MISCELLANÉES ?
19 octobre 2003 | 1-Tout, Poing-comme-net
On nous pose la question, chroniqueurs, d’où vous viennent vos idées ? Suivez-moi bien : comme chacun, on sort, on observe dans la rue, à l’épicerie, on écoute la radio, la télé, on lit (les quotidiens), on note sur un bloc. Tiens : l’ONU l’a calculé : « dans le monde, c’est onze milliards (11,000,000,000 !) —du « bel-argin-viande-à-chien !— que tout ce travail gratuit fourni par les ménagères ». S’il nous fallait payer pour chaque lavage, cuisinage, reprisage, soins aux enfants, etc., l’économie mondiale grimperait de 13…trillions. « Bin des zéros ça » ! Ces Cendrillons à vadrouilles —avant la venue du beau prince— sont indispensables. Qu’elles ne quittent pas la citrouille, ce serait la ruine économique. En 2003, la femme-à-maison ne gagne que 5% des revenus mondiaux —une femme sur trois travaille à l’ extérieur— et ne possède que 1% en immobilier. Alors, j’ y reviens : à quand le salaire (au moins minimum) pour le boulot des épouses à domicile ?
Pis quoi encore ? À Ottawa, bureau des surveillants en télé ( ce CRTC mollasson) s’inquiète : « Pourquoi donc la télé publique décline ? » Je lis : « C’est que nos téléromans québécois n’illustrent pas assez le multiethnique ». Appel con à la rectitude, au mensonge. Il n’y a que Montréal (son Centre-Ville) qui est vraiment multi-etnique; les odieux et méprisables « de souche » (racistes et fascistes, bien entendu) forment toujours 84 % de la population. « Au Canada-anglais, dit encore ce niais rapport du CRTC, c’est bien plus inquiétant le désintérêt pour leur télé publique ». Bande d’innocents ! Ou d’hypocrites ? C’est qu’il y a une évidence : aucune différence culturelle entre États-Unis et Canada- anglais. À part les intellos universitaires, personne ne distingue une différence culturelle; les masses Canadians ne sont captivées que par la puissante culture populaire des USA. Pourtant la CiBiCi dépense 666 millions d’argent public pour cette mascarade désertée. Coquille vide de public. Le Canadian est vissé sur « magazines, chansons, cinéma et radio-télé étatsuniennes ». Réalité qui crève les yeux. Incontournable. Le CRTC est une autruche pitoyable. Ici, il y a une active culture populaire québécoise (à cause de la langue), et rien d’équivalent en Ontario.
Pis quoi ? Jacques Noël sortait des chiffres : nous envoyons plus de 38 milliards à Ottawa (chaque année). Ottawa nous en retourne —services publics, péréquation— un peu plus de 30. Clair ? On perd plus de 6 milliards. Ajoutez les frais des dédoublements —deux ministères de ceci et cela— total : 3 milliards, donc perte de 9 milliards. Cher Monsieur « le chef des colonisés », John-fils-de-Red Charest — le « chef des colonisateurs » étant Paul Martin (prononcez Paowl Martinn), c’est des bidoux ! François Legault, ex-ministre, a raison de vouloir chiffrer (récupération de nos 38 milliards d’impôts) le budget d’un Québec décolonisé.
Et quoi aussi ? Y revenir. Denise Bombardier encore injustement bombardée. Pas intelligent, le patron du Point jette un contrat : fin des débats au Point. Au leu de corriger son erreur de départ :mettre en face à face l’expérimentée polémiqueuse et un… quidam. Ce loustic, Louis Godbout, se fit emboutir carrément. Il fallait inviter deux grandes gueules pour un débat loyal. Il n’en manque pas. Tenez, un Jean Paré, pour seul exemple, ne se serait pas fait rembarrer. Oh que non ! Coups de pied au cul qui se perdent; les sottes Rima Elkouri blâmaient la verveuse et dynamique Bombardier. Les sujets abondent : on louange et, plus souvent, on blâme le téléfilm de Labrecque sur le Bernard-en-campagne. Leçon pour l’avenir : un vrai chef politique devrait se méfier de tous ces encombrants conseillers (avec ou sans neud-papillon), ces gérants d’estrade ! Un chef en campagne devrait ne s’adresser qu’aux foules rassemblées, certes observées par caméras et micros. Éviter, que dis-je, abolir ces vains scrums où des mouches-de-coche s’agglutinent aux points de presse, cherchant la provocation-à-manchette pour l’heure des actualités. « À hauteur d’homme » a fort bien montré ce cirque, hélas consenti niaisement. Ce war room péquiste infect empestait les « tit-jos-connaissants ». Ces soi-disant experts invitent aux calculs, à la négation de ce que l’on est vraiment; ils tuent le vrai le franc, le naturel. Et ce sera l’échec. Bin bon pour lui !
Causons stress québécois. Des chercheurs lui ont trouvé trois sources : 1- d’abord fin de la religion (1965) . Donc des bons vieux repères, de la quête de transcendance, de spiritualité. Adieu les églises ! Surgit un vide, première cause de stress. 2- Après le refuge-politicien (1975) avec nos bons clercs (nouveau clergé protecteur) de la Révo tranquille, vint « la » grande déception. Patronage ancien et nouveau, fin des croyances en ces nouveaux prêtres-de-l’État-protecteur. Stress amplifié ! Voter —quand on y va— ne donne rien. 3- Plus grave :l’amour perçu désormais comme un élément fragile. Mariages aux orties et vite, couples anéantis, familles éclatées. Anxiété amplifiée et cet actuel stress québécois, disent les observateurs patentés.
Oui, les sujets pleuvent: « Cessons de subventionner davantage les garderies et augmentons les allocations familiales », dit une Hélène Gagnon. Bonne idée, je trouve. Simon Diotte parle : « Les enfants qui reçoivent sans cesse des parents bourgeois (dons pour une première maison, etc.) deviennent narcissiques, incapables de donner leur tour venu. Avant-tout, les enfants grandis doivent devenir autonomes ». Oh, quoi ? Eh oui, on veut aider et on nuit. Et pis quoi ? Une minorité iroquoisienne ( via son Conseil de bande) réclame : « Ottawa devrait nous acheter le monastère cistercien déserté (la Trappe d’Oka) et nous le donner avec tout son territoire ». Bin quin ! Pour en faire un bingo gigantesque, un casino ? François McCauley s’en insurge et parle du danger d’irresponsabiliser davantage les amérindiens, les traitant en citoyens infantiles. Il a raison, non ?
Récréation ? Je lis une publicité pour « cours en communication ». Je rigole : 1- Vaincre sa timidité; (ouen !) 2- Susciter de la sympathie ; (ouf !) 3- S’imposer; (hen quoi ?) 4- Pas craindre le ridicule; (« dequécé ») 5- Puissance de voix et de gestes, (aïe !) 6- Être diplomate mais montrer de l’autorité; (hein ?) 7- Mettez-y du vous-même, sortez vos émotions; (hon !) 8- Sachez conclure, donner un cadeau :un sujet à méditer; (ô Seigneur !) Cette annonce parle de « savoir convaincre…un mari, une épouse, un ado via l’oralité et le développement de son charisme ». M’est avis que tu l’as ou pas. Cet offre : trois heures par semaine et durant deux mois. À payer cash. J’avais 15 ans (1945) et il y avait déjà de ces néfastes placards dans les journaux, ça ne changera jamais l’attrape- nigaud.
Ah, la variété des sujets de chronique ? Une Mary Douglas proclame : « Comme il faut les mots pour exprimer la pensée, il faut des rites pour bien vivre en société ». Elle défend tous les rituels dont on voudrait se moquer, se débarrasser. Elle croit aux chandelles qu’on allume pour célébrer un anniversaire comme elle croit aux cartes de bons vœux, etc. Dit : « Animal social, l’homme est donc un animal à rituels. En faire fi par orgueil est un mal. Comme moi, elle aime les cartes postales ou de condoléances. Pour conserver l’amitié il faut recourir aux… signes d’amitié. Aussi : « qu’il n’y a pas de bons rapports sociaux sans ces actes symboliques ». Bravo !
Il y a aussi des sujets de blocnoter modestes. J’y repense sans cesse : il y a quelques jours, au crépuscule, sur mon petit quai, s’entassent quatre bernaches gigantesques. Et une petite. La belle beauté ! Vison d’ocres sombres et de gris vernis. Ému vraiment; c’était de la vie vive dans la solitude du soir. De la nature jamais tuée. J’avais la beauté à portée de la main. Non Rimbaud : « je ne l’ai pas assisse sur mes genoux » (« Une saison en enfer »). J’étais muet, bouleversé, immobile. Ainsi, un tout petit peu de sauvagerie dans une petite vile et nous voilà tout chaviré ? Tenez : Chemin Bates, ayant quitté le Mc Donald voisin, trois goélands figés, au soleil tombant, têtes à l’ouest toutes, sur les rails du chemin de fer… Projet de voyage ? « Go west young white birds », bon envol !