fév 122013
 

 

Joli dimanche au soleil tamisé et suis amusé d’observer tous ces enfants au rivage du lac gelé. La beauté et la gaieté dominicale avec ces glissades : tant de traîneaux, de luges. Et de patinage. Bonheur brut de l’enfance. Que de modernes « machins de glisse » divers. De ces objets gonflables colorés des temps nouveaux si inventifs.

Parmi mes chroniqueurs préférés, il y a Stéphane Laporte quand il narre des péripéties de son enfance. Il stimule, fait nous souvenir. Il y a 30 ans ?, allant visiter mes deux « vieux » bien aimés et dont je m’ennuie tant, une envie me prend : sortir pour revoir, 25 ans plus tard, ma ruelle, là où j’ai joué durant tant d’années, hivers comme étés (Bélanger et Jean-Talon). J’y vais. Personne ? Pas un chat et pas un bruit ! On ne tire plus ni ne tue ! Pas même une ombre qui court, qui tombe, qui saigne aux genoux. Ou qui frappe une balle, une rondelle. Qui casse une vitre, qui fuit la police dans l’entretoit des Vincelette !

Étonné, je rentre : « Maman ! Il y a plus d’enfants dans notre ruelle ? » Les temps changeaient ou il y avait tellement moins d’enfants ? Je sais : il y a eu de ces moniteurs salariés dans les parcs, des excursions organisés. Et mes petits fils allèrent à ces « camps d’été ». Totale liberté là ? Comme dans nos libres et sauvages ruelles ? Hum ! Comme Laporte ma stupéfaction quand je lis que des « vieux » plaignants font détruire une patinoire d’enfants dans une ruelle ! Faut publier le nom du fonctionnaire imbécile obéissant aux chialeurs, non ?

Ah ces empêcheurs d’enfance ! Tel notre « M’sieur Turcotte », vêtu de sa noire redingote, qui nous imposait, au milieu de notre ruelle, cent pieds de silence absolu. Les petits cow-boys, durant deux minutes, se changeaient en anges muets le long de ses salons mortuaires. Dès les premiers cris et « tow-tow » d’un funeste combat « western », mamzelle Laramée rentrait son chat de haut pedigree et le populaire gros docteur Mancuso rentrait vite dans sa cour ses débordantes poubelles… d’urine, de sang… et autres fluides. La belle noiraude Sylvana sortait gruger du raisin, toute décolletée, langoureusement pendue à sa barrière de jardin, offre d’une énamourée ! Pur gaspillage ! Un jeune guérillero du far west n’a pas une minute à perdre à contempler une fille !

J’ai été jusqu’ à 12 ans un petit voyou, un fracasseur de carreaux chez Colliza, chez Ambrogi, au hangar de la veuve Décarie. À 13 ans ? Illusion paternelle : je devais faire un prêtre et on a jeté le vivant voyou chez les « Messieurs de Saint Sulpice » (nommés : les supliciens  ), au Grasset. Fin des jeux sauvages e t, vu les congés à des jours différents, la lourdeur des devoirs, ce sera la fin de mes amis et de la ruelle. Adieu donc à mes fidèles, Deveau, Moineau, Malbeuf (leurs vrais noms). Ici, dans mes collines, en mon village sans ruelle, où donc crient et jouent les gamins insolents ?

 

 

 

 

déc 032012
 


 

J’ai tant écrit sur mon enfance, ma jeunesse, que des gens me questionnent : «  Ah, «  La petite patrie », n’était-ce pas le vrai bon temps, tout allait bien mieux ? » Chaque fois, déception dans leurs yeux, car je dis : « Dans ce passé lointain tout n’allait pas si bien, souvent ça allait même plutôt mal. » Il est bien romantique de se convaincre que les temps anciens étaient un paradis. Que de frustrations, que de tabous niais, que d’empêchements à nous épanouir, à jouir des libertés vitales. Que de puritanisme idiot, des temps souvent frustrants.

Évidemment, des actualités font mal. Des modernismes (modes) sont bien cons et des valeurs valables (sic) furent jetées. Il n’empêche qu’il y a derrière nos frustrations contemporaines, un vrai progrès. Ici, ma spirituelle camarade Mimi (Legault) m’a bien fait rire (comme si souvent) en fustigeant les délires de nos fonctionnaires-en-éducation. Charabia, galimatias et jargon mis ensemble; un fait. Les parents d’écoliers se sentent bafoués préférant des bulletins de notes clairs, lisibles. Abus et bureaucratie tatillonne, stupide ?

Cependant foin de notre nostalgie automatique, répétons que les temps révolues ne furent pas si souvent heureux et loin d’être « parfait ». Chère Mimi, j’avais trente ans et deux jeunes écoliers à la maison, déjà je n’était plus apte à les aider (années 1960 et 1970), dans leçons et devoirs. Les systèmes

(pour français comme maths) étaient complètement changés. J’étais gêné de mon impuissance à collaborer à cette scolarité pourtant élémentaire. Ça m’humiliait. Caprice des bureaucrates en pédagogie nouvelle, fantaisies, ces « changeurs de méthodes » étaient-ils tous des incompétents ? Comment savoir, Mimi ?

J’ai toujours cru à la loyauté du monde, à l’honnêteté. Je suis un optimiste. Le cynique dira, naïf ? Je répétais à mes petits –fils : « Vous verrez, le monde est bon ». Je n’ai jamais été de ces un « professeurs-de-désespoir », que fustigeaient Nancy Huston. Avec raison. Malgré les sinistres « page-trois » des journaux, je vois la société faite surtout de gens sains, corrects pour la majorité. Tenez : à Drummondville, ces trois enfants assassinés et moi, je dis à ma compagne totalement consternée : « Tu sais, avec tant de détresses, de misères et de malheurs en ce monde, je suis étonné qu’on ne découvre pas des centaines de tués chaque jour. »

La vie vaut. Tenez, vu au TNM « La Reine Christine » la garçonne et voir l’ouvrage d’un authentique génie, François Barbeau; je me suis souvenu (1953) du grand efflanqué jeune homme, 18 ou 19 ans, lui, Barbeau avec, au bout du bras, sa machine portative Singer, à la Roulotte de Buissonneau. Vu aussi le talent de la « Cretonne » du « La p’tite vie », renversante d’émotions criées en « misérable » dans « Du bon monde », la pièce chez Duceppe. La vie vaut. Vu au cinéma Pine, la cohabitation d’un ado hindou avec un tigre du bengale, en plein océan Pacifique, en chaloupe de sauvetage, film titré « La vie de Pi. » Vu, aussi au Pine, le dernier James Bond avec ses cascades inimaginables. Par exemple sur les toits et dans le souk d’Istanbul. Dimanche, je sors de vues animées suffocantes : en province de France, une épouse cadenassée dans un « mariage d’argent », va tuer (lentement) l’ennuyeux mari ! Audrey Toutou y est très émouvante.

Malgré les fumistes et cuistres du Ministère de l’Éducation, la vie vaut car il y a aussi, tu le sais bien Mimi, tous ces livres qui nous attendent juste à côté du Tavernacle, un joli bar-café du Centre commercial adèlois.

avr 162012
 

Soudain, un jour, récemment, regard par la fenêtre un matin et ça y est : l’eau est de retour. Le lac retrouvait sa nature normale. Molle ! Avec des reflets du firmament. Pas toujours. Des promeneurs vont venir arpenter le parc du rivage à l’est, le long de la rue Chantecler. Certains, comme on fait parfois, vont grimper aux terrasses de l’hôtel pour admirer, en belle plongée, tout le Rond. Immense mare fluide au fond de cette… arène?, cirque ?, amphithéâtre formé par les collines qui l’encerclent. C’est si joli !
Voir l’eau courante. Vieux besoin humain ? Je pense à des pays sans eau. Des états entiers sans grandes surfaces d’eau. Aux déserts du monde. Certains Québécois sont venus au monde proche d’un rivage généreux, sur les écores d’une rivière, d’un lac, voire du grand Saint Laurent. Il me semble que ce fait doit changer un nature ?
Je rêve ? De ma naissance jusqu’à dix ans, aucune rive dans nos horizons, rien, pas de ces cours d’eau impressionnants, aucune rivière ni même un ruisseau. La ville. Macadam, béton, asphalte partout. Seules, les eaux stagnantes de la carrière Villeray (aujourd’hui un grand parc rue Chrisophe-Colomb). Ajoutons quelques expéditions au grand parc Lafontaine, certains dimanches de grandes chaleurs, y admirer les deux étangs cimentés aux eaux sombres, à peine frissonnantes.
L’autre midi, « trois beaux canards », comme dans la chanson, « s’y viennent baigner » ! D’où sortent-ils donc ? Trio qui fait plaisir aux yeux, qui nous crie : « C’est vraiment le printemps ! »  Même si le froid persiste, hélas ! Ces jolies bestioles nagent autour du quai, hier encore, terminé la glace  figée dans le rivage ! Y a-t-il hibernation de certaines espèces ? Ô notre ignorance naturaliste à tous, hein ? Il y a peu, boules noirâtres au beau milieu du Rond ! Sortie des jumelles… et guère de précision. Qu’était-ce ? D’autre canards…comme ressuscités ? Des tout petit nouveaux nés ? Sont disparus soudain et pas revus ces objets bosselés qui ballottaient au large ! Une promesse : Sortir tôt la barque sous l’escalier —proche du terrier  de ma Donalda-Marmotte— et me mettre à la pêche à ces truites —qu’on nous dit « généreusement ensemencées par l’État ». Pas si loin de la rive, on voit des sauts, de brefs  remous. Mais oui, en fin d’été, des « chercheuses-écologiques-à-snorkel » nous avaient proclamé: « Des truites ? Il y en a, oui, plein, du côté du Chantecler, dans le très creux, grosses paresseuses ! » Bon, j’irai avec un casseau d’asticots bien gras pour garnir les hameçons. Vérifier ce « très creux » un bonne fois ! Ça va être cette année. L’eau, son attraction, mystère ? Je me souviens, j’avais trois ou quatre ans, ma rue Saint-Denis, enfin la pluie abondante a cessé et je descend du balcon vers le caniveau. Une eau sale courait, avec force, un vrai ruisseau rugissant, fascination, vite me faire un bateau de papier, le regarder filer tout tremblant vers le cinéma Château du coin ! L’eau, oui, une fatale attraction ?

fév 072012
 

 

Compiègne battue ? Je vous raconte. Un soir, à Compiègne, l’offre d’un dessert jamais goûté : île flottante ! J’avais obtenu  le France-Québec pour « La Sablière, Mario ! », roman tourné en film par Beaudin (voir sur Google). Décor ? Aux belles Îles de la Madeleine (pas flottantes, elles !). Ce prix m’a permis un mois à travers la France. Un soir à Compiègne donc : la statue de Jeanne d’Arc, notre hôtel proche du Château où Bonaparte accueillit son « Autrichienne ». Au souper, offre d’une  « île flottante » ! Un délice jamais retrouvées depuis mai ? Eh bien, un jeudi soir avec Louis Lalande (âme de l’ex-théâtre du Chantecler ) et Jean-Marc  —« la familiarité engendre le mépris »  dit le proverbe— à La Vanoise, l’accorte patronne, Brigitte, nous offre, oui, une île flottante, façon Didier. Bonne ?  Battue Compiègne !

Écrions-nous : « VIVE LE CANADA LIBRE » et vive Québec en…belle île flottante. Au large de la tricheuse fédération. Voyez : des observateurs critiquaient Duceppe qui s’époumonait pour améliorer le Canada, on lui reprochait de se faire aller la margoulette aux Communes pour rendre Ottawa moins  « centralisateur. Bêtise, disait-on, illogisme pour un indépendantiste car, par stratégie, il fallait un Bloc qui  encourage ce Canada centralisateur. Voyez le bloquiste Plamondon, les baguettes en l’air pour accabler un unilingue promu Grand conseiller du Harper, Persichiel. Il fallait applaudir et rigoler. Savoir mieux dire « adieu » à cette ancienne lubie d’Elliott-Trudeau, la jeunesse saura dire adieu à ce fédéraste  pacte de 1867 et fin de notre dilution.

Désormais —à l’aide des migrations constantes— Québec n’est plus qu’encombrement pour Harper,  la « Canadian nation » domine comme jamais et c’était fatal à dix provinces contre une.  Ce « fait nouveau » impose de nous donner une vraie patrie. Désormais pour régner plus besoin du vote québécois. Un fait brutal qui favorise « un pays québécois ». Il y aura deux nations, deux pays et que vienne un chef NPD-post-le bon Jack unilingue anglo. Hourrah ! Ainsi, tous les souverainistes (et le Bloc) doivent encourager le projet de nommer davantage de députés en Ontario et dans l’Ouest. C’est démocratique. Ça aidera la venue de deux pays (amicaux espérons-le).

Vive le Canada libre, débarrassé de cette province toujours mécontente, récalcitrante, empêcheuse. Notre jeunesse voit mieux clair. Harper, malin, est là pour longtemps, hourrah ! S’en vient un Canada libéré d’un boulet, Québec. Les canadians vont régner en paix, se développant selon ses goûts. Avec une loi pour jeter en prison-écoles-du-crime les jeunes délinquants, Une loi contre l’avortement, une loi anti-homosexuels, la peine de mort rétablie, les armes-à-feu en vente très libre. Et des portraits de la Reine d’Angleterre  partout ! Chacun ses idéaux.  Épilogue enfin du délire-Trudeau au bilinguisme de Halifax à Vancouver. Et nos « quatre Québécois mous sur dix » voteurs de « non », se réveilleront. Se rapproche une séparation « de velours ».  Fin des antipodes. Les Québécois ont cessé net de voter Bloc.L’instinct sûr du peuple. Fin du Bloc en candide « collaborateur » du Parti Libéral. Nous sommes une nation différente, une belle et bonne île flottante. Les jeunes désormais entreprendront la lutte pour un pays. Cher Lionel Groulx, oui, « nous l’aurons notre État français. »

oct 012011
 

Se baigner jusqu’en octobre ? L’eau moins froide qu’à Ogunquit en juillet. Un canard plonge et replonge, mais toujours le bec vide, son œil comme désespéré. Ô lac, merci de tes eaux « bonnes ». Parmi mes lecteurs, André Hébert (une ex-Grande Voix de Radio-Can) qui me lance : « Toi et tes chères petites bêtes ! », me dit avoir préféré ma dénonciation d’un Radio-Canada censeur, abolisseur de promotions. Mais quoi, j’aime le défilé canardien, j’aime mon spectaculaire sorbier qui ploie, j’aime mes sittelles et mésanges en farouches videurs du mahonia.

Bon. Parlons des actualités. Des innocents ignorent des réalités géopolitiques? Soit le « fond des choses » du courageux Duchesneau. Ou une Syrie en sang ( où on tortura Omar Khadr) . Plaignons les rebelles abattus comme pigeons piégés. Silence complice à l’ONU ? À Tripoli ( ou à Syrte) l’on collabore avec les dissidents. La Syrie ? Rien. Europe, USA, Chine et Russie attendent, le Canada harpérisé ne bouge pas.

C’est quoi ce refus d’appuyer ce printemps arabe syrien ? En Tunisie, en Égypte, en Libye aussi : tout l’Occident appuie les dissidents. Pas en Syrie ? Là, c’est good business as usual ! Qui mène le monde ? Réponse : les magnats du commerce. Pas nos élus. Au pays du dictateur Assad, il y a SHELL, Hollande et Angleterre, il y a TOTAL, la France), aussi le Québec, Sire Paul  Desmarais y est un important actionnaire. Le Canada ? Il y SUNCOR, son beau grand projet gazier là-bas.

Ô lac innocent qui m’offre ta douce houle.. Qui mène le monde ? Qui ménage le tyran despotique nommé Assad ? « Tout d’un coup que le despote gagnerait ? » On s’incline devant ce « refus de secourir »,  pas par respect, par envie de vomir. Écoeuré, on peut préférer admirer les pics-à-tête-noire, en gais froufrous dans les chèvrefeuilles. Magouilles de nos ambassadeurs à la solde des spéculateurs, peu importe le sang versé, nos « domestiques » ne nous représentent pas, citoyens. Ils sont au service des spéculateurs-boursicateurs. Des cupides Suncor, Total et Shell. De tant d’autres compagnies. Le Assad crie «« feu » à ses miliciens.

Voyez notre Charest à dépenses somptuaires revenant de Chine. Pour nous représenter, peuple ? Non. Pour soutenir nos entrepreneurs qui n’ont nul besoin d’un tel pitre. La gent des « avides » possède en Chine depuis longtemps réseaux, et contacts, allons ! Ô lac… cher Lamartine. Mais que ta beauté ne nous empêche pas de voir clair. En ce marécage syrien, un exceptionnel Robert Ford ( diplomate étatsunien) a osé dénoncer sur le puissant réseau ABC le Assad. Est-ce que M. Prudence-Obama et Mad. Calcul-Clinton vont le rappeler ? Ici, notre Davidson-ambassadeur ne pipe pas mot se fichant des syriens désarmés mitraillés. Pourquoi alors voler au secours des libyens (avec du fric des avoirs gelés du Kadhafi fuyard) ? La hâte de voir la réouverture des puits ? Ah, le pétrole !

Et moi, « pauvre petit moi » ( Marc Favreau) me plonger dans le lac, nourrir de croûtons ce canard affamé ?

sept 182011
 

C’est l’aube, pas « l’aurore aux doigts de rose » du poète, non, verte ce matin-là. Cinq heure du matin, le store levé, je vois un ciel chartreuse ! Dôme, coupole, bocal, aquarium géant. Puis ce ciel devient de la grenadine et, enfin, de citronnade. Je turlutte : « here comme the sun ».

Voici l’automne. Je vois souvent —au milieu de ma rue— un écureuil d’un blond rare ! Qui se sauve, de qui, de quoi ? Jamais vu dans mes parages tant de blondeur. La veille, étonné devant le téléviseur : voir surgir dans une savane africaine un lion à chevelure… noire ! Lui donnant une allure effrayante. Coq à l’âne : mon sorbier porte tant de fruits qu’il en penche, aller lui poser un tuteur, il va choir ma foi ! Au pied de l’escalier, le mahonia, plus un seul bleuet sauvage, déjà. La voracité des mésanges, des pics. C’est l’automne. Voilà que repasse ce blondinet étonnant. Coursant toujours.

J’ai pu mettre de l’ordre dans ma hiérarchie des poètes de France grâce à « La poésie pour les nuls », un 500 pages signé   (par J.-J Julaud, First, éditeur). Bonheur de relire les premiers venus : Rutebeuf, Villon et Ronsard. Défilent. Rimbaud et Verlaine et Paul Éluard, Robert Desnos, idoles de mon adolescence. J’ai vu aussi mourir le chanteur Jean Ferrat, l’an dernier (par Robert Bolleret, L’Archipel, éditeur) * Cet enfant de Versailles s’exilera en Ardèche, il y sera maire-adjoint, il adorait sa petite patrie adoptive, son village, ses parties de pétanque (et de poker), ses indispensables muses, Christine et puis Colette. Mort des suites d’une profonde dépression à 72  ans. Une biographie qui m’a raconté un orphelin, en 1942, son papa est déporté —juif— en Allemagne. Ferrat débutera en modeste ménestrel à Paris au temps des Félix Leclerc, Brel, Ferré, Brassens. Jean Ferrat mit ses musiques sur les mots du « plus grand poète français du vingtième siècle », Louis Aragon. Celui de « La femme est l’avenir du monde ». Aragon avait tant raison. Ferrat « au bout de son âge », resté un révolté déclare : « En fin de compte, il n’y a d’essentiel, dans cette vie, que l’amour ». Si vrai; j’ai cette chance d’aimer toujours et je la souhaite à tous. Mais ne vous plaignez pas les « sans amour profond »  si vous avez mis le cap, jeune, sur autre chose. L’argent, le succès à tout prix, la gloriole. Ou quoi encore de trivial.

Je suis plongé dans « le récit de vie » de la petite sœur de Fidel Castro ! Juanita Castro rédigea à Miami : « Fidel et Raül, mes frères » (Plon, éditeur), une charge féroce contre son grand frère, vaillant libérateur du dictateur Batista à Cuba puis  métamorphosé en despote tyrannique. Qui fera jeter en prison les esprits libres.

Lire, ma passion et voir courir cet écureuil à poils blonds. Depuis trop de jours un froid novembrien; va-t-en pas cher bel été. C’est l’automne, déjà deux de mes érables se sont maquillés, beaux fards de jaune et de rouge. Ma Donalda marmotte trottine ramassant des je-ne-sais-quoi, En vue des neiges à venir ? Mes gentils canards restent cachés, plus aucun rat musqué sous mon quai, plus de mouffette sous mon perron. Sur mon radeau, un goéland dépose un crapet-soleil. Mort. Tout sec, pour attirer une « goélande » ?

« Que la montagne est belle » chantait Ferrat pêcheur de truites et d’écrevisses, toute la montagne va se travestir. Beau carnaval. Fuit encore ce blond marathonien, de quel croisement génétique peut bien venir son pelage caramel ? Tiens, Lise Payette se lamente —Denise Bombardier, virée de TVA et de la radio-Arcand, le fera-t-elle ?— « on n’engage plus les vieux », dit Lise.  C’est mon cas en radio télé et je sais pourquoi, mes oreilles malentendantes. Rivard chantait : « Ne riez pas de l’homme qui a peur »; jeunes gens ne riez pas des demi-sourds et ne riez pas des vieux qu’on jette,  ça vous arrivera. Je ne courre plus le cachet, je chronique en joie aux Pays d’en Haut et je lis; ce bel « Album Miron », illustre  poète de Sainte Agathe, une centaine de photos dont lui en frère religieux enseignant !

Je guette ce vif blondinet; où courre-t-il, après quoi, après qui ? Son ombre. Les actualités ? Rapport de l’ex-policier, Duchesneau et voici un deuxième « Massacre à la Polytechnique ». Des futurs ingénieurs y deviennent parfois d’affreux corrompus-à-collusions, à politiciens à graisser. Est-ce en vain, leurs cours d’éthique ? Ça pue. Plutôt revoir l’aube chartreuse, puis grenadine,… puis citronnade.

 

*ces livres, gratuits, sont à la biblio toute neuve pas loin du Marché Métro.

 

juil 252011
 

Ce fut une canicule et il y en aura encore. La chaleur n’empêche pas la promenade, à la queue leu leu, de sept tout petits canards, accompagnés, chaque jour. Ils vont toujours de l’ouest, du marais deltaïque, vers l’est et la plage publique. Ô quelle joliesse, on dirait des jouets. Cette fière parade quotidienne  (un rituel) fait chaud… aux yeux et au coeur.

Le notaire Amédée Jasmin, le papa de ma célèbre cousine Judith, fou de généalogie, affirmait que les Jasmin venus du Poitou venaient d’abord d’Espagne et, avant, d’Afrique du nord. Du peuple Berbère aux cavaliers fameux pour collaborer à la vaste conquête islamique. Voilà donc, ces temps-ci, mes très anciens ancêtres en manchettes. Ils se nomment entre eux des « Amazighs » et débarrassés maintenant du mépris des tyrans à la Kadhafi, ils font revivre leurs culture. La langue « amazigue » —interdite, sinon la prison— est enseignée de nouveau. On tient des expos et des musées regroupent les artefacs culturels. Radio, télé et journaux coopèrent à cette résurrection car « Le réveil arabe » actuel compte aussi sur les Berbères. Non, je ne parle pas encore la langue…

Le bonhomme Foglia, un de plus, crache volontiers sur Saint Sauveur. Le 16 juillet, pédalant en France, dans le Cantal, son venin anti-sauveurien a giclé dans La Presse. Le brillant billettiste tient pour barème d’horreurs touristiques ce gros village voisin si prospère. Misanthrope comme il est, on peut comprendre le réfugié de Saint Armand…allons, le lieu a ses mérites, ses beautés s’il contient aussi quelques excès en cette matière. Quel endroit est sans défaut ? Très grégaire et aimant le monde, moi, j’en aime sa vitalité. Pas seulement sa diversité en excellents restos et terrasses, aussi son choix de commerces en tous genres, sa vivante « place de l’église », ses fêtes, son festival de danse moderne, et, oui, certains de ses alentours sont charmants.

Le Fougflia (sic), snob à sa façon, s’évade sans cesse sur son chic vélo au Vermont bucolique voisin. Il est de ceux qui chiaient volontiers sur… disons, le Parc Belmont, Pointe Calumet, la Plage Idéale, la Ronde, partout où tout un monde modeste trouvait en certains sites populaires loisirs, divertissements et cent petits bonheurs. Plaisirs communs aux gens du populo. Cet ex-fils de « femme de ménage italienne ,» expatrié volontaire de France —à la plume cocasse et souvent fascinante— s’affiche en libertaire, simili anarchiste, aussi en sauvage qui fuit comme peste. Il ira mourir dans un cloître ?

Coq à l’âne ? Un blondinet fou d’Oslo, détraqué, névrosé face aux émigrants en Norvège (!), mitraille sans vergogne une « Jeunesse d’un parti travailliste » rassemblée dans une île. Un carnage ! Un Pierre Curzi, inquiet aussi de notre assimilation souvent annoncée, ne prendra jamais les armes, pas lui le démocrate. Un discours circule —en Europe comme ici— qui veut répandre la terreur de « disparaître ». D’être submergé par les nouveaux venus —ces « sales émigrants »—  dans telle ou telle contrée. Le fragile, l’inquiet pathologique, peut se changer en monstre, mitrailler et tuer. Autour de moi, j’entends des récriminations angoissées : « Y a trop d’Arabes à Ville Saint Laurent » ou « trop de Noirs à Côte de Neiges ». Etc. Ces camarades, chaque fois, me croient de leur bord car j’ai blâmé publiquement (en1988) et très sévèrement les juifs Hassidim d’Outremont (et de Boisbriand) pour leur total refus de s’intégrer le moindrement à nous, la majorité. Cela ne fait de moi un violent anti-émigration. Ma protestation est valable.

Mais cette horreur à Oslo ! Ce jeune désaxé répandant le sang d’une centaine d’ innocents… vomir ou aller revoir mes canards à la queue leu leu, tiens.

mai 132011
 

Ma grosse Donalda-Marmotte file à toute vitesse ce matin-là. Elle rentre sous ma galerie, la queue basse. Un éclair. Fauve. Va à sa chère niche sous les vieilles planches.  Elle revenait de chez le voisin, Monsieur B. Longtemps, on voyait sur leur terrain plusieurs siffleux. Mais ils se cachent où maintenant ?

Je pose ma canne sur le garde-fou et je fouille du regard. Rien. Que le lac comme tremblotant dans la belle lumière des beaux jours récents,  dans sa petite barque modeste un pêcheur —à moteur électrique— trolle patiemment tout autour de nos rivages. Les bourgeons des lilas grandissent comme à vue d’oeil. Ma hâte des beaux mauves !

Pendant mon bref séjour à l’Hôtel-Dieu ma Raymonde me dira; « Ce matin, avant de partir, j’ai vu ton gros vieux matou royal. Valdombre ? Il était grimpé sur une table de la galerie. Il m’a vu et examiné un bon moment puis a sauté paresseusement au sol et est descendu tout doucement l’escalier. Tu as raison : il se prend pour qui celui-là ? »

Ses « maudites » corneilles rôdent désormais. Elle grogne. Un peu. Moi l’estropié, l’handicapé, le « vieux » réduit à ses béquilles, ma Raymonde a engagé un vaillant jeune homme pour les travaux « du printemps » dans le jardin et dans la cour. Et pour le lavage des murs dehors… et les douze  persiennes noires à repeindre… Et le reste. Je me sens devenu une sorte de rentier, aussi une sorte de « p’tit vieux ». J’aime pas trop ça.

Voilà que le seul littéraire de mes cinq petits-fils, David, lit de sa poésie en Colombie, à Bogota ! Il a été choisi par l’Office Québec-Amériques pour la Jeunesse et un réseau animé par les Alliances françaises. Internet fait que l’on garde contact. Photos, affiches, bandes sonores, et tout le reste. Skype compris. Sur une vidéo, on a orthographié son nom JAZMAN ! J’ai ri, au collège Grasset on m’affublait de ce sobriquet ! Moi comme immobilisé et lui, mon dauphin,  vagabondant si loin, si loin; il songe maintenant à y demeurer quelques mois, le coût de la vie est invitant certes.

Je suis un peu fébrile en ce moment, c’est l’inquiétude, Raymonde a passé des radios urgentes et doit recevoir un verdict sur ses bien faibles poumons, en ville. J’ai peur. Voilà des décennies et des décennies d’amour commun, d’amour intense et…peut-être —bien pire qu’une hanche artificielle—ma compagne de vie se fera emprisonnée dans une suite de soins intensifs…Nous fumions, elle et moi,  oh !, comme des engins d’enfer jadis. Elle surtout, captive de ses réalisations de dramatiques, moi à mes simples scénographies, la fumée de cigarette était notre décor permanent. Pire qu’envahissant.  Pour elle, quel sera donc le prix à payer ? J’ai peur et elle va rentrer bientôt. Je sortirai au soleil, une corneille poussera ses laids cris et je lui dirai : « Silence, mon amour s’an vient et elle ne tolère pas. »

 

mar 252011
 

Je ne suis pas tout à fait, à Sainte Adèle,  «un enfant du pays » même c’est par ici que j’ai habité le plus longtemps dans mon existence. Désormais, j’en sus venu à aimer cette contrée de collines et de brefs vallons. D’une sorte d’affection…absolument immense ! Oui, immense. Aussi je reconnais que c’est un très vif plaisir de rencontrer pour jaser du passé d’ici des « vieux de la vielle » et des « vieilles du vieux ».

Chez mon coiffeur émérite (hum, facile avec si peu de poils sur le coco !), Racette, l’autre midi, une rencontre inopinéee, un certain  Jacques Patry.  C’est un sosie du comédien Claude Blanchard et il a aussi sa bonhomie, sa faconde. On sent chez Patry, comme chez le célèbre cabaretier Blanchard, un « fun vert » à ..causer. C’est ainsi qu’en ce jour de tonte et de taille de barbe, j’ai eu la chance de recevoir de M. Patry, deux imprimés. Un :  « L’histoire de Sainte Adèle », rédigée parcimonieusement —un vrai notaire !— par un bon et brave prêtre. Qui verse volontiers sans l’écriture euphorique et  catholique. De l’hagiographie, ce qu veut dire « tout le monde il est beau, tout le monde il est bon ».

C’est, disons, candide, propagandiste et, ma foi, un tantinet embarrassant. Il évoque, par exemple,  le fameux caractère acariâtre et emporté du Curé « politicien » Labelle mais comme en s’excusant d’oser le révéler. Je souriais souvent.

Il n’y avait donc dans ces laborieux et durs commencements de nos villages laurentidiens (sic) que des âmes pieuses, toutes dévouées aux autres, des travailleurs au zèle incommensurable ! Bref, de très exemplaires « bons catholiques » selon l’expression de jadis.  C’est un livre d’avant nos progrès, notre modernité, nos conforts (et nos désordres certes ) avec ce que tout cela peu comporté d’aveuglement. Silence de convenance donc sur les graves misères, qui furent sans doute réelles, et qui sont évoqués rapidement (comme en passant et avec lyrisme) ici et là. L’auteur en soutane —il écrit dans un bon style, ancien et très correct— tente de gommer le plus possible les labeurs surhumains —agriculture maigre, foresterie harassante car sans engins modernes— de nos premiers colons du Nord. N’empêche on lit ce court 150 pages —allez à la biblio— avec grand contentement. Merci M. Patry ! On imagine que partout dans le monde, à toutes les époques, les débuts d’un village, d’une colonie, voire d’un simple hameau devait exiger tous ces sacrifices parfois extravagants. Souvent,  épouvantables.

Le deuxième bouquin est un album. Que des photographies du village, plusieurs captivantes, essentielles mais, hélas  beaucoup d’autres plus banales et, ici et là, carrément insignifiantes. Choix trop mince ou amateurisme ? Comment savoir. Cet album —avec de trop rares photos hors du commun— a été imprimé et publié il y a quelques années seulement et pourtant il n’a rien de bien moderne dans sa confection. Les « légendes » explicatives sous les clichés anciens sont écrites sans grand talent, ici et là, parfois même accablantes d’ineptie, racoleurs à l’occasion.

Je suis reconnaissant à ce voisin du Barbier des sportifs, Chemin Pierre-Péladeau, de ses deux prêts. J’en suis sorti heureux. De cette monographie surtout, de l’album un peu moins. Cette littérature bon enfant m’a fait me souvenir de ces pieux livres de « prix de fin d’année »,  à l’école ou au collège. Un stock bien censuré et bien autorisé par ce haut clergé qui accordait —en latin du Vatican— et pas toujours, l’imprimatur. Ce « nihil obstat », qu’on voit en page de garde dans « L’histoire de Sainte Adèle ». Alias : droit d’imprimer sans se faire excommunier !

jan 212011
 

Il est vivant ! « Z » écrivait sur les murs l’ insoumis en Grèce sous les colonels-dictacteurs. Ah oui, rue Valiquette,  « Z » à Pierre Falardeau, la grande gueule, le perpétuel militant nationaliste,  enthousiaste et entraînant. Le cinéaste révolté, l’homme sans langue de bois, l’homme détestant la rectitude des hypocrites. Allez-y vite, car, oui, on peut le revoir vivre. Il est invité en images bien rythmées, rue Valiquette, dans une des salles de notre ami Tom Farmanian.

Ce  n’est pas un film cul-cul-la-praline, l’équipe  du long-métrage a rassemblé des tas de pellicules et de ruban-vidéo et en a fait une formidable courtepointe vivante, chaleureuse, sensible, douloureuse, aussi. Dépêchez-vous d’aller le saluer, ami lecteurs, de rendre hommage à un homme libre, aussi un  gaillard parfois très effronté et qui, à l’occasion, sacrait pour rien. C’était plus fort que lui, ex-p’tit gamin pauvre de St Henri-les-Tanneries.

Je vous en prie, je vous en supplie, amenez-y vos jeunes. Qu’ils sachent qui a été celui à qui, un jour, on dédiera une salle de cinéma. Ou un pont ! Ni Champlain, ni Jacques Cartier ne furent des ponts, n’est-ce pas ? Vous serez fascinés comme moi —et amusés aussi— de voir nos grands questionneurs à l’ouvrage pour lui percer la carapace au Pierre—Grande—Gueule.  Le Richard Martineau qui se fait rabrouer et raide et qui en restera muet, désarçonné. Ma chère Denise Bombardier tentant de rapporter la honte de maman-Falardeau qu’elle dit avoir rencontrée, le cinéaste de « 13 FÉVRIER 1837 », rigole et la traite de menteuse. Voyez aussi mon cher Paul Arcand qui ose: « Ce personnage que vous jouez… », Falardeau éclate d’indignation. Enfin, voyez madame Péladeau, Julie (co-financière du film courageux , qui s’écroule de surprise entendant Pierre-le-culotté avouer : « J’suis venu ici pour le fric à gagner facile. » Le sommet de ce court bloc-entrevues ? L’illustre Bernard Pivot —Apostrophes— voyant le mépris du pusillanime, archi prudent et carriériste J. Gobbout, lira alors un solide texte de Pierre et s’en épatera. Un extrait de « La liberté n’est juste pas une marque de Yogourt. »

Il nous est permis aussi, rue Valiquette, d’entrer chez lui. D’admirer sa jolie épouse ( sa collaboratrice souvent), ses trois beaux enfants— Jérémie qui pleure sachant le cancer s’attaquant à son père—, lui, Pierre, en marcheur à bâton, en skis, bref, de voir un homme qui avait sa vie ordinaire comme tous et chacun. À mon avis, ses parodies du pénible colonisé d’ici avec son « Elvis Gratton », n’aidaient pas la désaliénation collective, trop exagérée, nos colonisés ne s’y identifiaient nullement. Mais on voit la belle Céline Dion en avion, avec René Angélil, qui nous révèle qu’elle en rigole et volontiers. Un sacré bon moment de cinéma. Une histoire extrêmement triste à la fin, mourir à 62 ans, mourir avant d’avoir vu naître ce pays pour lequel il se battait sans cesse.

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