LES EMPIRES ET MOI ! (une réplique)
26 novembre 2011 | Lettres ouvertes
J’avais donné « La petite patrie » aux Éditons La Presse, donc à l’Empire-Desmarais, ce fut un franc succès d’édition et je l’ai pas regretté. En ce temps-là (1972) mon éditeur habituel, l’ancien Leméac (de feu Yves Dubé) négligeait de me verser mes droits. Pour mes chroniques hebdomadaires je fais affaire avec Quebecor, l’Empire-Péladeau et je ne le regrette pas. Chère Josée Pilote, j’ai lu votre verte diatribe où on laisse entendre que ma liberté d’écrire ce que je veux serait en danger à cause de …L’Empire. Lire cela chez un concurrent. « Accès », est fortement prématuré. Une directrice s’évertue à effrayer le public ? Or, jamais je n’ai pu percevoir la moindre censure, là où je suis publié, j’y jouis d’une totale liberté.
Mettons les choses au clair : Madame Pilote vous menez une guerre commerciale. Soyez plus franche. Il s’agit d’un business, et des prix d’une page de publicité. Ma liberté d’écrivain, comme vous le lassez entendre, n’a absolument rien à voir avec cette bataille des prix des pubs. C’est de l’amalgame niais. Je n’y connaît rien en cette matière des « commerciaux » offerts aux marchands « pas chers, trop chers ou trop bon marché ». Ça ne me regarde pas. Prière de ne pas mêler le public.
Je sais fort bien que mon roman annuel est offert « pas cher » chez Costco, oui, bien moins cher (hélas !) que chez mon cher petit libraire indépendant habituel. Nous sommes, auteurs, impuissants sur ce sujet. Les créateurs, les écrivains ne sont pas conviés aux affaires de distribution, etc.
Si mon hebdo offre « une page de pub » à meilleur compte qu’un autre hebdo, c’est une question qui ne me concerne pas. Il y a telle chose que la liberté de commerce, je suppose. Je me souviens, enfant, de la colère de ma mère chez notre épicier Bourdon (rue Chateaubriand) lui criant que les prix étaient « bien meilleurs » au Steinberg qui venait d’ouvrir rue Jean-Talon. C’était un empire naissant. Qui n’a pas duré. Bourdon est devenu un « Métro ». Juste dire ici que l’industrie (quelle qu’elle soit) mène un jeu purement affairiste hors de notre intérêt et de notre portée.
Que les gros joueurs, les joueurs puissants, évidemment, mènent le bal, c’est vieux depuis les premiers trocs en Assyrie ! Cela dépasse le rédacteur qui rédige une chronique. Vive la liberté madame Pilote ? Si je revois l’ami Pierre-Karl Péladeau à notre resto préféré —« Le petit Italien » de la rue Bernard— je ne vais pas lui « dicter » le prix qu’il doit exiger pour les encarts publicitaires commerciaux dans ses journaux. Tout de même. Par contre s’il m’annonce qu’un sondage maison indique que je suis très peu lu, là, oh !, je vais filer doux et lui faire des promesses d’amélioration.
Bon, bref, cette guéguerre n’autorise personne, madame, à laisser entendre que la liberté des chroniqueurs de Quebecor (Pays d’en Haut) est menacée. Belle foutaise et bête amalgame, arguments fallacieux, pour embellir, anoblir (?) « une simple bataille des prix ». Querelle hors de sujet quant à mon indépendance d’auteur. J’ai été souvent collaborateur de publications modestes et risquées, tel Québec-Presse. Librement. Dans ces modestes journaux, j’y étais ni moins libre, ni plus libre qu’ailleurs; par exemple à La Presse (1960-1965) un temps, ou au Journal de Montréal (1970-1976). Ne mélangeons pas, madame, les serviettes et les torchons, il y a l’écriture en toute liberté et il y a la chamaille ordinaire des espaces à vendre pour la publicité.
À bon entendeur, recevez mes salutations amicales et mes bons voeux de succès à votre hebdo.
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Soyons quand même lucide!
Je ne regarde plus la télévision depuis très longtemps
Mais voici un scénario de base :
Quelqu’un qui travaillerais à TVA et qui ferait de la publicité pour un concurrent comme Radio-Canada ou TQS se verrait rappeler à l’ordre.
Ça, c’est le côté financier.
Ce même quelqu’un ferait la comparaison entre les deux chaines et
prouverait, hors de tout doute, par l’énoncé de critères ou paramètres
clairs, alors qu »il travaille pour une de ces deux chaines, se ferait mettre à la porte, cul par dessus tête.
Ça, c’est le côté intègre du journaliste qui nuit au côté financier.
Alors la liberté d’expression….. pfuitttt …..
J’en prends, j’en laisse.
Publie-t-on les auteurs parce qu’ils ont du talent ou parce qu’ils peuvent rapporter de gros sous venant des publicitaires ?
Laisse-t-on parler les commentateurs pour leur belle geulle ou parce qu’ils peuvent rapporter de gros sous venant des publicitaires ?
Encourage-t-on les comédiens à se transformer en animateur de quizz ou de « talk-show » pour leur personnalité ou parce qu’ils peuvent rapporter de gros sous venant des publicitaires ?
Star Académie, Loft Story et autres débilités ne sont pas là pour nous mais pour ces mêmes commanditaires qui y trouvent largement leur compte. Sans la possibilité de fric au bout, ils n’y seraient pas. La culture capitaliste dont nous sommes les colonisés cohéritiers est dépendante du fric, alors qu’il dicte ses volontés n’a rien de surprenant.