Le mardi 15 octobre 2002

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Oct 152002
 

1-
Ouf ! Ça y est. C’est fini cette fête pour « La Maisonnette des parents » de la Sœur Gagnon, à Saint-Arsène. Si inquiet —de dette expo menée par des amateurs néanmoins aimables— que je renversai sur mon ami Dube son grand verre de cola, dimanche midi, ensuite un plein verre de vin sur la belle nappe d’Aile, le soir, et puis mon café, lundi matin chez Miville à Radio-Canada. Dyslexie psychosomatique ?
Oui, ouf ! Avant de remonter en Laurentie toute orangée, visite, près du grand parc Kent, à Marie-Josée allongée ou en fauteuil roulant pour sa hanche rabibochée. « Je vois mieux, dit-elle, la terrible solitude des aînés remisés en Centres ». Deux mois en internement : « Mais ça va, on mange bien, les gens sont très gentils, je lis, j’ai la télé… » Courageuse. Radio-Canada continue de fonctionner sans la tite-boudrias : incroyable hein ? Elle m’a prêté le deuxième petit livre de Rémond puisque j’ai tant aimé son premier tome : « Chaque jour est un adieu ».
Si affamés ce matin qu’on a « petit déj » rue Bernard. Journaux sur la mini—table, hélas, du café « Au souvenir ». Soleil plein la vitrine. Fumée bleue ! On ne cessera donc jamais ? J’en suis arrivé, fataliste, à me dire : « Bof, trop tard à mon âge pour stopper les « clopes »; content, satisfait, je fumerai jusque sur mon lit de mort ». J’imagine les « gros yeux » de ma fille, Éliane, si Marco lui fait lire cela !
2-
Ainsi, vendredi soir, Rita éteignant enfin son humoir-à-poussières, je courus à l’École Bouffe et, revenu, « gros yeux » d’Aile voyant mes
Provisions, son accueil : « Bonjour cholestérol ! » Maudit ! Des cuisses poulettière…et pas meilleures que celles de la maison. Je l’ai dit. Aile se gourmait. Coup de fil de la biblio : « Le livre attendu par vous est arrivé ».
C’était ce « W.T.Center, 47 ième étage » de Bruno Dellinger. Il s’adaptait vite à New-York comme consultant-conseiller pour des big-shots amerloques voulant investir (ou se mailler) en France, son pays. Ce Bruno est un bon bourgeois tranquille qui a connu, jeune, l’anarchiste Hedern-Hallier (ils animaient, jeunes, une radio-pirate à Paris), aussi le Poivre D’Arvor médiatique, aussi Claude Chirac la fille de qui vous savez.
Comme tant d’Européens, fascination totale pour les Usa, en particulier pour le « Big Apple », évidemment. Bon. Tout baigne. PME qui fonctionne. Et un bon matin, il voit —et entend— un avion juste derrière les fenêtres de son 47 ième étage. C’est le 11 septembre. Son récit fait frissonner. D’avoir échapper à la mort de justesse l’a rendu comme fou. Thérapies sans fin. J’ai lu cela d’une fripe. Captivant. Ici et là, dans son livre, ses élans « buschiens », parfois d’un réactionnarisme malodorant doivent, je suppose, être mis au comte de sa peur effroyable. Une lecture étonnante.
3-
Le soir, à ARTV, chez Homier-Roy, le comédien David La Haie. Une fois de plus, pas de dossier, rien, sur enfance, jeunesse, études, famille, premiers rêves, essais, échecs, etc. Aile qui a travaillé avec lui dans « Montréal, P.Q. » (« il était froid, distant , comme distrait ») finit par le trouver sympathique avec ce long entretien. Moi itou.
Samedi, j’écoute les éloges du « disident-maison » chez Le Bigot, pour le film du provocateur courageux : Michael Moore : « Bowling Colombine ». Lundi après-midi, revenu du studio de T.L.M. —Aile à ses petites commissions— je songe à filer vers l’Ex-Centris pour voir ce film qui charge à fond les amateurs d’armes aux USA. Bon temps pour « charger » avec ces gens assassiné (dans le dos) par un « sniper » détraqué autour de Washington, non ? Paresse maudite : je reste, Chemin Bates, étendu sur le sofa de cuir caramel à lire un « Voir » et deux « Ici ». Et « L’Action nationale » et « Le Couac ».. J’ai honte. On se dit toujours : « ça va passer à la télé tôt ou tard ».
Coup de fil du fils, ce samedi. Daniel veut aller vélocipéder à Val David. Avec sa jolie Lynn, il va passer nous voir… et réparer un petit « bug » sur mon i-Mac. Je vois que l’on affiche une exposition des œuvres de Claude Vermette dans la chic rue Laurier (rien à voir avec un portique d’église de la rue Bélanger). C’est un —riche— voisin adèlois mais on ne se voit pas. Goût d’y aller fureter. Souvenir : J’ai vingt ans. Claude m’invite, pour des conseils en céramique qu’il pratique en autodidacte, dans la cave de son papa-boucher rue Beaubien. Ambiance d’atelier libre. S’y trouvent de ses camarades de bohème. Certains en combinaisons de laine ! Cidre à boire. J’étais réticent (oh l’avare jeune homme !) à communiquer ce que j’avais dû apprendre durant trois ans.
Plus tard, Claude contractera un « bon » mariage avec la fille d’un « important ». Elle deviendra une tisserande d’art et lui une sorte de concepteur-céramiste souvent appointé pour de plantureux contrats publics. Il devient un « designer » en briqueterie d’art. Il aura vite les ressources nécessaires pour acheter un grand domaine au bord du lac Rond —une partie convertie en un lot de condos nommé « Villa Major ». Ce fructueux mariage des beaux carreaux de faïence aux couleurs vives et des luxueux tapis tissés aux mêmes couleurs flamboyantes fera donc florès. Pont impossible à franchir entre le petit scénographe salarié (moi) et un véritable baron des architectes à la mode (lui). Destins.
4-
Samedi soir, invitation à souper au Sommet Bleu voisin, chez les F. Deux avocats. L’ami Dube nous les fit connaître. Sylvie et François viennent d’acheter un vaste bungalow luxueux tout en haut de la colline derrière chez nous, au bout du chemin où se trouve la croix illuminé. Entrée avec l’énorme bouvier des flandres, frisé noir, pas jappeur, deux chats beaux, jolie piscine dans un boisé bien calculé, jardin fleuri en escarpement, bassin de poissons —pas tuables l’hiver— et une vue imprenable sur le Mont Olympia, Saint-Sauveur et le Mont Gabriel. Avec, eh oui !, rien n’est parfait, un bourdonnement venu de l’autoroute en bas de cette falaise feuillue. Les F. voient le soleil jaune se lever, nous, en bas, on le voit rouge, aller au dodo.
Rioux, le sociologue : « Nous sommes une société tricotée serrée ». Vrai. François, expert en droits des producteurs et auteurs de télé, de cinéma, vient de l’Assomption et connaît donc des gens que je connais depuis mon livre « L’Outaragassipi » qui raconte les débuts historiques du lieu. Dimanche l’amie, veuve-Fasano, s’amène. Ils resteront tous à coucher. Jeux de cartes, « le railroad chou-chou », il pleut tant. Rires. Piques et craques. « Pretzels » —et autres cochonneries— personne ne s’étouffe ! Retrouvailles du temps de notre « Groupe des Sept » quoi. Visite de « maisons à vendre » au Lac Écho en après-midi. Sous la pluie. Dube songe à acheter dans le Nord. Maison hors de prix au bord du lac joli. Je vois une véranda à mousticaires comme du temps de Pointe-Calumet. Mobilier d’osier désuet. Je m’y installe. Je suis bien. J’ai quinze ans ! On vient me réveiller. Je rêvassais au passé adolescent.
6-
Le soir, film loué. « Et ta mère ! ». Mexicain. Un navet navrant. On ferme. À la télé : on voit le fameux Gene Hackman chez « Actors studio ». Son silence émouvant quand Lipton lui parle de son papa « disparu subitement » quand il avait 12 ans. Grand malaise. Très grave. Il finit par parler : « C’est ce qui fait un acteur ». Il ajoute : « Ce n’est pas nécessaire vous savez ». Ainsi, encore une preuve. Des enfants sont comme assommés par la rupture familiale.
Plus jeunes, nous nous disions qu’aux USA, les séparations étaient si fréquentes qu’il ne devait y avoir aucun dommage grave pour tous ces les enfants des divorcés. Or, ça ne cesse pas, télé mais aussi livres, magazines, etc., ces témoignages d’artistes étatsuniens profondément déboussolés par les parents qui se quittaient alors qu’ils étaient de jeunes enfants. Que la préoccupation constante était d’espérer un accord, un nouveau pacte, de tenter inlassablement —par tous les moyens— une réconciliation des deux parents. Ce « vieux » Hackman —qu’Aile et moi admirons beaucoup— qui eut, chez Lipton, ce regard mouillé, qui se tait longuement, encore accablé très lourdement…j’ y réfléchis.
7-
Nos invités roupillent lundi matin quand je pars pour T.L.M. à Radio-Canada. J’avais oublié : congé et donc à peu près personne sur la 15 comme sur le Métropolitain. J’arriverai au stationnement en 50 minutes !
Dans la nuit de samedi : je suis pris avec des lascars. Je dois les suivre. Braquages de banque. Je fais le guet. Une sorte de vigile, désarmé. Je suis réticent. Pourtant je dois fonctionner avec ces jeunes fous. Je me vois ensuite dans un autobus. Même bande de bandits jeunes. Je dois m’engager ave eux. On me donne un fusil. Je pars avec eux. Le chauffeur d’un nouveau bus m’encourage, me sourit. Il est pourtant un employé municipal ! Son uniforme ? Un complice ? Nous avions roulé en Gaspésie. Du côté de Matane, de Rimouski. J’assiste à un départ précipité. Il faut nous sauver. Sirènes dehors. Une vie palpitante. Je ne veux pas y être. C’est contre ma volonté. Je suis une sorte d’otage, d’étranger parmi ces satrapes. Un voyage infernal. On me fait des menaces en arrivant dans un entrepôt de l’est de la ville. (East Angus Shops !) On semble mécontent de mes attitudes. J’ai peur. Ils sont hargneux. Ils portent de lourdes valises noires. Je songe à comment fuir, m’échapper sain et sauf…Je me réveillerai soudainement.
D’où ça vient ? De la lecture récente des forfaits de ce Serge Quesnel, « Le tueur des Hells » ? En Gaspésie de V.-L. Beaulieu, mon livre —ce tome 1 du journal— pour le début de novembre serait menacé ! Dubois a beaucoup parlé, au repas chez les F., du fin fond de l’Est, d’où il vient ? Sais pas.
8-
Lundi soir, Aile et moi, sur le parvis de Saint-Arsène. Pas de lumière. Parking rue Christophe-Colomb et aussitôt, Aile, émue, reconnaît son école (de 8 et 9 ième année) Saint-Arsène quand elle habitait la petite rue Molson. Dans le portique, un peu de lumière, pas beaucoup, car au dessus de ma quarantaine d’images, des ampoules pas bien brillantes et mal installées pour éclairer efficacement ma ponte. Deux tableaux de haut (!) sur deux sections de panneaux tristement sombres. Ambiance un tantinet lugubre. Hélas, on a collé les cartons des titres et aussi les étiquettes des prix sur les vitres. Bang, de même ! Aile m’aide à retirer les quarante étiquettes, nous les recollons sur ou sous les encadrements. Ouaille ! Francine L. s’amène, fatiguée mais heureuse. Vin d’honneur avec Le président d’honneur (moi !). Rencontres aimables. Petite armée de bénévoles. Curé « latino » du lieu, M. Villars, causette aimable. Vin rouge en verre de plastique. Amuse-bouches classiques. Andrée Huard, une fidèle du journal, me remet une monographie sur Villeray, d’hier à aujourd’hui. Merci !
Nous nous sommes entendus, Aile et moi, pour rester calmes…et paraître contents. C’est ce qu’on fait. Me sœurs arrivent, joyeuses, les compagnons n’y sont pas tous; ma belle bru, Lynn, et mon cher Marcogendre sont venus, mes enfants aussi et trois de mes cinq petits-fils, tous examinent mes illustrations petitepatriesques. Joyeux caquetage. Bientôt ce qui se nomme une petite foule. Un public bon-enfant remplit la nef peu à peu. Et la dévouée Francine arrivera à vendre…. trois ou quatre aquarelles. En est toute fière. Ma surprise car ce n’est ni le lieu ni le public pour vendre des tableaux ! La sœur Madeleine Gagnon s’amènera, tombera dans un escalier et repartira aussitôt sur le dos en …ambulance ! Tristesse ! Énervement aussi. Silence partout, c’est parti : tout en avant (exigence de Francine ), seuls dans un long banc de chêne, Aile et moi. Nous semblons… un ridicule couple princier ! On rigole…sous cape. Un chœur de chant (celui de Dagenais) fait entendre un vaste pot-pourri de très belles chansons, anciennes et modernes.
Entracte.
Fumées bleues sur le porche ! Luc de La Rochelière y va de son jeune répertoire. Tirage au sort, par bibi, d’un billet pour un séjour-santé dans un hôtel :paf ! je tire le numéro de ma sœur, Marielle. Ma gêne. Je jure l’impartialité. On rigole. 22h et fin de la cérémonie. Tout le monde semble content. À la toute fin, mon fidèle Marleau, vrai diacre inattendu, m’apparaît dans la grande allée. Ce courrielliseur ironique me semble un compère tout heureux de rencontrer son correspondant. Il me dit qu’il ne s’exilera plus à Cap Saint-Ignace, c’est probable. Et puis se sauve. Comme un voleur, comme Lynn et mon Daniel d’ailleurs ! Les sauvages ! Dehors la nuit. Je respire. Aile respire aussi qui n’aime pas trop ce genre de cérémonial légèrement empesé.
Arrivés Chemin Bates, sous le viaduc Rockland, encore un long serpent à wagons pourpres qui remue en maugréant un indicible marmottage bien ferré. Dodo.
Nous avons mangé tantôt, halte du journal, le reste de calmars (mon régal !) et pennine de dimanche dernier avec vin rouge, jamais plus d’un verre et demi. Je descend voir le documentaire sur le RIN par le cinéaste Labrecque. Merci magnéto !

Le mardi 8 octobre 2002

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Oct 142002
 

1-
Ouf ! Par beau ciel, comme hier, je filais tantôt vers le studio 46 à la SRC.
Le Houde à sarcasmes et la belle Bertrand m’accueillent toujours le sourire fendu jusqu’aux oreilles, l’air de dire : « Qu’est-ce qu’il va encore nous sortir le papi ? » Hier matin, je sortais des centaines de « roches chanceuses » pur étaler un peu mon trésor le plis cher. Tous ces ramassages de petits cailloux par des « petits poucets » ravis et pour le grand-père encore plus ravi.
J’avais écouté : » Tu sais tu peux faire et dire ce que tu veux à notre émission, nous sortir une bonne polémique si tu veux ». Je m’y préparais. Je songeais à fustiger tant de nos émigrants refusant de s’intégrer à nous, le 84 % de la population, ignorant carment notre passé, nos coutumes, notre histoire, s’installant paresseusement en ghettos. Or, hier soir, souper chez Lynn et son « homme » mon fils.
Au dessert et café, discussions animées entre Aile et Daniel. Sujet : « les enfants mal élevés ». Ça bardait. Ma belle célibataire prône la rigueur, la sévérité même, la cessation totale des gâteries — « skate » à 200$ pour mon Thomas, auto à 16 ans pour mon Simon. Mon fils débattait virilement toute l’affaire. J’étais aux anges, on sait que j’aime bien la chicane. Soudain, nous parlions des amis des deux gars : « Tu sais papa, je veux pas te peiner mais, malgré tes beaux efforts, c’est « le gang d’amis » qui façonne le plus un ado ».
Je le savais bien.
Daniel, en riant, se moque de mon « recyclage » de souvenirs avec les petits-fils à « Tous les matins ». On va me mettre, Lynn et Daniel, au défi de raconter mes idioties, de « ternir » un peu la belle image du bon papi généreux. Alors, ce matin, j’ai raconté au duo de T.L.M. ma bévue quand je m’installai en nono innocent, dans la cour-arrière d’une voisine de la maman de Lynn. On a bien ri en studio du grand distrait.
2-
Hier, Aile au chevet de la « hanchurée » Marie-Josée, je file à Rosemont chez Marielle, ma quasi-jumelle avec un sac de livres lus et des magazines. Jasette. Pernod. Une cartouche de cigarettes à 2$ le paquet que le beauf’ Albert se procure chez les Agniers anglos de la rive-sud. À ses risques et périls ! Promesse d’être aux côtés du « président d’honneur » lundi soir à Saint-Arsène.
Nous avions lunché, à « La Moulerie », avec l’ex-camarade de la SRC, Lise Chayer, voisine, l’été, du cher « Vic » de Trois-Pistoles. Retraitée comme Aile, veuve, Lise s’amuse d’être devenue une accorte « barmaid » d’un « Pain doré » du quartier de l’Ex-Centris. Lise, qui étudie l’aquarelle, aime le monde, y trouve une clientèle charmante, une animation joyeuse derrières ses comptoirs de fromage, charcuterie et pâtisseries. Notre étonnement d’abord. Pourquoi pas ? Ainsi sa solitude est rompue et fort agréablement. Curieuse, Lise a noté mes mots et la nuance : « scotologiser et somatiser ». Premier cas : un refus, un déni d’une réalité sans conséquence grave, l’autre cas amène un dommage physique (maladie, douleur au corps) à ce déni.
3-
Ce midi, avant de remonter ici, téléphone du prof Gilbert Forest de « André Laurendeau » pour que je préside un concours de littérature à cette école de Ville-LaSalle —que je sais fort dynamique. Refus poli. Je ne peux pas garantir une telle activité ces temps-ci. Trop de projets en marche, je l’ai remercié pour la confiance et il a compris.
À l’instant : pise de rendez-vous avec le docteur Singer. Le 17. Il aura analyser ma prise de sang… et me fera… verdict. Brrr…Le méchant cholestérol gagne-t-y du terrain ?
Je relis « Aimez-moi… de Denise Bombardier, pas mal d’autofiction dans ce roman d’avant « Ouf ! », j’y retrouve plusieurs éléments de son « Une enfance à l’eau bénite » : le quartier Villeray, elle en ado terne, plate de poitrine, sans attraits physiques, angoissée, une maman soumise à son « butor de mari » mais ambitieuse (pour sa fille), ce papa terrible, anticlérical, sauvage et « sans amour » pour ses filles Ça me plait.
4-
Courriel d’une jeune camarade écr..evisse,Francine Allard (venue de l’Outaouais), très admirative « pour l’ensemble de mon œuvre » : elle va publier chez Leméac bientôt, et chez « Trois » des pouèmes. Elle m’annonce que Stanké fut « un affreux » avec elle —et aussi pour d’autres de ses poulains : Roch Carrier, Michel Garneau, Pierre Falardeau par exemple— ne versant pas ses droits d’auteur. Ah ! Faudra que je questionne carrément mon Alain là-dessus. Chez l’éditeur Pierre Tisseyre (où elle publia), on réécrit carrément vos textes » ! Eh bin !
Un jour, profitant du brûlot de Fabienne Larouche sur ses « producteurs-voleurs », F. Allard voulut se glisser dans le train en marche et se mit à rugir contre les éditeurs « pas moins voleurs ». À la radio et dans la presse je l’avais vertement rabrouée en affirmant qu’on ne pouvait ainsi comparer les énormes subventions d’argent public versées aux producteurs (de télé ou de films) et nos chétifs éditeurs-artisans. « J’ai pas eu le courage de rétorquer à l’époque et je le regrette », m’écrit-elle.
Courriel de Michelle Temblay : elle enrage de ces parents (des voisins à Lévis) qui souhaitent au plus tôt l’anglais dès la première année. « Si nos enfants peuvent parler deux langues, ils iront loin » est leur idéal. S’is parlent « mal » deux langues, iront-ils si loin ? M.T. me parle d’enfants fréquentant des écoles privées bilingues…et qui parlent anglais désormais entre eux. L’inquiétude des parents —que je saisis bien pour l’avenir des enfants rend aveugle souvent. Dans le monde entier, il n’y aucun pays bilingue qu des personnes. Tôt ou tard un pays qui se voue à cette chimère verra une des deux langues gagner. Ici, (300,000,000 d’anglophones sur notre continent ) on peut imaginer quelle langue triomphera… Et vite !
5-
Excellente première émission (merci magnéto !) de Christiane Charrette (La Presse y fait écho ce matin). Louise Marleau étonnante, Dan Bigras toujours captivant. Y était aussi le « bouffon » du caricaturiste Chapleau : l’avocat vire-capot, étonnante girouette, Bertrand. Cet ex-Riniste déclare qu’il a réfléchi longuement sur son chemin de Damas, celui du « fédéraliste nouveau ». Il vient de découvrir la roue ! Imaginez-vous donc : « Je reviens à ma première conviction : oui, le Québec doit devenir un pays. Et cela dans une fédération changée. C’est la farce de Deschamps : « un Québec libre dans un Canada fort et uni » ! Fait-il mine d’ignorer l’histoire récente, les « no way » définitif —et grandissant depuis 1995—des anglos. Pas question pour toutes les autres « provinces » que Québec ne soit plus une « province ». Par quel tour de magie, notre bouffon croit-il qu’il va faire changer cette attitude « canadian ».
Non, non, il n’y a qu’une issue : nous voter majoritairement —51 % malgré Anglos et assimilés— l’indépendance du Québec. Ce sera le choc salutaire. Inévitable. Une fois faite, nous pouvons espérer qu’il y aura —enfin— un Canada confédératif. Et pourquoi pas ? Mais pas avant, comique Bertrand !
6-
J’ai mis la main —à mon porte-monnaie— sur le « Foglia chéri » : « Manuel à l’usage…des jeunes filles » de Melissa Bank. Hâte d’y aller voir. Méfiance ? Oui. Difficile de recommander un bouquin car… tot sensus quot capita, oui, il y a autant d’opinions qu’il y a de têtes !
Lundi à T.L.M., je veux parler de mon enfance à moi, pas celle des petit-fils. La ruelle à jeux ! Les marchands ambulants. Nos jeux rudimentaires et nos pauvres jouets au temps où i n’y avait pas de « skate » à 200 $ sous le sapin de Noël. Ni Nintendo, ni ordinateur-à-jeux. Certes, j’en profiterai —on est bien servi …— pour inviter le public à Saint-Arsène voir la petite expo de mes « images pieuses ». le soir même.
Dimanche soir, Aile et moi à la zapette, tombons, à TV-5, sur une table ronde fort animée par un meneur de débats qui a le regard de biais du Jack Nicholson. Plein de grandes gueules françaises. Un tourbillon. J.-F. Revel, l’auteur de « L’obsession anti-américaine », immobile comme un gras bouddha, se fait invectiver par certains invités. Le dissident Suisse, Ziegler, parlera peu ! Allègre, ex-ministe de l’éducation qui fréquenta les universités USA, défend les États-Uni avec intelligence : « Ne pas confondre le peuple des États-Unis et ses gouvernants, c’est deux choses bien différentes ». Il affirmait : « On dit, on répète :le lobby du pétrole « pro-guerre en Irak » ? Fausseté ! Mensonge. Aucun intérêt pour eux, au contraire. C’est le lobby des industriels-en-armements qui poussent sur les va-t-en guerre ».
Un autre ex-ministre, Villepin (« Le cris de la gargouille », chaque invité avait son livre d’essai tout frais ), lui aussi, veut nuancer le débat. Emmanuel Todd (« Après l’Empire ») y va de ses franches opinions : « En France, c’est l’élite (politique) qui est pro-Bush, pas le peuple et c’est le contraire aux USA, l’élite est anti-Bush et le peuple lui fait confiance vis les peurs entretenues ». Émission stimulante. À la fin, hélas, une sotte Line Renaud viendra bénir les USA : sans doute qu’elle fut bien traitée —à Las Vegas— en meneuse de revue sexy, « French touch ». En épilogue, surprise : un Nicolas Rey s’écriant : « Quoi, quoi, les médiocres ? Assez ! Les médiocres ont bien le droit de vivre, non » ? Drôle. Tout cela pour dire qu’on grimpa au lit, Aile et moi, la tête bourdonnante d’idées diverses. C’est cela aussi la France. Pays unique !
7-
Aile d’en bas : « Clo ? Tu disais pas vouloir faire une dernière tonte d’herbe ? C’est le temps, y a un voisin qui s’y adonne, concert en duo ? » Bon. Bien. Ouan. Euh…Faut… Courage : je descend mettre mes vieux souliers.

Le vendredi 11 octobre 2002

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Oct 112002
 

1-
Radio, la météo ce matin : « la brume cache le soleil, cela va lever… » Quand ? Midi bientôt et ciel mat, gris, uniforme. Ouash ! Hier, revenant de la promenade rituelle tout le tour du lac —refus du vélo— installation pour regarder le couchant. Ciel rubescent. Marchant, Aile et moi, faisons un arrêt admiratif sous chaque érable empourpré. Rêve rouge !On ne se lasse pas de cette beauté insolite.
J’achève ce « Testament d’un tueur des Hells » —chez « Les intouchables »— par Pierre Martineau (rédac-chef de TQS-Québec). Pas fort. Il écrit plutôt mal. Une livre-confession assez sordide, forcément, et trop…mal structuré. Martineau est un débutant ? Le jeune tueur-fou, Serge Quesnel, y est mal expliqué. Pas de vraies révélations psychologues sur ce criminel repenti, devenu le « délateur » le mieux payé (par nous tous) jusqu’ici. Je ne le recommande donc pas à Aile qui a « ses » livres à lire. Ce jeune « narcisse » (19 ans) déboussolé souhaite refaire sa vie à 25 ans. N’ayant qu’un secondaire-3, il veut aller —cours par correspondance de sa cellule, il sortira en 2007— au bac, à la maîtrise et même au doctorat (en administration ). Il était —tueur efficace chez les Hells— fasciné par l’argent, le confort. Là-dessus il reste le même au fond. On lui souhaite de réussir sa deuxième vie.
2-
Bernard Landry —appuyé, « secondé », par tous les partis— fustige le « mépris du Québec » chez Chrétien et son sbire S. Dion. Avec raison. Colère montrée aux actualités hier, bien contrôlée. À froid. Le traître Chrétien est en train de tuer son parti au Québec et s’il y a une alternative —pour les Québécois fédéralistes— du genre « jeune Lord » d’Acadie, Bleu et francophone aux prochaines élections fédérales, c’est clair, le Rouge va disparaître de la carte. Ne restera plus que le « Bloc » et les Conservateurs du jeune chef Lord. Le businessman « Pôlh Martinn » est cuit, rôti, brûlé par Chrétien. Souhait secret, voire inconscient, du démissionnaire « lib’ hérald » sénile ?
Vue à ARTV, hier soir, longue entrevue avec ce Paolo Coelo, devenu « gourou » avec plaisir. Les intellos, et les littéraires purs, méprisent cet auteur aux énormes succès. Traductions nombreuses du fameux Brésilien qui écrit en Portugais. Millions de lecteurs dans le monde. On lui reproche son ton moralisateur. Sauce « …le goéland ». Rien à faire, les gens aiment l’optimisme (bon enfant ou non), une certaine spiritualité, des écrits aux nobles idéaux. C’est un gigantesque lectorat et les « purs » râlent en vain. Coelo, fils de bonne et riche famille brésilienne, mis tout jeune en clinique psychiatrique par ses parents bourgeois, se mettra à écrire tard. Il aura fait le fameux pèlerinage à Compostelle un jour et décidera de « fabriquer » des livres « sincères » où il tente de montrer des « chemins peu fréquentés » à la mode actuelle. L’espérance l’habite et, réinstallé au Brésil, à Rio, très riche de ses redevances, il est le mécène d’une œuvre d’aide aux jeunes paumés de sa région. Il tient le discours d’un Lapierre, autre riche « espérant », humaniste, engagé en « livres » comme dans une mission laïque. Il en faut ! Pleins d’auteurs riches qui en restent à leur « je-me-moi ». Égo inévitable des vedettes de la littérature mondiale : Hemingway ou Henry Miller.
3-
Documentaire mal fait avec des passages émouvants à Télé-Québec hier soir : « Entre pères et fils ». Serge Ferrand —dessinateur de B.D. et cinéaste— a abandonné un fils, Jason —qu’il nomme « Chayzonne » (?)— et sa mère bien entendu. 20 ans plus tard, plein de regrets, cet émigré au Québec invite —en un camping-canotage organisé— le fils oublié. Trop tard ! Ce dernier restera de glace, avec raison. Oui, quelques bons et forts moments —Ferrand et son vieux papa pêchant en France— mais une sorte de « patch-work » mal organisé et qui laisse sur la faim de mieux savoir le vaste problème « père-fils ».
Serge Quesnel, le tueur repenti, fait allusion au divorce de ses parents, semble indiquer que ce fut le début de sa grave délinquance. Fréquente affirmation et cela me laisse très songeur au pays où quasiment « un couple sur deux », avec jeunes enfants, se fracture. Paquet de graves délinquants à nos horizons ? J’espère me tromper. Christiane Olivier —« françoisedoltonniene »— dans le film de Ferrand, affirmait qu’un jeune garçon a absolument besoin de « se constituer » via le père. Miserere !
4-
Manon Arial —courriel—, me reproche aimablement (j’aurais des œillères) mon blâme de « l’anglais dès la première année », vante le choix, l’option ($) « d’envoyer son enfant en école privée bilingue ». Me faudrait tant de pages pour bien expliquer notre situation à nous Québécois à la langue mal contrôlée. Elle est particulière. En France par exemple, la langue structurée y est florissante, sue à la maison, dès le jeune âge, bien assimilée. Ici, l’enfant (d’Arial) parlera mal les deux langues. On sait bien, qu’enseigné mal, l’anglais sera appauvri, déficient et ne fera pas de cette jeune personne un bilingue normal. Il sera une sorte de « bègue bilingue ». Tout juste bon à rester « valet infirme » dans un job banal en Nouvelle-Zélande, à Londres ou en Australie, à Toronto ou à New-York. Pas « d’avenir glorieux », pauvre maman inquiète dont je respecte néanmoins l’anxiété inévitable comme chez tous les parents normaux. Urgence : posséder vraiment sa propre langue d’abord. Savoir penser : donc grammaire, syntaxe. Cela fait, apprendre —mais vraiment— une autre langue sera efficace.
Revu (?pas sûr) hier soir le gras comédien Villeret (ah revoir son « Dîner de cons » !) chez Rapp aux « Feux de la rampe ». Pétillant, amusant et instructif sur ce métier si particulier de faire rire.
5-
Décidément ce folichon Marc Labrèche, à TVA, devient un fameux surréaliste. Il a un front…Dans son heure vespéral, inégale, de forts, très forts et cocasses moments avec une spontanéité peu commune. Admirable bonhomme ! Sa personnification de la Reine Élisabeth numéro 2, fut un caricature désopilante au possible, faisant parler « la vieille » monarque si mal chapeautée avec une vulgarité étonnante qui fit éclater de rire ma chère Aile, pas moins admirative de ce « Grand blond » que moi.
Grande visite demain, samedi, et, ce matin, Aile accueille donc avec reconnaissance, Rita, une femme de ménage habile. Je devrai —le salisseur impétueux— me tenir à carreaux. Oh oui ! Quand Rita s’emparait tantôt de ma chambre-à-écrire…je frissonnai. Mes petits papiers partout … Mon cher désordre. Non, elle ne fera « qu’aspirer » le tapis ocre. Ouf ! Quand il a vu le chapelet —en pierres-du-rhin—de ma mémère Albina, le bénitier et le crucifix (de papa) derrière ma porte…silence ! Reliques qui me sont chères, qui me font signe sur mon enfance d’enfant de chœur pieux, il y a… une éternité.
Hier, avant la promenade de santé : le canot à ranger, la planche à voile itou, le quai à monter sur la rive… L’annonce d’une « mort de l’été ». Tristesse légère.
6-
Quoi? New-York, Paris, Londres, etc, ne sot pas de vraies villes cosmopolites ? Un tableau de La Presse (série de Rima Elkouri) place Toronto en tête et Montréal en 6 ième position après Copenhague. C’est que les grandes cités des grands et vrais pays sont capables, eux, d’intégrer rapidement les émigrants, comme il se doit, comme il le faut. La faute aux complaisances sottes, à cet esprit trudeauiste du multiculs. Je lis qu’une émigrante de L’inde, heureuse du fait, se sent comme à Bombay autour de la gare Jean-Talon, quartier Extension Park. Émigrant à Bombay, serais-je heureux de me sentir à Montréal ? Non. Ce sera ma première polémique à T.L.M. un de ces matins : cette attitude, ces ghettos favorisés. Qui nuiront tellement aux enfants des migrants, ceux-là qui souhaitent devenir…comme les autres qui les entourent. Besoin normal. M’exilant en Italie ou en Allemagne, je voudrais vite voir mes enfants ressembler à leurs concitoyens du pays que j’aurais adopté. Je ne me vois pas à Rome ou à Madrid chercher où est-ce qu’on vend… de la poutine, nom de Dieu ! Elkouri écrit que « les Québécois y sont vus comme des étrangers », tant le ghetto est entretenu. Non mais… Elle poursuit : « Ils ont les pieds ici mais la tête ailleurs… » Comme elle, je remarque chaque fois qu’on monte ici, les antennes paraboliques partout, rue de L’Acadie. Ces nouveaux Québécois ne regardent que la télé USA ?
Ils ne savent rien de notre culture populaire et c’est anormal. Vivre ainsi, enfermé dans sa nostalgie, est malsain. Alain Médam (« Labyrinthes… » chez Fides) parle « d’une utopie qui pourrait se casser la gueule ». Et comment ? Ottawa qui souhaite, depuis toujours, nous diluer, nous réduire à une minorité parmi tant d’autres versent des subventions pour entretenir cet esprit néfaste des ghettos. Si nous les aimons le moindrement, nous devons sonner l’alarme et tout faire pour que ces nouveaux Québécois comprennent que la rapide intégration est l’avenir salutaire de leurs enfants, leur épanouissement. C’est rempli, ici, de racistes invertis qui estiment la non-intégration. Ils s’estiment si mal qu’ils apprécient, eux, de vivre comme en voyage perpétuel dans Le Mile-End ou ailleurs. Des malades de l’esprit, oui un racisme à l’envers.
7-
Ce soir, à Télé-Québec, un docu de Labrecque sur le RIN des D’Allemagne, Bourgault et Ferretti (née Bertrand dans Villeray). Hâte de voir ça. Le Pierrôt du Plateau : « Solange Chaput-Roland ? Une maudite folle », René Lévesque ? Un insignifiant et il fera dire au fondateur du P.Q. : le Président-au-balcon-du-maire-Drapeau ? Un vieux fou ». Eh bin !
Adieu les nuances ? Souvenir : rue Fleury, 1961, mon premier speech pour le RIN, je lis mon texte de dix pages. Après, mon Bourgault : « Lâche-moi ça la lecture, regarde-moi : un seul feuillet, quelques notes, des mots-clés et là… tu pars ! » Il avait raison. Bonne leçon du brillant tribun que j’ai suivie par la suite.
Pétition de gang ce matin : pour défendre l’Académie des Gémeaux en querelle. Certains « sages » avouent qu’ils étaient trop pris en carrière pour s’occuper vraiment de ce machin-télé. Ce bénévolat…bon pour les méconnus ou… les ratés. Ainsi, les trophées sont accordés selon les humeurs et les caprices —et l’incompétence— de ces généreux et aimables bénévoles ( faux pairs !) sans grande réputation qui n’ont rien à faire d’autre que d’aller visionner les produits des membres actifs. Oh ! Voilà où le bat blesse, je l’ai dit souvent. De là les aigreurs, les cris à l’injustice flagrante, aux mauvais jugement. Et les démissions, les chicanes. Comment résoudre cette bête réalité ? Rien à faire.
8-
La Gagnon, hier, déçue de voir le bon docteur des sidéens, Réjean Thomas, dans la « dumonterie » va jusqu’à laisser entendre que l’ex-ministre Castonguay s’affichant aussi avec le Mario-dégraisseur n’est que de l’intérêt pour son monde: les assurances (Groupe la Laurentienne) où il a bossé bien plus longtemps qu’en politique. Bang ! Ça leur apprendra à oser se ranger contre John Charest-le-fédéraliste-clair !
Mon ex-petit- camarade de l’École de céramique, Gilles Derome, y va toujours de citations quand il « lettreouvertise » ! L’autre jour, du Toynbee de 1952. Hier… du Jean-Marie Nadeau de 1965, publié à « Parti-Pris ». À mes yeux, étrange besoin de béquilles lourdes. On ne change guère ? Jeune, il pouvait se farcir dix livre par semaine, je l’en admirais et tentais de l’imiter. Ce qui m’a servi, bien entendu. Mais, Gilles, maintenant que tu es un grand garçon, comme moi, tu pourrais t’ exprimer sans parachute, non ?
André Aucoin, comme moi, est pour des classes séparées dans des écoles mixtes :les gars d’un bord, les fille de l’autre. Bravo ! Il dit une réalité incontournable : Les filles sont deux ans en avance dans leur développement mental et physique, réalité qui affecte les…comparaisons de rendement, nuit à la compétition —normale et souhaitable—des garçons entre eux. Découragement face à leurs sempiternels « derniers rangs », décrochage catastrophique parfois. On va attendre combien d’années avant que le Ministère de L’Éduc, les Commissions scolaires, comprendront ce fait tout simple et corrigeront cet état actuel si nuisible ?
« Quand tu peux l‘faire, tu l’enseignes.. » est un adage « parfois » injuste. Parfois. Claude Cossette, vétéran-expert-en-pub, ose : « La publicité est la pus mauvaise forme de communication ». Il enseignait à un congrès (à Québec) d’affairistes, gros et petits. « Pas de pitoune kioute..,. c’est vulgaire et ringard, non-productif ! Oh les chefs de télé qui engagent tant de « mignardeuses pitounes », pour l’info-spectacles, ou la météo ! À la SRC comme à TVA ! Oh !
9-
Le public —pas fou messieurs les démagogues, les mépriseurs—écoutent les excités névrosés comme André Arthur d’une oreille. Pour le show. Un divertissement. Les monstres attirent la foule depuis le Moyen Âge. Ces démontés fêlés n’ont aucune influence, allons-donc ! Punir si lourdement l’André Arthur est d’une bêtise. Surtout, c’est le signal des censeurs : « continuez à parler fort, cru, franc et les amendes « hénaurmes » vont vous mettre le cul sur la palle ». Il y aura donc prudence extrême et pour s’ être débarrassé d’u bouffon, on verra naître une radio de têteux, de timides prudents, de langues boisées. Dangereux virage ce demi-million de $ à faire cracher à Cogeco ou à Métromédia. Très dangereux pour les esprits libres compétents ! La juger Carole Jean a été une « machine à intimider » les rares radiodiffuseurs courageux. Désormais : craindre une radio plate, sans cesse surveillée, autocensurée à mort ! Franco Nuovo (4 octobre), lui, enrage face à ses lecteurs qui osent défendre « l’hurlurberlu Arthur » et ne voit pas les périls pour la liberté de parole avec cette amende « gargantuesque », hélas !
Avis aux anti-américains primaires : depuis 1001 —à ses débuts— les Prix Nobel vont très souvent aux Étatsuniens. Voici donc le 44 ième « Prix Nobel de physique » chez eux. Deux chercheurs sur les étranges « passe-murailles » que sont les neutrinos. J’ai appris (un peu) de quoi il retournait quand j’ai lu : « Brève histoire du temps » de Hawkings. L’infiniment petit est fascinant. Ces particules du cosmos sont les plus nombreuse, on parle d’un « rayonnement » plus que de vraie matière —qu’ils traversent sans cesse. Ces découvertes qui font mieux comprendre « l’infiniment grand » —soleil, planètes, galaxies, supernovas— changent beaucoup la conception ancienne de l’univers. Rien que ca ! Les amers disent : « oui, mais ce sont souvent des trouveurs émigrés de l’Europe ». Pis ?
10-
Je lis : « Non, nos enfants ne détesteront pas les homos ». Le mouvement GRIS, à est à l’ouvrage. Bien. Cartes postales, affiches par paquets, partout, on dira : « Nos enfants sont peut-être hétéros » » C’est fin, non ? Oui, faut combattre la haine des homos. On souhaite chez Gris présenter la réalité homo dans des manuels scolaires. Ah ? Fini l’« Yvette aux assiettes à laver » ? Exemple, dit Marie Allard (La Presse) : « Voyez, il y a Luc, son chien et …ses deux mamans ». Ou, au foyer, deux fois « papa » ? Dans mon quartier, « apparemment » pas d’homos, à l’école non plus. Au collège, deux ou trous ensoutanés, quelques zélotes du « touche-pipi » de mon âge. Eh non, on les aimait pas. Pas de la haine, plutôt des moqueries.
Un ami me dit : « S’il s’en trouvais un parmi ta bande d’ex-petits mousquetaires, tu réagirais comment » ? Eh b’en oui, je le protégerais le mieux possible, je l’aiderais à fond, je lui expliquerais qu’il n’a pas eu le choix, qu’il est né avec ce chromosome mystérieux en lui, qu’il a bien de la chance d’être né ces années-ci, qu’il n’aura pus à se cacher sans cesse, à mentir, à « épouser » pour la forme et à faire des enfants malheureux quand, à 50 ans, l’homo non assumé, sort du placard. Je lui dirais aussi que sa vie ne sera pas facile, qu’il sera toujours plus ou moins marginalisé, toléré le plus souvent sans plus.
Je lui dirais la vérité quoi. Surtout que ce n’est plus un drame social désormais. Pas du tout. Que les homos ne soient que 5 % ou 10% de la population n’est certainement pas une raison pour, en effet, ne pas combattre cette sordide haine si niaise.
11-
Foglia m’a fait réfléchir avec ses « pauvres tit-pits » l’autre matin. Il dit « foin des filles performantes, les gars sont paresseux et encouragés dans la paresse par l’école trop laxiste ». Folie, foutaise selon lui de vouloir « faire de l’école un lieu qui souigne comme la télé, avec bin du fonne »! L’environnement « trop » féminin et nuisible aux petits pits, il n’y croit pas, lui. Ensuite, du même souffle, le Foglia avance que le féminisme fait fausse route en diffusant que les filles sont meilleures parce qu’elles seraient plus obéissantes, studieuse, plus soumises, plus « moumounes » quoi. Insulte aux fillettes ? Ouaille ! J’y pense et y repense.
Louise Deschatelets lit son courrier du cœur : Marie-Hélène S. s’insurge du fait que l’État n’envisage jamais de verser des gages aux femmes qui décident de garder leurs enfants à la maison, loin de garderies. Cette M.-H. parle de sa voisine qui fait garder cinq jours et qui en travaille trois, qui lui gueule : « comme chuis bin quand ils sont gardés ». Oh la sans-cœur, la dénaturée ! L.D. répond à côté : « Vos mots dépassent votre pensée, les garderies ont du bon etc. »
J’ai croisé le psy Michel Dorais du temps de mon bref talk-show sur les livres. Un jeune homme plein de bon sens. Excellente entrevue avec Dorais (par Micheline Lachance) dans le dernier « L’Actualité ». Le sujet : les pédophiles en soutanes… ou non. Instructif. Me retiens de citer le tout, c’est dire. Exemple : Q. : « Si le mariage était permis aux prêtres » ? R. :« Ça ne changerait rien » répond Dorais. Vrai. La pédophilie n’a rien à voir avec le goût, le besoin des femmes.
Nous méfier des sondages ? Louis Préfontaine le dit avec raison. Exemple de question piégée. « D’accord ou non, les gens en moyens allant à la médecine privée feraient épargner de l’argent qui retournerait au système public » ? 67 % de « Oui ». C’est vrai ? Ces riches refuseraient de payer l’impôt pour les soins publics. Alors ? L.P. dit si on rédige franchement : pour ou contre un système public plus dispendieux, moins efficace, traitant moins de gens… », il y aurait eu 67 % de « Non ». Méfiance des sondages en effet.
Un André Pratte (La Presse) étonnant dit que les médias contribuent à l’installation des langues boisées politiques. Hen ? Pratte attaque le « National Post » qui conspue le John Manley (un « partionniste » écœurant) pour ses propos anti-monarchistes. Hon !
12-
Ce « Testament… » de Quesnel-le-tueur nous en apprend de bien bonnes sur le personnel dans les prisons, il faut le dire. Les pots-de-vin y circulent allégrement. C’est, ici et là, à faire dresser les cheveux sur la tête.
Et moi je suis là avec mon doux clavier, ce ciel calme et si gris, et mon Aile qui dit : « Un bon potage bien chaud, non ? » Oh oui. Je descend. Cliquer : fermer.

Le jeudi 10 octobre 2002

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Oct 102002
 

1-
Ciel clair ce matin, nuages déchirés, le brossage fougueux d’un peintre naturaliste ! Fringale du journal depuis que j’ai pris conscience (hier) que cela s’achève ? Oui. Sans doute. Miche de Sherbrooke, courriel, me prie de continuer le journal. Chaud au cœur. Elle dit comprendre cependant ma détestation d’une routine, même agréable et fortifiante. A raison. Elle s’imagine à tort que c’es dur de taper d’un seul index :non, facile et je vais plus vite qu’Aile au dactylo, Aile qui fut secrétaire zélée (section « publicité » à la SRC) avant de devenir scripte et ouis réalisateure. À propos d’Aile : hier, la démone : « Mon sacripan, ton annonce de stopper le journal, c’est-y juste pour t’attirer des protestations, te faire flatter l’égo »? La méchante. Plutôt une délicatesse : prévenir ceux qui m’aiment. Juré, craché.
Mon « va chier », fusée honteuse lundi dernier au Paul Houde de T.L.M. qui me lançait effrontément : « Et toi, Claude, tu dois payer, je suppose, pour avoir des photos de paparazi ? » Ça a sorti trop vite. Aile me le reprochait mais en souriant; elle connaît mon goût de la vitupération spontanée. Je dois mieux me contenir, l’ex-petit voyou des ruelles de Villeray.
Coup de fil tantôt : la Francine Ladouceur petitepatriesque vigoureuse me rassure : « Tous vos tableaux sont encadrés chez M. Bambino, je vais chercher tout le stock dès aujourd’hui ». Bien. Je respire. « M. le Président d’honneur, vous ne parlerez que cinq minutes, lundi soir. Bien compris ? Pour inviter l’auditoire de notre concert (de Larochelière et chœur de chant ) à visiter votre expo dans le portique lors de l’intermission ». Bon. Bien. Je lui dis, gaminerie : « Serons-nous 25 ou 50 ? » Elle : « Sachez qu’on a déjà vendu 250 billets ». elle ajoute : « Fort bon votre communiqué aux gazettes mais c’est jour férié, lundi, il n’y aura pas de journaux ! » Merde, j’avais oublié ! Me reste le brave Journal de Montréal qui, lui, fête pas fête, publie !
Marco m’expédie des données : il y a 200 liseurs du journal internetisé.. Bien. Bon. Mon récit « Enfant de Villeray », vendu à 3000 exemplaires, a donc plus de 6000 lecteurs. Et je ne compte pas les emprunteurs des biblios publiques. Différence énorme. Vive le livre alors ?
2-
Comme je suis reconnaissant à mon fils Daniel pour m’avoir (en 1998) forcé à l’initiation ordinatrice. Un fameux cadeau filial. Ce matin encore, plaisir de recevoir cinq messages. De pouvoir, sur un clic, répondre immédiatement. Jacques Lanctôt (ref :« Enfant de Villeray ») me veut à son kiosque —Salon de novembre à Montréal— à lui entre mes heures de kiosque chez « Trois-Pistoles éditions ». J’ai dit :oui. Une reporter de Rimouski (salon en fin d’octobre ) me fixe un rendez-vous : samedi matin. J’ai dit : « Mais oui ». J’ai envoyé un courriel à Franco Nuovo, de la Petite patrie, rue Saint-Denis lui aussi, pour qu’il annonce à son million de lecteurs ce lundi soir, le 14 à Saint-Arsène ». J’ai mis : « Fais-le en souvenir de ton quartier d’enfance ». Vive le I-Mac !
À la télé hier, à Historia, la bio de Harry Truman. Étonnant parcours. Sans scolarité solide, fils de fermier et ex-fermier déchu du « far ouest », Truman fait la guerre de 14-18 et s’y signale en capitaine bien brave. Iil revient à Kansas City en héros national. Il va — chômeur, sa mercerie-chemiserie en faillite— jouer cette carte du héros-soldat, s’acoquinant avec le gros politicard « organisateur » du coin. Devient député « démocrate », puis sénateur. Un jour, du White House, grand capitaine de forces armées, il dira « oui » à la bombe atomique ! On dit maintenant chez les gauchistes, « horribles crimes de guerre ». On dit « horribles massacre de populations civiles ». On dit aussi : « On a fait des calculs précis, la continuation de la guerre conventionnelle aurait tué énormément plus —les deux bombes stoppaient net le conflit— de soldats et japonais et américains. Qui croire ?
Aile surveillent les feuilletons et moi je lis. « L’express, L’Actualité (bon contenu cette fois), l’Historia. Je commence les confessions (signé Martineau, reporter à TQS) de ce Quesnel, délinquant précoce à Québec, un jeune tueur fou, qui deviendra un délateur fameux. Un livre effrayant offert par Albert, le chum de ma quasi-jumelle, Marielle.
Aile me répète : « J’ai bossé durant vingt ans en feuilletons, j’y suis comme… concernée, attachée, fou hen ? » Je peux la comprendre. Malgré, si souvent, ses insatisfactions, elle ne lâche pas la patate-téléroman.
3-
Suggestion d’Aile : « On se fait un lunch et on part au soleil, en vélo, avec nos blousons ». Bonne idée. Oh, hier soir, chez « Les francs-tireurs »,Martineau questionne très franchement des leaders juifs. Bizarre : tous ont « bin de la misère » avec le français ! Les juifs Ashkénazes (majoritaires) n’aiment pas trop nos juifs sépharades hélas (venus de l’Afrique du Nord) qui, eux, causent français impeccablement… et ceci explique cela ? Donc des réponses bafouillantes à la bonne question : « À cause du massacre nazi, plus moyen de critiquer Israël sans passer pour anti-sémites » ?
Dutrisac, son compère, excellent désormais en questionneur ultra-franc. Bons moments forts avec Ménard, ministre des Transports. Débat vain entre la Navarro (« Voir ») et le Ferrand —parlant « parisien » tous les deux. Chicane mondaine —en riant— sur le thème : « les hommes, les pères, devenus inutiles et bafoués depuis le féminisme agressif d’antan.
Souvenir : en août 1988, je signe, j’en ai déjà parlé, un article dans le Journal d’Outremont (papier refusé partout ailleurs) : « Y a-t-il un racisme juif » ? Oh la la ! Un boucan du yable et tous les autres (prudents) journaux (radio et télé aussi ) s’embarqueront alors dans un vaste champ de tir…Jamais on n’aura tant jasé sur ces isolationnistes, ghettoïstes, les « élus » non-intégrables, les Hassidims du lieu. Cela, souvent, sans m’inviter aux débats, moi qui avait parti le bal ! Un bal si délicat que le P.Q, hésitera à me garder comme candidat dans l’ex-ville. Un an, plus tard, le chef Parizeau n’hésitera pourtant pas à condamner (avec raison) tous ces « ethniques » indifférents au destin collectif du 84 % (nous tous ) de la population. À son tour, Parizeau connut l’horreur des langues de bois ! Je rigolais dans le temps !
4-
Ce matin encore, cette connerie signée André Duchesne (La presse) : « Visite royale : reflet des deux solitudes ». Non, non et non !, il y « deux nations » et pas « deux solitudes » Quand va cesser cette lubie de « solitude » quand il y a « ignorance ».
J’entend des innocents qui croient que le vice-premier ministre, Manley, anti-monarchiste, est un allié en oubliant que ce même Manley fut le criard « partionniste » qui souhaitait que l’on découpe le Québec en morceaux détachés si l’indépendance advenait. Mémoire courte de trop des nôtres.
Aux actualités hier : une ouaitresse ontarienne, cancéreuse pulmonaire en phase terminale, va obtenir beaucoup d’argent. Elle a bossé dans un snack-bar —« C’était « bleu » de fumées de cigarettes » dit-elle joliment— très longtemps. Avocat intéressé (à 50 %) et cause gagnée. Oh, tous les restaurateurs vont jeter dehors les fumeurs, ça va pas tarder ! Autre chose : notre « govern’ment » va cracher des millions de notre argent public pour soutenir (on cherchera des investisseurs) Murdochville (moins d’un millier d’ habitants !). Des millions. Ces gens veulent pourtant (référendum tenu) que l’on ferme la ville…et que l’on crache un bö gros trésor en compensation. Je ne sais quoi en penser. Une ville ouvrière s’installe autour d’une grosse industrie. Cette machine-à-salaire finit d’exploiter les entrailles du site et ferme. Catastrophe ! Miserere !
5-
Je lisais hier soir sur les sectes en France. Les disciple de la « québécoise » patente —à domicile fixe ici avec panneau payé par le gouvernement— « raéliste » font face à quatre accusations en France. Subornations et agressions sexuelles sur des mineures ! Bigre, on dirait que secte ou religion catho d’hier, c’est toujours la même obsession : les enfants comme objets sexuels. L’article (de « L’Express ») souligne la complicité bien tacite des parents (raéliens eux-mêmes) des jeunes abusées. Renversant. Un déboussolage total chez ces brûleurs de croix à la KKK, ces zélateurs loufoques aux portes des écoles. Ne « laissons pas venir à eux les petits enfants », leur évangile est un crachat amoral. Bavures inévitables (?) là où la liberté totale (certes) doit régner. À nous de critiquer sans cesse ces désaxés.
Chez Bazzo, ce matin, ça cause parfums ma chère. J’entends : « thé au Jasmin ». Baptisé Théo, on me nommerait « thé au jasmin ». Excusez-la.
Tiens, je vais envoyer à mon Marcogendre —suis un addict— copie ce cocasse communiqué pour lundi le 14.
Je vois des joueurs de tambours à la télé, dans Villeray. Souvenir : c’était comme Hollywood au coin de ma rue parfois. En 1940, la radio (prestigieuse comme la télé en 1960) venait s’installer sur la scène du cinéma du coin, le Château. Du music-hall gratuit ! Il y avait une file jusque devant chez nous. Nous sortions, Gilles et moi, notre cheval-de-catin et zigzaguions entre les gens en longue queue. Quêtage de sous. Cet été, je n’ai pas réussi mon aquarelle sur ce cheval-de-guenille, hélas !
Comme j’aimais tant Montand roucoulant Prévert : « Ils ont des poids / ronds et carrés / des tambours, des cerceaux dorés / l’ours et le singe / animaux sages / quêtent des sous / à leur passage…. »
Bon, partons la mer est belle…la mer d’air sur nos têtes. Allons vélocipéder sur l’ex-chemin de fer. « Il fait chaud », me dit Aile, revenue de courses. Comme en France, Aile achète les victuailles au jour le jour. « Avec es enfants, ce serait différent, je le sais bien », dit-elle.
Bon, cliquer sur : « éteindre ».

Le mercredi 9 octobre 2002

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Oct 092002
 

1-
Le genre fréquent d’ « octobre » ce matin : grisailleries partout. L’automne quoi. Il me reste quoi ?, un mois et demi, une quarantaine de jours à…journaliser. Après cette fin de novemvre qui vient ?
Ça me fera toute une année, 365 jours à prendre des notes un peu partout en vue de ce journal. Suis bin fier de moé. Pas si facile qu’on croit. Essayer voir…L’année 2002, fait réconfortant, me restera un fameux souvenir. Écrit. Publié, un jour, au complet.
À la fin de novembre, bientôt, j’aurai donc bouclé la boucle. Fou, je me dis —puisque je ne crois pas continuer, envie de revenir à de la fiction, plusse de « barbouillage », ou quoi encore ?— : qu’est-ce que je vais faire de mon corps ? De mon index-sur-clavier ? Je tape d’un doigt.
Diarer (hon !) m’était devenu une habitude. Comme un devoir aussi. Je me sentirai libéré ? De quoi au juste ? Innocent, j’ose me dire que des fidèles du journal seront malheureux. Combien ? Cinq ou cinquante ? Ils auront tous mes livres en bibliothèques pour se consoler, pas vrai ? Prétentieux ?
Et puis qui sait, mi-décembre ou fin-décembre, ou bien janvier 2003, je voudrai peut-être reprendre le…collier. C’est un collier. Pas si lourd tout de même. Une chose est certaine : le journal me « forçait » à rédiger. Alors, je pourrais bien publier sur Internet un roman, un récit ! Des « nouvelles » auto-fictives. Être libre donc… dans 60 jours.
2-
Hier, Aile décide d’aller fureter à l’École des jeunes chefs. Contente. Retour avec excellentes saucisses italiennes et bon potage, aussi des amuse-bouches. J’irai à mon tour tantôt.
Mon fidèle Marleau : il part travailler à Cap-Saint-Ignace (?). Au petit monde de l’édition. Beaux projets. Semble enthousiaste. Contrent pour lui. « Michelle » me dit, elle, que je l’ai prise pour « Manon ». Ai répondu : « chuis vieux » ! Ai envoyé deux lettres ce matin : 1- l’une chez Sogides (à Pierre Lespérance) pour que ce PDG réfléchisse sur mon projet « album illustré », refusé par son directeur Graveline . 2- À Lorraine Pintal, qui avait aimé lire mon « Le patriarche bleu, Duplessis », pour qu’elle y repense en vue de sa prochaine saison-TNM. Attendre maintenant. Aile : « T’es fou, mon Clo ! » Moi : « Quoi, bouteilles à la mer. Sait-on jamais ».
Que des jeunes sachent que vieux pas vieux, connu pas connu, ces métiers obligent sans cesse à sonner aux portes. « No pedling », disait un « cartron » rouge dans la porte du 7068 Saint-Denis. Ils sonnaient quand même !
3-
Fébrilité : 1-le premier tome du journal, janvier-avril 2002, (« À cœur de jour ») est-il rendu à l’imprimerie, oui ou non ? Salon du livre de Rimouski, fin du mois. 2- Mes images villerayesques se font-elles encadrer à bonne alllure à Montréal-Nord ? C’est lundi le 14 cette expo à Saint-Arsène. Hier matin, Francine au téléphone : « Votre binette se voit dans la page à potins du J.de Mtl. R.B. annnonce ce 14 au soir. Tantôt, coup de fil : « Vot’ photo, pour not’ site de « Tous les matins ». SVP. » Je dis : « Pigez dans le tas en allant à claudejasmin.com
Lundi, Aile insistait : « Viens, faut aller voir les tableaux des jeunes, de la relève, rue Saint-Laurent proche de Bernard ». Aile aime la jeunesse. Bien. Allons-y. Bang ! le nez sur la porte chez « Simon Blais », galériste. « Fermé, ouvre qu’à partir du mercredi ». Déception vive chez Aile. Ce bout de la rue Saint-Laurent : sauvage, pauvre, pas encore exploitée. Ça viendra sans doute. Nous aimions cette ambiance visuelle de…magasins-taudis. Pourquoi donc ? Mystère. Souvenir : dans un ex-magasin de souliers de ce quartier minable, avoir vu « l’homme des tavernes » dans « Broue » qui débutait. Salle de 50 places. Mon expo de « piliers de taverne » sur les mur de ce théâtre improvisé. Pas une vente. Public de jeunes désargentés. Avais tout vendu chez « Molson » (pour cadeaux à leurs bons vendeurs) où bossait une cousine, Marthe, experte-relationniste de cette brasserie. Coup de chance.
4-
Je repense à ce très bon film loué : « Meurtres par équations ». On y voit la « Fortier » de Larouche. Même histoire : une inspecteure de police au passé foudroyant, embarrassant. Elle mènera l’enquête mais…on lui retirera l’affaire soudainement. Voyez un excellent épisode de « Fortier » donc mais avec les moyens prodigieux du cinéma made in USA.
Ça y est, les couleurs sont là. Et c’est toujours le spectacle « sang et or » fabuleux. Éliane, ma fille, hier, au téléphone. Elle viendra voir ça dans 10 jours puisque ce week-end on a de la « vésite ». La bande des six. Ne pas oublier de raconter à T.L.M. ma poudre explosive d’un faux-Chinois pour mon petit Laurent alors fou des pétards ! Aussi, raconter les folles roucoulades des colombes à l’hôtel parisien des Saints-Pères, rue du même nom. C’était pas des oiseaux…une femme en chaleurs ! Raconter, raconter…Daniel, lundi soir : »En tous cas papa, je sais plus au juste qui tu es mais laisse-moi te dire que t’es un fameux raconteur ! » Des gens; »Ah, on vous voit à la télé, on vous entend à la radio, mais je savais pas que vous écriviez des livres » !
Enrageant : se pointer en médias, justement, pour espérer se faire des lecteurs et… Deux mondes ! L’univers des lecteurs de romans est tout petit.
Et c’est pour cette raison qu’on parle si peu littérature, ici ou là. Misère !
Après la tonte du terrain, hier, essoufflé, vidé, m’installer sur transat de toile, sur la galerie, et voir le couchant. Un soleil éblouissant mais sans grande chaleur. Bas. D’octobre. Ciel rougissant splendide. Repos formidable.
5-
Quittant le mini-condo, mardi midi, formidable odeur de ketchup-vert-maison dans tout le hall. Régal narinier total. Je vais vite retrouver dehors le concierge à sa tondeuse. « Si l’épouse me donne de son ketchup-maison, je lui donne une aquarelle. Promis. » Marché conclu, dit Gislain. Cette odeur c’est celle de mon enfance en octobre. Maman faisait ses conserves dont ce merveilleux ketchup aux tomates vertes. Yam, yam ! Derrière le Phénix (ex-usine « Kraft dinner »), le « ground zéro » s’agrandit. On y coule du béton sans cesse. Les « pépines » se font aller. Hommes au travail…partout. Le brasseur-malaxeur à béton va et revient. C’est le trou des trous. Bientôt les murs vont monter. Plus de soleil le matin ! Nous, on a le refuge adèlois mais les autres ?
Au lunch, Aile revient de boutique « saintsauveuriennes » : « Clo, t’as pas vu ça, il a neigé »! J’ai pas vu ça tout à mes lettres de quémandage.
5-
Avons regardé hier soir un effrayant reportage à Tv-5 (ou ARTV). Le titre : « Une église dans de sales draps ». Horrifiant, en Suisse, à Fribourg. Puis en Irlande. La pédophilie des « messagers de Jésus ». À Dublin, 80 victimes parlent enfin. Ô Joyce : pauvres « gens de Dublin », familles démunies, confiance des orphelins. La terreur. Le sadisme en prime :le fouet, la nuit. « Les surveillants ensoutanés en jouisseurs maladifs de ces spectacles de malades.
Aile en était stupéfiée, révulsée. Et moi donc qui aime tant les enfants. Procès. Prison pour les abuseurs en situation d’autorité…et sacerdotale. C’est pire que le pervers anonyme au coin d’un terrain vague. Les cochonneries dans des églises suisses, les notables de ces lieux qui se voilent la face, qui font d’immondes pressions sur les courageux bavards. Criminalité d’ « hommes de Dieu » dans des sacristies, dans des pensionnats religieux de cette Irlande ultra-catholique, jumelle du Québec d’antan. On a vu des gens vieillis, jamais guéris de cette pollution infâme, se débarrassant enfin d’une sordide culpabilité qu’on lavait su leur instiller méchamment. « Petits provocateurs va », disait-on, allez vite vous confesser ». Un comble !
Que de vies ravagées ! On veut saigner financièrement cette église complice. Bravo ! À blanc, à blanc ! Qu’ils vendent leurs gros presbytères, leurs vastes domaines, les chics terrains de verdure, les beaux jardins à statue de la Vierge immaculée, même les trésors des musées du Vatican, ces maudits « yeux fermés », ces odieux évêques complaisants.
Des témoignages douloureux hier soir. Cela enfle. Cela grossit sans cesse. Comme au Québec. Comme à Boston. Et ailleurs ! Les révélations vont croître, disait le documentaire, et tant mieux. C’est une salutaire épidémie de révélations scabreuses. Une émission qui dégoûte pour longtemps. C’est la colère là-bas, en Irlande. En Suisse, c’est le silence. C’est bien la Suisse.
« On n’ose plus approcher les enfants, dit un jeune consacré d’Irlande, on est même gêné de porter un simple col romain ». À cause de tous ces vicieux, toute l’église mise dans… « de sales draps » en effet. Ces cachettes d’antan coûteront des fortunes aux clergés pourris d’hier (il y a des cas de seulement dix ans, certains datent de 1999 !)
Immense désarroi, immense malheur collectif, hélas, pour tous ces bons curés dévoués. D’infatigables religieux d’antan sont humiliés sans bon sens, éclaboussés par toute cette merde étalée enfin. Par ces sinistres brebis noires, protégés par des évêques idiots. « En ce temps-là, le « pincé » dénoncé se répandait en regrets, implorait le pardon des péchés, pleurait, se traînait aux genoux de son supérieur, promettait de recommencer sa vie à zéro. On le croyait. Il semblait si sincère. Et il l’était sans doute. On en savait bien moins sur la pédophilie…qui ne se soigne pas vraiment. On faisait confiance au repenti. Expédié dans une autre paroisse, bien entendu, il recommençait malgré ses promesses, ses remords, ses serments », raconte un lucide évêque moderne. Vrai. Et accablant aussi. « J’ai passé « à côté de la vie » à cause d’un de ces salauds », raconte, les larmes aux yeux, un vétéran de cette guerre injuste : « candides enfants de chœur versus disciples de Jésus ».
6-
Aile observe « Bunker ». Merci magnéto ! On fait vite défiler les grossiers spots de pub. Moi, je lis « Historia » et un numéro de « L’Actualité ». Avec petits coup d’œil parfois au téléviseur. Toujours aussi mal construit. Aucune progression des personnages me semble-t-il. Le statisme total dans de grands mouvements d’images. Pour pallier le vide ? Symbolisme à la noix. Allusions confuses. Belles images de Houle sur un dialogue infantile de Dionne. À la fin, je questionne Aile : « T’as raison Clo, c’est obscur, parfois même très confus, redondant et mal structuré ». Et on nous redira que lecteurs anonymes des jury de Téléfilm
(avec notre argent public ) font reprendre dix fois les textes ! Mon cul, oui !
J’ai des tas de coupures des gazettes lues dernièrement. Des sujets divers. Je me retiens ici. Un journal n’est pas seulement un banc…d’essais.
Je me retiens. Ce vif plaisir, tous les matins, de déchirer des articles qui me font bondir. Jeune, je ne lisais pas tant les quotidiens. Il n’y avait d’important à mes yeux que les beaux arts, ma passion. Quand débutait ma fringale des actualités ? Je ne sas trop. À vingt cinq ans, il y avait mon job de scénographe et mes activités parallèles, critique et enseignement. À trente ans, la littérature. Quand, quand ? À 40 ans, je crois. Enfin,. je m’engageais vraiment. Pourrais-je un jour —j’en connais— me détacher « du monde en chamailles »? J’en doute. Un sacré virus.
7-
Je reviens à l’instant d’une visite à l’École-Bouffe de la rue Lesage : potage, tarte aux pommes, une baguette, du chou-fleur et carottes…pas fameux comme choix ce soir. Aile : « Eh là ! Ton cholestérol Cloclo, ces frites que je vois là au fond de ton sac » ? Moi penaud : « Euh… j’avais, Aile, comme un goût de frites. Juste un peu ». Je déteste me sentir un gamin pris en faute.
Suffit.
Me reste maintenant 59 jours en fidèle journalier. Ça veut dire quoi?, une douzaine, une quinzaine, d’entrées encore ? Le 30 novembre : stop!

Le dimanche 6 octobre 2002

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Oct 062002
 

1-
Je songe à du Canaletto quand je vois tant… « le bleu du ciel » (titre de Bataille) et des nuages kioutes, rosés. Même loin de Venise, mossieu Canalettto, il y a ici aussi de ces firmaments si aveuglément lumineux. Ce matin, Aile m’ouvre le store : « Regarde-moi ça, Cloclo ! » C’était fameux, brume au ciel, sur les collines, sur le lac. Pointes de jaune, de rouge, d’orangé, dans des feuillus qu veulent émerger de ces smufato romantiques. Paysage étonnant en effet : la froidure de cette nuit se sauvant devant le chaud du point du jour ! Spectacle fort.
J’avais, dans le pénis, des bébés ! Fou ça ! Des bébés minuscules, en celluloïd (?), mini-poupées insolites étranges et je les sortais, nerveux, un à un. Une bonne douzaine ! Mon pénis enfin vidé… comme un vain tuyau !
Bizarre songe, non ? D’abord je me baladais avec Aile, très courtement vêtue, sur mes épaules. Un village lacustre. Un Pointe-Calumet exotique, embelli. (J’avais parlé hier à Aile d’aller vite racheter le terrain —et son chalet— de mon père pour les enfants et les petits-enfants. Site vendu en 1983 par mes deux enfants —à la mort de leur mère). Avant ces mini-bébés…Aile —dans des voiles transparents— et moi batifolions dans le vent. Du bien beau temps. Puis c’était Monique Miller, grimpée sur moi, s’accrochant, rieuse, fesses nues, suspendue, toute heureuse, sur mon dos, puis sur mon ventre…Non mais…
Ah, pouvoir défricher ces rêves ! Ces petits bébés de caoutchouc dans ma verge ! Étonnante séquence !
Aile hier soir, tard : « Merde, faut p’us que je me fie à mon intuition. J’ai loué un navet ». Non. Pas si navet que ça. Disons un film bien intentionné mais « à demi raté ». « Autoroute 84 », écrit et filmé par Ross Partridge est un polar un peu spécial. On lit : « concepteur visuel : Christin Paquette » ! Ah ! Un autre descendant de nos exilés des temps jadis ?
Un film étonnant. Loin d’être banal. Insatisfaisant quoi. Un noyé bien gras. Blessé à la tête. Enquête. Un petit patelin non loin de New-York. Un jeune policier déboussolé, divorcé, perdu. Un suspect…mais en vain. À la fin, le suicide du jeune gros patapouf (très bien joué), aliéné mental, qui cherchait son père l’abandonneur misérable. Des relents très « bibliques » ça et là. Un film commandité —en secret— par des fondamentalistes ? Je le suppose.
Dans ce « Autoroute 84 », un fauteuil roulant (le père retrouvé, invalide). Je songeai au fauteuil roulant que je manœuvrais dans des couloirs pour Marie-Josée « de La Hanche » vendredi après-midi. J’ai songé aussi à maman, 85 ans, en fauteuil roulant, rue Saint-Denis. J’avais enlevé les seuils de toutes les portes du logis. Et fais mettre du tapis aussi. J’avais fait le ménage partout. C’était en 1984, par là. Il lui restait trois ans à vivre et je ne le savais pas. Je la voyais mourir à 100 ans ! Papa le sauvage promu cuisinier et femme de ménage (oh !) alors. Devant pousser la vieille épouse, l’aider sans cesse. En 1985, il n’en peut plus et maman ira mourir seule, en novembre 1987 —cinq mois après lui— rue Labelle, dans un centre hospitalier. Proche de « Auger tabagie », pour le « farces et attappes » des mes petits mousquetaires.
2-
Avant « le choix ciné d’Aile », hum !, revu hier soir, à ARTV, le formidable documentaire sur « l’un des deux ou trois plus grands pianistes au monde », Glenn Gould. Feu Jean-Louis Millette et Sylvie Drapeau commentaient. Ensuite, le beau film de Girard sur Gould : « 32 films brefs ». Ce phénomène humain, hors du commun, maestro à cinq ans déjà, est fascinant. Né en 1932, (mort en 1982) Gould va stopper net (en 1964, jeune encore) les concerts publics —il était fêté, loué, applaudi, acclamé, portée aux nues de New-York à Moscou— pour s’enfermer dans des studios d’enregistrement sophistiqués. Choix abasourdissant pour ses adorateurs navrés.
Ce génie incontesté avait un tas de manies. Se déchaussant durant un concert, buvant un verre d’eau… Fringale de médicaments, des gants troués aux mains, « téléphonophile » insensé. Insomniaque, Gould aimait conduire sans but des heures durant, aimait épier les conversations dans des restaus et des bars enfumés, jouant l’anonyme solitaire. « Il avait l’oreille absolu », (terme qui me mystifie toujours) dira un commentateur de son étrange carrière volontairement interrompue. Un autre spécialiste du monde musical dira : « On dirait qu’il composait cette musique à mesure qu’il jouait Bach ou Mozart ou Ravel ». Je notais ses meilleures pièces (endisquées) et je me disais :je me les procurerai. Je n’en ferai rien je suppose et je resterai, hélas, ce béotien en musique dite sérieuse. Cette ignorance pourtant est un de mes chagrins. Me secouer là-dessus.
3-
Cette fois, une excellente émission d’Homier-Roy avec l’actrice lumineuse Marie Thiffault, venue du Saguenay. « Viens voir les comédiens » aurait pris sa bonne allure, sa bonne vitesse de croisière ? Ou bien, c’est elle, Thifault, qui est bonne, meilleure que Carole Laure (pas ennuyeuse du tout) et Luc Picard en « confessions » ? Et la bonne articulation, l’élocution si claire, intelligente de cette comédienne… Bon pour les sourdingues de ma sorte évidemment.
Ce matin, dimanche., cahier « lectures » encore un « papier » sur cette Mavrikakis (du roman « Ça va aller ») qui, via son héroïne, nous peint en « tribu de racistes ». J’écrivais qu’il y avait quelques « néos » qui s’épanouissaient parmi ce 84 % de « French Canadians racists », selon cette prof à Concordia. D’autres noms de « néos », ou d’enfants de « néos », me sont venus à l’esprit. En effet, comment cette Sappho-Didon (sic !) péronellisante juge-t-elle les bos succès des M’bara, Kavannah, Gregory Charles, Septimu Severe, Curzi, Franco Nuovo, Saïa, Marco Micone, Sergio Kokis, Mankievitz, De Santis, Dino Tavarone…et j’en oublie sans doute ?
Chantal Guy (La Presse) jette des bémols sur ce roman d’enragée psychotique. La « néo » Catherine tente d’esquiver… sentant les énormité proférées par son porte-parole « Didon » Apostasias, comme regrettant sa sauce « autofiction » sur les bords. « Aucun écrit n’est innocent », dit-on. Dubois, le dramaturge, a, lui aussi, joué de ce violon pourri. Un racisme inversé, on le sait bien. Auto-mépris qui relève de… Oui, y-a-t-il un docteur pas loin de ces déboussolés ? Mavrikaka-Didon trouve répugnant « ces idolâtres de l’enfance ». Cela fait un énorme régiment d’écrivains valables mis au ban de cette prof de littérature. …Dont ce fantastique Alain Rémond et son « Chaque jour est un adieu ». On lit Rémond et on est plongé dans une littérature humaniste autrement plus chaude que ce vulgaire bain d’acide « raciste » de la Mavricaca.
Toujours masochistes, peins de questionneurs en médias aux pieds de la propageuse de « diffamation des nôtres ». C’est infiniment triste.
4-
Ce matin, du « Soleil » de Québec, article intéressant entre les façons de faire des affairistes de France et d’ici. Là0bas, prudence et attente. Ici, confiance spontanée et, « rapido », on signe ce contrat oui ou non ? En France, on veut aussi de la sympathie, voire de l’amitié, ici, à l’américaine, pas de sentiments, « business as usual ». François Pouliot montre bien les différences dans les mentalités. Tembec, un exemple, a fini par installer quatre usines dans la mère-patrie, tout de même. Le PDG de Tembec, Yvon Pelletier, dit : « Ce qui se fait ici en deux semaines, prendra deux mois e Europe. Mais il y a, en France, un marché autrement plus important qu’ici ». Ah le nombre ! Le grave bobo qui fait piétiner tant de domaines brillants parut, théâtre, cinéma, livres, etc. Le malheur des pays peu peuplés quoi.
Même gazette, ce matin, des mamans « restées à la maison », délaissant un métier, voire une profession, discutent des bonheurs et des malheurs de ce métier plutôt moqué et même bafoué. Vaste question. Ma fille, Éliane, quittait son job de prof… De l’héroïsme à mes yeux. Maintenant, les enfants grandis, élevés, va-t-elle chercher à revenir au boulot ? Pas facile ce retour après vingt ans d’absence volontaire. On le devine. Une du débat en cours, ingénieure « sioupla » , avec mari « directeur exécutif », recommande de mener carrière et métier de maman. Ouen ! On devine qu’elle a eu les moyens, elle, pour tuteurs, « nanny », gardiennes et le reste.
5-
Vendredi matin, article instructif de M. David ( auteur de « Repenser la sécurité », édité chez Fides) qui illustrait les graves périls de faire la guerre en Irak selon les vœux du W.B. Il favorise l’option ONU, l’inspection méticuleuse des installations militaires chez Sadam Hussein, avec raison. En janvier ou en février 2003, il se peut fort bien que les Marines-US débarquent là-bas. Et ce sera « Vietnam », deuxième édition ?
Des catholiques militants s’associaient volontiers avec le dictateur Franco, allié prudent des Mussolini et des Hitler, en Espagne. Ces « bons chrétiens », franquistes avoués, étaient du mouvement un peu clandestin, quai secret, l’« Opus Dei ». Le curé jésuite fondateur (Escriva Balaguer) de ces réunions de zélotes « pro-Rome » et pro-fascites, se fait sanctifier ce week-end à Rome. C’est le « Travail, famille, patrie » pétainiste qui gouverne ce genre de « saint ». Une leçon historique, en 2002, qui donne froid dans le dos.
Sauvé par la Vierge (de Fatima ou de Lourdes ?) d’une grave maladie, ce MonSeigneur Balaguer aurait, à son tour, miraculeusement guéri, en 1992, un radiologiste condamné. La foi catholique aurait proclamé Balaguer c’est : « Jésus, Marie et… le pape! » C’est bien noté. Un membre québécois de cet « Opus Dei », curé de Saint-Ambroise (dans Villeray) a étudié en Espagne en 1970. Il prétend que « L’Oeuvre » avait des militants de toutes les tendances politiques. On lui dit : « Et des républicains aussi ? » « Ah non, ça, non ! » Bien.
6-
Hier, je vois une jolie annonce du jeu de société de mon fils dans Le Devoir. En bonne place. Ma fierté. Ce jeu « Bagou », que Daniel a inventé, a un fort bon succès. Il vient d’en faire une ré-édition augmentée, si je peux dire. Je voudrais qu’il soit invité à « Tous les matins » mais comment m’y prendre, détestant, comme tout le monde, le népotisme ? C’est délicat.
Un film québécois d’Eric Scott veut illustrer notre « congénital racisme »…n’est-ce pas ? « Je me souviens », un documentaire, questionne, à la manière de madame Esther Delisle ( sa thèse publiée là-dessus fut très contestée), les gens des années ’30 encore vifs. Luc Perrault, critique émérite, déclare : « loin de faire comprendre les raisons de l’antisémitisme d’alors ». Ah bon ! Un autre qui cherche —avec amour des nôtre— des poux honteux chez nos grands-parents ! Disciple de Maudit-kakaille Richler. Il n’y a pas de mystère. Mon papa était antisémite. Léger. Comme nos voisins. Comme tout le monde, en Europe comme aux USA, en 1930. « Les Juifs avaient osé crucifier Jésus ». C’était un déicide impardonnable. À cette époque, les choses étaient odieusement « noires ou blanches ». Non, il n’y a là aucune conspiration raciste organisée. Juste une connerie dans l’ air du temps, l’air enseigné, pollué, par un clergé catho borné. À quoi, à qui, profitent tous ces chercheurs de bébittes, aux adversaires du Québec libre. Évident ! Pauvre cloche d’Éric Scott ! « Je me souviens », présenté au festival de Namur, en Belgique n’a fait aucun remous. Là-bas, on sait mieux de quoi il retourne.
Le soleil luit. Il est 15h. Aller m’ installer sous la bonne lumière de l’Astre et lire avec elle. Demain matin, me rendre à « Tous les matins », parler d’une expédition sur le Mont-Royal avec marteaux pour arracher à une falaise des pierres rares…Je suis prêt Houde et Bertrand.

À SOIR, ON FAIT PAS PEUR AU MONDE !  »

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Oct 062002
 

par Claude Jasmin
C’est une invitation pour toi, l’  » ancien de Villeray ou de Rosemont « . Ce soir, la dénommée Francine Ladouceur - de la rue Liège- qui n’est pas  » douce  » mais  » bin roffe  » pour organiser une fête, t’offre un joyeux caucus. Ce soir, viendras-tu à l’église du coin Bélanger et Christophe Colomb - où il y a des vitraux de Max Ingrand ? C’est à 20 h. Il n’y aura ni messe ni vêpres, il y aura un choeur de chant, Luc de Larochelière et l’exposition d’une quarantaine d’images sur ta petite patrie. Des illustrations sur le  » guenillou plein de poux, les oreilles pleins d’poil « , le marchand de glace, le maraîcher ambulant de ta ruelle et tout le reste, que j’ai pondu durant l’été qui se termine.
C’est un rendez-vous pour toi, fameux ironiste Serge Chapleau, né dans  » la petite patrie « , pour toi Franco Nuovo, de ma rue Saint-Denis, pour toi Jean Coutu, vieux pharmacien emeritus, né au coin de la rue De Castelnau, pour toi, illustre poète Claude Léveillée, de la rue Drolet, pour toi le  » bollé en maths  » de Sainte-Cécile, tit-Jean Campeau de la rue Jules Verne, pour toi le naturiste Jean-Marc Brunet, ex-jeune boxeur de Villeray.
 » À soir « , venez donc à l’église - concert et expo- pour entendre et voir, venez tas d’ex-petits  » premiers communiants  » du quartier. On fait ça pour toi aussi, cher rôtisseur Léger des poulets Saint-Hubert (ma tante Rose-Alba fut la première goûteuse des premières cuisses et poitrines, pas loin du cinéma Plaza). Viens revoir ta rue Guizot, surdoué comédien, Marcel Sabourin.
Louise Deschatelets, Jean-Pierre Coallier de Rosemont ­la-voisine, venez donc. Jean-Luc Mongrain : on ira faire des  » gros yeux  » aux pâtisseries devant l’église Notre-Dame-du-Rosaire où tu es né. Denise Bombardier, tu viendras ?, après la fête on ira revoir le kiosque-à-zizique du parc Jarry et ton ex-petit voisin, le romançeur Denis Monette de Saint-Vincent Ferrier comme toi, a promis d’être présent pour René Angélil, ton petit voisin de la Henri-Julien, c’est moins certain, il n’a rien promis. Richard Blass de Holy Family, rue Faillon, n’y sera pas, tué pieds nus, à l’aube, par la police.
Ce soir, venez donc tous à Saint-Arsène,  » enfants de Villeray « . Chaque billet acheté, à 20$ - et chaque aquarelle acquise - aidera  » La maisonnette des parents  » de la merveilleuse nonne Madeleine Gagnon, de Saint-Jean-de-la-Croix et aussi ce projet d’un centre culturel, initiative de cette Francine Ladouceur. Je jouerai le  » président d’honneur  » si vous voulez et personne ne fera peur au monde. À ce soir ?

(30)

Le samedi 5 octobre 2002

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Oct 052002
 

1-
Formidable veillée dans Simcoe Crescent hier soir. L’ami André Dubois frappait le chiffre 60. Le jeune ! Avant le bon souper bien arrosé de sa Mimi — prof retraitée heureuse de Marie-Victorin— visite à cette Marie-Josée à la hanche renouvelée ! Elle va s’en relever. Deux mois de …marchette ou béquilles ! Grosse cabane de réhabilitation rue Van Horne à l’est de Côte-de-Neiges. Plein de gens sur des lits qui attendent de pouvoir se remettre dans le courant de la vie.
Chez Dub, France, une notairesse—mariée à un sosie de « Ben Hur », Roger— fort amusante et, comme moi, sans langue-dans-la-poche. On a rigolé fort. Elle me déclare être la nièce de cette Irène Sénécal, contestée pionnière, ici, du « dessin libre » pour les enfants. J’imitais son « école » audacieuse aux centre récréatifs de la Ville (1953-1956). « Vous ne leur apprenez pas à bien dessiner », me disait-on souvent. On ne comprenait pas trop ces séances de liberté graphique totale en ce temps-là.
La compagne de Dubois, Michèle Lépine, vient de s’inscrire chez un prof —un peintre Chinois !— souhaitant peindre plus que jamais désormais. Sa fille Emmanuelle y était —une déjà experte en transcription-traduction — se perfectionne à Ottawa et c’est là —amours, amours, où ne vous nicheriez-pas ?— qu’elle a trouvé un jeune compagnon, Hughes, qui est le relationniste du chef du Bloc, Gilles Duceppe, comme on sait, le fils du fameux « Jean », comédien émérite dont on annonce une biographie dramatisée à la télé.
Le matin de ce hier, prise de sang (grr…) dans une clinique laurentienne. Ma vieille peur… Alors je fais le bouffon, avec des patients, des infirmières… Inutilement car :une experte cette guêpe piqueuse, n’ai rien senti. Privé de toit depuis 21 h la veille, au diable céréale et fruit, précipitation —comme pour me venger— sur œuf et…bacon (un tit peu) au retour « at home ».
2-
J’ai sorti tantôt une de mes chaudières de plastique transparent remplie de « roches chanceuses ». Cadeaux inestimables de mes petits-fils. Et que je veux exhiber —en preuve— lundi matin à « T.L.M. » de la SRC.
Je m’étais dis dans le temps : pas bon pour eux, mes cinq mioches gentils, d’être toujours les « receveurs », les débiteurs du si généreux papi. Ils doivent avoir envie de donner. Alors, je leur quémandais sans cesse des dessins, des griboullis. Un jour, je dis : « Jeune, je cherchais partout des yeux des « roches chanceuses », vous savez ces petits cailloux polis qui brillent ?, on me disait qu’ils portaient chance à ceux qui les ramassaient. Ma foi, j’y crois encore et si vous en voyez… »
Ce sera, durant des années, une récolte merveilleuse. À chacune de leurs excursions, ballades, avec les parents, ils en eurent plein leurs poches à m’offrir. Bien fiers : « Tiens papi, c’est pour toi ». Mes exclamations. Leur contentement. Enfin, ils donnaient eux aussi ! Je prenais. Je garde jalousement dans ma cave, ici, ces centaines et centaines de petits rochers luisants. Je me répète : « Chaque petit caillou brillant, c’était une pensée pour moi, leur grand-père ». Mon trésor le plus précieux ? Oh oui !
3-
À la cour pénale internationale (La Haye), étonnement : une monstrueuse raciste s’accuse. Regrette. Avoue. Biljana Plavsic admet publiquement le mini-génocide (Kosovo, Bosnie) commis. Surprise étonnante là-bas. Et dans le monde. Cette eugéniste vicieuse, avouant, admettant sa bêtise grave, doit vachement embêter le fou de Milosevic.
Je lis un article de fond, signé d’un expert en éducation, qui dénonce le mal fait aux petites garçons dans nos écoles. Temps qu’il l’ouvre ce retraité ! C’était mon sujet lors de ma première visite en studio chez Houde et Bertrand, à « Tous les matins ». Effrayantes révélations : on interdisait la « tag », le ballon-chasseur et même les récréations dans certaine écoles! Tout cela pour tenter d’endiguer, de nier, de détruire, idiotie, l’agressivité naturelle chez les gars. Jamais d’hommes en enseignement primaire ! Tentatives loufoques et nuisibles de remodeler les petits garçons en petites filles ! L’horreur ! Maintenant, enfin, on songe à repenser ces façons de faire. Il est bien tard.
4-
Aile me disait depuis jeudi midi : « Vite, lis cela, c’est un petit bouquin formidable ». Ça me tentait pas trop. Tant de bouquins m’entourent. Oh le récit merveilleux ! Le précieux trop bref livre. « Chaque jour est un adieu » est signé Alain Rémond (Seuil, éditeur). Je l’ai dévoré d’une seule traite sur le coin de la table à manger, avant de partir pour la ville, vendredi midi. Au chapitre de « la mère », j’éclate en sanglots. « Chaque jour est un adieu » —pris chez Chateaubriand— est « la petite patrie » de ce jeune breton, fils de modeste cantonnier. Il n’est pas un urbain comme je le fus enfant, lui, il ne court pas dans les ruelles mais dans les champs —la forêt et ses féeries— loin de la ville (loin de Paris), dans une famille pauvre, 10 enfants, chambres entassées, pas d’eau courante, la « békosse » derrière le dépotoir ! Des artisans pauvres, des paysans tout autour. Un logis vraiment misérable. Miracle de l’âge enfantin : une « petite enfance » toute rayonnante pourtant. Le bonheur des innocents.
Soudain, le malheur. L’enfer s’installe dans cette cambuse misérable et il écrit : « On ne guérit jamais de son enfance » : son merveilleux papa sombre dans l’alcoolisme. Ce sera la guerre désormais entre maman et cet homme ivrogne, papa. Une épouse bafouée, insultée, battue, cette mère débordée, tant aimée. Et ce sera l’effrayant silence des enfants qui ne comprennent pas que leur « paradis » s’écroule subitement.
Marie-Josée qui empruntait ce récit bouleversant de son amie la critique Francine Laurendeau, me dira à son hôpital, qu’il y a une suite. Un autre troublant épisode. Hâte de le trouver. Je veux écrire à ce Alain Rémond. Son « enfant de Villeray » à lui, le petit bourg de Trans », où l’on devine au loin, par temps clair, le contour du monastère-château, le Mont-Saint-Michel, m’a tant remué. Ah la joie de lire du bon « stock ». Belle drogue !
5-
Mystère… Moi qui aime tant les formes et les couleurs, pourquoi ne vais-je pas plus souvent aux expos, aux galeries, aux musées ? Sais pas ! Velléitaire, je lis un article stimulant, je me promets… et non, j’y vais pas. Paresse ? Pourquoi me priver de ce stimuli visuel ? Oui, un mystère. Serai-je puni lundi soir le 14 à Saint-Arsène ? Pas un chat à mon expo d’aquarelles ! C’est tout ce que je mériterais ! Après des années à « couvrir » tant d’expos (de 1960 à 1967), on aurait dit que j’étais saturé…d’images plastiques. J’avais retraité. Depuis, fini le pèlerinage chez les chercheurs des arts plastiques. Maudit mystère. Je lis sur la « Biennale de Montréal ». Lamarche (du Devoir) y met de gros bémols. Un expert en la matière, de Berlin, regrette que ces expos avant-gardistes ne s’adressent qu’aux « connoisseurs », qu’aux experts. Il dira qu’à Venise les vénitiens n’y s’y sentent pas concernés., Que ces foires audacieuses finissent par captiver que les « autres » créateurs. Des ghettos subventionnés ? Eh oui, je le crains.
6-
La folichonne secte du Raël à pédales —que Québec-con classe, avec détaxation, comme religion hélas !— se voit interdire son feu-de-camp-aux-crucifix —comme chez les racistes du K.K.K.— au Parc Jeanne-Mance. On invoque au Service de incendies : « Pas une fête mais une manif ». « Le pari de la Sagesse », une autre sorte de fêlés, préparait un face à face. Lâcheté des autorités. On ose pas dire : « Respect pour l’héritage historique montréalais, pour la mémoire, pour le patrimoine passé, pour les origines nationales » ! Ce serait trop simple ? Quoi ? Si ces cocos de raélistes, malins, annonçaient : « Approuvez, ce sera joyeux, il y aura fanfare rock, clowns et ballons », est-ce que la Ville dirait : « Oui, allumez vos torches, flambez-moi toutes ces vilaines croix » ! Les imbéciles ! La tolérance tous azimuts a souvent des visages d’hypocrisie.
7-
Un rocker lui dédie une chanson au taliban endoctriné, made in USA , le titre : « John Walker’s song ». Édifiant ! Procès —aux USA— au jeune kamikaze virtuel. Prison : « vingt ans, vingt ans », clamait une toune populaire de Ferland. La défense : « C’est la faute à MTV ». Bin quin ! Le jeune fanatique exporté de l’Afghanistan cherchait du vrai, du bon, du méritoire, du pur. Il devait absolument quitter la crasse des conforts modernes en Occident. Certains trouvent Mahomet, le Coran, d’autres le Bouddha. Ils ne sont pas dangereux. John Walker, lui, avait trouvé des mitrailleuses, des camps d’entraînement, du fanatisme, de la haine. Le jeune étatsunien va devoir « méditer » encore, désarmé cette fois, à l’ombre, très à l’abri, des méchants occidentaux décadents que nous sommes tous ! Miserere !
Questionné, embarassé, Chrétien se tait toujours. Pour nous vendre, au Québec, le « fédé-râlisme », sa scélérate et mercantile compagnie de pub « Group’Action » empochait allègrement l’argent public. Avec plans et rapports ruineux et…en double…Pas pour le même prix. L’enquête traîne, évidemment. Les « examinateurs » d’abus et de favoritisme, stipendiés grassement, sont pas pressés face aux gaspillages du « trésor commun », face aux conflits d’intérêts, face aux magouilles. Face à la propagande grossière. Et inefficace ! Le nationalisme libérateur des québécois se décolonisant, c’est juste des « Flags sur le hood » mais les milliers et milliers d’unifoliés des Sheila et cie, c’est le « bon » nationalisme ! Ensuite, on lit un excité chroniqueur du « Ici » qui chie et bave sur notre patriotisme.
Ou bien on lira une sinistre névrosée, Catherine Mavrikakis —très kaka comme dans caca— qui pisse aussi sur le patriotisme, j’ai terminé son sinistre récit « Ça va aller » (chez Leméac). Je voulais en faire la démolition avec maints exemples —mes marges noircies— puis, je me ravise : je perdrais du temps tant son faux-brûlot anti-Québec est ennuyeux et plat. À la fin, son « chat noir », sa fixation, sort du sac : ce qui l’enrage ?, qu’on la nomme encore, après tant de décennies vécues ici, une néo-québécoise ! Vite, nous devenons alors collectivement un peuple de terrifiants racistes. Faudra en parler aux Norman Bratwaithe, Luck Merville, Péan, Dany Laferrière, l’on pourrait en rajouter en masse, des « néos » totalement acceptés ici. Est folle la Mavri-kaka, elle est aussi prof en lettres à « Concordia ». Fameuse messagère de notre culture, hein ?
8-
Vu « Les incontournables », à TVA, jeudi soir. Une masse assommante de pubs criardes entre des « messages promotionnels» pour consommer de la culture vivante. Ça gigote. La mode « fast koltur ! » Aussi futile qu’à « CE SOIR », avec ce jeune crieur toujours bousculé, pressé dans sa « nomenklatur » à plogues »! Pas de commentaires un peu étoffés, aucune critique. Interviewettes niaises. Aucune opinion un peu étayée. Rien. Le vide sidéral. Un vain défilé. On méprise le public, on ne le croit pas assez intelligent pour instituer, organiser, une échelle de valeurs, un choix. Une graduation dans l’estime de tous ces produits offerts. On vous nomme et en vitesse, soyez heureux les créateurs ! Honte !
C’est « Coup de pouce » et non « Clin d’œil » qu’Aile jugeait pas mal fourre-tout ! Je le feuillette : plein de très jolies pages de publicité, comme un peu partout. Beau design typographique, bonnes photos. Et, en effet, ça jase de tout et de… rien ! Une obligation en ce domaine ? C’est pareil chez « Châtelaine » ou « Elle-Québec ». Etc. Le public (féminin) ciblé est content ? Satisfait. Ça se vend bien ? Oui ?
Je lis : « Qu’y avait-il avant, qu’il n’y a plus, sinon l’enfance ? » Du poète Saint-Jonh Perse.
Je lis et je relis cette phrase.
Et je jongle.
Mes contempteurs parfois : « Jasmin, il sort jamais de l’enfance ». Répéter encore Colette : « L’enfance comme une cicatrice qui se referme jamais. »
Je jongle.
Ce « Chaque jour est un adieu » de Rémond me hante. J’ai mal encore. Il m’a fait très mal. Tant de malheur. La misère sur les innocents : insupportable.
Je regarde par ma fenêtre ce beau ciel bleu de samedi, ces jolis nuages… je pense à eux, morts en 1987…je remercie ma mère et mon père. Avoir eu cette chance : une enfance heureuse.

Le jeudi 3 octobre 2002

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Oct 022002
 

1-
Un hier si beau et si chaud…ce matin, ciel bleu à nuages éparpillés, c’est frisquet en yable ! Je reviens du bas de la côte Morin, de chez le tondeur de cheveux (et barbe dans mon cas), Lessard. Passionné de golf, il m’en jase. Je lui dis : « Ah le golf! Ça me tente, on me dit tant que c’est défoulant, reposant, mais j’avais un camarade (J.-C. Rinfret) golfeur emeritus qui m’avait prévenu : « Claude, commence pas ça, je te le dis, ça devient vite une passion. Tu pourras plus t’en passer…etc. » .J’ai suivi son conseil, trouvant si peu de temps pour m,es passions. La lecture. Le cinéma. Et mes petits projets divers.
Monique Miller, avant-hier soir, rue Frontenac, avait choisi de lire d’abord deux textes de mon bouquin « Je vous dis merci », l’un dédié à mon père mort, l’autre à ma mère morte. Je la sentais ému pour papa-mort. Pour ma mère-morte, elle éclate en sanglots ! A du mal à poursuivre sa lecture. Malaise partout. Moi tout bouleversé de la voir si bouleversée. Un moment fort. Pour terminer sur une note plus joyeuse Monique a lu (avec son grand talent qui améliore un texte !) le tout premier chapitre de « Enfant de Villeray » avec le « tit-gars » qui découvre la lune et s’imagine qu’elle vogue dans le noir firmament.
2-
Le cinéaste audacieux Pierre Falardeau, hier, sous le portique de TVA, nous quittions « Dans la mire » : « Tu sais, j’ avais quoi, 15 ans, j’achetais mes « comics-books » américains à une tabagie de mon Saint-Henri et je découvre un jour qu’on y offre la revue de gauche « Parti-Pris » et ton roman « Pleure pas Germaine ». Une découverte qui m’avait marqué ». Il me glisse soudain : « Dis donc, Jasmin, t’es encore plus révolutionnaire que moi, ma foi du bon yeu ! » Pris cela comme un fameux compliment venant de ce dissident enragé.
Envie d’envoyer à ce cinéaste mon « L’Armoire du Pantagruel ». Il aime Rabelais ! Il me semble que Falardeau saurait en tirer un fameux récit filmique. Eh ! Je constate que je n’ai plus de copie. M’adresser vite à Leméac, son éditeur.
3-
Quand je décidais d’offrir mon polar de « fantasy », « La nuit tous les singes sont gris », à Quebecor, j’avais cru à une promotion énorme (journaux, magazines, télé), vu l’immense machine des Péladeau. Mon erreur. L’éditeur Simard (Publicor) m’expliqua, voyant ma déception : « On imagine un empire qui se tient, mais non, chaque branche de l’empire tient à sa liberté. Même qu’il y a méfiance. Et silence. Impossible d’obtenir de la publicité dans une section ou l’autre du « gros jeu de blocs ». Mon « La nuit.. » ne fit donc pas mieux là qu’ailleurs. Les énervés de la « convergence » seront surpris de lire cela ?
J’ai acheté le dernier numéro de la revue « Historia » que mon père estimait fort. Lectures formidables. Article sur le Mussolini fêté avec empressement par le roi d’Italie alors que l’armée aurait pu stopper net la marche sur Rome des fascistes (en chemises noires). Monarque bien con. Et qui regrettera amèrement sa confiance niaise au Duce Benito, dictateur. Article encore plus fascinant sur les capitalistes des USA collaborant volontiers avec les nazis parvenus au pouvoir. Ford, G.M, Shell, ITT, IBM, tous, la main dans la main avec le fou. L’argent à faire. « Business as usual ». Pire encore : après le conflit, ces compagnies ont exigés des millions (du trésor de cocons de payeurs des Étatys-Unis) en réparation. Quoi ? Ils dirent : « nos usines étatsuniennes installées en Allemagne furent bombardés par les USA ! Incroyable mais vrai. C’est à vomir sur ce capitalisme démoniaque. Article étonnant sur cette Suisse, pas si neutre qu’on pense sous Hitler-le-fou. Captivant article sur les assassinats de Présidents, en France.
Bref, un magazine instructif. M’abonner, pensais-je ? Non. Résister. Pas le temps, hélas. J’arrive à peine à lire…ce que j’ai à lire, ici et maintenant. Hélas !
4-
Deux films loués. Un bon et un con. Le con ? Celui de Woody Allen, le pornocrate suborneur de fille adoptive. « Hollywood ending » est un navet. Récit —mal mené— d’un cinéaste déchu qui tourne malgré la cécité subite dont il est victime. Il y a quelques bons « one-line ». J’avais été prévenu mais bon… W.A. a donné jadis de si amusants films. Au début, prologue sur le Canada d’où revient ce triste héros-cinéaste capricieux : « Que de la neige et de la glace. Un pays ennuyeux qui n’inspire absolument rien ». Merci. À la fin, épilogue, son navet (et c’en est un au fictif comme au réel), se fait acclamer à Paris conte toute attente. Lisez, entendez : « les cinéphiles de France sont tous des cons et des abusés ridicules ». Édifiant.
L’autre film : bien fait. Excellente démonstration signée Barbet-Shroeder. Titre : « Meurtre en équation ». On songe au formidable suspense « The rope ». Même thème : des égocentriques dégourdis, forts en sciences et maths, qui se croient au-dessus du monde entier. On songe au « crime gratuit » d’un roman d’André Gide : « poussez un passager hors d’un train en marche, au hasard, n’importe lequel, on ne saura jamais qui a tué ».
« Meurtre en équation » raconte la totale soumission d’un brillant collégien face à un autre « bollé » encore plus machiavélique que lui. Un fils de famille riche et puissante, qui va le séduire « philosophiquement », qui va en faire son complice dans un assassinat « gratuit ». C’est un polar hors du commun. Ces deux grands ados, sans aucune fibre morale, sans humanité aucune, sont joués de façon hallucinante. Je reverrais volontiers ce suspense diabolique.
5-
Vu hier soir —vrai blitz en médias— « le jeune messie » des bourgeois cupides —les détestateurs de la solidarité national— Mario Dumont face à Paul Arcand à TVA. Quoi ? Immense déception ? Non, je le devinais fourbe et calculateur. Si jeune ! Je l’avais vu « patiner et farfiner » chez Miss Dussault à Télé-Québec. C’est un disciple resté fidèle à la manière- Boubou, son ex-mentor. Le gaillard, faux-baveux et, à la fois, empesé, est un danger effroyable. La gauche la moins gauchiste doit vite le dénoncer et partout.
Déjà ratoureux, il refusait carrément de parler vrai, de parler franc avec Arcand, cela sous des dehors de bonhomie, de franchise… frelatée. Ce matin, la Lysiane Gagnon de Power-Gesca-La Presse commente, élogieuse —tout pour nuire aux souverainistes de Landry— cette « fraîcheur rafraîchissante » —mon cul— pour finir par admettre, comme à regret, que ce Dumont est…oui, un simple patineur ! C’est John Charest l’homme de la Power-Gesca! Hélas, les bourgeois cupides le refusent et il reste bien bas en sondages ! Ô Lysiane —défroquée de l’indépendantisme— on devrait changer de peuple, hein ?
6-
La nouvelle série-télé d’Homier-Roy —tournée au vieux cinéma Rialto sans vrai public participant (hélas)— ne lève pas. Après Picard (Luc), Carole Laure —Laure de « Lord », son premier mari, m’expliquait Monique Miller— fit voir un fort tempérament, il faut lui donner ça. Mais… une fois de plus, pas de dossier d’archives, pas d’enfance, pas d’infos sur ses études, sur sa jeunesse, son milieu, ses tout débuts, etc. Fille volontariste, bûcheuse, ambitieuse —comme il se doit en ces carrières— il y a du Monique Miller et de la Sophie Faucher chez cette Carole d’abord mignardisant, se dénudant volontiers, danseuse à gaga, à gogo, chanteuse à voix bien frêle et puis actrice-amateure aux roulements des « r », manière arrière-province. Mais elle captive jouant de sa chevelure rebelle —mieux que Luc Picard— par son entrain et un certain sens de l’humour.
Ce matin, mon vaillant correspondant fidèle, Marleau, me pointe une adresse hypothétique afin que mon album illustré se réalise, un certain Henri Rivard de Contrecœur. Éditeur inconnu ou méconnu ? On ne sait jamais. Je lui écrirai. Est-ce vraiment un riche philanthrope paré à perdre de l’argent ? La grosse millionnaire SOGIDES, via sire Graveline, ne veut pas risquer une maudite cenne noère !
7-
Au Centre culturel Frontenac, mardi soir, deux « rencontres après entretien ». L’une, jeune fille au regard de feu, me veut comme « parrain littéraire » avec le programme de l’UNEQ. Je lui au expliqué : « Fuyez ces niaiseries, genre « atelier d’écriture » de mes deux fesses, etc. Écrivez en solitaire (c’est cela le vrai métier d’écrivaine) et tenez vous loin de tous ces machins-bidons. Cherchez seulement un éditeur qui appréciera vos écrits. Je crois qu’elle a tout compris. L’autre, jeune homme visiblement allumé me donne des poèmes-anarchistes. François Béland rédige des « prières » d’iconoclaste inspiré. Un « Ave maria », un « Credo », un « Pater Noster », provocations bien troussées. Il me semble plein de jus. Il a du talent. Je lui dis, devant m’en aller, de signaler claudejasmin.com… Le fera-t-il?
Messire Lionel Lefebvre me couriellise ses accords : « Oui à l’école séparée, les filles d’un bord et les garçons de l’autre et « oui aussi » aux uniformes…lui qui moque avec raison les « guenilles griffées », chers, avec fond de culotte aux genoux ! Il m’a fait rire. Il juge « Tous les matins » à la SRC un peu trop fourre-tout cependant ! Ah ! N’y peut rien. C’est un magazine. Aile a lu un « Clin d’œil », acheté pour la Marie-Josée à la neuve hanche, et me dira : « un fourre-tout. Ennuyeux ». Je lis « L’Âge d’or » d’octobre (qui va me célébrer en novembre) « fourre-tout » là aussi. Un variété est un variété, une dramatique est une… Un mag-télé…doit être forcément un fourre-tout ? Sais pas.
8-
Au téléphone tantôt : Stéphane T. « On vous invite deux fois, vous venez et lundi qui vient et mardi. Salut ! » Bonne nouvelle ? Y serais-je bientôt « tous les matins » à « Tous les matins » ? Mon Dieu, alors des gages de deux mille tomates par semaine, moi, un pauvre et simple vieux retraité ? Crise d’apoplexie pour tous les G.Tod Slone de ce monde— qui, soit dit en passant, fait des adieux courroucés au « vieux schnock hypocrite » —ses mots. Le talent ? Pouah ! C’est juste que j’ai su enfirouaper ces cons finis de la télé, n’est-ce pas ?, qui sont tous des vendus, des crétins abusés, pas vrai ?
9-
Ici, en Laurentie, il y a trois hebdos « gratuits ». L’un d’eux se nomme « Accès », c’est le plus percutant. On y trouve des « papiers » du prof Lauzon, c’est vous dire ! Frédérique David (sa directrice) y signe un billet hebdomadaiore souvent brillant; et cette fois, c’est une charge valable. Elle s’affirme « snob » puisqu’on taxe de ce sobriquet ceux qui aiment la culture. En effet, une longue vague d’un populisme douteux fait qu’est décriée (décrétée ?) comme « snob » toute personne qui a à coeur de s’instruire, de s’informer, de s’enrichir en fréquentant des institutions qui ont du fond. Bravo à elle !
Le sens des mots : très important. Placarder Harry Kissinger (prix Nobel de la paix en 1973) comme « criminel de guerre » relève de l’inflation verbale niaise. Voir Hitchen et son livre polémique :« Les crimes de M,. Kissinger », Editeur Saint-Simon. Le rôle politique —discutable évidemment— du célèbre conseiller à la Maison blanche l’a conduit à un tas d’erreurs graves mais mettre un Kissinger au même niveau qu’un Pinochet c’est tromper les gens.
L’exagération abusive devient une insignifiance. Ce même Christopher Hitchens, journaliste anglais basé à Washington, a fait bien mieux quand il a loué George Orwell —« 1984 », « La ferme des animaux », etc.— qui fustigeait la gauche britannique de 1940 sombrant dans le défaitisme. Voilà que ce même Hitchens se range du côté « faucon » et appuie le W. Bush ? Stupeur dans la république gauchiste ! Hitchens —allié de Tony Blair— parle de « fascisme islamique » dans la revue de gauche « The nation ». Et vive les esprits libres ?
Regard à ma fenêtre de ma « chambre à écrite » : fin du passage des trains de nuages, ciel tout bleu, malgré le frette automnal… aller lire sur la galerie ? Oui, oui.

Le mercredi 2 octobre 2002

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Oct 022002
 

1-
Oh les beaux jours encore…L’été qui refuse de nous quitter ? N’ayant pu luncher pris par une querelle télévisée avec le prof Poirier et Falardeau-Tabarnak, ce midi à TVA (chez Dame Cazin dans « sa mire »), Aile et moi nois aboiutissons à 15h chez Dino’sor au coin de la rue Morin. Club-sandwich pour deux, avec frites et bière. La terrasse aux quatre vents. Ce temps si doux, le petit vent si bon, le soleil. Oui, l’été en octobre !
Hier, un mardi essoufflant pour le bonhomme ! Dès le matin, table-ronde à TOUS LES MATINS de la SRC : parler d’un maître d’école inoubliable. J’en ai ressuscité deux : Gérard Saindon, ma quatrième année à Philippe-Aubert de Gaspé et Roland Piquette au collège Grasset en syntaxe. Plaisir de crier le nm de morts. Ils revivent un peu alors.
Me rendre, même studio, au salon du duo Houde-Bertand ensuite pour narrer « une autre des belles histoires… » du papi ravi avec ses garnements de jadis. Quand ils furent si contents de tromper les adultes avec des farces et attrapes à 30 sous ! Stéphane Tremblay me commande : « M. Jasmin, retour après le lunch, on va faire deux brefs sketches comiques avec Paul Houde ». C’est mon Marleau qui va rigoler puisqu’il m’annonçait une carrière de « stand-up » un jour !
Je ne sais trop quand « T.L.M. » va diffuser mon Houde en sévère directeur de polyvalente aux vestiaires et moi… en p’tit voyou paresseux, casquetté, la planche à roulettes sous le bras ! Un autre morceau « d’anthologie télévisuelle » dira Louise Cousineau !
Ma journée n’était pas faite : le soir, coin Ontario et Frontenac, une cinquantaine de « fans » venaient écouter le confesseur Jean Fugère et moi, le confessé volontaire. Tirage d’une douzaine de mes bouquins à la fin. Durant : « la divine Monique » —comme, à Paris, on disait « la divine Sarah— se fit merveilleuse lectrice de trois textes de votre diariste. À la « période des questions », dans ce joli théâtre —avec un joli décor— du Centre culturel Frontenac, quelques villerayiens causent « petite patrie ». Bonne chaleur. Bonne écoute.
Un Fugère très ému quand je raconte ma surdité grandissante et mon émoi de cela. Je dis : « Un jour prochain, fini le théâtre que j’aime, le cinéma que j’aime tant, la radio et la télé, il n’y aura plus pour moi, le sourd, que la lecture ». Jean F. n’en revient pas. Un très long silence. Aile, dans la salle, me dira avoir été bouleversée par cet aveu. Pas si grave, j’aime tant les livres. On ira reconduire « la divine » rue Hartland dans N.D.G. et, vite, vite, dodo ! Aile en fume une dernière et me racontera « Le grand blond…fou » avec Larouche, Gregory Charles —si drôle quand il jase anatomie et maladies.
Ce matin, on se prépare à remonter en Laurentie quand …coup de fil d’une recherchiste insistante : « Madame Cazin vous veut absolument à son « Dans la mire ». Je questionne mon Aile-de-Aile. Y aller, pas y aller ? « Vas-y, t’aimes tant ça les engueulades, vas-y ! » Aile un peu déçue. Beaucoup déçu au retour : « Claude, tu as des idées valables mais pourquoi tant crier, tan t’énerver ? C’est mauvais cela. » J’ai promis qu’au prochain débat public, je resterai calme, placide. J’ai promis. C’est facile.
2-
Dimanche midi, brève visite de l’ex-camarade d’Aile, le réalisateur Laforce —maintenant prof à Grasset en communications. Brioches. Cafés. Jean-Yves L. vient de relouer le petit condo chanteclerien pour l’hiver, pour ses ados. Je les écoute bavarder sur les orientations « commerciales » de leur « chère » Maison-mère —la SRC— qui les déçoit tant ! J’ose : « C’est fini le beau temps sans l’impérieux devoir de « crottes d’écoute ». Vous avez quittés juste à temps ». Ils restent inconsolables. Et inquiets.
« Découvertes » dimanche soir, à la SRC, à l’heure de la soupe. Encore du dumping fort valable. J’y suis fidèle. Qui, sans raison valable, ne regarde pas « Découvertes »? Des imbéciles. Des aliénés. De néfastes nonos ! J’ai dit. Le matin. Lu la chronique de Laporte sur les « Prix Gémeaux », dans La Presse. Tordant encore. L’ami André Dubois gagne une statuette pour sa série comique « KLM ». Content pour lui, Aile et moi.
Le chroniqueur du Devoir, Louis Cornellier, me courriellise : « Oui, je serai le critique de ton journal. Hâte de liure ça, prêt à dégainer… ». Oh, a peur ! Cornellier m’annonce qu’il va raidement éreinter, samedi, celui du Frère Jérôme, alias Jean-Paul Desbiens, qu’il l’a jugé réactionnaire rare ! « Publication de mon premier tome (400 pages) à la fin d’octobre, me dit Des Roches, chargé d’édition pour V.-L. B. Prêt pour le Salon du livre de Rimouski, j’espère. Le tome 2 (400 pages encore ) : après les Fêtes ». Bon, bon.
Toune à la radio. Aile : « Ah mon Dieu, cette vieille chanson classique : « La vie en rose ». J’avais quoi, onze ans ?, à Aylmer, cette chanson ,me bouleversait complètement. Rêveuse hein ? Précocement romantique non ? J’écoutais ces « Quand il me prend dans se brras…qu’il me parle tout bas… » J’avis des frissons » Elle rit.
Aile fort inquiète dimanche pour l’amie Marie-Josée qui se fera ouvrir et poser une hanche neuve lundi matin à Sacré-Coeur. Téléphones de soutien sans cesse ! J’admire son grand cœur, sa capacité en compassion.
3-
Au téléphone : le Tremblay de T.L.M. : « J’ai un ami. Laporte de La Presse. Vous lui aviez expédier de bons mots un jour, il y a longtemps. Il s’en souvient. Cela l’a marqué, on dirait. Vous avez fait ça aussi pour un jeune romancier de mes connaissances. Il m’en a parlé. Vous êtes un gars correct ! » Oui, on reçoit si peu de ces félicitations. Je le fais. On l’ »a fait parfois à mes commencements d’auteur. Je sais que c’est stimulant. Précieux. Je le fais. Pas assez souvent pourtant.
Le Bigot parle de sondages, un « oui ou non, « baiser, tout jeune, dans la maison des parents ». Aile et moi : non ! Une majorité de québécois sont « pour ». Nation nigaude ! Depuis l’ouverture des barrages cons, depuis la « Révo tranquille », les Québécois oint perdu bien du bons sens. Ils veulent sembler très modernes, avant-gardistes si possible. Niaiserie ! Déboussolages fréquents. Finies les normes, les valeurs, les balises, les critères civilisés. On en finit plus de lire des réponses loufoques de Québécois se croyant affranchis ! Stupidité. J’en suis fort inquiet, moi. Médusé aussi.
D’autre part, n’en pas revenir non plus de ce curé de Saint-Hilaire qui arrose d’eau bénite les sacs des écoliers ! Un temps de « marabouts » comme en Afrique primitive, cela en 2002. D’autre part, les zélés zozos « raéliens » du businessman « extraterrestre » —un suborneur de minette— qui envoient ses troupes de cinglés (avec une femme Évêque fol) aux portes d’une école. Non mais…Quel monde !
Je suis en train de lire « Ça va aller » (chez Leméac) d’une Gréco-montréalaise, née à Chigago, devenu prof à Concordia. On lui acorde beaucoup de promotion ces jours-ci. Le Biron du Devoir a lu et parle —sans trop commenter— de la « haine de son pays ». Eh ! D’une auteure qui apprécie beaucoup la haine de l’Autriche —son pays— par Thomas Bernhard. L’idole avec le suicidé Hubert Aquin de cette romancière, au livre fleurant l’autofiction. Bon. Je poursuis ma lecture de ce « Ça va aller » et, déjà, les marges de mon exemplaire sont noircies de mes notes :snob, mondaine, érudite-gaga, névrsée, psychosée même…J’y reviendrai.
Je sortais de chez mon encadreur (pour lundi le 14, le pôvre !) de Montréal-Nord dans l’affreux boulevard Industriel et une jeune fille malingre, pas trop bien « arrangé », vêtue un peu pauvrement, avec des yeux vifs, fonce vers moi assis dans ma voiture : « C’est bien vous qui avez écrit « La nuit tous les singes sont gris’», oui ? Je dis :oui. « J’ai énormément aimé ça. Merci pour ce roman. » Coup de chaleur ! C’est bon. Notre solitude relative, les écrivains. Un jour, soudainement, une personne vous fait un pâle sourire et vous dit : « merci ». Oh oui, chaleur !
Aile de Aile : « Clo ? Ton ami Paul Arcand avec le Mario, et le souper est prêt. Descendons manger …Mario et quoi d’autre ?

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