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L'un des auteurs québécois parmi les plus connus, Claude Jasmin est (ou a été) céramiste, acteur, marionnettiste, critique d'art, professeur d'histoire de l'art (moderne), pamphlétaire, chroniqueur de radio et de télé, peintre (aquarelliste), illustrateur, scénographe de télévision, etc.

Photo Éliane Jasmin

Claude Jasmin fait tout d'abord des textes dramatiques pour la radio, puis pour la télé et pour le cinéma. Il a fait beaucoup de journalisme et il publie un livre nouveau chaque année. Depuis 1960, Jasmin a donc publié plus d'une cinquantaine de livres, des romans et des récits surtout.

Jasmin poursuit encore et toujours l'expérience d'écrire avec ses journaux intimes chaque semaine en publiant depuis plus de sept ans un blogue (carnet) dans son site Web . On trouve ici son avis, ses opinions sur les actualités, des critiques de spectacles, de théâtre, de films ou de télé. En somme, il raconte son quotidien. Il parle de lui mais aussi des autres. Jasmin ne laisse personne indifférent, admirateurs ou contempteurs.

Ici, un grand nombre de textes publiés au fur et mesure: lettres ouvertes, projets de romans, humeurs, portraits, extraits... Voici un raccourci vers la liste de tous les textes publiés dans ce site Web. Vous pouvez aussi laisser traces, les commentaires sur les textes de Jasmin sont acceptés et publiés en autant qu'ils s'en tiennent au sujet et demeurent respectueux.

De passage sur cette page ou de retour, pour le plaisir ou pour le travail (l'école), bonne lecture et bonnes découvertes!

1-Tout, Souvenirs | 26 novembre 2010

« MATANTEPAULINE À SAINT DONAT »

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Nous étions, rue Saint Denis,  de très jeunes enfants et nous ne savions rien du « nord », des Laurentides. On croyait que c’était très… très… loin, proche du pays des rennes, du Père Noël ! Peu à peu on a mieux su. Car maman invitait à la maison, rares occasions, sa grande sœur, Pauline qui vivait par là, dans l’nord ! À Saint Donat. Sorte d‘exilée à nos yeux candides.  Vivre là-haut, si haut, où il devait faire si froid ! Avec son mari, l’oncle  Paul (Thibault), « matantepaulne » voyait à la bonne marche de leur hôtel « Le Montagnard ».

Quelle joie lorsqu’on la voyait arriver. Nous savions qu’elle apportait un peu de gibier, des pièces de viande « bin spéciales », disant c’est de la part de certains clients chasseurs. Parfois elle disait : « cadeaux des « Abénakis ». Cela donnait davantage de crédibilité à nos croyances : elle habitait « audiablevauvert ! »

Et puis, joie !, elle avait toujours de nouvelles  photos (en noir et blanc dans ces années 1930). Nous nous exclamions : « Matante quoi ça ? » Tante Pauline  souriait heureuse d’étonner ces enfants-de-ville. « Ça mes chéris, c’est une snowmobile », là-haut où on ne dégage pas les chemins enneigés, c’est essentiel, par exemple, pour aller chercher nos clients à la gare. Ça roule, mes enfants,  en grande, tempêtes ou non. On a des congères (elle disait bancs de neige) de dix parfois vingt pieds de haut ! Rien ne peut arrêter une snowmobile, voyez les grosses chenilles de métal sous le carrosse géant. » On contemplait longuement cet engin de tôle noire luisante, très épatés. Cette sorte de minibus, inconnue de nous, impressionnait fort nos jeunes yeux.

Retournés à nos jeux (parchesi, serpents et échelles, etc.) ma mère la questionnait sa grande sœur « sans enfant », à voix basse, se censurant, avec des mots bizarres dont le sens parfois nous échappait. Nous finissions par comprendre que notre chère tante « du grand nord » avait de graves  problèmes. Son Paul de mari (nommé Polo), était un furieux adepte de la dive bouteille et profitait amplement du bar de son hôtel. Pauline haussait le ton : « Il boit le bar ! Tu m’entends, Germaine,  il boit le bar   ! » Il y avait des sanglots mal retenus. Grand malaise parmi nous. S’essuyant les yeux de son mouchoir à dentelles, Pauline tentait vite de changer d’ état d’âme : « Voyez mes enfants, ça c’est notre lac en face de l’hôtel ! » N’étant encore jamais sortis du quartier —où il y avait le petit lac de la Carrière-Villeray, coin DeCastelnau et Everett— on découvrait un lac immense, le vaste Archambault. Et puis ce sera le défilé : photos de la file de chambre, Simone, d’un chantier dans une pinède, d’un « sauvage » ramancheur, du maire en calèche, du curé aux fraises, des beaux bouleaux « noirs ». D’un chardonneret bin jaune qui mangeait dans sa main, alors, tante Pauline éclatait de rire et nous en étions tout rassérénés.

Il y a quelques années, Raymonde et moi,  sommes allés en pèlerinage à Saint Donat, on le sait maintenant, pas bien loin d’ici. L’hôtel, vendu, a été rénové et le proprio, amusé, nous a sorti une grande photo encadrée de l’ancien « Montagnard ». J’ai fait faire copie. En souvenir de Pauline.

Lectures, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES | 19 novembre 2010

LE SOMMEIL DE LA TERRE

Je viens de lire la vie de Janine Sutto où l’on voit les deux fils scandalisés d’un célèbre père comédien (adultérin), un soir dans Westmount, venus engueuler ce papa dévergondé qui ramenait chez elle sa concubine, la fameuse comédienne. Scène pathétique. Cette biographie écrite par son gendre (!), le reporter Lépine, mérite lecture pour le franc-parler. Je lis aussi les journaux : un pédophile, Cantin, grimpait dans la hiérarchie de la DPJ, quoi ? Un ado contrarié assassine sa mère monoparentale ! Une Haïtienne reçoit (de son homme) en pleine face, un plein bol d’acide ! Le PDG d’un empire médias traité de « voyou » par un PDG de Radio Canada, va en procès. L’ex-parrain de la pègre meurt d’une balle bien visée, à Cartierville ! Suffit, aller se laver les mains car ça tache l’encre des journaux, sortir prendre l’air.

Autre tour de machine : on sort, au soleil, vers Saint-Colomban et on roule vers le sud-ouest. Allez-y pour voir de très jolies vallées, plaines aux tons fauves, découvrez une fin d’automne avec ces longues terres de maraîchers endormies. Quel bonheur de tout bien examiner sur de jolies routes modestes. Du côté de Sainte-Scholastique, tant de logis anciens, églises toutes modestes, humbles et émouvantes demeures à la maçonnerie parfaite avec leurs longues galeries. En leurs alentours, ces bâtiments de ferme dont les planches mûrissent depuis si longtemps. Émouvantes campagnes pas bien loin de nos collines. Voici Saint-Benoît, se poursuivent les pages d’un album vrai, fort. À l’horizon proche, les collines d’Oka peintes aux tons de novembre, mauves, beiges, gris. Soudain, du vert. Un et puis deux saules très « pleureurs », gigantesques.

Grimpé au cœur de Saint-Joseph-du-lac ( pays des pommes, grâce aux moines Cisterciens, paroisse fondée par les Sulpiciens-seigneurs en 1717, il est midi et nous dévorons nos sandwiches dans un joli kiosque. Juste en face de la vielle église. Un site où l’on découvre au loin toute la métropole, ce jour-là, avec son épais rideau de pollution !

Ma chauffeure, Raymonde, veut bien me faire re-visiter les rives —sablonneuses jadis— de ma jeunesse,

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1-Tout, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES | 12 novembre 2010

UN BEAU TOUR DE « MACHINE » !

Jeune, jadis et naguère, on disait ça « aller faire un tour de machine ». Quand c’était pas tout le monde qui possédait une voiture. « Mononcléo », un frère de papa, nous amenait en Chevrolet « 42, faire un beau « tour de machine ». Je proposais souvent à ma chauffeuse (Raymonde) : « Si on allait faire un tour de machine » au-delà de nos prospères villages d’ici ? » Je souhaitais découvrir « le nord »…« au sud-ouest », l’arrière-pays derrière Saint-Sauveur, St-Adolphe. Ce midi-là, les Jodoin, nos voisins, nous incitent et invitent (c’est la veille de mon anniversaire) à un succulent lunch. Découverte dans une ex- une auberge, « Aux Menus Plaisirs », juste au sud des « très basses » Laurentides, à Sainte Rose.

Il reste en ce gros village quelques très belles vieilles demeures et de grands vieux arbres, tout cela encore vigoureux témoins des tableaux de l’un de nos plus grands peintres, Marc-Aurèle Fortin, seul « génie fauviste » d’ici. Sainte Rose est aussi le lieu natal du fameux Clarence Gagnon, du pas moins fameux Suzor-Côté et du très célèbre Alfred Pellan. Petite enfant, ma Raymonde y a vécu quelques années, donc un pèlerinage nostalgique. Après le bon repas, ma compagne au volant : « Claude, un cadeau, on va y aller découvrir tes Laurentides-du-sud-ouest. » En voiture !

L’étrange expédition ! Qui va durer des heures et des heures. Car on va s’égarer. Signalisation bien pauvre et l’ignorance totale des routes à prendre. D’abord en route vers Wentworth et Weir, découverte de fort jolis lacs inconnus. Notre « pays d’en haut » est tout troué de ces magnifiques plans d’eau inattendus. Le bonheur ! On roue au pif. Tourne à gauche, tourne à droite, nous voilà bientôt perdus ! Le soleil fait reluire des forêts fournies, de rares chalets somptueux (chez Claude Dubois ?) et aussi des maisonettes d’une immense modestie. De pauvres cabanes. Perdus vraiment ? Oui, « lost ! » et une vague d’inquiétude dans… « la « machine ». Deux couples à cheveux blancs comme des enfants « écartés ». C’est le conte de Perrault : « Le petit poucet ».

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1-Tout, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES | 5 novembre 2010

FILM EN ROSES ET EN MAUVES

Maudite vieillesse, maudit glaucome; lundi dernier, devoir descendre en ville rencontrer encore mon savant chinois, le docteur Chen. Roulons. Soudain, cesser net de chialer, de râler. Ce ciel ! Ce firmament insolite ! C’est la fin du jour bientôt, le gros disque d’or (rond soleil à ma droite) se laisse tomber à l’horizon de l’ouest. L’éclairage d’or qui transforme tout. Une lumière oblique, dramatique, la plus saisissante, transforme tout. Ce ciel aux moutonnements de camaïeux gris, ces plaques d’ardoises variées forant un dôme inouï. Ses contrastes violents entre des rayures crépusculaires, au sud de l’autoroute, à l’est aussi, voûte infinie de « rocheuses » avec des zébrures si noires, si noires. Esquisse aux fusains d’enfer !

Rouler sur la 15 et, en même temps, avoir vu un film. Inédit, fameux court métrage. Sa durée ? De la sortie de Saint-Jérôme jusqu’au boulevard L’Acadie, oui, un bon 30 minutes. Ma place de navigateur me fait un fauteuil privilégié, c’est Aile, alias Raymonde, qui conduit à cause de ma durable patte folle, due à l’absence de radiologues pour une infiltration monitorisée de « Sync-machin ». On vous dit : « Attendez, on vous téléphonera ! » Souffrez quoi ! Ces maudits hôpitaux et cliniques ! On me répétait : « système de santé pourri su Québec » et je doutais. Maintenant, je sais., c’est vrai : pourri !

Lundi, ces visions. Ma Raymonde sacrifiée un peu, conduite oblige. Mais comme moi elle s’esclaffe de bonheur visuel en attrapant de bons bouts du show. Ces nues aux gris variés qui se meuvent et voici maintenant, au dessus de Blainville puis ce sera Laval, un couvert céleste fait des roses et des mauves en une alliance subtile ! Ponctuation ?, ces freinages graphiques aux violents violets ! Un cinéma époustouflant, mes amis. Se forment, se rassemblent, se massent des zones de lilas. On croit une terre, un sol poétique, voir la tête à l’envers des collines douces et, défi à Darwin, rouler tête bêche. Terre, terre, cher Colomb, aborderons-nous sur ce continent aux pourpres adoucis ? C’est beau ce film anonyme, visionnement gratuit. Merci « Paradis productions ? » pour ces bobines se dévidant à plein pare-brise. Roulons. Chomedey : c’est encore mieux, voici un arc en ciel ! Mon premier depuis longtemps. Cela part (miracle ?) de l’Oratoire du « saint tout nouveau » et des bâtiments universitaires dorés par ce soleil couchant sur le mont Royal. Cela grimpe, se juche très haut, bel arc de lumières multicolores. Quel beau court métrage en cette fin de journée-là.

Docteur Chen, soignez bien mes vieux yeux menacés. Vouloir voir encore pareilles images ! Voici encore mieux, devant l’arc en ciel sous ces nuées opalines, soudain rassemblement de centaines d’oiseaux blancs ! D’où surgissent-ils, un autre miracle de saint André ? Cela vole, mille ailes qui s’emmêlent, s’entrecroisent, taches toutes lumineuses au dessus des entrepôts, des commerces le long du couloir à-murs-insonorisants, du côté de Laval des Rapides. On en reste muets. Muets ! Dans mon roman tout neuf, « Papamadi », je raconte en long et en large ce portier modeste, l’orphelin illettré, André. On y verra le respect que j’ai pour l’humble thaumaturge, ce croyant consolateur qui a passé sa vie à écouter le malheur humain. Merci à lui pour ce film inédit de lundi, oui, lui, ce guérisseur, l’ex-baptisé Alfred Bessette, né dans les hauts du Richelieu.

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1-Tout, Critiques | 1 novembre 2010

UN GOÛT AMER… DE CERISES ?

Je m’assois « posant les mains sur les genoux » (Claudel). J’ai une bonne place, je peux tout voir. Un certain malaise tout autour de moi, d’autres témoins gênés face à ce drame qui s’étale en pleine rue Sainte-Catherine, pas loin de Saint-Laurent. On voit d’abord, si fragile, un vieillard qui se traîne sur un long tapis orientalisant, marchant presque à genoux ! Un hallucinant fantôme qui trottine vers une immense armoire, l’ouvre Il en sort des fauteuils tapissés, une lampe, des petites chaises d’enfant. Un cheval-de-bois à la crinière folle. Cette loque en habit noir marmonne, nous prévient que son « monde mondain » s’en vient. On les voit surgir, folle famille, en tête la fougueuse proprio qui rit et qui pleure. Déclin, fatalité : obligation de vendre manoir et sa cerisaie. Dettes impayées.

Sa grande fille rêve debout, son frère, dandy mou, dénie, et se camoufle. Voulez-vous assister à une fin d’un monde ? Des silhouettes surgissent et nous, voyeurs intimidés, nous agrandissons les yeux, ouvrons les oreilles. Écoutez, si vous voulez voir ce que moi j’ai vu ce soir-là, allez-y, émotions garanties ! Ces gens-là, exhibitionnistes fameux, se plaisent à jouer à « crever » en public, rue Ste Catherine.

Découvrez un homme-cheval en fou hilare ou ce névrosé adolescent jeune qui délire en brandissant son inséparable pistolet, ou bien cet « éternel étudiant » sentant venir une révolte.

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1-Tout, Poing-comme-net | 25 octobre 2010

SERMON SUR LA MONTAGNE

C’était à Mont-Rolland, ou à Piedmont ? Bof, flou dans ma mémoire. En tous cas, vision soudaine de deux jeunes silhouettes. Je me rapproche. Image plaisante, un tableau naturiste, titre : Jeune couple sur un banc bancal. Des rochers, cascade d’eaux rugissantes. À l’horizon, nos collines, défeuillées. Paysage de mauves et de pourpres affadis. Bientôt de belles neiges ? Ce couple joli, quinze ans…ou vingt ? Difficile à dire désormais. Elle au joli visage d’un Botticelli, cheveux d’un roux blond. Lui, un noiraud musclé, beau visage sculpté, bel Apollon. Envie d’admirer moi aussi cette chute sonore et ses eaux bouillonnantes. Je m’installe donc à l’autre bout du banc.

Sourires et petits saluts de part et d’autre car, avec « ma tête de pâtre grec », je n’effraie personne. Le garçon me sourit, me parle. D’elle et de lui, de l’avenir et de l’amour. « Est-ce durable ? » Ô la vieille question ! Je confie être toujours amoureux, depuis 50 ans, de la même fille ! Mes tourtereaux sursautent :« Quoi?, hein, ça se peut ça ? » Ce sera alors mon sermon sur cette colline. « Facile si on accepte de mêler l’amour avec la sexualité. La tendance pornographique de notre époque peut tromper les amoureux pressés, hélas ! »

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1-Tout, Contes | 16 octobre 2010

ÉLIANE, AVOIR DU CŒUR

Social Buttons by Linksku      Je vous raconte une fillette de neuf ans. Éliane B. son nom. Elle a vu à la télé, à Haïti, la catastrophe ! Un monde soudain viré à l’envers. Les secousses sismiques terrifiantes, ce ravageur tremblement de terre. Éliane voit toutes ces misères, ça passe et ça repasse. Sans [...]

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1-Tout, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES | 11 octobre 2010

OCTOBRE

Social Buttons by LinkskuNovembre s’en vient. C’est le mois le plus laid (avec mars ?). C’est le mois entre l’automne et l’hiver. J’aime l’hiver. J’aime sa lumière unique. Le répéter : avec la neige le soleil par ici est bien plus beau, bien plus lumineux que celui de tropiques. Apprécions cela. Mars, comme novembre, est lui [...]

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1-Tout, LES BELLES HISTOIRES LAURENTIENNES | 6 octobre 2010

NOS COLLINES S’ALLUMENT !

« Que c’est beau…la vie », chante le bonhomme. C’est parti. On va revoir des cars remplis d’asiatiques étonnés de nos arbres allumés ! Il y a aussi l’actualité : il y a commémoration du terrorisme d’octobre 1960. Souvenir : candide, j’embarque dans un neuf parti de gauche pour me faire élire échevin à Montréal. Les enlèvements (Cross, Laporte) vont faire en sorte que notre campagne s’écrasera. Les électeurs fascinés par les nouvelles collent aux téléviseurs et oublient ces élections, Annulation de toutes nos assemblées. Ville désertée. Jean Drapeau, démagogue, gueule : « Avec le FRAP, le sang va couler dans nos rues ». Ça aide hein ? Jean Marchand s’époumone : « Le FRAP est la façade du FLQ ». Ça aide ! En octobre 1970, des artistes mis en prison, les arbres se métamorphosaient néanmoins en lumineux plateaux de fruits, gigantesques palettes de peintre, terreur ou non, c’est comme chaque automne.

Ce brave maire Gérald Tremblay vu, pas loin du Marché Métro-Chêvrefils, qui marchait sous les toutes neuves couleurs. Souvenir encore : toujours candide, moi le pamphlétaire qui avait vertement critiqué les Juifs Hassidim —« au racisme tout inconscient »— d’Outremont, je veux devenir candidat dans… Outremont. Octobre, 1989. Le cher « Gérald » serait mon adversaire. Mais le « bureau » de « Monsieur », sur la Plaza, doute de ma victoire. Et branle. : « Jasmin ? On le vire ? » Je fuis. Plus tard, face à face lors d’un lancement, il rigolera : « Ah c’est vous, mon redoutable adversaire de 1989 ? » Il ricane gentiment. Dehors le rituel inouï d’octobre, les beaux bouquets couleurs citron, cerise, bleuet, orange, pommes.

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1-Tout, Poing-comme-net | 21 septembre 2010

« THEY ARE BACK »

À Miami, à l’automne de 1994, un journal se moquait du retour des Québécois sur leurs plages. Et une caricature montrait un bedonnant, bière à la main, on lisait »They ‘re back! ». Colère des Chambers of commerce » floridiennes. Elles savaient les revenus que ces exilés du nord apportaient. Imaginez aussi les protestations des habitants des « mobils homes » là-bas ! Le choc ! Ma station-radio, CJMS, m’expédia illico pour enquêter à Hollywood et Sunny Islands. J’en fis des aquarelles « à bedaines » et un roman : « Pâques à Miami ».

Je pourrais écrire de nouveau « There are back » en voyant dans le ciel du village ces noires bestioles nommés corneilles. L’horreur pour certains dont ma Raymonde qui éprouvent une sorte de répugnance. Pire encore que celle provoquée cette semaine par une chauve-souris qui papillotait sous nos plafonds toute une soirée. Elle voit un vampire, un Dracula, un Batman menaçant. J’ai fini par l’abattre d’un raide coup de balai.

Bien vrai que ces cris des corneilles n’ont rien de mélodieux, plus riien à voir avec les turlutteries de nos merles tout l’été. Quoi de pire ? Bon. On a le choix en matière de « retour ». Ainsi la reporter Elma Elkouri (La Presse du 20) nous ramène cette sottise des « deux solitudes ». Cette connerie. Y a-t-il deux solitudes en un autre pays ? Nulle part. La dame Rima jasait sur les anglos du Québec qui ont « grand peur » d’être dilués, on connaît ça, on a tellement essayé à Londres et, plus tard à Ottawa, de nous diluer. Ce fut un échec, on est désormais une nation avec un pays à faire naître et les jeunesses moins molles y verront sans doute.

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