« Ah vous! On vous entend plus gueuler. Terminées le polémiste ? » Ça m’arrive de telles rencontres car on s’étonne de me lire, ici, gentil et affable. Chantre béat de la nature laurentidienne. Il y a eu d’abord cette relative surdité qui m’a frappé il y a une dizaine d’années, forcément, ce sera la fin des invitations en médias de « M’sieur-grande-gueule ».
Il y a eu aussi —ô vieillir— la découverte du bon statut de « sage » (relatif cela). Arrivé à un certain âge, les grands combats, les farouches luttes se relativisent —c’est le mot clé. En vieillissant une personne un peu équilibrée se rend bien compte de la vanité de maintes querelles; du côté « éternel retour » oui, cher Frederich Nietzsche !
Alors, oui, plaisir fécond nouveau chez l’ex-batailleur, la découverte de petites joies bienveillantes, ressourçantes stimulantes aussi. Oui, oui, ce bon bonheur bien vrai de chanter —en chroniques paisibles— les beautés, modestes ou grandioses, de la p’tite vie ordinaire : la nature, les petites gens, les us et coutumes de son entourage quotidien.
Jeunes gens qui manifestez —enragés noirs ou seulement scandalisés— bravo ! Sortez dans la rue et criez, dénoncez, enflammez-vous, c’est un signe de vraie jeunesse, de bonne santé civique. Ne lisez pas ceci : vous aurez 80 ans un jour et vous sourirez de vos emportements. Sans les renier. Une vie comporte des moments, des stades, des tempos mais malheur aux jeunes gens amorphes, indolents, jamais inspirés, jamais fouettés, jamais emportés le moindrement, jamais révoltés, ils auront une fin de vie à la mesure de leur triste désintéressement; ils feront « de vieilles âmes » tristes, mornes, vivant « leurs vieux jours » dans une sorte de limbes, de vie plate, d’existence incolore. Le salaire, la pension des mous !
Le bonhomme Charest a donc osé « jouer aux cartes » en plein été et voilà la nuée des vains commentateurs en liesse.
Ouash !, la redondance effroyable. RDI et LCN, une vraie farce plate où l’on répète jusqu’ à la nausée le moindre pet lâché, le moindre rot, la moindre grimace, le moindre petit mouvement. Quelle pitié. Les citoyens, pas fous, constatent ce vide, ce faux remuement.
La vie actuelle par ici, en pays développés, partout en occident, est une affaire d’administration. Adieu idéologies ! Adieu idées neuves. Une simple affaire de budget, d’impôts et de taxes à contrôler ou non. La nation offerte aux comptables, et, pour colorer le tableau, avec des petits cris, de soudaines accusations, un mot de travers… Mais pas de place pour les idées, alors le socialiste Québec-Solidaire semble obsolète, hors circuit et sympa. Les Libéraux de Québec, empêtrés de corruption, promettent calme et développement, c’est tout entendu. La CAQ de l’ex-péquiste et entrepreneur Legault fait voir « les deux pieds sur terre » et je voterais bien pour eux mais, rien à faire, un vieil indépendantiste comme bibi va chez Marois ou chez le petit nouveau. Une cause est sacrée. Mais le reste c’est la niaise foire. Criailleries qui me dérangent, cirque ennuyeux.
Vite, le 4 septembre, Seigneur ! Comptez-vous les « administrateurs » et la paix ! Silence, j’ai mes livres à lire (et à écrire), moi, mes bons films à visionner (Télé-Québec et ARTV). Mes petits bonheurs : oiseaux fous, fleurs folles, canards, tous nos vifs nageurs sillonnant le lac de bord en bord en combinaison noires, vrais Spidermen, Batmen ! En ce moment, on roule, rentrant —rituel annuel— du si bel Atlantique en Maine, j’avais l’ennui de mon village me taraudait.