugubre des croassements montait dans la nuit ! Une musique bien peu harmonique et adieu Mozart ! Ce matin-récent, Voisin-Maurice et bibi nous tentons d’embraser des branches mortes chacun à son foyer. Qui voyons-nous dans les (désormais) hautes herbes de la grève ? J’avais cru revoir Valdombre-le-pelé. Pas du tout, c’était un impressionnant chat aux allures royales avec de nobles regards…versailaises, ma foi. La beauté ! Belle bête mordorée au pelage quatre tons : brun, pourpre, doré et rouge. Noblesse. Sang bleu. Elle guettait mes grenouilles qui chantaient… de la gorge. À frenchcat hen ? Le lendemain, quand un Steven-écolo s’amena, calepin aux pinces, en vue de juger de l’abatage d’un antique saule, pas de mon Monarque hélas ! Ce saule, mon ex-voisin, Claude-Henri Grignon, gamin, devait y grimper !

        Mardi matin, l’André, zélé jardinier du Voisin-Juge, rencontré à l’IGA jasminien, me fit part encore de ses sombres pronostics. Pour les arbres comme pour les fleurs, à l’entendre août sera la catastrophe estivale. Il m’a fait peur.

     La veille, tard, l’habile bricoleur Pierre-Ugo venu me dépanner, je raconte cet aristocratique félin venu du pays de Cléopâtre : Monarque-4-tons ! Il rit. Clé en man, pince « monseigneur », cric, crac, croc, il stoppe l’erratique fuite d’eau à la cave. C’est ça, la jeunesse et c’est dimanche, mon Gabriel-musicien rentré d’un fou périple en Europe avant d’enseigner en septembre. Je n’en reviens pas : d’auberge-de-jeunesse en auberge-de-jeunesse, sac au dos, ces vieux ados vont de Munich, à Venise, de Bruxelles à Toulouse, de Barcelone à Londres : « Papi regarde des photos…numériques ! Gabriel dit se souvenir de nos battues-à-la-grenouille. Rares ensoleillements, hier encore (dirait Aznavour) de nos rouges cardinaux filent d’ouest en est. Pour aller où ? Où se cachent nos tourterelles disparues? Mystère. Le soir descend, on ne voit plus les chauves-souris de jadis. Mystère.

      Surgit cette mésange tellement pas sauvage qui vient me regarder lire. Elle se rapproche, est-elle allé à l’école ?, assez pour déchiffrer mon bouquin du sexologue Havelock Ellis (1910-20)  sur…l’ondinisme ? J’en doute. Mais cette belle petite frimousse penchée sur des pages ouvertes …

sept 072008
 

Il n’a que cinq ans et pourtant parfois il vous affiche une de ces faces tellement sérieuses. Voici un beau matin, frais, avec un soleil intermittent; un firmament aux couleurs nationales, bleu et blanc. Tant de nuages au vent. Je ne sus pas seul au bord du Rond. J’ai un compagnon. C’est un petit garçon ordinaire, c’est un enfant normal qui semble découvrir, ravi,  qu’il y a des lots de petits poissons à mon rivage et qu’il y a moyen de les attraper avec un filet que je lui ai offert, qu’il y suffit d’être habile, astucieux et rapide.

Je lui dis dès sa première cueillette qu’il est bien plus malin que moi, que j’y arrive jamais, ce compliment le stimule, il me toise, genre :  « T’es un grand, un vieux, mais… » C’est la vérité. J’ai souvent essayé jadis. Patate chaque fois ! Trop impatient ? Mon petit visiteur qui habite au nord de la clinique, un peu loin du lac donc, a sans doute un don. Il en sort sans arrêt, à une cadence vraiment étonnante, et moi, assis sur le banc, j’abaisse chaque fois mon livre pour le féliciter. Il a souvent le filet tendu haut au bout de son petit bras et il bombe le torse. En a les yeux lumineux : « Regarde ça ! Deux d’un seul coup ! Ça gigote ! »

Curieux, il ne semble pas trop aimé les prendre ces petits frétillards lumineux au fond du filet pour les jeter dans la sceau de plastique crème. Bizarre frousse, dédain, une crainte immotivée ? Est-ce que ça mord des ménées ? Ne pas oublier, il vient d’avoir cinq ans. Jean-François, son père, nous menuise un neuf parquet de terrasse et refera un escalier. L’enfant est fier de son jeune papa, ce bricoleur emeritus, je l’ai constaté. L’enfant nous a entendu féliciter son géniteur, alors, sur ce quai, le rejeton souhaite-t-il aussi de la fierté tombant sur lui ? Il ne cesse pas de solliciter mes bravi pour la moindre de ses prises.

Donner à manger à ceux qui ont faim (Jésus).

« Quand je m’en irai, que vas-tu faire avec tous  mes poissons ? » A-t-il oublié qu’il s’agit de bien petites victime, il dira : «  Les manger peut-être, oui ? » Je dis : « Oui, frits dans le beurre, tournés,  c’est un régal mon p’tit bonhomme ». Il est content et encore davantage stimulé, il sert à quelque chose, il collabore à nourrir ce vieil homme qui lit sans cesse sur un banc de ce quai. Le voilà donc de nouveau, sérieux, qui s’agenouille pour mieux voir le fond de l’eau; le voilà de nouveau, grave, qui plaque son filet au fond…  Et qui guette et qui guette… Son cri : « J’en ai un ! Un gros ! » Je joue volontiers l’étonné, l’épaté. Il rit. Entendre le rire d’un enfant, ma joie ! Un certain laps de temps passe. « On dirait qu’ils deviennent méfiants ? »  Il déplace sans cesse son filet, nerveux, s’agite du derrière en l’air, crapahute sur le quai. « Quoi est-ce que ça mange ça, tu penses ? » Je jongle. « Ah, si tu leur jetais de ces petits fruits rouges, hein ? Regarde tout autour, dans les chèvrefeuilles, il en pleut, va te servir ! » Il me tire une manche, il veut mon aide, ce petit garçon n’a pas de temps à perdre, c’est clair, il est comme en mission. « L’enfant ne joue pas », écrivait notre poète St-Denys-Garneau. L’enfant ne joue pas toujours quand on le croit au jeu, je le sais depuis longtemps. Aussi je lui découpe des branches bien garnies de fruits rouges et il file sur le quai, jette avec emphase ces mini-billes à l’eau, s’agenouille aussitôt : « Oui, ça les attire, je les vois bien là, vite, mon filet… »

Il va être midi. Le vent se renforce au large. Des véliplanchistes tanguent et se crient des appels de plaisir. Le jeune voisin, puissant nageur se sort la trompe et nous fait sursauter, il rentre à son port venu d’un tour complet du lac à son habitude. Mon biblique petit pêcheur miraculeux exulte maintenant et sa chaudière se remplit. Il voit mon admiration, s’en rengorge. « Veux-tu que je les compte ? Je sais compter, moi ». Il le fait. Je mime le satisfait. Le voilà, zélé, qui rampe d’un  bout du quai à  l’autre., se redresse souvent pour quérir ses petits fruits, les jeter, guetter, attraper. Il en a le souffle un peu perturbé, il vaque tout à son affaire, solennel, appliqué. De l’ouvrage ! Et il se voit maintenant en expert, mes « oh » et mes « ah » en sont des preuves.

Le rire d’un enfant !

Au fond du seau c’est maintenant un trafic intense. Mon petit gamin se redresse parfois pour aller contempler ses prises. Il en a des sourires d’une satisfaction ultra visible. Avec, vers moi, des clins d’œil complices cocasses pour que je manifeste sans cesse mon contentement. À chaque « gros », il a un cri triomphant, c’est l’euphorie. Et il rit. Ah oui : entendre le rire d’un enfant, pour moi c’est le bonheur. Le paternel surgit soudain. « Viens, on va aller luncher mon gars ! » L’enfant tout excité lui fait voir « le » miracle des ménés, lui signale les quatre  ou cinq « géants ». Il quittera le lieu magique à regret, s’éloignera du quai en suivant son père, se retourne : « Je t’en pendrai bien d’autres après-dîner, tu verras ça. Tu pourras manger tout ça au souper. » Au dessus de la haie, j’aperçois un regard du père, un sourire complice qui me dit :  « Vieux grand-père menteur ! » Quoi, il y a de pieux mensonges, non ?

juil 142008
 

     Vous avez vu au petit écran ces drôles de cigales rongeuses d’hêtres. Ouash ! Et, toujours à la télé, ces larves verdâtres écoeurantes dévoreuses de récoltes ? Re-ouash ! Ma Raymonde : «  Tu vois ça ? Cesse un peu de louanger le monde des bibites, il y en a d’indignes. » Quoi, me rabattre sur le règne minéral ? Je collectionne de jolis galets, « mes chères pierres chanceuses », mais de là à en faire de grands éloges, cela qui ne remue jamais. Elles, les bipites bougent.

        Matin de brume, ce jeudi au ciel mat et nos collines laurentiennes sont toutes enveloppées d’une très pâle ouate. Rideaux diaphanes, sorte d’entoilage, l’ouvrage d’un Christo. Midi s’amène et le paysage est vite dégagé de ses tentures romantiques. À l’eau canard ? Oui. De mon rivage, je tend l’oreille : Marc Labrèche ? Où se cache-t-il ? Je parle de son laideron favori, la célèbre grimaçante grenouille, Yolande.

       

CREVE-YEUX ET PERCE-OREILLES !

       Parlons grenouilles : il y a des années, j’avais joué le goddam Monkton de 1755 en Acadie en organisant un « grand dérangement ». Avec des petits-fils à filets, des grenouilles quittaient « de force » le delta du lac à l’ouest pour installation obligatoire chez nous. J’avais lu que la gente batracienne  dévorait mille moustiques à la minute. Chacun ! Une aubaine. Mange ma Yolande, mange.

       Étendu sur le quai, j’écoute les cris prompts de deux -ou trois- grenouilleuses. Certains de leurs gutturaux borborygmes sonnent très creux, crapaud-buffle ? Au dessus de ma tête, vivant escadrille d’or et d’argent, des libellules. Alias demoizelles. Alias crêve-yeux aussi. Ce terme. Enfants apeurés, les apercevant, on se bouchait les yeux. Autre terme : « perce-oreilles », une autre bibitte mal aimée. Au milieu de mon petit pré, me retournant, je vois Valdombre-le-pelé jouant encore le fauve-de-vaudeville et de mes demoizelles métalliques filent vers lui. Yeux à crever ? Hon ! Soudain, spectacle curieux sur mon petit radeau; un couple d’un genre inusité. Voici une bernache (mâle sans doute) qui se dandine autour d’un goéland (une goélande ?). Oh, la parade ! Le canard fringant s’ébroue, fait de l’esbroufe, ouvre et referme sans cesse les ailes, va, revient, joue du cou et du bec. Il fait le beau quoi. La « goélande », elle, impassible sur le radeau, observe et, sans doute, s’étonne de voir un séducteur « pas de sa race ». Je jouis du spectacle, délaissant une biographie de ma très chère Colette. Oups ! Indifférence ou méfiance ? Macdo, l’oiseau blanc convoité s’envole avec superbe vers la plage municipale. C’est le cas de le dire, le bec à l’eau, fin seul sur l’eau, « le »  bernache se calme le pompon. En voilà des mœurs !

 

DONALDA EST ENCEINTE ?

       Je n’aime pas nos goélands, arrivés par ici avec l’établissement de tant de nouveaux restos rue du Chantecler. Ils salissent mon radeau, que de crottes à ramasser ! L’an dernier, j’avais mis un faux hibou comme repoussoir du dollarama adélois car on me recommandait la chose. Foutaise. Dès que posé, il s’amena davantage de goélands chieurs. Mon épouvantail de plastique gît, inutile, dans une haute branche de sapin. Pas loin de Mario, mon hénaurme girouette made in Val David, cadeau du fils. Mario, nous montre -à peu près- d’où vient le vent. Sous Mario, Valdombre, ventre à terre, redresse les oreilles, regard fixé sur l’armada de demoizelles.

         Passage de nuages inattendus, ciel qui se couvre. Valdombre recule -ce vieux chat a une « renverse » ma foi- retraite et vise la balançoire du voisin Maurice, y grimpe. Un môme, un marmot, ce vieux félin pelé.  J’écoute Yolande. Macdo revient pour observer son bizarre Roméo-à-plumes. Qui n’est plus là ! Il fait beau et bon, c’est le bel été. Voici notre marmotte sortant du dessous de la galerie et se fait aller la grasse bedaine. Donalda serait enceinte ? Ou trop gourmade ? Trottinant vers la haie très fournie de chèvrefeuilles, elle cherche son mari volage ? Bon, assez joué le fainéant sur grève, voici Maurice, armé de ses outils. J’ai un précieux voisin qui est aussi un bricoleur éméritus : « Alors mon Claude, ta cuvette défectueuse, c’est aujourd’hui qu’on la change, oui ?  »    

        Adieu mes p’tites bêtes. Au travail. Le Maurice expert m’enverra chez Rona. Puis chez Théoret. Youpi, je me console de l’abandon de mes bibites  car un homme, c’est bien connu, n’a pas de lieu mieux chéri qu’une  quincaillerie ! « J’y cours, Maurice, j’y vole ! » Ne me suivez pas les crève-z-yeux !

 

 

             

déc 182007
 

 Note aux fidèles : pas de conte lu au 98,5 de Paul Arcand  cette année. INÉDIT : Conte dédié à « Grand Corps Malade », tel un slam  par CLAUDE JASMIN 

C’est la poupée dans vitrine Parent que ma sœur voulait !

Ma sœur fondait en pleurs rechignait… boudait

Un Noël pourri, ma sœur Marielle en avait sur le coeur 

Ma mère y avait  dit « Non, trop cher, fais-moi pas peur !

………………..

Marielle a fini par gagner, maman est allée rue St-Hubert

Pauvre môman : des mois avec son compte ouvert

La réserver, en payant en quatorze versements !

Ma sœur traînait devant la vitrine «Jouets-Parent »

…………………

Une beauté : une déesse de rêve, la robe brodée

Bras ouverts dans sa grande boite de fée

Beauté rare derrière son couvert de cellophane

Marielle, ma soeur, l’attendait comme la manne

…………….

À Noël, l’an passé, ce fut donc le cadeau des cadeaux

Moi, mon gun neuf, elle, sa poupée:un cadeau si beau

À Noël, ma mère dit : « Regarde-la, mais « pas touche »

La poupée resta dans sa boite, remisée. Sur la touche

……………..

Dans le haut du garde-robe, juste le droit de la voir

La regarder à travers le cellophane chaque soir

Pire qu’un Saint-Sacrement, l’Hostie consacrée

Marielle la descendait juste pour la contempler

………………..

Yeux bleus, cheveux dorés, broderie fine

Une sainte-nitouche « Made in Italy », ce qui rime

Avec  folie, avec frénésie; sa durée ? toute l‘Éternité.

Un trésor intouchable, qu’il faut pas abîmer

………………

Au Noël suivant, Marielle a voulu un p’tit set de vaisselle

Alors maman a dit : «  tu pourras caresser ta belle 

Oui, tu pourras ouvrir la boîte, la développer

Après le Réveillon, tu la prendras, sans l’abîmer !

………………….

La veille, le frère Ernest nous a dit : « J’ai eu une idée » 

Pour gagner cinq piasses ? Juste m’apporter une poupée

« Le curé veut, dehors, une vraie crèche de Noël

Des paroissiens vont figurer dessous « l’étoèle » 

……

Les trois rois mages y seront, me faut un beau bébé

Pas de vieille catin, une poupée avec robe brodée »

Cinq dollars !, ça valait le risque : j’ai volé la poupée

Le frère Ernest l’a apprécié, a sorti un 5, m’a payé

 …………………..

J’me disais : après la Messe, j’la ramène

Marielle saura rien : « je me vois qui se démène »

Mais y a eu une pratique, des flambeaux allumés

Et le feu a pogné ! Incendiée, ma poupée volée

……………….

Pis pas de crèche vivante pour la Messe de Minuit

Revenus, le Réveillon avalé, ma mère a dit

Marielle tu vas au lit mais, oui, « AVEC » ta belle poupée

La garde-robe ouverte, l’escabeau, j’aurais voulu crever

………………..

La poupée derrière son cellophane : n’a plus, disparue !

Les cris : « Des saudits voleurs sont venus ! »

Marielle pleurait fort et moi j’étais morfondu !

J’y ai donné mon 5 piasses, prenant un air confondu

……………..

Maman a dit : «  Quatorze versements! » Sa détresse !

Papa crie : «  Aussi, personne, ici d’ans, durant la Messe !

La radio jouait : « Il est né le d’vine n’enfant », ça fesse !

Dans mon lit, j’ai pleuré de honte, maudit frère Ernest !

…………..

J’ai rêvé à une fille, cheveux dorés, belle robe brodée

Derrière un rideau de cellophane était pas gênée !

Me souriait : « Pas ta faute, tit-Claude, si j’ai brûlé !

A me consolait. Pis j’ai entendu papa dans cave, enfermé

…………….

Il a crié : « Sa mère ? Je vas lui en fabriquer une poupée

En me servant d’une catin « Made In China; une vraie fée

Papa, bon bricoleur, m’a vite  calmé, m’a tout rassuré

Ouf ! Je reprendrai mon cinq, Marielle aura oublié

………………….

J’ai voulu me rendormir, fuyant la réalité revêche

Cette idée du frère Ernest, ce maudi feu de la crèche !

Marché Jean Talon demain, j’aurai mes pétards à mèche

Trouvés dans mon  bas de Noël, une orange, une pêche !

(un Joyeux Noël 2007 !)

Fin   

   

août 212003
 

Après Miron, Pierre Perrault, mort maintenant du poète et graveur Giguère. C’était un enfant de Villeray. Les « un peu plus jeunes que lui » nous l’observions : modeste, yeux lumineux, peau grêlée, frisé, bègue, timide et pourtant entreprenant en diable. Nous serions tous un jour poète, comme lui ! Miron prenait le tramway Saint-Denis, son sac plein de plaquettes, et, bien effronté —de Sherbrooke à Crémazie— à la criée, offrait de la jeune poésie au peuple des travailleurs. Roland, lui, diplômé de l’École des arts graphiques (un recoin derrière l’École technique avant de s’installer rue Saint-Hubert dans Ahuntsic), publiait « son surréalisme québécois » et celui de ses jeunes camarades.

Il rôdait, venait siroter un café —à dix cents— au Caboulot de mon père-bricoleur et « patenteux ». Roland lui acheta —sa première vente à papa— un maigre cycliste, silhouette primitive. En papier-maché. Fierté de mon père !

Giguère, comme Jean-Guy Pilon, et tant d’autres, s’inspira d’abord des poètes de la Résistance en France. Que nous aimions tant : Éluard, Aragon, Supervielle, Char, Desnos; il y greffait des mots d’ici en Résistant de la Grande noirceur duplessiste. Il y insérait ses gravures aux allures bien terriennes :monceaux de terres brûlée, racines tordues, troncs lamenteurs, feuillages inquiétants ou bien pierres usées, roches cabossées. Un monde minéral aspirant à se déterrer. Mythiques mandragores du dessinateur Giguère. Nous étions épatés.

Lui aussi, il s’exila. À Paris, lui aussi. Pour survivre là-bas il fera du graphisme-maquettisme ici et là, même pour Paris-Match. Avec la Révolution tranquille, il rentra, —rassuré enfin— au Québec bouillonnant. Il ne cessera plus de rédiger « ses mémoires » en forme d’appels exigeants, d’idéalisme, d’espérance humanitaire. C’est le graphiste Giguère qui inventa le sigle bleu et rouge d’un parti tout neuf, le P.Q. Enfin, on fit un espace —pas une grande place— à l’art d’ici. Roland s’y creusera une niche solide et les amateurs —jamais nombreux hélas— ont pu s’abreuver à sa fontaine d’images de mots choisis.

Adieu Giguère! Au revoir sans doute… quand nous nous rassemblerons tous, les solitaires descendants d’Orphée. Cette Rivière des prairies, où l’on t’a repêché la semaine dernière —presque aveugle, presque sourd— nous fera un fameux Styx, Achéron-des-prairies en mots inédits, long fleuve mirifique. Et, à jamais, Cerbère sera vaincu.

(30)

déc 072002
 

[fin de Journées nettes, page Web originale]

1-
Adieu. Et au revoir ? Demain, le 8 décembre, il y a un an, je partais. Dans cette aventure que constitue un journal. Toute une année déjà ? Incroyable. Le chanteur : « On ne voit pas le temps passer ». Si vrai. Hier soir, bonne bouffe au « Afghan », rue Duluth coin Saint-Hubert –apportez votre vin—, avec soupe et entrées (delicioso !) afghanes, tendre mouton sur trois riz afghans, thé afghan. Délicieux repas. Petit restau où nous conduisaient sans égfaillir (ils savent les bons « spots ») Pierre-Jean « Cuire-Air-Riez » et sa « filiforme » —non filigrane— Ca(sse) role, la psy.
En après-midi, j’étais en studio (pré-enregistrement pour le 31) avec le tandem disproportionné, le nabot Paul Houde et l’échassière Dominique Bertrand. Tentative risquée et folichonne de les faire bricoler une ménagerie avec mes bonbons. On a ri de mon échec…relatif. Geneviève Saint-Germain, dont je tente de retracer les origines, proteste faisant fi du passé, des souvenirs et de la nostalgie. La belle rébarbative aux racines me déconcerte. On sait ma manie de la généalogie. Un allié de mon goût : ce Pierre-Jean. Marchant vers sa voiture, rue Saint-Hubert, me voilà ravi quand il m’indique la maison-école de la fameuse prof de diction, Madame Audet, l’escalier où les élèves attachaient les vélos, le soupirail de la cave-studio « c’est mon père, dit-il, qui avait rénové cette cave ».
Avant d’arriver à la rue Roy, je lui montre le garage derrière un petit manoir, jadis propriété des Prud’homme, quincailliers en gros, un oncle riche, où se vivait le « Studio XV » de l’animateur de théâtre Gérard Vleminck. Adolescent, enthousiaste j’y avais vu, de Lorca, « La maison de Bernarda ». Pierre-Jean : « On marchait souvent, Serge Turgeon, Yves Corbeil, d’autres, jusqu’à ma rue Leman, dans Villeray ». Je dis : « Diable, vingt coins de rues non »? Le temps, l’espace, comptaient pas, dit-il, on refaisait le monde »! Nos jeunesses trop vite enfuies. Les Saint-Germain riraient de nous si heureux de nos réminiscences.
2-
Hier, dans le noir du soir, au coin d’Hutcheson et Mont-Royal, sortant de chez Cuir-Air-Riez, revoir, pas loin, le petit édifice tout blanc au pied du mont Royal : je me suis revu, collégien sortant de cet ex-terminus des trams avec mes vieux skis, les soirs de congé en hiver. Loisir adoré où de si joies filles skiaient vers l’ange de bronze juché en l’air sur le monument à Louis-Phil Lafontaine, signé Laliberté. À notre thé afghan, plus tôt, nous jasions sur le grand rassemblement « des vétérans » de la télé mercredi soir, soudain Aile qui pleure abondamment. Notre désarroi. Elle racontait des remords. D’avoir revu —vingt ans plus tard, vingt ans trop tard— une fidèle amie, scripte qui sombrait dans la dépression à répétition. Cette H.L., qui, mercredi, la regarde muette, semblant lui reprocher son abandon… La douleur et voilà Aile inconsolable, se croyant avoir été très lâche. Carole, psy, a les bonnes paroles pour la consoler, la rassurer. Grand malaise et puis le calme revenu enfin.
3-
Ici m’empêcher de sombrer dans les phrases solennelles parce que je quitte le journal. Non. Continuer comme j’ai commencé. Tenez, cahier littérature du Devoir lu tantôt : la « une » consacrée encore à des auteurs étrangers. Le racisme inverti sévit. Je me tairais si je savais qu’en France —ou en Belgique, n’importe où dans le monde— les journaux consacraient des « unes » à nos livres. N’en croyez rien, bien entendu. Eux ne sont pas des colonisés jouant les « internationaux », pétant plus haut que le trou.
En sixième page du cahier, bon papier de Biron sur le tout récent Poulin lu : « Les yeux bleus… » J’ai aimé ce bref roman se déroulant dans le Vieux-Québec. Honneur au mérite, comme on disait dans nos écoles jadis. Microbes, virus ? Ce matin j’ai jeté à la poubelle tout le stock de friandises apporté aux maladroits bricoleurs de « Tous les matins », étalées sur la table du studio, tripotées par toutes ces sales mains de salisseurs, de salauds —ils se sont bien moqués de ma tentative. À la fin mon Houde qui me lance : « Bon. Était-ce l’essentiel de votre topo, oui? Croyez-vous devoir être payé pour ça » ? Le saligaud !
La Sodec et Téléfilm versaient, les yeux fermés, sept millions de notre argent public sur un scénario de Louis Saïa, « Les dangereux ». Le film est classé partout (radio-télé-journaux) le « pire navet jamais tourné dans nos murs ». Unanimité noire : « Les dangereux, c’est de la merde »! Ces jurés anonymes qui scrutent les projets à subventionner —avec notre mazoune— sont-ils des « bouchés des deux bouttes »? Des bornés pathologiques ? Eh oui !
4-
L’ami-réalisateur Castonguay, alias Tit-Cass, au téléphone à l’instant : « Claude ? Salut ! Ce soir, ton film belge « Pleure pas Germaine », montré à neuf heures et demi, à Télé-Québec ». C’est bien noté. Lui qui appréciait tant mes lettres ouvertes d’antan, je lui apprend s qu’il y a mon journal à claudejasmin.com, s’il a envie de me lire. Surpris il me dit : « Ah bon, je vais tout de suite aller voir ça ». Mon Tit-Cass lira donc l’avant-dernière entrée !
Mél : invitation pour conférencer à Sainte-Thérèse en… février, j’y reviens, c’est loin. Dire « oui » sans être certain d’y être. Voyage obligatoire imprévu ? Maladie grave ? Accident fatal, euh… décès ? Eh, personne n’est immortel. Donner son accord et croiser les doigts.
Aile me récitait le lot des atrocités habituelles glanées dans les gazettes de ce matin. Elle est revirée. Assassinats, scandales sexuels, un savant pédiatre complètement tordu à l’hôpital de Drummondville, un père, loque humaine, dénaturé, un jeune instructeur de loisirs pervers, pédophilie crasse chez des enfants amérindiens, l’ouvrage satanique d’un bon père Oblat en haute mauricie, meurtres crapuleux, détournements néfastes d’argent public… Une montagne, que dis-je, une chaîne de montagnes de malhonnêtetés.
Moi, furetant dans une grosse bio de Queneau, je dis : « Eh oui, voilà d’où sort le cynisme de nous tous, notre méfiance. On devrait cesser de lire tous les matins ces listes d’horreurs, c’est démoralisant, désespérant, déstabilisant. Surtout démobilisateur, non ? Aile, comme se sortant d’un bain de boue, dit : « Oui, oui ». Mais demain matin, nous lirons la suite de ce « carnaval des animaux ». Animaux ? Non, n’insultons pas les bêtes, non !André Pratte, dans La Presse de ce matin, justement, dresse sa liste des monstruosités : 1-députés voulant doubler les retraites pourtant déjà bien payantes, 2- grands bureaux luxueux pour des PDG de l’État, 3- favoritisme éhonté —et bien politicien— tous azimut, 4- millions mal gérés (loi sur armements). Pratte est d’accord. Le résultat : le cynisme. Avec, forcément, le désintérêt des citoyens écœurés pour la démocratie élective. Danger très grave.
5-
Étonnant de lire la charge anti-fédérale d’une Lysiane Gagnon ce matin. Elle commente le centralisme effarant du projet fédéralisateur du sieur Romanow, ajoutant qu’il se cherche un bon job en suggérant l’invention —dans son rapport centralisateur— d’un BMS, Bureau mondial de la Santé. J’ai ri : la Gagnon n’oserait jamais publier (chez le père Desmarais): « Vive le Québec libre, libre du « tout à Ottawa ». Comme on dit « tout à l’égout ». À gauche de cette lysiatanie, la droitière ouimessie (M. Ouimet) bafouille en sa colonne sur « Vie de fou », cherchant qui blâmer sur « maman au travail », « papa absent stressé », une farce. Bien enfoncée dans sa presse consommationniste (à outrance ) elle fait mine de philosopher. Causerie à vide.
Le Gérald Tremblez (sic) abolit la coutume chrétienne du grand sapin illuminée (hôtel de Ville). Pour pas gêner nos nouveaux-venus. Lettre ouverte de Caroline Dupuis pour se moquer : les autres cultures, c’est sacré, faut pas les offenser. « On ne voit pas ce reniement nulle part au monde » dit-elle, ajoue : « imbéciles colonisés ». À ses cotés, Khuong V Thanh : « Au Vietnam, mon pays bouddhiste à 90 %, Noël était fêté comme dans tout l’univers. Niaiserie que cette idée de ne pas offenser les autres cultures ». Une émigrante étonnante, Marie-Rose Bacaron, dit clairement que l’émigrant n’a pas à se sentir mal là où il a choisi de s’installer, mais à s’adapter. Elle livre son aversion de nous voir, collectivement, nous rapetisser, nous écraser par complaisance. Laisser s’écraser nos traditions, us et coutumes par « colonialisme » (son mot) . Elle regrette les ghettos qui encouragent à la non-intégration, elle note que tchador, kirpan, turban, hijab, s’installent hardiment. Son désaccord est courageux, il fait honte aux « trembleurs » de service un peu partout, toujours disposés à s’effacer de leur propre histoire. Comme les enragés de la laïcité —tel ce petit Baril-Tonneau des Droits de l’Homme en tête de ce cortège au neutre bien gris— s’énervant des croix chrétiennes en places publiques, héritage historique renié.
Même « tribune des lecteurs », un ironiste doué, Daniel Savard de Belœil (même sujet), dit qu’il installera sous son palmier à cocos lumineux dans son salon, pas une crèche à paille, mais un igloo, pas d’âne mais un phoque. Un morse à la place du bœuf et, enfin, au lieu d’un enfant Jésus, un ourson… polaire. J’ai ri.
6-
J’avais 33 ans, c’était 1964, j’écrivais dans ma cave les premières lignes de « Pleure pas Germaine ». Cela se passe dans Villeray, le chômeur « au loyer pas payé », Gilles Bédard, râle face aux policiers de la rue Jarry, des paresseux incapables de trouver le meurtrier de sa grande Rolande. Il y a le laid viaduc du boulevard Métropolitain derrière sa caboche d’ivrogne.
Un soir de l’an 2000, au Festival du film, je voyais un autre Gilles Bédard, flamand francisé, qui gueule lui aussi. Le laid viaduc d’une banlieue de Bruxelles proche de sa maison modeste. Il va partir à la recherche de l’assassin de sa Rolande avec sa Germaine qu’i aime toujours. Et les quatre enfants qu’il va mieux découvrir. Je regardais avec un vif plaisir la version filmique de « Pleure pas Germaine » par le jeune cinéaste Alain de Halleux. À Télé-Québec, ce soir, je regarderai encore ce film sans aucune cascade, ni effets spéciaux, rien de « dangereux », être ému encore quand le Gilles va s’écrier : « Débarrassez-vous de moi, partez sans moi, vite, laissez-moi ici, allez-vous en, à quoi je sers Germaine, à quoi je suis bon ? À rien » !
7-
Dernière entrée donc. Oui, adieu et au revoir. À quoi je servais avec ce journal ? À rien ? Non, non, j’ai reçu des messages chauds comme du miel, j’ai entendu des commentaires, bons comme du bon pain. Merci. Adieu et au revoir !

déc 072002
 

1-

Adieu. Et au revoir ? Demain, le 8 décembre, il y a un an, je partais. Dans cette aventure que constitue un journal. Toute une année déjà ? Incroyable. Le chanteur : « On ne voit pas le temps passer ». Si vrai. Hier soir, bonne bouffe au « Afghan », rue Duluth coin Saint-Hubert –apportez votre vin—, avec soupe et entrées (delicioso !) afghanes, tendre mouton sur trois riz afghans, thé afghan. Délicieux repas. Petit restau où nous conduisaient sans égfaillir (ils savent les bons « spots ») Pierre-Jean « Cuire-Air-Riez » et sa « filiforme » —non filigrane— Ca(sse)role, la psy.

En après-midi, j’étais en studio (pré-enregistrement pour le 31) avec le tandem disproportionné, le nabot Paul Houde et l’échassière Dominique Bertrand. Tentative risquée et folichonne de les faire bricoler une ménagerie avec mes bonbons. On a ri de mon échec…relatif. Geneviève Saint-Germain, dont je tente de retracer les origines, proteste faisant fi du passé, des souvenirs et de la nostalgie. La belle rébarbative aux racines me déconcerte. On sait ma manie de la généalogie. Un allié de mon goût : ce Pierre-Jean. Marchant vers sa voiture, rue Saint-Hubert, me voilà ravi quand il m’indique la maison-école de la fameuse prof de diction, Madame Audet, l’escalier où les élèves attachaient les vélos, le soupirail de la cave-studio « c’est mon père, dit-il, qui avait rénové cette cave ».

Avant d’arriver à la rue Roy, je lui montre le garage derrière un petit manoir, jadis propriété des Prud’homme, quincailliers en gros, un oncle riche, où se vivait le « Studio XV » de l’animateur de théâtre Gérard Vleminck. Adolescent, enthousiaste j’y avais vu, de Lorca, « La maison de Bernarda ». Pierre-Jean : « On marchait souvent, Serge Turgeon, Yves Corbeil, d’autres, jusqu’à ma rue Leman, dans Villeray ». Je dis : « Diable, vingt coins de rues non »? Le temps, l’espace, comptaient pas, dit-il, on refaisait le monde »! Nos jeunesses trop vite enfuies. Les Saint-Germain riraient de nous si heureux de nos réminiscences.

2-

Hier, dans le noir du soir, au coin d’Hutcheson et Mont-Royal, sortant de chez Cuir-Air-Riez, revoir, pas loin, le petit édifice tout blanc au pied du mont Royal : je me suis revu, collégien sortant de cet ex-terminus des trams avec mes vieux skis, les soirs de congé en hiver. Loisir adoré où de si joies filles skiaient vers l’ange de bronze juché en l’air sur le monument à Louis-Phil Lafontaine, signé Laliberté. À notre thé afghan, plus tôt, nous jasions sur le grand rassemblement « des vétérans » de la télé mercredi soir, soudain Aile qui pleure abondamment. Notre désarroi. Elle racontait des remords. D’avoir revu —vingt ans plus tard, vingt ans trop tard— une fidèle amie, scripte qui sombrait dans la dépression à répétition. Cette H.L., qui, mercredi, la regarde muette, semblant lui reprocher son abandon… La douleur et voilà Aile inconsolable, se croyant avoir été très lâche. Carole, psy, a les bonnes paroles pour la consoler, la rassurer. Grand malaise et puis le calme revenu enfin.

3-

Ici m’empêcher de sombrer dans les phrases solennelles parce que je quitte le journal. Non. Continuer comme j’ai commencé. Tenez, cahier littérature du Devoir lu tantôt : la « une » consacrée encore à des auteurs étrangers. Le racisme inverti sévit. Je me tairais si je savais qu’en France —ou en Belgique, n’importe où dans le monde— les journaux consacraient des « unes » à nos livres. N’en croyez rien, bien entendu. Eux ne sont pas des colonisés jouant les « internationaux », pétant plus haut que le trou.

En sixième page du cahier, bon papier de Biron sur le tout récent Poulin lu : « Les yeux bleus… » J’ai aimé ce bref roman se déroulant dans le Vieux-Québec. Honneur au mérite, comme on disait dans nos écoles jadis. Microbes, virus ? Ce matin j’ai jeté à la poubelle tout le stock de friandises apporté aux maladroits bricoleurs de « Tous les matins », étalées sur la table du studio, tripotées par toutes ces sales mains de salisseurs, de salauds —ils se sont bien moqués de ma tentative. À la fin mon Houde qui me lance : « Bon. Était-ce l’essentiel de votre topo, oui? Croyez-vous devoir être payé pour ça » ? Le saligaud !

La Sodec et Téléfilm versaient, les yeux fermés, sept millions de notre argent public sur un scénario de Louis Saïa, « Les dangereux ». Le film est classé partout (radio-télé-journaux) le « pire navet jamais tourné dans nos murs ». Unanimité noire : « Les dangereux, c’est de la merde »! Ces jurés anonymes qui scrutent les projets à subventionner —avec notre mazoune— sont-ils des « bouchés des deux bouttes »? Des bornés pathologiques ? Eh oui !

4-

L’ami-réalisateur Castonguay, alias Tit-Cass, au téléphone à l’instant : « Claude ? Salut ! Ce soir, ton film belge « Pleure pas Germaine », montré à neuf heures et demi, à Télé-Québec ». C’est bien noté. Lui qui appréciait tant mes lettres ouvertes d’antan, je lui apprend s qu’il y a mon journal à claudejasmin.com, s’il a envie de me lire. Surpris il me dit : « Ah bon, je vais tout de suite aller voir ça ». Mon Tit-Cass lira donc l’avant-dernière entrée !

Mél : invitation pour conférencer à Sainte-Thérèse en… février, j’y reviens, c’est loin. Dire « oui » sans être certain d’y être. Voyage obligatoire imprévu ? Maladie grave ? Accident fatal, euh… décès ? Eh, personne n’est immortel. Donner son accord et croiser les doigts.

Aile me récitait le lot des atrocités habituelles glanées dans les gazettes de ce matin. Elle est revirée. Assassinats, scandales sexuels, un savant pédiatre complètement tordu à l’hôpital de Drummondville, un père, loque humaine, dénaturé, un jeune instructeur de loisirs pervers, pédophilie crasse chez des enfants amérindiens, l’ouvrage satanique d’un bon père Oblat en haute mauricie, meurtres crapuleux, détournements néfastes d’argent public… Une montagne, que dis-je, une chaîne de montagnes de malhonnêtetés.

Moi, furetant dans une grosse bio de Queneau, je dis : « Eh oui, voilà d’où sort le cynisme de nous tous, notre méfiance. On devrait cesser de lire tous les matins ces listes d’horreurs, c’est démoralisant, désespérant, déstabilisant. Surtout démobilisateur, non ? Aile, comme se sortant d’un bain de boue, dit : « Oui, oui ». Mais demain matin, nous lirons la suite de ce « carnaval des animaux ». Animaux ? Non, n’insultons pas les bêtes, non !André Pratte, dans La Presse de ce matin, justement, dresse sa liste des monstruosités : 1-députés voulant doubler les retraites pourtant déjà bien payantes, 2- grands bureaux luxueux pour des PDG de l’État, 3- favoritisme éhonté —et bien politicien— tous azimut, 4- millions mal gérés (loi sur armements). Pratte est d’accord. Le résultat : le cynisme. Avec, forcément, le désintérêt des citoyens écœurés pour la démocratie élective. Danger très grave.

5-

Étonnant de lire la charge anti-fédérale d’une Lysiane Gagnon ce matin. Elle commente le centralisme effarant du projet fédéralisateur du sieur Romanow, ajoutant qu’il se cherche un bon job en suggérant l’invention —dans son rapport centralisateur— d’un BMS, Bureau mondial de la Santé. J’ai ri : la Gagnon n’oserait jamais publier (chez le père Desmarais) : « Vive le Québec libre, libre du « tout à Ottawa ». Comme on dit « tout à l’égout ». À gauche de cette lysiatanie, la droitière ouimessie (M. Ouimet) bafouille en sa colonne sur « Vie de fou », cherchant qui blâmer sur « maman au travail », « papa absent stressé », une farce. Bien enfoncée dans sa presse consommationniste (à outrance ) elle fait mine de philosopher. Causerie à vide.

Le Gérald Tremblez (sic) abolit la coutume chrétienne du grand sapin illuminée (hôtel de Ville). Pour pas gêner nos nouveaux-venus. Lettre ouverte de Caroline Dupuis pour se moquer : les autres cultures, c’est sacré, faut pas les offenser. « On ne voit pas ce reniement nulle part au monde » dit-elle, ajoue : « imbéciles colonisés ». À ses cotés, Khuong V Thanh : « Au Vietnam, mon pays bouddhiste à 90 %, Noël était fêté comme dans tout l’univers. Niaiserie que cette idée de ne pas offenser les autres cultures ». Une émigrante étonnante, Marie-Rose Bacaron, dit clairement que l’émigrant n’a pas à se sentir mal là où il a choisi de s’installer, mais à s’adapter. Elle livre son aversion de nous voir, collectivement, nous rapetisser, nous écraser par complaisance. Laisser s’écraser nos traditions, us et coutumes par « colonialisme » (son mot). Elle regrette les ghettos qui encouragent à la non-intégration, elle note que tchador, kirpan, turban, hijab, s’installent hardiment. Son désaccord est courageux, il fait honte aux « trembleurs » de service un peu partout, toujours disposés à s’effacer de leur propre histoire. Comme les enragés de la laïcité —tel ce petit Baril-Tonneau des Droits de l’Homme en tête de ce cortège au neutre bien gris— s’énervant des croix chrétiennes en places publiques, héritage historique renié.

Même « tribune des lecteurs », un ironiste doué, Daniel Savard de Belœil (même sujet), dit qu’il installera sous son palmier à cocos lumineux dans son salon, pas une crèche à paille, mais un igloo, pas d’âne mais un phoque. Un morse à la place du bœuf et, enfin, au lieu d’un enfant Jésus, un ourson… polaire. J’ai ri.

6-

J’avais 33 ans, c’était 1964, j’écrivais dans ma cave les premières lignes de « Pleure pas Germaine ». Cela se passe dans Villeray, le chômeur « au loyer pas payé », Gilles Bédard, râle face aux policiers de la rue Jarry, des paresseux incapables de trouver le meurtrier de sa grande Rolande. Il y a le laid viaduc du boulevard Métropolitain derrière sa caboche d’ivrogne.

Un soir de l’an 2000, au Festival du film, je voyais un autre Gilles Bédard, flamand francisé, qui gueule lui aussi. Le laid viaduc d’une banlieue de Bruxelles proche de sa maison modeste. Il va partir à la recherche de l’assassin de sa Rolande avec sa Germaine qu’i aime toujours. Et les quatre enfants qu’il va mieux découvrir. Je regardais avec un vif plaisir la version filmique de « Pleure pas Germaine » par le jeune cinéaste Alain de Halleux. À Télé-Québec, ce soir, je regarderai encore ce film sans aucune cascade, ni effets spéciaux, rien de « dangereux », être ému encore quand le Gilles va s’écrier : « Débarrassez-vous de moi, partez sans moi, vite, laissez-moi ici, allez-vous en, à quoi je sers Germaine, à quoi je suis bon ? À rien » !

7-

Dernière entrée donc. Oui, adieu et au revoir. À quoi je servais avec ce journal ? À rien ? Non, non, j’ai reçu des messages chauds comme du miel, j’ai entendu des commentaires, bons comme du bon pain. Merci. Adieu et au revoir !

nov 062002
 

1-
Le mois des morts ! On y est. Si soudainement. Au lever : store ouvert. Paysage de fer. De tôle. De gris divers. Vision d’étain. Camaïeu émouvant. Sapins très chargés de… plâtre ! Souvenir : jeune, papa le bricoleur-artiste me montrait, avec du plâtre liquide, à garnir les petits sapins de notre crèche de Noël. Je trouvais ça si beau. C’est cela dehors ce matin. Avec ciel gris, lac de mercure. Image austère. L’hiver total en début de novembre ! J’ai gratté le trottoir de bois, allant à drogues douces (tabac et nouvelles) comme en plein janvier.
Claudette Béliveau du Devoir : « le directeur a demandé que l’on montre à un journaliste de la boite mon article sur « ce déménageur de temples de Cochin au Saguenay » ! Eh ben ! On verra…
Trépanier : « en Belgique ils ont accepté notre « courriel », en France, c’est un « mel » (pour un message électronique, contraction ). Bon. Oui, pourquoi pas ? Ils sont 55 millions, faut bien s’incliner. Impérialisme des nombres ! Enrageant non ?
2-
J’ai perdu un tas de notes utiles pour bien narrer mon excursion à Rimouski. Grrr…J’y vais donc de mémoire. J’en ai une sacrée bonne, heureusement. Allons-y. Jeudi, Aile me mène au terminus des bus Orléans, rue Berri. Achat de magazines. De chocolats aux raisins en boites. En voiture… vers 17 h, arrêt à Lévis, 55 minutes, pour bouffer un peu. Gargotte. Club-sandwich. À 21 h 30, tout le monde débarque. Noirceur. Le vaste fleuve en face, horizon noir. Taxi pour l’Hôtel Rimouski où se tient le Salon du livre.
Vendredi matin, camarades écre-vices (!) attablés et bouffe du matin. « Le Soleil » à lire. Kiosque en après-midi. Défilé habituel. Un salon modeste et donc bien plus chaleureux que les gros de Montréal, Québec ou même Trois-Rivières. Pas de « quant à soi », pon vient jaser volontiers au bonhomme assis derrière son neuf « À cœur de jour ».Toujours étonné de rencontrer des gens qui connaissent votre voisin adèlois, Maurice, votre sœur, Nicole, au Club Épic à Rosemont. Un rimouskois qui est ami avec Raymonde L. une voisine « qui va rédiger un livre sur sa vie ». Ah ! Savais pas ça ! Le Québec tissé serré, toujours.
Assis avec moi pour Les éditions Trois-Pistoles, Nicole Filion, sa troisième ponte, Rivière-le-gaspésien, un roman nouveau, Bertrand Leblanc, un livre tout neuf, le « Bouscotte » tome 3, le « boss » Victor viendra demain seulement me dit Julie sa fille dévouée , habile pour le seconder, son papa barbu si pris dans ses projets de télé, Léandre Bergeron avec sa saga familiale si singulière, Côté, « le Chapleau » du « Soleil » avec un bel album…D’autres. Tassons-nous ! Fessier conte fessier. Entrevue publique avec une jeune reporter très blondie sur ;a scène « Hydro-Québec », commanditaire important du Salon. Je m’enflamme soudain, suite à une question, et je fustige les « racistes invertis ». Applaudissements frénétiques dans la salle. Me voir transformé soudain en tribun politique ! Moi en député farouche… vieux songe de jadis, je me calme.
3-
Le soir de ce vendredi, même manège. Photographe du journal régional me croque, cherche des « photos de groupe » à faire. Me colle avec Claire Caron et Lester. Mon journal se vend mieux —Côté a des fervents en masse, lui aussi— que les autres pondeurs du kiosque. Une certaine gêne chaque fois. C’est très embarrassant. En fin de compte pour une vingtaine « d’acheteux », plein de vaines rencontres pourtant bien chaudes.
J’y vais toujours à reculons à ces salons et j’en sors toujours le cœur guilleret, justement à cause de ces jasettes avec des personnes aux anecdotes fleuries. Je fume en cachette dans mon coin de kiosque. Hon ! Dans le hall, découverte d’un jeune barbouilleur surdoué, Masson. Vraiment un frère en aquarelles baveuses, torchées si spontanément. Je l’encourage. Le jeune homme tout content de mon enthousiasme me fera un min-cadeau signé. Bavardages au souper avec Norman Lester (« Le livre noir du Canada »), avec Marcel Brouillard (un formidable livre de chansons ultra-populaires ). Monique Proulx (« Le coeur est un muscle… ») et moi nous croisons, salutations bien brèves. Gaétan Soucy (« Music-Hall ») arrive demain. En avion ! Lester est venu, lui, en train à couchette comme Brouillard. C’est plus cher tout cela que le simple bus que j’ai pris. Éditeurs plus riches ?
Aux repas, le midi ou le soir, au joli restaurant de cet hôtel, occasions de regroupement. La « bande à Vic » et d’autres. Farces, piques, horions parfois. Un gheto. Il neige fort. On reste, tous, comme enfermés dans le complexe, le Salon est dans une salle de l’hôtel. Ghetto consenti. Merde, ai oublié d’apporter un maillot, belle et vaste piscine. Samedi matin, on vient me chercher (chauffeur bénévole) : charmante entrevue à la radio de la SRC-Rimouski. En après-midi, samedi, interview avec Jean Fugère dans l’espace central. On rigole bien. Avec le temps, Fugère est devenu plus léger, semble adopter un mode plus fantaisiste en fidèle questionneur des « gens de lettres ». Il y excelle.
4-
Vendredi soir, après kiosque, au bar, jeu de bingo ! Du bon porto du Portugal à gagner, en belles bouteilles. Victor est arrivé, surveille ses deux cartes de bingo, boit du jus de tomate, du jus d’orange, un Duplessis dégrisé à jamais ! Je lui ai bien dit ma joie du joli bouquin pondu par sa maison pour ce « À coeur de jour ». Joue le pap-boss satisfait, content, content. Le tome deux du journal (de avril à juillet 2002) …pour après janvier 2003. Bien. Samedi soir, même bar de l’hôtel, récital modeste avec de jeunes poètes de la région. « Ces visages de vieux qu s’effritent.. » Og ! À la fin, je fonce vers la table de ce jeune Villon : « C’est quoi ça, vos « vieux qui s’effritent, jeune homme ? » Il rit un peu jaune. Je songeais à nous, jeunes veaux, à « colliers de barbe » jeunes, en 1950, cherchant partout des oreilles pour écouter nos poésies de révoltés. J’étais ému de constater que cela dure toujours cette vague hargne contre les « assis ».
Dimanche matin, Fugère questionne maintenant Monique Proulx qui répond toujours sans vraiment répondre. Camouflage ? Pudeur ? Noyade en propos incertains. Prudence ? Gaétan Soucy après des confidences brèves sur sa jeunesse dans Hochelaga (lire son bon « L’immaculée Conception ») décide de démonter sa machine à rédiger, ses outils de travail et c’est alors un confus discours —bizarre— de mathématicien, de quasi-physicien. Jeune, il songeait à foncer dans ce monde concret à hauts calculs réalistes ! Sa démonstration — avec paraboliques et parallaxes— ne nous dit pas la vérité sur sa manière de composer un roman. Vanité ? Pudeur lui aussi ? Quant vient le tour de Lester, c’est clair et net. Sa démonstration bien archivée des leaders « Canadians » fourbes, menteurs et francophobes laisse fort silencieux son petit public rimousquois (rimouskain ?). Lester annonce un tome 2 pour très bientôt et dira qu’il a ramassé tant de matière (explosive) sur les hypocrisies des Canadians, qu’il fera même un tome 3. J’ai hâte de les lire cr ce premier tome est renversant d’informations historiques, vérifiées, tues, cachées —pendant que les salauds de Richler, Délisle, Francis et autres diffamateurs des nôtres (tous des racistes et des fascistes !) distillaient ces venins à tort et à travers.
Découvrant, à Radio-Canada, que Sheila C. payait pour les mensonges fédéraux (« Minutes du Patrimoine » de Scully), les dirigeants inquiets lui ordonnaient de se taire et l’expédiaient aux voix hors-champ en week-end. Lester a trouvé de l’embauche chez TVA, claquant la porte aux pleutres fédérats.
5-
J’écoutais, fasciné, tous ces auteurs qui causaient brillamment à Rimouski pour 50 auditeurs, et je me disais qu’il était regrettable de ne pas les entendre aux grands médias de la Métropole. Hélas. Aucun reporter affecté pour mettre sur rubans divers les propos divulgués. Rien ! Une anglophone, bouleversée, se levait à la fin, alla au micro, tenta de protester face à un Lester fort amusé. J’allai l’embrasser lui disant : « Demandez pardon, on vous l’accordera, les papistes sont forts en pardon ces temps-ci ! » Fugère éclatait en rires : « Je pensais jamais voir ça, il a embrassé une anglophone » ! Grande rigolade dans la salle.
Dimanche après-midi, taxi pour mon bus. Arrêt encore à Lévis pour souper à 17 h. Grrr….Soupe, sandwich. Mn vis à vis a des allures de jésuite intellectuel. J’engage la conversation. Sur Rimouski. Sur le Salon du livre. Lui : « Seriez-vous un frère enseignant par hasard » ? Ma surprise et je lui dis : « Non, pourquoi « frère » » ? « Pour rien » et il fixe ma chemise et ma cravate… noires. Là-bas, rencontre d’un ex-de la SRC, Gilbert F. Veuf depuis peu, il élevait des ..lamas ! « Sont à vendre mais il y a pas d’acheteur ». J’en ai parlé à Bergeron de Rouyn qui joue le paysan-fermier. Gilbert F. veut revenir à Montréal « Je suis si seul, mes enfants sont là ». Ainsi, à Lévis, mon « jésuite » qui est un homme simple, qui parle « habitant » vigoureusement, est un autre veuf qui a ses enfants à Québec et qui se sent seul. En régions, les « vieux » sont sans ces enfants instruits, exilés dans les grandes villes.
Quand la noirceur tombe, je fais de la lumière au-dessus de mon siège pour continuer avec mon livre ou un magazine. La seule lumière de tout le véhicule, à l’aller comme au retour. Personne ne lit donc plus ?
6-
Aile doit être là au terminus, rue Berri. Pas d’Aile ! J’attends dehors. Froid. Je met ma tuque de laine noire. La haute grue à deux paliers de la future Grande biblio forme sa haute croix, bien immobile, c’est dimanche, dans le ciel noirci. Trente minutes passent. Pas d’aile en chaleur. J’ai mis ma lourde sacoche de cuir entre des traces de vomi et de pisse. Plein de silhouettes vont et viennent. Allures misérables des voyageurs du Métro et du terminus. Des quêteurs quêtent. Des vagabonds rôdent. Des bommes échangent discrètement des…marchandises invisibles, louches. La police passe. Repasse. Le haut clocher de l’Uquam veille sur cette lie.
Voilà soixante minutes à me lasser d’examiner les passants, à observer cette faune voyageuse. À guetter Aile. Rien. Un accident ? Je songe à un hôpital, à une voiture dans une fourrière, toute écrapoutillée. Anxiété. Téléphoner chez me enfants ? Savoir…apprendre l’horrible…Je fais enfin ce que j’aurais dû faire en débarquant. Téléphone. Sa voix. J’enrage : « Merde ! Que fais-tu ? Je t’attends rue Berri depuis plus d’une heure ? » Aile : « Tu devais me téléphoner en arrivant ». Je fulmine. J’aime mieux ne pas raconter ma colère quand, enfin, elle s’amène. Mes injures. La bouderie féroce arrivé chez moi. Aile chavirée. Insultée par mes attaques verbales.
Ma honte le lendemain. Mes excuses. Je veux oublier ma crise de nerfs de la veille. Un lundi bien triste à tenter de me faire pardonner. Quand j’irai vers le duo Houde-Bertrand de T.L.M. pour faire mon topo sur « les vieux si seuls », le beau temps est revenu à la maison, Dieu merci. À midi, Aile est venue me retrouver à Radio-Canada. Rencontre avec sa fiducière-conseillère —que j’adopte— en « Reers » et « Feers. (pour moi) dans un bureau de la banque Desjardins de la SRC. N’étant pas des consuméristes, le couple a pas mal de fric à placer mais nous expliquons à la jolie « courtière en placements » que notre « seuil de tolérance aux risques » est bien faible. Miss Caron sourit et nous conseillera fortement de nous dénicher un notaire et faire nos testaments. Brrr…je déteste songer à ma mort. Aile aussi. Davantage que moi. « Le fisc prendra sa très grosse part à la mort de l’un des deux, nous prévient-elle, il faut « testamenter » et vite » ! On y verra.
7-
Maintenant, se rapproche le vaste Salon du livre de Montréal, Place Bonaventure. À Rimouski, merveille, une cinquantaine de kiosques, ici, 280…Ouash ! Brrr…
Vu hier soir, le docu sur le bonheur du fils Bombardier. Décevant. Aile : « C’est insatisfaisant, trop court chaque fois, on reste sur notre faim… » D’accord avec elle. Les interviewés défilent trop rapidement. Le jeune réalisateur, Guillaume Bombardier s’en donne à coeur joie, incessants effets infographiques, caméra sophistiquée, belles images qui ont pas « rap »… La mode des clips quoi ! C’est de son âge ? Les 36 interruptions commerciales, —aux mêmes effets de clips— semblent devenir la vraie matière d’une telle émission. Écoeurant ! Abrutissant. Assommant avec pubs de chars, de pneus quand —ironie— le présentateur Alain Gravel, en début proclamait « qu’il était imbécile de chercher le bonheur en reluquant des chars neufs » !
Mercredi dernier, chez Labrèche, un Grégory Charles brillant, si drôle quand il cause —la langue dans la joue— maladies, corps physique. Du talent ! Chez Lipton, l’acteur Gabriel Byrne (« Miller’s crossing », « Unusual suspect »), exilé d’Irlande, se racontait avec grand talent. Quelle bonne série à « portraits » que ce « Inside Actors’ studio ».
8-
Lundi soir, bouffe à bonnes pâtes à la « Spaghattata » rue Laurier, seul restau ouvert à cause de pannes électriques dans tout le secteur. Hier soir, bouffe de juteuses bavettes chez « Mamie nature », ici, rue Valiquette. Au retour le Bombardier à bonheur et, paf !, pas de « Duceppe » sur magnéto…Patate ! Aile l’enregistreuse patentée du « home » enragée de son erreur. Rien sur le ruban, de la schnoutte ! Ma fille au téléphone pour nous inviter chez elle dimanche à fêter mon anniversaire. Repas du midi rue Chambord : « Duceppe raté ? Pas grave, ça va repasser dimanche ». Belle carte de souhaits Marielle, ma quasi-jumelle et lettre courte. Et des coupures de journaux. Tantôt Nicole : « C’est plate, on voulait vous inviter, tu vas donc chez ta fille et ton fils y sera, et tes cinq mousquetaires…c’est bien. Bon, on te fêtera plus tard ». Je lui ai dit ne pas trop estimer tout ce cérémonial des anniversaires. « Claude, t’es sauvage comme moi, on tient ça de notre sauvageon d’Édouard, notre père ».
L’autre soir, relisant un peu de mon journal édité (oh les coquilles maudites !), je tombe sur une entrée à propos de Cyrulik, et bang ! au « Point » de Bureau, Cyrulik en personne ! Le hasard existe-il ? Bon boulot de Bureau. Il jasait, tiens, sur le bonheur ! Ce Cyrulik : une lumière.
9-
Étonnant ce duel verbal très viril entre Martineau en inquisiteur et le Rozon de l’empire-du-rire. Ce dernier avouant jouer le « mac », le « pimp », l’entremetteur pour fournir Trenet (vivant !) en jeunes prostitués « commerciaux ». Les gazettes en feront des gorges chaudes avec raison. L’adjointe nouvelle de Gilbert-subventionné-Rozon, dame Cinar-escroqueries, se fait « pleumer » si férocement par un Martineau braqué que les directeurs de Télé-Québec reculeront quant cette « voleuse » les menacera, le lendemain, de poursuites judiciaires. L’émission sensationnelle n’aura donc aucune reprise. « Franc-tireurs » mis sous le boisseau !
Quel journaliste équipé va vérifier les chiffres de Rozon qui lui font dire : « Quoi ? Nous, nos festivals publics, très subventionnés avec un petit 10% ? C’est moins qu’aux USA : 25%, moins qu’en France : 40%, moins qu’en Angleterre : 55 % Martineau muet à ce moment. Est-ce la vraie vérité ?
10-
Vu encore « Le septième (art) » avant de m’en aller à Rim Ouski. Je dois y être bientôt à cette série, on va me dire quel film aller voir. Le gras Georges Privet connaît le métier. Mais cette animatrice, Catherine Perrin, (Aile l’aime bien, elle ), sèche, raide, rêche même, roffe, hautaine un tantinet, sévère d’allure, si « sérieuse », tendue plutôt, yeux creux, cadavérique parfois…On y a démoli « Le marais », le « Frida » Khalo, trop sucré, sauce « midinette ». On y a vu des images de la suite d’Arcand pour son « Déclin… ». Hâte de voir cela. Bedang sur le show-filmé, triste raté de cette Pol Pelletier-la-masochiste effrénée. Hâte aussi de voir Bourqet dans « Comment j’ai tué mon père ».
Chez l’ami Popaul Arcand, une ex-envoûté de Raël. Souriante, calme, elle a eu besoin d’un groupe exotique. « Il se dit le demi-frère de Jésus ». Il dit que Moïse, rencontré lors de son voyage extra-planète-terre, est le plus drôle des grands prophètes. L’ex-journaliste de sport sombre ans le ridicule avec un aplomb digne d’un déséquilibré conscient. S’enrichit. « On donne 10 % de nos revenus ». Comme à l’OTS ? Il aurait un harem. De très jeunes filles. En France les accusations de « subornation de mineures » pleuvaient sur le devenu Québécois. Le fisc le guette aussi. Un fumiste étonnant. Quelle paix trouve-t-il à Valcour, au Québec ? Nos agents gouvernementaux en cette matière sont-ils plus mous ? Il y aurait une organisation vraiment internationale ! L’ex-victime parle à Arcand d’un délire ! Arcand s’en pourléchait les babines. « On y joue beaucoup avec des jeux vidéos », dit la déprogrammée. Existences hors du réel quoi ! Non mais quel habile rastaquouère pour les âmes en mal de groupes sociaux désaxés. « Il joue le Dieu, un mythe vivant et c’est là que j’ai décroché », dit l’ancienne folle abusée.
11-
Gilbert Sicotte fait une narration lourdement appuyée, comiquement sur-dramatisée à la série « La boîte noire »… où l’on repasse, où l’on remâche de vieux documents d’archives. Redondance niaise. Le fameux 24 juin 1968 du Trudeau, « fier pet », bravant les émeutiers : du vu et revu ! Le retraité reporter, Gabriel Drouin, témoin oculaire, a livré des propos mesurés et n’a pas vraiment fustigé la censure honteuse, scandaleuse, des patrons d’alors à Radio-Canada qui refusait à ses reporter (dont De Virieux) de révéler l’événement…historique. Auto-censure idiote par frousse de celui qui était en élections actives et qui les menacera plus tard de « mettre la clé dans le réseau français de Radio-Canada ». Toujours étonnantes (vues et revues) ces images sur le pape tiré à bout portant et qui écoutera, plus tard, les confidences de son assassin (raté) en prison, en Turquie !
Très bon papier dans « Voir » pour analyser le dernier jeu de société de mon fils, Daniel, « Top secret ». Si content pour lui. Il y travaille si fort.
12-
Neil Bissoondath, exilé à Québec pour bonne raison d’amour, eut le courage de condamner le multicul de Pet. Il a crié sa peur des ghettos entretenus sciemment par Ottawa et qui nuit à l’intégration normale. J’applaudissais dans le temps. Maintenant, il publie un nouveau livre (qui est traduit de l’anglais) « Un baume pour le cœur » où il raconte un vieillard anglo uniligue de Montréal, achevant sa vie et se questionnant. Neil jase sur…les deux solitudes. Aveugle ou quoi ce Bissoondathe, il ne pipe mot (dans « Voir) sur le racisme totale de ces anglos d’ici qui ne parlaient pas un seul mot de français au milieu de 82 % de francophones. Lâcheté ? Prudence sotte ? Je suis si déçu de constater que N. B. fait de grands détours pour éviter cette question. Il veut quoi, la paix des hypocrites, la bonne entente de surface ?
Ou bien, comme tant d’autres néos-québécois, il préfère se boucher les yeux sur la question. Son vieil héros, Alistair Mackenzie, a un voisin, M. Tremblay, qu’il ignore complètement et le Neil de dire : « Ça m’a toujours étonné cette séparation entre deux communautés… »
Le coco ! Il y a, il y avait qu’une minorité vaniteuse, dominatrice, raciste, refusait de s’intégrer, méprisait la majorité.Faut-il lui faire un dessin ? Le racisme anglo d’ici, c’est cela. Point à la ligne. Aucun étonnement à y avoir alors sur cette « séparation », cher talentueux Neil ! Ce prof de littérature à Laval, à Québec, rédige en anglas mais nous menace : « Si un jour mon héros —en gestation— me dit « bonjour » au lieu de « good day », j’écrirai mon livre en français ! Promesses, promesses ?
13-
De quoi j’ai l’air quand je dis que Gabrielle Roy fut, jeune aspirant écrivain, mon inspiratrice ? Ou Yves Thériault. Ça fait pas « seurieux » de nos jours. Je lis, et c’est fréquent, les sources d’inspiration des nouveaux auteurs québécois. Pas un seul d’ici. Une sorte de snobisme ? On s’efforce de ne citer aucun écrivain québécois. Une sorte de racisme ? Exemple : Élyse Trurcotte (chez Leméac). Lisez sa liste actuelle d’inspirateurs :Clarice Lispector, Hildegarde de Bingen, Goran Tunstrom, Michael Cunninham et Toni Morrison. Pas de commentaires autres.
Rencontré à Rimouski un jeune femme, Marie X, qui prépare une thèse sur mes écrits. Sosie de Christine Brouillette. Des yeux brillants. Une intelligence qui m’a effrayé. Des notes cocasses. Une lecture fort perspicace. Elle m’a sorti des trucs sur mes ouvrages… à terre le bonhomme ! Hâte de lire sa thèse. Je lis que des psys voient des choses terribles en fouillant les entrailles des livres « Harry Potter ». Pédophilie…nazisme ! Diable ! La crainte de me voir un jour ausculter de cette manière freudienne ! Inconsciemment, quelles tares est-ce que je cache ! Seigneur, éloignez de moi ces analysants analysateurs !
Le gras étatsunien Gore Vidal, exilé en Italie pour ses vieux jours (77 ans) lance des flèches raides anti-Usa, selon Nicolas Trépanier.

1- W. Bush aurait « délibérément » ignoré les avertissements d’Al-Qaïda et de Ben Laden. 2- Il y avait longtemps qu’il voulait envahir l’Afghanistan, cherchant un prétexte, il l’a eu avec ce 11 septembre.
2- On a refusé la procédure normale automatique lors de détournement d’avion ce 11 septembre. L’on aurait abattu immédiatement ces avions détournés. Il y a eu refus d’agir. Pourquoi ? 4- Si incompétence il y a eu, il n’y a pas eu réprimandes à la grandeur de cette incompétence. Bush a même exigé qu’on mette fin à l’enquête sur cette incompétence. Pourquoi donc ? Vidal en Oliver Stone ? À suivre ?

14-
J’ai vu les annonces de jolis condos dans le stationnement de Radio-Canada mardi matin. Stupeur. Des organismes veulent plutôt des logements sociaux pour les citoyens du secteur. En effet, on a démoli les logis des pauvres en s’installant là en 1971. Tout un quartier ultra modeste (où vivait l’artiste Gladu, jeune, il en a fait un beau petit livre) fut sauvagement jeté par terre, cela de la rue Amherst à Papineau. Vaste quadrilatère qui fut effacé. Voilà donc une entreprise bizarre. Il y en a toujours que pour les bobos ! Les bourgeois bohémiens du monde des communications. Une honte.
Zut ! Maudit journal ! J’ai oublié d’aller marchander les leçons culinaires du jour, à l’École des jeunes chefs, rue Lesage. Aile devra cuisiner. Quand, à Rimouski, j’ai prévenu Victor-Lévis, l’éditeur d’ « À coeur de jour », que j’allais cesser sans doute, fin novembre, de tenir journal, il n’a rien dit. Pas un mot, le saligaud. Il m’a regardé. J’ai ajouté : « tu comprends, c’est difficile, les notes partout, l’impression de ne pas vivre vraiment librement, la sensation d’être lié, accroché… » Il m’écoutais attentivement sans un mot toujours. Et puis, voyant que je ne disais plus rien là-dessus, il est passé à un autre sujet de conversation. Bin…
Paul Trudeau, m’expédie un… « mel » (adieu joli mot « courriel » !) : il est allé à Grasset lui aussi. Deux frères : en maths au collège, il y fut un gros zéro, comme moi. Un prof incapable puisqu’à l’université Trudeau y fit florès…en maths, plus tard. Il blâme donc ces Messieurs de Saint-Sulpice de n’avoir pas engager des compétences. Il me fait du bien. Ce prof Maheu à moi, mes notes catastrophiques……quoi ? peut-être un incapable, peut-être que j’étais pas si borné, si bouché en maths ! Eh !
Aile me prévient, elle sort pelleter toute cette neige précoce sur la longue galerie aux cèdres. Je ne dis rien. Il faut de l’exercice pour se maintenir en santé, pas vrai ? Et les femmes sont dorénavant nos égales, non ? J’ai acheté, au terminus des bus, un Nouvel Ob spécial avec plein de pages sur Nietsche et ses écrits philosophiques. Je descend le lire avant souper.

Sharing Buttons by Linksku