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mai 2011

Ça y est. C’est fini au moment où vous me lirez. Les trois coups furent frappés et le rideau est levé. Le spectacle peut débuter. À l’affiche, « la belle saison » ! J’ai vu naître, grandir, s’installer le décor. Quelle beauté ! Quelle métamorphose ! Je regardais intensément. Au début c’est tout petit, bien fragile, à [...]

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Si tant d’Étatsuniens enragent de voir la langue espagnole se répandre chez eux, deviennent-ils des fascistes ? Ces inquiets affichent publiquement dans l’ouest des USA « ENGLISH ONLY ». Si la nation québécoise s’acharne à sauvegarder sa langue devient-elle une nation fasciste ? « Oui, répète un richard de Westmount, oui ! Le reporter Denis Lessard questionne ce Crésus qui fut invité au congrès de l’ADQ de Delteil, se nomme, M. Jarislowsky. Une sorte de gourou, dit-on, dans le milieu financier.

On peut ne pas douter de ses capacités de brasseur d’argent —il en est une illustration étant la 250 ième plus grande fortune. Sur la planète. Mais on peut douter du patriotisme québécois de ce montréalais. Non, comme ses semblables à Westmount (et autour), Jarilowsky n’est pas un Québécois. C’est un « pur étranger », un vrai, une sorte d’apatride. Sa citoyenneté ? Sa nationalité profonde : le fric. C’est un cas pathétique ce gras Crésus, fermé, que dis-je, totalement bouché, aux faits de nations, culture, us et coutumes, traditions, histoire, langue etc. Vraiment borné, il dit au journaliste Lessard qu’il n’y a qu’à regarder en Suède ou au Danemark où il n’y a « pas une seule personne » qui ne parle pas l’anglais, qu’en vaste Chine l’on étudie l’anglais.

L’ignare ne saisit pas que le Mandarin, parlé par un milliard de Chinois, n’est pas en danger et qu’on ne peut comparer leur langue avec le suédois ou le danois. Pas même avec le français. Personne n’ignore que la langue des Étatsuniens —pays tout puissant— est actuellement la langue pratique. Cela mondialement. Une sorte de sabir en réalité, un anglais « basic » quoi, loin de la langue nuancée d’un William Shakespeare. Une sorte de baragouinage, un patois quasiment, avec un lexique limité, fort chétif. En somme l’anglais parlé un peu partout est une sorte d’argot pratico-pratique. Facile à piger. Un Hongrois croisant un Polonais dans une gare de Tokyo va y recourir. Aucune qualité.

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Ma grosse Donalda-Marmotte file à toute vitesse ce matin-là. Elle rentre sous ma galerie, la queue basse. Un éclair. Fauve. Va à sa chère niche sous les vieilles planches. Elle revenait de chez le voisin, Monsieur B. Longtemps, on voyait sur leur terrain plusieurs siffleux. Mais ils se cachent où maintenant ?

Je pose ma canne sur le garde-fou et je fouille du regard. Rien. Que le lac comme tremblotant dans la belle lumière des beaux jours récents, dans sa petite barque modeste un pêcheur —à moteur électrique— trolle patiemment tout autour de nos rivages. Les bourgeons des lilas grandissent comme à vue d’oeil. Ma hâte des beaux mauves !

Pendant mon bref séjour à l’Hôtel-Dieu ma Raymonde me dira; « Ce matin, avant de partir, j’ai vu ton gros vieux matou royal. Valdombre ? Il était grimpé sur une table de la galerie. Il m’a vu et examiné un bon moment puis a sauté paresseusement au sol et est descendu tout doucement l’escalier. Tu as raison : il se prend pour qui celui-là ? »

Ses « maudites » corneilles rôdent désormais. Elle grogne. Un peu. Moi l’estropié, l’handicapé, le « vieux » réduit à ses béquilles, ma Raymonde a engagé un vaillant jeune homme pour les travaux « du printemps » dans le jardin et dans la cour. Et pour le lavage des murs dehors… et les douze persiennes noires à repeindre… Et le reste. Je me sens devenu une sorte de rentier, aussi une sorte de « p’tit vieux ». J’aime pas trop ça.

Voilà que le seul littéraire de mes cinq petits-fils, David, lit de sa poésie en Colombie, à Bogota ! Il a été choisi par un réseau animé par les Alliances françaises. Internet fait que l’on garde contact. Photos, affiches, bandes sonores, et tout le reste. Skype compris. Sur une vidéo, on a orthographié son nom JAZMAN ! J’ai ri, au collège Grasset on m’affublait de ce sobriquet ! Moi comme immobilisé et lui, mon dauphin, vagabondant si loin, si loin; il songe maintenant à y demeurer quelques mois, le coût de la vie est invitant certes.

Je suis un peu fébrile en ce moment, c’est l’inquiétude, Raymonde a passé des radios urgentes et doit recevoir un verdict sur ses bien faibles poumons, en ville. J’ai peur. Voilà des décennies et des décennies d’amour commun, d’amour intense et…peut-être —bien pire qu’une hanche artificielle—ma compagne de vie se fera emprisonnée dans une suite de soins intensifs…Nous fumions, elle et moi, oh !, comme des engins d’enfer jadis. Elle surtout, captive de ses réalisations de dramatiques, moi à mes simples scénographies, la fumée de cigarette était notre décor permanent. Pire qu’envahissant. Pour elle, quel sera donc le prix à payer ? J’ai peur et elle va rentrer bientôt. Je sortirai au soleil, une corneille poussera ses laids cris et je lui dirai : « Silence, mon amour s’an vient et elle ne tolère pas. »

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Imagine ami-lecteur : ce jeudi-là, on roule dans la nuit et il tombe du ciel un blanc-manger, on traverse sans cesse de flasques banderoles sales de bâches de camion ! Ma chauffeure, ma Raymonde, reste prudente sur la 15. Destination ? Me faire taillarder ! La tortuesque loterie-Service-de-Santé a sorti mon numéro, mon tour. Rouler dans cette soupane pluvieuse pour se faire ouvrir au scapel, se faire tripoter les os, se faire installer à la hanche une patente-à-roulette ! Ai-je peur ? Non. Espoir d’en finir avec cette jambe douloureuse depuis presqu’un an !

Parking, l’aurore se montre enfin, couloir, pas un chat nulle part, une porte : « chirurgie d’un jour » Posez votre sac car « formulaires » à remplir. On dirait un garage, un coin d’entrepôt, éclairage blafard. Mettez vite une jaquette à cul-nu. Couchez-vous sur un grabat mobile. Attente encore. Soudain, on vous roule vers un autre coin de garage. Gros réflecteurs comme à la télé (Trauma), au cinéma.

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