« LA FERME » LES ARTISTES ET GUY A. LEPAGE ?
3 octobre 2005 | 1-Tout, Poing-comme-net
Les z’artisses sont des têtes de linotte, pensent certains. Ils sont doués pour divertir, point final, « pas pour donner des opinions », s’écrient des « sérieux ». Une vedette du rock (Clapton) reproche aux Bono et autres Geldof de se mêler de politique. André Pratte, éditorialiste, affirme sa révulsion face à un Guy A. Lepage « sommant » M. Charest d’accepter un tabouret à son vaste et frénétique kiosque populaire du dimanche soir. À ses yeux M.Charest aurait eu tort de s’incliner « comme malgré lui » le 11 septembre. Ainsi, des critiques « graves » ricanaient d’une sensible Céline Dion s’énervant, pleurant même, face aux lenteurs, au manque d’action du Président W. Bush en Louisiane inondée. Non mais… de quoi se mêlent-ils ces saltimbanques ? Sous-entendu : ces gentils crétins, ces écervelés ! Chante et « la ferme », pauvre clown !
Les artistes ne sont pas des élus-en-élections, c’est un fait. Ils sont pourtant des élus du peuple quand on observe les hauts sommets de popularité, non ? Étrange comportement chez ces commentateurs à public confidentiel, à mon avis. N’oublions pas, jamais, qu’une majorité d’artistes et de créateurs doués se taisent. Que c’est un calcul. Ainsi, ces muets compacts ne risquent pas de se mettre à dos la moindre parcelle du public. Ils n’ont pas d’avis. Ils sont ni pour ni contre. Ils voguent ce de cette prudente façon sur la bonne et douce vague de bien vagues consensus. Oh les malins ! Et dans les domaines artistiques pas trop populaires, peinture et littérature, etc., ces « entretenus » par l’argent public, via les Conseils des arts, eh bien l’engagement nuirait à l’obtention de subventions, bourses, voyages à colloques et à séminaires. Nous nous comprenons, oui ?
Lepage explique que son « show de variétés » peut bien se transformer, à l’occasion, en émission d’affaires publiques. Et bravo ! Pourquoi non ? Chez son aller-égo parisien, le strident Thierry Ardisson, il arrive que le show devienne soudain une entrevue sérieuse, un débat fort captivant, par exemple avec un Nouveau philosophe, n’est-ce pas ? Chaque fois un public vaste découvre des questions importantes, un problème moderne dans la société, s’instruit davantage, pas vrai ? Pratte reconnaît la grande influence des « stars » et il parle de leur responsabilité, il se questionne à savoir « si ils en sont bien conscients ». Il recommande aux « gentils bouffons » ultra-populaires de ne pas parler « à travers leur chapeau ». Ses mots. Cela sent le préjugé.
Personne ne va nier que des artistes reconnus massivement peuvent parfois déconner. C’est le jeu. C’est le risque. Mais c’est mépriser le peuple que de s’imaginer que ces incartades ne se découvriront pas, le monde n’est pas idiot. Partout, et pas seulement à « Tout le monde en parle », les artistes font bien de livrer leurs impressions face à un conflit, à un débat qu’il soit « chaud » ou qu’il soit délicat ». Quand Pratte ose affirmer « qu’un chanteur rock, sans mandat électif, ne doit pas faire la leçon à un élu », c’est très con. Il n’y aurait que les profonds éditorialistes de sa rare espèce qui auraient droit de parole ? Foutaise. Quel mandat public a-t-il, lui ? À quelle élection participative a-t-il donc pris part pour siéger en auguste faiseur d’opinions ? Allons, allons, tout électeur, tout payeur de taxes et impôts, le plus humble des citoyens, peut bien donner son avis, sa critique, ses opinions librement, et cela partout, à l’usine ou au bureau, à la taverne ou dans un bar, à un micro offert dans la rue, dans des lettres ouvertes, en tribune téléphonique de toutes les stations de radio et aux questionneurs des sondages, non ? Pourquoi pas ? À plus forte raison si ce citoyen est un fier talentueux applaudi par les foules, qu’il a réussi à faire preuve de talents uniques dans son domaine.
La « vedette », de télé, chansons, cinéma, etc., a tous les droits. De militer pour une cause. D’appuyer une option politique. D’être « contre » une idéologie. Ou « pour » une bataille sociétale. La superstar Geldof a osé déclarer que « M. Martin n’était pas le bienvenu au G-8 tenu en Écosse », son avis et Pratte publia : « indécent » et « il n’a pas le droit de… » Franchement ! Avant Martin, il était là, après Martin, il sera là encore. Finissons-en : invité chez Lepage, le brillant artiste pourrait ne voir qu’à sa promotion en égocentrique businessman (le ploguage, l’assommante « cassette ») et la fermer. Sur tout sujet à controverse. Je suis heureux, moi, (et vous ?) de constater que des créateurs, à divers niveaux certes, acceptent volontiers de grimper dans l’arène des chaudes actualités et d’oser proclamer, défendre son point de vue. Oser ? Oui, car il y a des risques, oh oui ! Répétons-le, c’est bien plus commode et malin de se la fermer, de se taire prudemment.
Monsieur Jasmin,
je suis tout à fait d’accord avec vous. Et j’ajouterai que la lâcheté, dans le domaine de l’expression des opinions comme ailleurs, devrait sans cesse être pointée du doigt et aussi hautement honnie que les tares sociales et autres qu’elle laisse courir.
Marcel Hurteau
Montréal
Ah! La fameuse liberté d’expression. On aime donner la parole à nos artistes. Pas important de savoir si le type sait de quoi il parle, ce qui est important, c’est que c’est LUI qui en parle. Le drame, ce n’est pas qu’on leur donne la parole, le drame c’est qu’il n’y en ait que pour eux. Tiens, je vous soumets le texte suivant sur le mouvement “Sauvons nos rivières” parrainé par Roy Dupuis.
Bonjour Georges,
Bravo pour ton article si juste et