• Accueil
  • Abonnement
  • Dernier livre
  • Biographie
  • CHINOISERIES
  • FAQ
  • Tous les textes

Claude Jasmin, écrivain

Poing comme net | blogue de Claude Jasmin

Articles
Commentaires

« AS-TU DEUX MINUTES LÀ ?
« CONTRE » UN ROBERT LEPAGE ? »

ROSAIRE DANS SA CABANE

31 mai 2007 | 1-Tout, Poing-comme-net, Souvenirs

Nous lisons des études, des projets, pour les itinérants, ces misérables de 2007 qui couchent à la belle étoile. Ou dans des cabanes de carton. Un article récent dit : « Une « homme de la rue » coûte cher à l’État ». Un jeune de mon entourage me dit : « Papi, dans ton temps, ça existait pas ça, ces pauvres bougres perdus, sans feu ni lieu ». Je l’ai détrompé. Juste au coin de ma rue -Jean-Talon- il y avait Rosaire.      On disait « un vagabond. » Rosaire était une attraction dans le quartier. Vêtu à la diable, ce gaillard rodait partout comme en galopant. Dans nos ruelles, il fouillait les poubelles, quêtait aux portes des restaurants, des cinémas, la main tendue. Ou sa casquette. Gamins, nous en avions un peu peur, l’apercevant, tard, nous faisions « un grand détour » comme chantait Félix.

Rosaire était une loque humaine mais..il était toujours joyeux ! Quel mystère pour nous ! Il possédait un harmonica et en jouait volontiers, c’était un risible chevalier, misérable mais sans la triste figure. Il souriait constamment, un sourire bizarre, une grimace, un rictus qu’il s’était forgé pour ne pas effrayer les badauds. Pourtant, dans ces années 1940, nulle aide, aucune organisation caritative, pas de ces « asiles de pauvres » comme on en trouve maintenant. Rosaire ne coûtait rien à L’État. Nous n’arrivions pas à comprendre comment une situation aussi éprouvante pouvait le garder dans sa perpétuelle bonne humeur.

À cette époque, on voyait beaucoup de « champs vacants » comme on disait, et beaucoup d’immenses placards publicitaires, avec lampes à leurs faîtes, de grandes  « annonces » montées sur des échafaudages à certains coins de rue avec, au bas, la signature « William Thomas » ou « Claude Néon ». Angle sud-ouest de Saint-Denis et Jean-Talon, Rosaire y avait confectionné son gîte. Dans cette menuiserie bancale, entre les poutres de bois, dans le dos des gravures géantes d’accortes filles aux bras tendus des produits à promouvoir, Rosaire dormait ! Cabane de vieux prélarts, de morceaux de moquettes mis aux vidanges, des guenilles pendantes, son refuge pitoyable nous mystifiait. Il arrivait que la Ville fasse un ménage et emporte tout son attirail de misère. Patient, jamais découragé, Rosaire recommençait sa maison branlante derrière… William-Thomas !

Dans ce grand « champ vacant », la belle saison venue, nous allions, étroit sentier de « piquants » -chardons- avec des pots aux couvercles troués, pour piéger des papillons. Aussi des guêpes, des taons. Rosaire, de son « domicile fixe » pas bien loin, observait ces enfants-chasseurs de bestioles, on lui criait : « Joue ! Joue Rosaire !» Il nous souriait, sortait sa musique-à-bouche volontiers. Le petit bonheur alors !

Plus de cinquante ans plus tard, devenu grand-père, un bon matin, très très tôt, j’amenais mes petits-fils dans le Vieux-Montréal, espérant qu’ils découvrent, loin de leur Ahuntsic confortable, des itinérants. Ce fut une expédition instructive. Mes gamins aperçurent ces étranges silhouettes dépenaillées, qui sortaient d’on ne savait trop où, en chair et en os, plutôt en os. Les uns fouillaient les ordures des restos-à-touristes pas encore ouverts, d’autres se lavaient le visage, les bras et le torse dénudé, dans une fontaine publique. On en vit un, à mine patibulaire, les deux pieds dans une sorte d’abreuvoir à chevaux de caléchiers.

Ah, voir cela !,  les enfants étaient muets, stupéfaits, yeux écarquillés, bouches ouvertes. Leur bonheur de ce triste exotisme, aussi une sorte de naïf émerveillement : quoi, comment, des citoyens survivaient ainsi, dans la pénurie la plus totale ? Ce fut une « leçon de choses » qui m’importait.

Au retour, j’ai raconté mon Rosaire des années 1940, sa branlante cabane derrière les grands placards -toujours à refaire-  son harmonica et… sa joyeuse mine perpétuelle  malgré tout. Aussi j’ai conté les candides cruautés, les tours pendables des taximen du coin de ma rue. Par exemple en invitant notre Rosaire, tout excité, à prendre le téléphone de leur poste accroché à un poteau pour des appels « arrangés ». On invitait notre vagabond à se présenter, « avec votre instrument », à l’Hôtel Windsor en vue de rencontrer un généreux mécène. Aucun chauffeur acceptant pourtant de l’y conduire. Nous étions, enfants purs, scandalisés de ces cruautés d’adultes.

Dans cet article d’un colloque sur les SDF, un expert venu des USA parlait de « Les sortir de la rue », disant « Cessez de gérer bêtement le phénomène, trouvez un toit à chacun, ce sera moins cher en agences diverses. Ils sont moins de 10 % de la population ces vagabonds et 50 % des budgets de charité publique y passe ! Avec un logis à chacun, on passerait de $35, O00 à $13, 000 en dépenses ! » Certaines personnes disaient : « Impossible ce plan à l’américaine, il y a trop de réfractaires, ils tiennent à l’itinérance. » Je me suis demandé alors si mon Rosaire du coin de ma rue aurait accepté un tel logis. Il était de si permanente grande bonne humeur !

Mots-clés: Ahuntsic, Cinéma, Montréal, musique, petits-fils, télé, vieux


Dernière heure

Des nouvelles fraîches sur Jasmin ?

Jasmin au lancement de l’Éléphant, premier livre de David Jasmin Barrière.

Le Devoir: La ville enchantée de Claude Jasmin.

critique-branche-devoir-24-mai-2008

  • «Claude Jasmin, grand-père délinquant» dans LA PRESSE
  • Siti Non Aams
  • Best Casinos Not On Gamstop 2025
  • « Des branches de jasmin » ou l’art d’être grand-père délinquant. Vous pouvez ici lire un extrait.
  • Nouvelle série: Les belles histoires laurentiennes qui illustrent la “ma vie de par ici” et qui seront publiées dans le journal La Vallée.
  • Claude Jasmin, le Québécois Chinoiseries


    Les 20 derniers textes

    VIVE CLAUDE-HENRI GRIGNON ! | MON DAVID À DOS D’ÉLÉPHANT ? | MADELEINE DE SAINTE MADELEINE ! | SAINT-ADÈLE À NEW YORK ! | DÉBATS DE CON ? | LE RACISME INVERTI ! | DES NOUVELLES… BESTIAIRES ? | LES MAUDITS « ZARTISSES » ? | LA P’TITE MAISON DANS LA VALLÉE | FRANÇOISE N’EST PAS MORTE ! | GIROUETTE, VIRE-CAPOT ? | UNE PÊCHE MIRACULEUSE ? | MA DOUCE VALLÉE | MOURIR EN ÉTÉ EN ALGÉRIE ? | UN RIEN ME MET EN JOIE ? | « ÊTRE OU NE PAS ÊTRE…QUÉBÉCOIS » | L’ÉCURIE DE SAINTE-ADÈLE | UN VOLEUR, UNE SOTTE, UN FOU ET UN CON ! | BATMAN CHEZ MOI ! | LE VÉLO DES PETITS MATINS ! | Liste de tous les textes

  • Derniers commentaires

    • Alain Tremblay: Merci pour le tableau que vous avez brossé de m. Grignon. On oublie souvent, bien que notre devise...
    • Bertrand L.: Je connaissais le Grignon du début, jusqu’à son œuvre maitresse, Un Homme et son Péché....
    • Bertrand L.: Vous êtes chanceux d’avoir un rejeton qui fait dans les lettres… Les miens sont trop de...
    • Jean-Pierre: Le problème est simplement le concept même de “racisme” qui est ridicule, il ne signifie...
    • Bertrand L.: Dans ma jeunesse, je fréquentais l’église Sainte Madeleine; j’ai peut-être croisé...
  • Mots-clés

    États-Unis été acteur Ahuntsic américains Amérindiens amour anglais Bush Canada Cinéma comédien cuisine culture enfance fête film français hiver internet journaux lac Rond livre Montréal musique nation Ogunquit ordinateur Outremont parents Petite-Patrie petits-fils politique québécois Québec radio Radio-Canada Raymonde religion Sainte-Adèle télé théâtre vieux Villeray voyage

    Pages

    • « Des branches de jasmin » | L’art d’être un grand-père délinquant
    • Bibliographie thématique de Claude Jasmin
    • Biographie
      • Publications de Claude Jasmin
    • CHINOISERIES
      • Communiqué de presse
      • Quatre brefs textes non publiés dans Chinoiseries
        • BOUDDHA DANS MA CAVE!
        • LA PEUR DU CHINOIS
        • UN ÉLÉPHANT CHINOIS ?
        • UN CALENDRIER CHINOIS SECRET !
    • Citations
    • Entre la Saint-Valentin et Pâques!
    • FAQ
    • Jasmin à Tout le monde en parle
    • La petite histoire d’une aquarelle
    • LA PETITE PATRIE EN IMAGES
      • La petite patrie en images - Préface
      • La petite patrie en images - Une page
    • Liens divers
      • Photos
    • PLEURE PAS GERMAINE- dossier sur le film
    • ROMANS INTERROMPUS | ÉCHECS OU RECHERCHES ?
      • L’ ÉCUME ou «la mise à nu»
      • L’EXILÉ (Ernesto)
      • Le Recommencement
      • Le Testament
    • Sur LA PETITE PATRIE?
    • TOUTE VIE EST UN ROMAN
    • VIVRE À OUTREMONT AUJOURD’HUI (texte complet)

    • Sujets

    • Beaux textes
    • Cinéma
    • Contes
      • contes de Noël
    • Le Québécois
    • Lectures
    • LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES
    • Lettres ouvertes
    • Petite histoire derrière un livre
    • Portraits
    • Requiems, DEVOIR DE MÉMOIRE
    • Souvenirs


    • Vers

    • ABONNEMENT AUX AVIS DE PUBLICATION
    • FAQ
    • Jasmin dans l’Express d’Outremont
    • Le jeu Baby-boomer de Daniel Jasmin
    • Librairie en ligne - Livres Québécois
    • Librairies de livres usagés - Recherche des livres de Claude Jasmin -
      [Les livres de deux Claude Jasmin sont répertoriés dans cette liste: l'un est le romancier québécois, l'autre le cancérologue français . --site en anglais, livres en français--]
    • LIENS DIVERS
    • PHOTOS
    • Québec:Oh chère vieille Capitale” !
    • ROMANS INTERROMPUS

    • Archives


      Admin

    • Connexion

    Claude Jasmin, écrivain © 2008 Copyright.

    Contact: Webmestre | Contact


    t>