août 032012
 

 

 

« Ah vous! On vous entend plus gueuler. Terminées le polémiste ? » Ça m’arrive de telles rencontres car on s’étonne de me lire, ici, gentil et affable. Chantre béat de la nature laurentidienne. Il y a eu d’abord cette relative surdité qui m’a frappé il y a une dizaine d’années, forcément, ce sera la fin des invitations en médias de « M’sieur-grande-gueule ».

Il y a eu aussi —ô vieillir— la découverte du bon statut de « sage » (relatif cela). Arrivé à un certain âge, les grands combats, les farouches luttes se relativisent —c’est le mot clé. En vieillissant une personne un peu équilibrée se rend bien compte de la vanité de maintes querelles; du côté « éternel retour » oui, cher Frederich Nietzsche !

Alors, oui, plaisir fécond nouveau chez l’ex-batailleur, la découverte de petites joies bienveillantes, ressourçantes stimulantes aussi. Oui, oui, ce bon bonheur bien vrai de chanter —en chroniques paisibles— les beautés, modestes ou grandioses, de la p’tite vie ordinaire : la nature, les petites gens, les us et coutumes de son entourage quotidien.

Jeunes gens qui manifestez —enragés noirs ou seulement scandalisés— bravo ! Sortez dans la rue et criez, dénoncez, enflammez-vous, c’est un signe de vraie jeunesse, de bonne santé civique. Ne lisez pas ceci : vous aurez 80 ans un jour et vous sourirez de vos emportements. Sans les renier. Une vie comporte des moments, des stades, des tempos mais malheur aux jeunes gens amorphes, indolents, jamais inspirés, jamais fouettés, jamais emportés le moindrement, jamais révoltés, ils auront une fin de vie à la mesure de leur triste désintéressement; ils feront « de vieilles âmes » tristes, mornes, vivant « leurs vieux jours » dans une sorte de limbes, de vie plate, d’existence incolore. Le salaire, la pension des mous !

Le bonhomme Charest a donc osé « jouer aux cartes » en plein été et voilà la nuée des vains commentateurs en liesse.

Ouash !, la redondance effroyable. RDI et LCN, une vraie farce plate où l’on répète jusqu’ à la nausée le moindre pet lâché, le moindre rot, la moindre grimace, le moindre petit mouvement. Quelle pitié. Les citoyens, pas fous, constatent ce vide, ce faux remuement.

La vie actuelle par ici, en pays développés, partout en occident, est une affaire d’administration. Adieu idéologies ! Adieu idées neuves. Une simple affaire de budget, d’impôts et de taxes à contrôler ou non. La nation offerte aux comptables, et, pour colorer le tableau, avec des petits cris, de soudaines accusations, un mot de travers… Mais pas de place pour les idées, alors le socialiste Québec-Solidaire semble obsolète, hors circuit et sympa. Les Libéraux de Québec, empêtrés de corruption, promettent calme et développement, c’est tout entendu. La CAQ de l’ex-péquiste et entrepreneur Legault fait voir « les deux pieds sur terre » et je voterais bien pour eux mais, rien à faire, un vieil indépendantiste comme bibi va chez Marois ou chez le petit nouveau. Une cause est sacrée. Mais le reste c’est la niaise foire. Criailleries qui me dérangent, cirque ennuyeux.

Vite, le 4 septembre, Seigneur ! Comptez-vous les « administrateurs » et la paix ! Silence, j’ai mes livres à lire (et à écrire), moi, mes bons films à visionner (Télé-Québec et ARTV). Mes petits bonheurs : oiseaux fous, fleurs folles, canards, tous nos vifs nageurs sillonnant le lac de bord en bord en combinaison noires, vrais Spidermen, Batmen ! En ce moment, on roule, rentrant —rituel annuel— du si bel Atlantique en Maine, j’avais l’ennui de mon village me taraudait.

juin 262012
 

Je passe le temps parfois tout souriant de voir ce joli ballet des feuillages des érables, des bouleaux. Ça tremble si joyeusement sous le vent de juin.
J’éprouve ces temps-ci, un vague sentiment d’angoisse. Il me   taraude. Serait-ce la satanée « camarde » ? La mort ? Celle des vielles gravures, maigre sorcière dans de longs oripeaux noirs, avec sa face de crâne, la faux à la main ?
Quoi me hante ? Rien de précis, une impression, un sentiment d’être espionné, suivi, guetté mais est-ce vraiment elle ?,  la mort, la camargue ?
La camarde, mais, maudite marde, je veux pas m’en aller du monde, moi. Pas avant cent ans. On a aucun contrôle là-dessus, hélas. Je la sens depuis des mois qui rôde, discrète, maligne, jouant l’innocente. Oui, quelqu’un est entré chez moi, une ombre, une silhouette floue, un soir c’est un point aux côtés, un matin, une douleur discrète au cœur ou à l’estomac, une petite vrille, des picotements, une fausse nausée, il y a peu. Brève. Le salaud ricaneur me suit donc partout, me toise, me jauge, me nargue.
Je ne sais plus si c’est « il » ou bien « elle » ! Il n’y a eu aucune invitation de ma part, je vous jure, mais vous verrez, jeunes gens, un bon jour, un mauvais jour, vous sentez soudain ce rôdeur qui marche dans vos pas, qui vous suit, qui vous colle au cul. Ouste !, déguerpis ! Sale fantôme ! La bête informe, gélatine infâme, s’allonge sur votre divan ! S’asseoit dans votre fauteuil pour de la télé. Mais qui c’est ce sombre ombrage ?
On ne sait pas, comme dans la chanson de Michel Rivard : « il se tient partout…il se tient partout » ! Rivard nous recommandait la méfiance du « Grand Amour » dont on ne sait ni son nom, ni son âge…dans des habits trop grands pour lui… »
Je devrais donc me méfier de cet imposteur qui m’invite à ralentir, à me procurer une canne, ses menaces vagues, en bon samaritain, le salaud d’hypocrite. Cette douleur dans la jambe droite, ce mal aux reins soudain, ce dos qui se déploie bien mal, le « goût » qui s’atrophie, « l’ouie » plus « dure » que jamais et mes yeux sous méchante pression…
Vieillir mes amis, ouash ! Je chasserai ce maudit co-loc indésirable, vrai démon. «  Lâche prise, papi, relaxe, repos, cesse donc de t’exciter avec tout tes projets…» Sages conseils de ceux qui vous aiment, oui,  mais agacement chez moi : « Quoi donc, ma vie active déjà terminée ? Devras-je fermer mon « magasin-aux-illusions », ma petite boutique qui m’a tenu en vie jusqu’ici ? Ceux qui m’aiment ont-ils aperçu la rôdeuse camargue ? Par ma démarche plus fragile ? Je me heurte plus souvent à tout ce qui est sur mon chemin ! Mes pas, hésitants, prudents, sont calculés désormais. Est-ce la fatale reconnaissance du : « tout s’achève ». C’est qu’il y a encore des images qui me poussent…À écrire. À dessiner. À modeler. Oui, fou reste d’énergie qui m’invite à rêver : d’une pièce de théâtre, d’un scénario de film, d’une série de tableaux géants ou de sculptures pour la piste piétonnière. D’une radio aux derniers aveux francs ou d’une télé en forme de miroirs cassés, quoi encore ? Non. Me retenir et me camer, ne plus qu’admirer le vent de juin qui fait danser les feuilles. La beauté simple. Sois sage oh ma-vie-des-années-qui0fuient ! Une décennie, désormais, me semble un bref écoulement de temps. « Tout s’en va », vrai ça, Léo Ferré ?

juin 112012
 

 

 

J’ai beaucoup et souvent jasé sur mes petites bêtes (marmotte et cie). Voici le temps des mini-mini animaux. Invasion malheureuse de mouches noires et heureuse de frétillantes libellules minimalistes, de jolis papillons bien énervés et d’abeilles. J’en vois, là, par centaines dans mon mahonia, un arbuste fruitier à feuilles aux corrugations prononcées. Monde lilliputien si vivant. Même monde vendredi dernier rue Sherbrooke, à Notre Dame. Ça grouille. Usine aux pavillons remplis de malades et de soignés ! Fourmillante machine qui fait peur et moi, civière en corridor, en jaquette bleue trouée, qui attend mon tour pour éliminer des cataractes —ô Niagara ! Vraie fourmilière, Notre Dame s’excite. Ça circule autour de ma couchette. Malades, médecins, ces « préposés » de bas et de haut rang, gradés discrets ou à torses bombés. À une passante courbée : «  Oh, madame je suis là depuis deux ans à poireauter ! » » Léger arrêt et regard affolé mais elle passe son chemin. Un bossu usé passe et, jouant le moribond, j’en rajoute : « M’sieur, m’sieur, ça fait 18 ans que j’attends dans ce corridor, on m’a trouvé au 3 ième sous-sol ! » Il me dévisage, hésite à rétorquer et il fuit —hagard comme Lucien Bouchard à Sagard-sur-Luxe, en Charlevoix.

Bon, maintenant n’allez pas croire que le « vieux (moi) qui a vu les séances d’Ovila Légaré et les films de cowboy en noir et blanc au sous-sol de l’Église Sainte Cécile, ignore l’actuel cinéma à effets électroniques. Non, non, j’ai vu et apprécié au cinéma Pine, « Men in Black », troisième mouture, avec Jones et Smih, ce jeune nègre épatant, si vif, si efficace, si surdoué.

Vous êtes là, assis tranquille rue Morin, et surgit Boris l’Animal.

Un motard super-hell’s-angel. Ce mastodonte aux lunettes engoncées dans les orbites, aux bras « gros comme des troncs d’arbre » (je te le dis Raoul Duguay), n’a qu’à ouvrir sa paume pour en faire surgir et s,Envoler un horrible crustacé aux lancettes empoisonnées, Ah oui, allez voir ça, c’est hallucinant, tout comme est renversant ce grouillant resto chinois où des humanoïdes d’un grotesque épeurant se font décapiter. On est loin des mélos d’Ovila, loin des méchants apaches cernant des caravanes bâchées du temps des « petites vues » des révérends frères.

Quel plaisir ! J’aime tant ces truquages inouïs ! Le vieux « in black » Jones y est, revenu et revenant, toujours blasé, l’adjoint dévoué (Smith, en Noir agile) veut le sauver. Un bizarre « ti-coune », sosie de Brière, tuque des Andes sur son crâne évidé, oui, en creux ( sans cerveau), un bonasse qui offre son dévouement. Elfe asexuée venu de planètes-aux-anneaux ? Vous voici soudain, exilé loin de la rue Morin, au coeur même de Manhattan et juché sur le Chrysler Building ! C’est vrai, réel, hallucinant. Plongée du gratte-ciel avec un appareil rétrogradeur. Alors, vous voilà en 1969. A Cap Canaveral. Une fusée va décoller et l’horrible Boris, « The Animal », rôde, être machiavélique. Je vous jure que vous serez au bord de l’Atlantique ! La reconstitution scénographique est mieux que parfaite. On en reste ébahi ! Je vous raconte ce « Men in black », tome trois, pour vous dire qu’on peut voir 81 ans et être absolument épaté par les prodiges d’une cinématographie à truquages. Allez-y voir.

mai 212012
 


Une corneille immense rôde sans cesse autour de notre maison. Un sombre présage ? Coups d’ombre si proches de nos caboches. L’oiseau de charbon guette quelles proies ? Des nids de mésanges dans nos cèdres, des petits pics dans nos sapins ? Tellement mieux appréciée, cette demi-centaine — oui, oui— de canards aux parcours capricieux. En « va-et- viens » mystérieux au milieu du lac Rond par ce dimanche à la juillet. Et, même jour, contournant quais, chaloupes et pédalos, un noble couple « aux reflets d’argent », oui, M. Trenet. Lui, fier canard aux atours royaux, elle, plus modeste et qui le suit ou, soudain, le précède. Idyllique vision d’un couple endimanché.

Revenu de voyage, le vieux cocu jaloux —dans « L’école des femmes » de Molière— questionnait sa très jeune fiancée. Elle réplique : «  Quoi de neuf ? Le petit chat est mort ». Rue Morin, une vieille dame (de mon âge quoi) me questionne :

« M’sieur, le petit chat noir est mort, les voitures lui passaient dessus, j’ai rangé sa dépouille près du caniveau, savez-vous à qui il appartenait ? » Je ne savais pas. Mais j’ai souvent contourner ce beau p’tit minou sans instinct aucun hélas ! Vie trépidante à sainte Adèle, hein ? Un peu moins que dans la métropole où (des adultes !) la police des Libéraux (Tremblay-Charest) est payé « temps-double » pour fesser, gazer, matraquer la jeunesse étudiante et certes illusionnée. Ces « hommes-faits » foncent maintenant sur les terrasses des restos, grosses poivrières en main ! La barbarie en 2012 !

Parlons culture tiens. Trois femmes d’exception, trois actrices, au « Rideau Vert », au « Go » et ici, au « Pine » (loin des « batteurs d’enfants ». J’ai vu un trio de talents féminins époustouflant en la même semaine. (1) Geneviève Charest dans « Une vie…normale », torturée de psychose vu la mort précoce de son fils. Qui marchera (en d’envoûtantes chansons, Yorkey et Kitt) vers sa fatale…lobotomie. Ne ratez pas cette « comédie tragique » d’une vitalité musicale entraînante. Y a-t-il un seul temps mort ? Non. Mise en scène de « la » surdouée Filiatrault ! (2) Trop tard (des reprises un jour ?) pour voir jouer Violette Chauveau dans « Une vie pour deux. » Violette Chauveau dans son monologue de la fin, haletant, comme « expiré » (à la lettre) montre du génie et je pèse le mot. Enfin, (3) ici, en bas de la côte, pathétique débat d’une jeune épouse au mari soudain «  travesti » ! Ce jeune transsexuel est joué à la perfection. Dans «  Laurence anyways », Suzanne Clément s’empare de sa poseuse gesticulante névrosée « Sophie Paquin » (célèbre série télé) pour en extraire cette femme bafouée en détresse totale souvent face au singulier destin de son couple rompu. Troisième film du jeune Dolan, vous verrez un stimulant (un peu trop long) essai. De nombreuses éblouissantes séquences, pas moins fantastiques que les meilleures du regretté Michel-Angelo Fellini.

Je termine en riant : une vieille (comme moi) résidente dans la « Collins » du boulevard Gouin-est, souffrant de maux de ventre, guérie, expliquera aux siens : « C’est à cause de l’hippopotame dans Rivière des Prairies ». Stupeur de tous ! Hein, quoi ? Elle va partout annonçant le phénomène inusité, jusqu’à temps que les parents apprennent qu’on lui aurait dit : « Vos maux c’est à cause de « l’eau pas potable » dans Rivières de Prairies. » L’eau pas potable » alias : « lhip-po-po-tame. » Souriez.

 

 

mai 042012
 

 

Devoir aller chez madame Gauthier, notre couturière du bas de la côte. Chaque fois m’y retrouver comme en 1940, rue Chateaubriand, chez la modiste de maman. Même pelote d’aiguilles, même ruban à mesurer et la craie de plâtre ou du savon. C’est aussi cela vivre dans un village (et en certaines banlieues sans doute). Il reste donc de ces artisans précieux. Comme du temps du cher bonhomme Théoret quand il me conseillait —taquinant son citadin— un outil de jardinage, une trappe à souris praticable.

Tenez ce si léger pantalon de lin frotté, c’est ma Raymonde qui l’a déniché, un jeudi gris dans une boutique du bord du si beau grand lac. À Sainte Agathe. Elle y a découvert aussi une chemise, pas moins légère et d’un lin blanc aveuglant. Que l’été vienne ! Ces petits magasins dans nos collines… Rien à voir avec les gros temples bourrés des gros centres commerciaux. Vivre par ici, c’est vivre en se privant de certains avantages. Pour nous, par exemple, de certains films étrangers comme ceux du Beaubien ou de l’Ex-Centris. De nouveautés excitantes chez le librairie expert. D’expos audacieuses. De mets ultra-exotiqes en certains bistrots. Ou de spectacles pour amateurs initiés, séances sophistiquées passant comme comètes. Mais bon, rien n’est parfait, ni aucun lieu.

Le beau mois de mai nous est arrivé. Enfin de vrais jours chauds ? Les étudiants refusaient l’instruction-à-vendre, criaient que  « Sinstruire ne doit pas être un privilège ». Vrai. Et, en effet, « apprendre » n’a rien d’une marchandise. Songeons aux générations de nos ancêtres analphabètes aux rives du Saint-Laurent, un temps pas complètement mort ? Ces gras recteurs d’université comme ces chics diplômés de Polytechnique sans aucune morale, et tous ces constructeurs, avec ces politiciens à « enveloppes brunes » —Premier-Charest en tête— tous qui bavaient sur les jeunes marcheurs en se vautrant en boue-corruptions. Facal jouant le chacal et son Lucien Bouchard, gazé shisteur, prétentieux lecteur de Proust, se livrant « pieds-mains-âme liés»— à la marchandisation de la vie. «J’ai déjà donné », dit Lucien !

Ici, en calmes collines si loin des vitrines pétées, c’est l’existence tranquille, ne voir que des lueurs de jeunes écoeurés sur la vitre du téléviseur. Un matin, j’observe M. Taillon du « Calumet » me faisant voir son assortiment de cigares « interdits aux USA, cubains donc. Je lui achète des magazines. « La France sortant d’élections ». Dehors, un bazou se stationne tout croche et en sort une jeune femme déjà bien ridée. Honteuse, elle trotte au Café-bar voisin du « Calumet »pour y avaler le poison Poker-Vidéo installé par l’État-bandit. Aller ensuite juste en face de la banque Desjardins, boul Ste-Adèle, faire laminer la grande photo de Daniel Jasmin, fils et inventeur de Jeux de société. Vaste local plein d’une jeunesse efficace. J’en profite pour des copies de « La fille numérotée », en manuscrit. Oui, c’est un scoop. J’ai dix-huit ans, j’y raconte mon école de céramique et ma première blonde. Une jolie juive de 17 ans échappée d’Auschwitz. Aussi « la bohème à Montréal », ma jeune vie comme laminée !

 

 

 

avr 232012
 

Le président futur de la France: « Je n’aime pas les riches ». On lit ça… comme médusé. On se dit : Est-ce que j’aime les riches ? Comment mettre tout le monde (des riches) dans un même sac. N’y aurait-il pas des riches aimables. Peut-on dire :  « Je n’aime pas les pauvres ! » Quel risque électoral prend « le socialiste » à proclamer sa haine des riches ? Aucun. Il y a peu de riches et beaucoup de pauvres. Un romantisme datant des « années dix huit cent » criait : les riches, tous des salauds exploiteurs ! Les foules aiment les images…simplistes. Il y a des riches travailleurs, entreprenants, audacieux, acharnés face au succès. Une réalité. Il y a, certes,  des riches chanceux, beaucoup sont né en milieux favorisés et profitent de ce hasard-destinée. C’est injuste ? Fatal ?
Dans un (piètre) documentaire sur « Les belles soeurs » de Tremblay, on a émis l’opinion que c’était un texte sur « la jalousie ». Très vrai. La belle-soeur chanceuse se fera voler ses bons-coupon par ses propres belles-sœurs. Avouons-le, ce je n’aime pas les riches signifie « je suis « jaloux » des riches. J’ai connu des riches merveilleux. Un exemple ? Un très haut fonctionnaire (d’Outremont) qui nous hébergeait, bande de jeunes aspirants-artistes, à son domaine du Lac Brome et qui se faisait volontiers le mentor naturaliste. Claude Mélançon. Un autre ?  M. Chagnon. Qui soutient de son argent (via la vente de Vidéotron à Quebecor) une immense fondation caritative.
La « chasse aux riches » s’avéra un échec et causa le malheur de nations entières martyrisés par despotisme et dictature. On sait la catastrophe de « l’égalitarisme imposé » en pays soviétisés (Chine comprise). Pékin bichonne « ses riches » désormais. Parlant des « Belles soeurs » montrées en 1968,  la caricaturale Madame Courval paraîtra aux québécois —le moindrement lucides— non plus la maudite snob méprisante mais la clairvoyante. En 2012, elle aurait bien raison d’avoir honte de notre parlure brouillonne, de nos accents invertébré et de nos bouches-molles. De notre jargon, argot de paresseux, baragouin pour primates, créole à charabia pour jeunesse molassonne. Charabia « jello ».
Déprimé le chroniqueur ? Non, j’entends des jeunes qui se corrigent, j’en ai croisé en trois endroits :

  1. parmi d’autres opérés comme moi (pour des cataractes),
  2. dans le public d’un film à l’humanité merveilleuse, que je vous recommande chaudement, « Les Intouchables » au cinéma Pine.
  3. au lumineux resto, le plus joli de nos parages, le Viva Vina,  de biais avec le centre commercial de Ste Adèle. Là où l’hôte (sosie de Guy Laliberté), est le petit-fils de notre toute première « Donalda », Nicole Germain. Sa mamie chérie dont il cause et jase sans charabia et avec une belle empathie.
mar 052012
 

 

 

Joie folle, enfant, que nos premiers films montrés au sous-sol de notre église. Quelle évasion ! Bonheur d’aaller à quinze ans, une première fois, au « vrai » cinéma du coin de ma rue, le Château.

Dans notre vaste région de collines, aucun cinéma à partir de Lafontaine, Saint Hyppolite…  Ni à Ste Agathe, ni à St-Sauveur ? Pas un seul grand écran. Rien. Ici, nous sommes chanceux, il y a Tom Farmanian, il y a ses salles de Sainte Adèle ! Quel bonheur pour les cinéphiles. Certes, Tom doit afficher les gros succès populaires. Il a ses frais, tant de factures et de taxes à payer mais, cinéphile lui-même, il offre aussi les meilleurs productions du moment.

Le cinéma Pine est une des bonnes raisons d’aimer vivre par ici. Remercions Tom —qui a été honoré avec justice récemment— son travail acharné nous permet, comme les citadins de la métropole du Québec, de voir le cinéma dont « on parle ». J’y ai vu « L’artiste », gadget très vide —en muet et en noir et blanc et je fais partie de cette minorité (sans doute !) qui a viscéralement détesté ce « navet » (selon notre couple). Mais les p’tits vieux du jury des Prix Oscars, eux, ont été flattés de cet hommage venant des frenchmen voulant saluer (sans scénario structuré) les pionniers d’Hollywood.

Dimanche, au lieu d’aller me balader sur le lac Rond au beau soleil, on a été voir vu le film iranien qui a battu « Monsieur Lazhard ». Je n’ai rien d’un chauvin (aller vérifier) : « La séparation » est un très long et très bavard et très ennuyeux face à face —bien film et bien joué cependant. Un paquet de fieffés menteurs empêtrés dans une querelle bien bête et qui n’en finit pas. L’impression que « La séparation » dure six heures !

Il n’en reste pas moins que malgré des déceptions,  et c’est fatal, nous avons la chance de voir les films « dont on parle ». C’est important. Chaque fois que nous descendons la Côte-Morin pour y aller, on a l’impression, de vacances, l’été, d’aller au ciné Ogunquit dans le Maine, ou en Floride jadis !

Hélas, on me dit que les jeunes visionnent sur le « tout petit » écran de leur ordinateur, connecté souvent au « petit écran » de leur télé, un cinéma, me dit-on, aux centaines de choix. Mais il n’y a rien d’aussi festif que de se rendre à une salle noire, se retrouver solitaires mais solidaires avec les autres. Non ? Hélas, comme la peinture, la musique qui se fait, où la littérature (je le sais trop !) et la danse donc, les créateurs sont méprisés par cette jeunesse rivée à l’ordi. Voilà une masturbation, oui, un onanisme via le web sur le net. On a dit que l’arrivée de la télévision (automne 1952) avait tué les artistes de variété, les cabarets, etc. On peut dire que la venue de l’ordinateur tue aussi. Pourquoi se priver de ces réunions humains où ça tousse, ça remue, ça s’émeut, ça grouille, ça mange du maïs ou de la réglisse, ça vit ensemble, c’est un grand tort. Ne grave erreur. Disons même une forme de déshumanisation —une de plus. De grâce, un effort villageois des alentours, allez au cinéma  Pine. Ceci n’est pas une pause « publicitaire », c’est un appel en faveur d’un minimum de vie grégaire, de vie humaine normale pour une existence un peu communautaire.

Tenez, allez vite voir « POLISSE », un vrai petit chef d’œuvre de madame Maïween qui est aussi excellente actrice dans son film. Un captivant récit sur des faits vécus dans Paris. Récits fascinants avec des jeunes gendarmes, tous excellents acteurs des deux sexes. Voyez une jeunesse vivante ! Merci Tom !

 

 

fév 282012
 

Je croise des gentils p’tits vieux (comme moi) qui sont scandalisés, atterrés même, par la mode actuelle de tatouage.

Des plus jeunes aussi (exemple : Sophie Durocher du J.de M. ) qui sont écoeurés face à ces hommes, souvent d’âge mûr, qui  affichent ces incrustations corporelles en vives couleurs.

Mon opinion ? Le plus souvent  j’en suis ravi. Eh oui ! On jurerais que trop  de gens oublient les furieuses condamnations du temps de leur jeunesse. Moi, je me souviens des cris d’horreur de mes parents au temps (1940-1950) où l’on écoutait —et on dansait— le boogie-woogie. Ce jazz infernal, une horreur pour nos « vieux » que cette musique dite de jitterbug et que nous aimions tant !

Évidemment, il y a des tatous de style « Hell’s Angels » mais, moi le fidèle baigneur de l’hôtel Excelsior, je vois aussi de jolis dessins en belles couleurs. Des tatous qui font voir d’esthétique «  entrelacs », rappelant les joliesses du « Modern Art », sauce 1900. Ou une tête de proue échevelée. Ou des images de fées mythiques au surréalisme complexe, ou des dragons chinois étonnants, des sirènes érotiques pour un des Ulysse contemporain. Bedonnant et quasi-chauves, le tatou rajeunit une silhouette. J’ai dit, ici, que cette volonté de « rester jeune » est humaine et n’est pas un péché. À L’Excelsior, je souris sous les feuilles de mon palétuvier en serre !  « De l’art sur la peau » et transportable ! Quand ces tatous sont dépourvus d’agressivité, ces étonnantes « gravures sur deux pattes », font voir du bon talent souvent. Il y a aussi des images tatouées qui relèvent de l’Halloween, hélas ! De sombres gueules comme s’ils étaient des guerriers (Maoris) d’Australie, ou de faux descendants de tribus africaines arriérées. En passant quel émouvant et excellent film que « Les descendants » au cinéma Pine.

« Des goûts et des couleurs… non discutandur », dit un adage bien con. Cœur-de-Pirate, la jeune chanteuse —au français obscur et confus— illustre sans vergogne aucune, cette mode nouvelle. Je conteste farouchement une opinion du psy Miche Dorais —signant néanmoins un excellent livre, « La sexualité »— qui clame : « Des Narcisses d’obsédé par la jeunesse. ». Allons, on se calme, docteur ?

Enfants, nous raffolions du tatouage, simples décalcomanies à bon marché qui, hélas, s’effaçaient au premier lavage ! Mais oui, jadis, le tatouage était la marque des marins, des romanichels de cirque ambulant, aussi des prisonniers à perpète ! Mais les temps changent et ça n’est pas mal plus mal que d’avoir envie de bijoux. Au nez ou aux sourcils. Chantons : « Entre la jeunesse et la vieillesse… » il y a incompréhension.  Oui, nos vieux parents se bouchaient « les oreilles » au son du jazz-swing sauce boogie-woogie, ne nous bouchons pas « les yeux » ! Une mode finit toujours par passer.

fév 192012
 

Mon jeune —de dix ans— camarade Tremblay s’est sorti de « la maudite camargue » deux fois. Une tumeur, plus tard, un cancer ! Courrez chez Duceppe, je l’ai fait vendredi, pour entendre ses terrifiantes, bouleversantes réflexions sur la mort proche. Vous verrez l’acteur Raymond Bouchard, son jeu impeccable, se débattre au seuil de la démence. Victime révoltée de cette  funeste maladie : « perdre sa mémoire ».

Tremblay fait entendre des réflexions d’une écriture intense. Frissons garantis ! Je voudrais bien obtenir le texte pour relire des phrases à l’humanisme désespéré et incomparable. Tremblay s’avance dans la force de l’âge avec, désormais, une intelligence, une sensibilité extrêmement profondes. Courrez admirer aussi le travail du talentueux Denoncourt, brillant « métronome » (rythme et calcul du temps). Il vous a organisé une étonnante chorégraphie, un ballet mortuaire hallucinant de cruauté avec les deux enfants grandis et l’ex-épouse, vengeresse. Tous venus au chevet de ce Monsieur Noël, pour l’accabler, ce très célèbre neurochirurgien mais qui fut aussi un parfait égocentrique, inapte à « la famille ».

L’auto-euthanasie plane chez Duceppe, tentation fatale. Je répète, vives émotions garanties et, parfois, un silence de mort » (c’est le cas de le dire) dans la salle, un public atterré, comme hypnotisé. Vendredi j’ai repensé au film —à voir au cinéma Pine— « Carnage » de Polanski qui montre le ravage, le naufrage dans deux familles. Avec « L’Oratorio de Noël », son auteur affirme hors de tout doute qu’il s’est construit « une oeuvre ». Pas seulement du divertissement. Le grand André Malraux, Calafarte, Milan Kundera, Cioran même, en conviendraient tous. Voyez donc de l’écrit qui compte.

Les fantastiques monologues de Bouchard ( au début et à la fin) vont vous amener au bord des larmes. Pourtant le metteur-en-scène, Denoncourt —il aurait pu— évite absolument le facile mélodrame. Terminé le cycle ( le cirque ? ) brillant du « joual » bellesoeurisantes. Voyez vite chez Duceppe —et bravo au directeur Michel Dumont—,  oui, vite, allez assister à ce fascinant lamento, un « tombeau » dédié aux carriéristes ambitieux, à un homme savant mais dur, fermé. À un professionnel qui a « oublié de vivre » une vie affectueuse. C’est rédigé —au scalpel, tiens !— avec des accents d’une vérité qui vous fera réfléchir longtemps une fois sorti de chez Duceppe. On veut remercier la providence d’avoir épargné (tumeur et cancer) ce dramaturge québécois surdoué.

À, bientôt, 70 ans, Michel Tremblay annonce avec son ORATORIO, musique de Mozart dans la salle), qu’il  fonce dans un nouveau cycle. Ce premier « opus » sera joué partout et encore dans 50 ans. Prédiction facile à faire. Même si vous n’êtes pas vraiment un amateur de théâtre, sachez qu’un texte de cette qualité, de cette profondeur humaine ne court pas les rues. Il vaut la peine d’aller l’entendre. Ce sera une date à graver (février 2012), dans ce qui se nomme notre « mémoire », collective, cela justement que personne ne veut perde, n’es-ce pas ? Voyez vite un acteur prodigieux, Raymond Bouchard, qui se débat, qui vacille et qui nous crie « Au secours ». L’homme est rendu aux portes des limbes. De ce « trou noir » (ses mots répétés), qui s’accroche dans sa jaquette bleue d’hospitalisé. Il nous secoue, nous émeut. Bouchard  nous gueule que la vie est un don précieux et on sort de chez Duceppe en se jurant de mieux vivre,  d’être plus humain. Merci à l’ancien p’tit gars venu de la rue Fabre. Merci Michel !

fév 072012
 

 

Compiègne battue ? Je vous raconte. Un soir, à Compiègne, l’offre d’un dessert jamais goûté : île flottante ! J’avais obtenu  le France-Québec pour « La Sablière, Mario ! », roman tourné en film par Beaudin (voir sur Google). Décor ? Aux belles Îles de la Madeleine (pas flottantes, elles !). Ce prix m’a permis un mois à travers la France. Un soir à Compiègne donc : la statue de Jeanne d’Arc, notre hôtel proche du Château où Bonaparte accueillit son « Autrichienne ». Au souper, offre d’une  « île flottante » ! Un délice jamais retrouvées depuis mai ? Eh bien, un jeudi soir avec Louis Lalande (âme de l’ex-théâtre du Chantecler ) et Jean-Marc  —« la familiarité engendre le mépris »  dit le proverbe— à La Vanoise, l’accorte patronne, Brigitte, nous offre, oui, une île flottante, façon Didier. Bonne ?  Battue Compiègne !

Écrions-nous : « VIVE LE CANADA LIBRE » et vive Québec en…belle île flottante. Au large de la tricheuse fédération. Voyez : des observateurs critiquaient Duceppe qui s’époumonait pour améliorer le Canada, on lui reprochait de se faire aller la margoulette aux Communes pour rendre Ottawa moins  « centralisateur. Bêtise, disait-on, illogisme pour un indépendantiste car, par stratégie, il fallait un Bloc qui  encourage ce Canada centralisateur. Voyez le bloquiste Plamondon, les baguettes en l’air pour accabler un unilingue promu Grand conseiller du Harper, Persichiel. Il fallait applaudir et rigoler. Savoir mieux dire « adieu » à cette ancienne lubie d’Elliott-Trudeau, la jeunesse saura dire adieu à ce fédéraste  pacte de 1867 et fin de notre dilution.

Désormais —à l’aide des migrations constantes— Québec n’est plus qu’encombrement pour Harper,  la « Canadian nation » domine comme jamais et c’était fatal à dix provinces contre une.  Ce « fait nouveau » impose de nous donner une vraie patrie. Désormais pour régner plus besoin du vote québécois. Un fait brutal qui favorise « un pays québécois ». Il y aura deux nations, deux pays et que vienne un chef NPD-post-le bon Jack unilingue anglo. Hourrah ! Ainsi, tous les souverainistes (et le Bloc) doivent encourager le projet de nommer davantage de députés en Ontario et dans l’Ouest. C’est démocratique. Ça aidera la venue de deux pays (amicaux espérons-le).

Vive le Canada libre, débarrassé de cette province toujours mécontente, récalcitrante, empêcheuse. Notre jeunesse voit mieux clair. Harper, malin, est là pour longtemps, hourrah ! S’en vient un Canada libéré d’un boulet, Québec. Les canadians vont régner en paix, se développant selon ses goûts. Avec une loi pour jeter en prison-écoles-du-crime les jeunes délinquants, Une loi contre l’avortement, une loi anti-homosexuels, la peine de mort rétablie, les armes-à-feu en vente très libre. Et des portraits de la Reine d’Angleterre  partout ! Chacun ses idéaux.  Épilogue enfin du délire-Trudeau au bilinguisme de Halifax à Vancouver. Et nos « quatre Québécois mous sur dix » voteurs de « non », se réveilleront. Se rapproche une séparation « de velours ».  Fin des antipodes. Les Québécois ont cessé net de voter Bloc.L’instinct sûr du peuple. Fin du Bloc en candide « collaborateur » du Parti Libéral. Nous sommes une nation différente, une belle et bonne île flottante. Les jeunes désormais entreprendront la lutte pour un pays. Cher Lionel Groulx, oui, « nous l’aurons notre État français. »

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